Pour son amour, la haine lui fut rendue (Psaume 109:5).
Il fut haï sans cause (Psaume 69:4) si ce n'est celle d'avoir mis
en lumière les ténèbres épaisses des coeurs.
Les hommes ne purent supporter la vue d'un Homme parfait, cela les condamnait
sûrement. Ainsi, s'il vint chez les siens, Il fut rejeté (Jean
1) et fut tel un étranger à ses frères et un inconnu
aux fils de sa mère (Psaume 69:8).
Il fut solitaire et incompris dans un chemin d'obéissance
qui le conduisait résolument vers Golgotha où Il rencontra
seul la justice de Dieu et en paya le plein prix pour sauver sa créature.
Je suis devenu semblable au pélican du désert;
je suis comme le hibou des lieux désolés. Je veille, et je
suis comme un passereau solitaire sur un toit. Psaume 102:6-7
Nous comprenons quelque peu que le sommet inaccessible
de la souffrance de Jésus fut bien les douleurs de la croix; non
pas tant celles, déjà terribles, qu'Il a endurées
de la part des hommes, mais celles qu'Il a subies en regard de la colère
de Dieu contre le péché.
Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s'est
chargé de nos douleurs; et nous, nous l'avons estimé battu,
frappé de Dieu, et affligé; mais il a été blessé
pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités;
le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses
meurtrissures nous sommes guéris. Esaïe 53:4-5
Mais à côté des souffrances indicibles
et expiatoires de la croix, Il fut « l'homme de douleurs »
durant tout son ministère, à la fin duquel il pleura sur
Jérusalem; cette ville qui après l'avoir acclamé comme
fils de David le rejeta en criant au procurateur romain: « Crucifie-le!
». Jésus sortit donc de Jérusalem en portant sa croix
vers le mont Golgotha où Il s'offrit en sacrifice à Dieu
pour notre salut.
Venons-en à ce court verset en tête de ce
message. Il se trouve au chapitre 12 de l'évangile selon Jean. En
lisant ce passage des Saintes Ecritures nous y trouvons le coeur et la
puissance de Dieu en face de la douleur et de la mort de sa créature
comme conséquence du péché.
Lazare, celui que Jésus aimait, son ami, était
malade à la mort. Et ses soeurs prennent soin d'avertir Celui en
qui elles avaient une totale confiance.
Jésus, qui sans nulle doute affectionnait Lazare,
décide alors d'attendre quelques jours avant de venir au chevet
de son ami.
Patienter alors qu'il y a urgence? Combien l'homme qui
ne regarde qu'aux apparences peut de méprendre sur les motifs du
coeur!
Ainsi, Jésus arrive avec ses disciples alors qu'il
est trop tard ... irrémédiablement trop tard pour la pensée
humaine, mais au moment opportun pour l'infinie grâce de Dieu.
Les soeurs pleurent, les amis, les proches, tous sont
dans la peine. C'est une scène de deuil comme on en voit tous les
jours. La mort frappe inexorable. Et tout homme réalise son impuissance
contre ce qu'il redoute le plus. Mais cette peur reste stérile et
funeste si on ne se tourne vers la cause.
Car les gages du péché, c'est la mort; mais
le don de grâce de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ
Jésus, notre Seigneur. Romains 6:23
Jésus frémit en son esprit. Il est troublé
à la vue d'un tel désarroi. Il pleure -
Pourtant, Il savait qu'Il allait ressusciter son ami Lazare.
Il avait d'ailleurs tardé avant de répondre à l'appel
des soeurs en déclarant que cette maladie était à
la gloire de Dieu.
Son trouble et ses pleurs sont pour sa créature
placée sous la condamnation prononcée en Eden : « Tu
mourras certainement ».
Il pleure également pour ceux qu'ils aiment, pour
ceux qui lui sont chers et qui sont dans une grande souffrance.
Il pleure parce que ceux qui entourent la famille endeuillée
pleurent.
Il pleure pour sa créature sortie parfaite de ses
mains et qui, avilie par le péché qui la ronge, est entraînée
certainement vers la mort.
Son coeur pleure, il déborde d'amour pour ces femmes
et ces hommes.
Il sait bien qu'il est venu pour apporter le salut de
Dieu par sa mort et sa résurrection. Et c'est justement ce qu'Il
avait annoncé à Marthe peu avant; à savoir qu'Il est
la résurrection et la vie, et qu'en Lui on est vivant éternellement.
Contemplons le coeur parfaitement humain et parfaitement
divin du Seigneur Jésus. En Lui, nous trouvons le coeur de Dieu,
et, en même temps, le coeur d'un homme compatissant qui souffre pour
tous ceux qu'Il aime sans distinction.
Jésus sait qu'il va bientôt donner sa vie
en sacrifice pour le péché, en holocauste tout entier pour
Dieu, en offrande pour le péché.
Et cela nous amène aux sacrifices du Livre du Lévitique
qui nous sont donnés comme « type s » de la Personne
et de l'Oeuvre de Christ.
Ces sacrifices (lire Lévitique 1 à 7) institués
autrefois par Dieu pour la sacrificature aaronique sont des « figures
et des ombres » de la nouvelle sacrificature, selon l'ordre de Melchisédec,
que le Seigneur allait établir, une fois pour toutes, par le don
de Lui-même.
Par cette sacrificature d'un ordre nouveau, parfaite et
donc infiniment plus élevée, nous sommes approchés
de Dieu par le sang précieux de Jésus Christ qui s'est offert
en offrande à Dieu pour le salut des hommes (lire l'épître
aux Hébreux).
Nous parlerons brièvement en rapport des souffrances
liées aux pleurs de Jésus à la mort de Lazare. Celles-ci
nous sont décrites comme « ombres » au chapitre 2 du
livre du Lévitique dans l'offrande de gâteau; une offrande
faite de fleur de farine, d'huile et d'encens.
La parfaite humanité de Christ nous est ainsi «
présentée » dans cette farine raffinée issue
du « divin Grain de blé ». L'huile, image de l'Esprit,
nous montre le seul homme qui a marché pleinement selon l'Esprit
dont Il était « pétri ». Et l'encens nous parle
d'un parfum excellent aux narines de Dieu issu d'une vie d'obéissance
jusqu'à la mort de la croix.
L'offrande de gâteau était une chose très
sainte, une odeur agréable à l'Eternel, un sacrifice continuel;
et tel fut la vie de perfection de l'Homme Christ Jésus.
Nous lisons dans ce chapitre que ce sacrifice pouvait
être préparé de trois manières différentes:
cuit au four (verset 4), cuit sur la plaque (verset 5), cuit dans la poêle
(verset 7).
Ce sont là les souffrances de Jésus dans
son chemin de douleurs qui le conduisait à Golgotha.
La cuisson au four nous parle des souffrances cachées,
à l'abri des regards, de ce que Christ a enduré en voyant
sa réjection, en voyant le péché régner sur
les coeurs et dans les vies. Il était Saint. Et si son Amour l'a
fait aller au devant de tous sans acception de personne, il ne reste
pas moins qu'Il a souffert devant l'iniquité et ses conséquences
terribles envers tous les hommes.
Dans ces douleurs cachées, il y a également
les souffrances par anticipation, quand, connaissant toutes choses à
l'avance, il souffre de ce qui est devant Lui.
Or, avant la fête de Pâque, Jésus,
sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père,
ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima
jusqu'à la fin. Jean 13:1
Et Jésus leur répondit, disant, L'heure
est venue pour que le fils de l'homme soit glorifié. En vérité,
en vérité, je vous dis, A moins que le grain de blé,
tombant en terre, ne meure, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte
beaucoup de fruit. Maintenant mon âme est troublée; et que
dirai-je? Père, délivre-moi de cette heure; mais c'est pour
cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom.
Il vint donc une voix du ciel, Et je l'ai glorifié, et je le glorifierai
de nouveau. Jean 12:23-24 et 27-28
Nous pouvons également y ajouter les souffrances
dans le fait qu'Il savait, tout au long des son ministère, que Judas
allait le trahir. Et pourtant Il aimait Judas ... qui a eu à
sa disposition la même grâce que les autres disciples.
Il fut solitaire et incompris, même de ses disciples.
La cuisson sur la plaque nous montre ses souffrances visibles
pour tous les hommes. Il n'y a pas de limite à son Amour. Et cela
fut pleinement manifesté lorsqu'Il demanda, cloué sur la
croix et dans de très grandes souffrances, le pardon pour ses bourreaux.
La poêle nous donne l'image d'un cercle plus restreint,
plus confiné, ayant un rebord, des limités déterminées.
Le Seigneur a souffert pour les siens, ses disciples,
ses chers amis de Béthanie, ses femmes pieuses qui l'assistaient
de leurs biens. Il a souffert pour tous ceux qui aimaient sa présence,
celle du Nazaréen. Lazare était donc dans ce cercle, et Jésus
pleura avant de le ressusciter d'entre les morts.
Et si Lazare a de nouveau connu la mort physique par la
suite, il est vivant à jamais en Christ.
Christ souffre pour les siens desquels nous sommes si
nous l'avons reçu dans nos coeurs et nos vies comme Sauveur et Seigneur.
Demain, Christ verra du fruit du travail de son âme
et en sera éternellement satisfait (Esaïe 53:11). Quel joie
après les pleurs, quand Il sera glorifié dans ceux qu'Il
a sauvés!
Une joie éternelle remplira alors le coeur de Celui
a a versé des larmes durant son ministère de grâce.
Ceux qui sèment avec larmes
moissonneront avec chant de joie.
Il va en pleurant, portant la semence qu'il répand;
il revient avec chant de joie, portant ses gerbes.
Psaume 126:5-6
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Sébastien Théret