Et ce péché auquel le bois avait donné naissance a été effacé par le bois de l'obéissance,
sur lequel a été cloué le Fils de l'homme, obéissant à Dieu ; ainsi, en abolissant la science
du mal, il a introduit et distribué la science du bien. Voilà pourquoi le Verbe parle par la bouche du
prophète Ésaïe, en révélant d'avance ce qui doit s'accomplir - puisque être prophète, c'est annoncer
l'avenir. Or, le Verbe, par ce moyen, parle en ces termes : «Je ne refuserai pas et contredirai pas.
J'ai présenté mon dos aux coups et mes joues aux soufflets, et je n'ai pas soustrait mon visage à d'ignominieux
carchats» Es.50:6. Or, par l'obéissance qu'il a pratiquée jusqu'à la mort en étant attaché sur le bois,
il a expié l'antique désobéissance provoquée par le bois.
Verbe tout-puissant de Dieu, sa présence invisible s'étend à la création entière et en
soutient la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur : tout est gouverné par le Verbe de
Dieu. Il a été crucifié, lui le Fils de Dieu, en ces quatre dimensions, lui dont l'univers portait
déjà l'empreinte cruciforme. S'étant rendu visible, il devait nécessairement manifester de manière
sensible, sur la croix, son action invisible. Car c'est lui qui illumine les hauteurs, c'est-à-dire les cieux,
qui scrute les profondeurs de la terre ; il parcourt l'étendue de l'Orient à l'Occident,
il attient l'immense espace du Nord au Midi, et appelle à la connaissance de son Père les hommes
partout dispersés.
- Irénée de Lyon dans son livre "La prédication des apôtres, no.34"