L'exercice à la piété, un effort béni
En allant au gym un matin, je méditais sur le fait qu'après la chute, Dieu s'est arrangé pour que l'homme
travaille à la sueur de son front. Notons que c'est le sol qui a été maudit et non l'homme ou le travail. Dieu a fait le corps humain de telle manière que l'effort physique produit de l'endorphine qui procure à l'homme un sentiment de bien-être :
Ecclésiaste 5:12 Le sommeil du travailleur est doux, qu'il ait peu ou beaucoup à manger; mais
le rassasiement du riche ne le laisse pas dormir.
On voit le paradoxe, l'ère de l'industrialisation a fait que c'est la machine qui force et transpire maintenant alors que l'homme, accumulant de plus en plus de biens matériels étant plus productif, se retrouve avec le corps ramolli, l'obésité, le stress, l'épuisement mental, la perte de sommeil, la dépression.
On se rend compte à nouveau du bienfait de l'effort physique, maintenant on prend des abonnements au gym pour aller suer et se sentir mieux dans sa peau, pour retrouver ce que Dieu, dans sa bonté, avait préparé pour l'homme après la Chute. Loin d'être une malédiction, l'effort physique a été voulu comme une bénédiction pour l'homme par Dieu.
Si l'effort physique est une bénédiction, combien plus l'effort spirituel !
1 Timothée 4:8 Exerce-toi à la piété; car l'exercice corporel est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout, ayant la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir.
L'énorme avantage de l'exercice à la piété comparé à l'exercice physique c'est que non seulement cela améliore la qualité de la vie terrestre, à l'instar de l'exercice physique, mais en plus, l'exercice à la piété nous procure la promesse de la vie éternelle. Non pas que ce soit cet exercice en lui-même qui nous sauve mais que cet exercice est la preuve que nous sommes sauvés, la preuve que le Saint-Esprit agit en nous en nous poussant à vivre pieusement selon Jésus-Christ.
Le verbe "exercer" employé ici est celui qu'on s'est servi pour faire le terme gymnastique en français. Le sens original grec est nudité et il en est venu à désigner l'exercice physique parce que les grecs, dans l'antiquité, pratiquaient leurs sports sans vêtements pour s'assurer de n'avoir aucune entrave. Au temps des apôtres, les athlètes ne courraient plus tout nus, mais le verbe est resté pour désigner l'exercice physique. La forme nominale est encore employée pour désigner la nudité, par exemple quand Jésus dit que les chrétiens de Laodicée sont pauvres, aveugles et nus sur le plan spirituel parce qu'ils ne se sont pas dépouillés de tout ce qui entrave leur marche chrétienne.
C'est le parallèle qu'on peut faire avec l'exercice à la piété mentionné par Paul ; se dépouiller de tout ce qui pourrait être un fardeau et de toute forme de péché qui ralentit notre course vers le but ultime de ressembler à Jésus, comme cela est illustré dans Hé.12:1-2.
Hébreux 12:1 Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l'épreuve qui nous est proposée, 2 les yeux fixés sur Jésus, qui est l'auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s'est assis à la droite du trône de Dieu.
Ce passage ne parle pas seulement du péché, mais de tout fardeau, de tout ce qui n'est pas péché en soi mais qui nous ralentit spirituellement, et là, ça peut englober bien des choses.
Pour ne pas ralentir, ni se relâcher, on doit garder les yeux fixés sur Jésus, comme les coureurs gardent les yeux sur le fils d'arrivée. S'ils se mettent à regarder dans les estrades, jamais ils ne finiront premier, encore moins s'ils vont s'assoeir dans les estrades et regarder seulement les autres courir en faisant les cheerleaders !
Revenons au parallèle de la vie d'athlète pour saisir ce que cela peut comporter. Celui-ci va s'imposer une discipline stricte pour améliorer ses performances, il va s'abstenir de certaines choses, pas mauvaises en soi comme certains types de nourriture, il va s'entraîner au lieu de sortir avec ses amis, il va passer des heures et des heures à répéter les mêmes gestes jusqu'à cela devienne des automatismes et qu'il gagne en vitesse. Ce n'est pas seulement valable pour le ssportifs mais c'est vérifiable dans bien des domaines. Par exemple, je coiffe les cheveux depuis 1979, j'ai gagné beaucoup en précision et en vitesse au fil des ans, ce qui fait que je suis bien plus performant et peut aller chercher un meilleur salaire que les débutants. Il a fallu que je persévérance, que je m'applique et que je m'investisse dans mon art pour réussir même si j'avais des aptitudes au départ, cela n'était pas suffisant.
Tout cela, comme pour un athlète, je l'ai fait sans en être obligé comme si j'étais sous un joug légaliste, je l'ai fait - et je le fais encore - plutôt avec coeur et avec joie, parce que j'en retire une grande satisfaction de performer au meilleur de mes capacités. L'athlète a en plus la victoire en vue, il veut être le meilleur.
Si des gens font autant preuve d'endurance et d'abnégation en s'astreignant à une discipline spartiate pour une gloire bien éphémère, la victoire ne dure que juste qu'à la prochaine compétititon, combien plus ne devrions-nous pas le faire pour la couronne éternelle ?
Discipline versus légalisme
Le relâchement dans la discipline individuelle ouvre grande la porte à la sensualité et mine la crédibilité - "si ce n'est pas bon, pourquoi en consommes-tu ?". Cela produit des effets désastreux sur l'impact de l'église :
- L'église a délaissé la sainteté
- L'église prend beaucoup de temps à discipliner ses membres
- L'église est rejetée par le monde parce que jugée non pertinente
- L'église est rejetée aussi par plusieurs de ses enfants
- L'église perd du terrain face aux philosophies et aux religions mensongères
Dans sa lettre aux Corinthiens, une église qui manquait beaucoup de discipline, Paul nous montre comment il s'est exercé à la piété sans tomber dans le légalisme :
1Corinthiens 9:20 Avec les Juifs, j'ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs; avec ceux qui sont sous la loi, comme sous la loi--et pourtant je ne suis pas moi-même sous la loi--afin de gagner ceux qui sont sous la loi;
21 avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi--et pourtant je ne suis pas moi-même sans la loi de Dieu, mais sous la loi de Christ--afin de gagner ceux qui sont sans loi.
22 J'ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver de toute manière quelques-uns.
23 Je fais tout à cause de l'Évangile, afin d'y avoir part.
24 Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu'un seul reçoit le prix? Courez de manière à l'obtenir.
25 Tout lutteur s'impose toute espèce d'abstinences; eux, pour recevoir une couronne corruptible, nous, pour une couronne incorruptible.
26 Moi donc, je cours, mais non pas à l'aventure; je donne des coups de poing, mais non pour battre l'air.
27 Au contraire, je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux autres, d'être moi-même disqualifié.
Dans ce passage, Paul mentionne que sa loi à lui c'était la loi du Christ qu'il décrit dans l'épître aux Galates par l'amour du prochain, cf. Ga.5:14.
Ce n'est pas un genre de langage bien populaire dans les églises que de parler de discipline et de la loi du Christ parce que cela sonne comme du légalisme. Il est vrai que pour un observateur extérieur, il ne verra pas tellement de différence entre quelqu'un de légaliste et quelqu'un de discipliné parce que le légaliste est justement quelqu'un de très discipliné (rappelons-nous la description que le pharisien faisait de lui-même dans sa prière). La différence est au niveau de la motivation bien différente chez le discipliné et chez le légaliste. Celui qui vit dans le légalisme, il reçoit ses règles de vie comme une imposition qui vient de l'extérieur à lui. Il se centre ensuite sur sa personne et compare sa "performance" à celle des autres, s'imaginant gagner la faveur de Dieu. C'est tout le contraire qui se produit, car ce repli sur soi nourrit l'orgueil et Dieu résiste aux orgueilleux.
Celui qui est discipliné, il le vit comme un élan qui vient de l'intérieur vers Dieu. Ce regard vers Dieu le garde humble. Il n'y a aucune contrainte, cet élan est le fruit du Saint-Esprit qui lui fournit "le vouloir et le faire" de mettre tous ses moyens en oeuvre pour avancer dans la course de la foi.
Voici comment Pierre décrit le fruit de l'effort spirituel; très semblable au fruit de l'Esprit dans Ga.5:22, ce qui n'est pas étonnant puisque notre capacité vient de Dieu, 2Co.3:5.
2Pierre 1:5 faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, 6 à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, 7 à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel l'amour. 8 Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.
L'exhortation est là parce que, depuis la Chute, ce n'est pas notre tendance naturelle à nous discipliner sur le plan spirituel. Même si c'est un appel lancé à tous les chrétiens de devenir des athlètes du Christ, selon la formule chez aux chrétiens des premiers siècles, il y a relativement peu de chrétiens qui se comportent comme tels avec consistance. C'est donc un défi constant de rester les yeux rivés sur Jésus.
Quand on a goûté combien le Seigneur est bon et qu'on se le rappelle constamment, il n'y a rien de légaliste là-dedans, on n'y est pas plus contraint que l'amoureux qui fait tous les efforts pour plaire à sa dulcinée. Le fruit que cela produit est plus doux que tout, l'amour répond à l'amour, et la connaissance de Jésus-Christ, c'est surtout l'approndissement de son amour, c'est la vie éternelle, Jn.17:3, alors oui, ça vaut la peine de faire l'effort d'être discipliné sur le plan spirituel comme un athlète olympique !
|