Parler de Jésus-Christ et à des chrétiens en plus, en voilà bien une idée saugrenue. Tout a déjà été dit sur lui. Puis en si peu de lignes que dire ?
Peu importe, on ne dira jamais assez qu'il est :
A l'origine de la création du monde.
La manifestation de l'amour de Dieu.
Mort sur une croix à notre place.
Ressuscité et vivant pour l'éternité.
Celui qui revient chercher son Eglise
Le premier né entre plusieurs frères.
Et oui, il y a filiation commune avec Dieu. Nous trouvons
cette dernière affirmation dans l'épître de l'apôtre
Paul aux Romains (8-29) :
"Car ceux qu'il a connu d'avance, il les a aussi prédestinés
à être semblables à l'image de son Fils, afin que son
Fils fut le premier-né entre plusieurs frères".
Voilà un passage qui est lu, compris et... vécu
à moitié. On sait que Jésus est le précurseur,
qu'il est venu avant nous pour nous ouvrir la voie des cieux, que depuis
sa mort nous avons accès auprès de notre Père céleste
avec tout ce que cela comporte de privilèges.
Nous comprenons bien qu'un jour nous serons semblables
à lui et que nous le verrons face à face. Mais sommes-nous
conscients qu'il est le seul et unique modèle auquel Dieu veut que
nous ressemblions dès aujourd'hui, de notre vivant ?
Semblables aujourd'hui à ce qu'il fut il y a vingt
siècles ? Vivant comme lui, parlant comme lui, agissant comme lui,
avec la même nature, les mêmes sentiments et la même
motivation ? Mais aussi avec la même autorité dans les oeuvres
accomplies selon la volonté du Père "qui peut faire par la
puissance qui agit en nous, infiniment au delà de ce nous pensons
ou demandons", "afin de montrer dans les siècles à venir
l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en
Jésus-Christ". (Eph. 2-7)
CONSTAT D'ECHEC
Etre pieux, craindre Dieu, faire beaucoup d'aumônes,
prier continuellement, recevoir la visite d'un ange, ne dispense pas du
sacrifice salvateur de Christ, comme en témoigne la conversion de
Corneille le centenier Romain qui fut le premier païen à devenir
chrétien.
Témoigner, prêcher l'Evangile, prier pour
les malades, prophétiser peut très bien se faire sans être
agréable à Dieu. Jésus nous met en garde : "Ceux qui
me disent Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des
cieux. Mais celui là seul qui fait la volonté de mon Père
qui est dans les cieux". (Mat. 7-21) Il ajoute ailleurs que la prophétie,
l'autorité sur les démons et les miracles accomplis peuvent
très bien côtoyer l'iniquité.
Dures paroles direz-vous ? Mais paroles prononcées
par Jésus lui même pour ne pas nous laisser ignorant de cette
possibilité.
L'apôtre Paul nous met en garde contre le vieux
levain : "C'est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous
pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte ? Faites disparaître
le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle" (1Cor. 5-6).
Il nous demande de nous débarrasser du vieux levain et d'être
une pâte nouvelle.
Quel est donc ce levain qui doit être ôté
pour que nous soyons conformes aux exigences de Dieu à notre égard
?
Le levain est un produit fermenté que l'on rajoute
à une pâte pour la faire gonfler. Ce levain qui fait
gonfler, prendre du volume, n'est-ce pas "l'égo" qui me centre sur
moi-même ? Qui fait de ma personne, de mes capacités, de mes
connaissances, de ma conception des choses de Dieu et même de ma
spiritualité le point de référence de mon action.
Les auteurs de la Bible appellent cela de plusieurs manières
: "l'hypocrisie des pharisiens, la loi du péché et de la
mort, les oeuvres de la chair, le règne du péché dans
notre chair..."
Reconnaître le vieux levain en nous ne suffit pas,
encore faut-il qu'il disparaisse pour laisser la place à une pâte
sans levain.
Mais comment faire disparaître le vieux et que mettre
à la place ? Un nouveau levain ? Non, car nous sommes appelés
à être "des pains sans levain de la pureté et de la
vérité" (1Cor. 5-8).
Essayer d'enlever notre orgueil par nos propres efforts,
reviendrait pour un boulanger à ôter le levain d'une pâte
en train de gonfler avec un marteau piqueur. Cela relève de la biologie
moléculaire et nécessite des instruments d'une extrême
précision.
Au niveau de la nature humaine, tous ceux qui désirent
être en accord avec la Sainteté de Dieu, savent très
bien que la difficulté est grande pour ne pas dire impossible à
vivre. Nous lisons la Bible, dans laquelle sa volonté nous
est révélée et nous cherchons à l'accomplir,
souvent comme un serviteur honnête et fidèle, mais rarement
comme un esclave strictement soumis à la volonté de son maître.
LA SOLUTION
Alors que faire ? Sommes nous du nombre de ceux qui ont
le désir d'honorer Dieu par leur vie, qui comprennent l'abaissement
que cela nécessite, mais constatant que cela ne marche pas, se résignent
à un christianisme au rabais en composant avec leur conscience ?
A moins d'être un "mystique" habitué à
résister à la tentation par de sévères mortifications,
y a-t-il une impossible rencontre entre les exigences de Dieu et notre
manière de vivre ? En sommes-nous réduits, simples mortels,
à avouer comme l'apôtre Paul : "Ce qui est bon, je le sais,
n'habite pas en moi, c'est à dire dans ma chair, j'ai la volonté
mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je
veux, je fais le mal que je ne veux pas" (Rom. 7-18).
Pourtant Jean l'évangéliste, affirme dans
sa première épître : "Quiconque est né de Dieu
ne pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu demeure
en lui; et il ne peut pécher parce qu'il est né de Dieu"
(3-9), rajoutant plus loin : "Mais celui qui est né de Dieu se garde
lui-même et le malin ne le touche pas" (7-18).
Devant de telles affirmations sommes-nous tentés
de justifier notre échec par une interprétation particulière
? Jean qui a écrit ces paroles sous l'inspiration de l'Esprit, n'a-t-il
pas cité dans son évangile, des paroles prononcées
par Jésus-Christ lui-même : "Si un homme ne naît
d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu" (Jean 3-5),
et lorsqu'Il priait son Père pour ceux qui croiraient en lui : "Je
ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver
du mal. Ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les
par ta vérité : ta parole est la vérité" (Jean
17-15).
La réponse se trouve dans cette phrase prononcée
il y a près de 20 siècles par Jean le Baptiste. Parlant de
Jésus-Christ, il a dit : "Il faut qu'il croisse et que je diminue"(Jean
3-30). Il est intéressant de noter l'ordre des actions, d'abord
que Jésus croisse et ensuite que Jean Baptiste diminue et non l'inverse.
Elevons Jésus, cela nous abaissera. Pour éclairer il suffit
de mettre la lumière, non de chasser les ténèbres.
Concrètement que faire ? C'est très simple,
il suffit de faire connaissance avec Jésus-Christ, le connaître
de mieux en mieux chaque jour. Par la lecture et la méditation des
Ecritures (Ancien et Nouveau Testaments), l'Esprit-Saint se saisira de
ce que nous y découvrons afin de nous transformer à l'image
de Jésus-Christ : "Nous tous qui, le visage découvert, contemplons
comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés
en la même image" (2Cor. 3-18).
Par quels moyens ? En pratique, dans une humble attitude
de prière, découvrir qui et comment est Jésus-Christ,
revient à laisser à l'Esprit de Dieu la possibilité
de nous transformer à la ressemblance de notre frère
aîné : "Car nous sommes son ouvrage, ayant été
crée en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres que Dieu a préparé
d'avance afin que nous les pratiquions" (Eph. 2-10).
Mais cela ne se passe pas sans problèmes, car "il
y a opposition entre la volonté de l'Esprit et la volonté
de la chair"(Gal. 5-17). La tentation est grande de chercher la cohabitation
et le compromis.
Bien sur il ne doit pas en être ainsi, le spirituel
ne peut cohabiter avec le charnel, la vérité ne peut tolérer
l'erreur, toute sorte d'union est impossible entre la sainteté et
le péché car les ténèbres doivent reculer devant
la lumière et la mort doit disparaître devant la résurrection.
L'EXEMPLE PARFAIT
Jésus à dit à ses disciples : "Sans
moi vous ne pouvez rien faire" (Jean 15-5). Mais pas seulement à
son époque, c'est encore vrai aujourd'hui car sans lui nous ne pouvons
rien faire, y compris et surtout vivre une vie chrétienne accomplie
et victorieuse.
Les paroles que Jésus a dites pendant la durée
de son séjour sur la terre, ont jugé les pensées des
coeurs, enseigné les ignorants, confondu les sages, réconforté
les malheureux, pardonné les pécheurs, apporté la
guérison des corps et la délivrance des âmes, glorifié
Dieu. Il ne les a prononcées que parce qu'il les avait entendues
résonner dans le coeur de son Dieu à la Parole créatrice.
Les actes qu'il accomplissait aux vues de tous, les regards
qu'il portait sur ses contemporains, les mains qu'il posait sur les malades,
les moments qu'il consacrait aux autres sans penser à lui, les nuits
qu'il passait dans la solitude de la prière, toutes ces minutes
de vie, étaient conformes à ce qu'il avait vu faire par son
Père céleste, le créateur de la terre et de l'univers.
Quand avait-il entendu et vu tout cela ? Avant de venir
comme un simple enfant dans le ventre d'une femme, alors qu'il était
dans la présence glorieuse de Dieu ? Bien sur, il avait la
connaissance parfaite de la volonté de Dieu, puisque Christ entrant
dans le monde dit : "Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m'as
formé un corps. Tu n'as agrée ni holocauste ni sacrifice
pour le péché, alors j'ai dit : Voici je viens (dans le rouleau
du livre il est question de moi) pour faire ô Dieu ta volonté"
(Héb. 10-5-8) Mais il découvrait la volonté de Dieu
aussi dans la prière.
COMMENT CONNAITRE LA VOLONTE DE DIEU
En faisant ce que Jésus lui-même faisait,
il prenait du temps dans le jeûne et la prière. Mais pourquoi
alors qu'il était Fils de Dieu, la Parole incarnée, passait-il
beaucoup de temps à prier ? Que ce soit avant de choisir ses disciples,
d'enseigner la foule, d'accomplir des miracles, de guérir les malades.
Ou lors des épisodes particuliers de sa vie, comme lors de la tentation,
de la transfiguration ou pendant la nuit de son arrestation.
Pourquoi prenait-il du temps dans la présence de
ce Dieu qu'il appelait son Père et son Dieu ? Parce qu'il savait
que seule la volonté de Dieu est parfaite et qu'une vie ne peut
être utile que totalement et constamment soumise à cette volonté.
Il savait que la nature humaine aussi forte et courageuse soit-elle, est
entièrement soumise à la loi du péché et que
la volonté humaine ne peut s'abaisser devant la volonté divine
qu'à l'instant de la prière.
Moment où Dieu honore la foi de celui qui s'incline
devant Lui dans une complète obéissance. C'est là
que l'Esprit de Dieu révèle sa volonté et revêt
de sa puissance l'humble serviteur conscient des faiblesses de sa nature
et des limites de ses capacités. Il communique à l'enfant
de Dieu qui désire ardemment communiquer autour de lui le fruit
de l'Esprit, le divin caractère de Christ.
Jésus fut l'exemple parfait de l'homme qui abaisse
sa volonté devant la volonté de Dieu. Il le fit dans une
soumission semblable à celle d'un esclave qui sait que sa vie est
entre les mains du bon vouloir de son maître, avec la confiance d'un
fils envers son Père, mais aussi avec la foi d'une créature
devant son créateur.
Avant de nous conduire dans un chemin, l'Esprit de Dieu
qui est aussi l'Esprit de Christ, s'assurera de notre concours et respectera
notre libre arbitre.
Notre connaissance de la personne et de l'oeuvre de Jésus-Christ
est la meilleure base que nous puissions avoir en vue de l'oeuvre de métamorphose
que Dieu veut accomplir en nous. "Il est notre Pâque puisqu'il a
été immolé" (1Cor. 5-7) , il est notre levain, notre
référence, la source de notre vie, "le chef et le consommateur
de notre foi, le commencement et la fin de toute chose" (Héb. 12-2).
Le créateur en nous ce que Paul appelle "le vouloir et le faire"
(Phi. 2-13) , "car notre capacité vient de Dieu" (2Cor. 3-5). Prenons
conscience de cela et appliquons-nous à l'obéissance en fonction
de cette réalité des choses. Bien vite notre vie chrétienne
prendra une autre dimension.
LES RESULTATS
Les résultats seront là si nous savons humblement
laisser la liberté à Saint-Esprit, pour nous conduire dans
toute la Vérité comme il a conduit Jésus, pour que
nous "célébrions donc la fête, non avec du vieux levain,
non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec
les pains sans levain de la pureté et de la vérité"
(1Cor. 5-8).
- Pureté et vérité quant à
notre exacte personnalité, à la motivation de nos actes et
à l'inspiration de nos paroles. Quant à notre manière
de comprendre sans condamnation nos situations et sans jugement celles
des autres.
- Pureté et vérité quant à
l'origine et l'exercice de tous les dons spirituels qui édifient
avec puissance, amour et douceur l'Eglise de Christ. Quant au discernement
des esprits, qu'ils viennent de Dieu, de Satan ou de l'être humain
(qui est aussi corps, âme est esprit).
- Pureté et vérité quant au fruit
de l'Esprit qui glorifie le Père, d'une gloire précédée
de l'humilité et qui crucifie toute prétention et efforts
personnels, dans un amour qui sait se rendre esclave pour le service des
autres et qui se justifie par ses actes, non par ses paroles seules.
- Pureté et vérité dans la mort à
soi-même et dans la mort physique qui précédera, pour
un temps seulement, le retour de Jésus-Christ notre divin modèle.
Jésus est le chemin la vérité et
la vie, nul ne vient au Père que par lui (Jean 14-6). Il a affirmé
que la Parole de Dieu, nourriture quotidienne, est la vérité.
Que sa vie soit l'exemple qui inspire notre vie, que son obéissance
soit le modèle de notre humilité, que sa mort soit notre
salut et que sa résurrection soit notre gloire.
Pierre Antoine ELDIN (28/02/99)