1Jean 1:1-2 Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la Parole de vie... nous l'avons vu et nous en rendons témoignage.
Saint Jean a vécu avec notre Seigneur pendant plus
de trois ans, aussi ce qu'il a écrit n'est pas une fiction,
une nouvelle, mais ce sont des faits. C'est une inspiration qui a poussé
les apôtres à écrire, et cette
inspiration ne les a point trompés. Ils n'ont pas été
avec le Seigneur pendant quelques jours ou quelques
semaines, mais pendant trois ans entiers. Si, durant ces trois ans,
ils avaient constaté chez le Maître un
défaut, un péché quelconque, ils l'auraient dit.
Ils vivaient tout le temps avec lui, jour et nuit. Ils
l'observaient sans cesse et ils ont pu dire : « Nous l'avons
contemplé, nous l'avons vu, nous l'avons entendu
», puis : «Nous lui rendons témoignage et nous vous
annonçons la vie éternelle ».
Très souvent, je répète que je ne
suis pas dans ce pays pour y prêcher, mais pour rendre témoignage
de
ce que le Seigneur a fait pour moi, de ce qu'Il a fait, non pas depuis
quelques jours ou quelques mois, mais
depuis seize ans. Il est la Parole de Vie, Il est mon Sauveur, à
moi personnellement; et le Sauveur du
monde. Le salut ne s'obtient pas par la science, mais par la foi, en
écoutant et en acceptant la Parole de
Dieu.
Lorsqu'un homme a soif, qu'il soit savant ou ignorant,
jeune ou vieux, ce qu'il demande pour apaiser sa
soif, ce n'est pas de la science, c'est de l'eau; et, avant de boire
cette eau, il n'a nul besoin de savoir qu'elle
contient de l'oxygène et de l'hydrogène. S'il attendait,
pour boire son eau, de savoir ce que sont l'oxygène et
l'hydrogène, il pourrait bien mourir de soif. Depuis les temps
les plus reculés, les hommes ont étanché leur
soif avec de l'eau, sans se soucier d'en connaître la composition.
Nous de même, nous n'avons pas besoin
d'être très instruits de ce qui concerne le dogme de la
Trinité ou d'autres doctrines profondes pour recevoir
l'eau vive que Jésus-Christ veut nous donner et qui peut satisfaire
notre âme.
Beaucoup de gens ont des doutes, des difficultés
spirituelles; ils ne peuvent pas croire tout simplement que
Jésus-Christ, seul, est le Sauveur. J'appelle ces doutes spirituels
la souffrance de l'âme, A cause du péché et
de l'attrait du péché, nos relations avec Dieu sont rompues
et nous souffrons. La chose essentielle, c'est
d'être en règle avec Dieu; alors toutes les souffrances
s'enfuiront. Les rationalistes et les intellectualistes
disent : « Commencez par expliquer toutes les difficultés,
alors nos doutes disparaîtront et nous pourrons
accepter votre enseignement... » Il y a cinq ans, je me trouvais
avec un docteur de mes amis, lorsque nous
aperçûmes un pauvre homme, un simple villageois, qui pleurait
à chaudes larmes. Le docteur lui demanda:
Qu'y a-t-il donc ? Pourquoi pleures-tu ainsi ?» « Je suis
tombé et me suis cassé le bras; cela me fait mal. »
« Ne crains rien, dit le docteur; dans une semaine tu seras guéri,
et la douleur va disparaître quand j'aurai
remis l'os en place. » « Avant de le remettre dit l'homme,
commence par m'enlever la douleur; après, tu
feras tout ce que tu voudras. » « Insensé, comment
le pourrais-je ? C'est l'os brisé qui cause la douleur.
Quand il sera remis à sa place, tu n'auras plus mal. »
On trouve beaucoup d'insensés pareils à cet homme.
Nos doutes spirituels, la souffrance de notre âme sont causés
par le péché; enlevez le péché, il n'y aura
plus
de souffrance. Mettez-vous en règle avec Dieu par la repentance
et la foi en Lui, alors la souffrance et le
doute, disparaîtront.
C'est l'expérience de beaucoup qui se sont repentis
et ont trouvé la paix en Dieu. Et dès que le doute a
disparu de leurs coeurs, ils sont dans une plénitude de joie
et de paix. J'ai fait cette expérience. J'avais tant de
doutes, j'étais misérable et sans repos, mais, dès
que j'allai à Jésus-Christ, tous mes doutes disparurent.
Et je
rends témoignage à Celui qui a fait de si grandes choses
pour moi.
Impuissance de la morale humaine.
Les prédicateurs de morale assurent qu'ils n'ont
nul besoin d'un Sauveur. Ils disent : « Faites de bonnes
œuvres, vous serez bons ». Mais il se peut que nous soyons si
pécheurs et si faibles que nous ne puissions
pas nous sauver nous-mêmes par nos propres efforts. Le pécheur
est comme un poisson dans un filet : Le
poisson peut regarder entre les mailles et se croire libre, mais sitôt
qu'il commence à se débattre, il réalise
qu'il n'est pas libre du tout, qu'il lui est impossible de sortir,
car il est pris dans le filet. Les prêcheurs de
morale peuvent voir assez loin par les yeux de leur idéal, mais
dès qu'ils commencent à lutter, ils
s'aperçoivent qu'ils sont pris dans l'esclavage de leur péché.
Nous pouvons très bien prendre la résolution de
ne plus pécher désormais, mais cela ne nous sauve pas
du filet. Sans doute, le filet n'est pas la mort, mais il
est l'instrument qui nous mène à la mort. La vie du poisson
est dans l'eau; quand il est dans le filet, il est
séparé de l'eau. Le filet n'est pas lui-même la
mort, mais le filet sépare le poisson de l'eau et c'est cette
séparation qui est sa mort. Quand nous péchons, nous
ne mourons pas tout de suite, mais le péché nous
sépare de l'amour de Dieu et ainsi nous mourons. Jésus-Christ
est venu pour nous affranchir de l'esclavage
ou du filet, et quand nous sommes libérés, vivant dans
l'océan de Son amour, nous prenons conscience des
bénédictions reçues et nous devenons ses témoins.
L'expérience du salut par la prière.
Beaucoup d'intellectuels n'arrivent pas à voir la
beauté et la gloire du christianisme, C'est-à-dire Christ
lui-même. Nous ne pouvons pas comprendre ces choses spirituelles
si nous ne passons pas du temps dans la
prière et la méditation. Il peut y avoir de magnifiques
oiseaux dans les airs et de brillantes étoiles au ciel,
mais si vous voulez des perles, vous devez plonger dans les profondeurs
de l'océan pour les trouver. Il y a
beaucoup de belles choses dans le monde extérieur, mais les
perles ne se trouvent qu'au fond de la mer. Si
nous voulons les perles de l'esprit, nous devons plonger, c'est-à-dire
nous devons prier et alors nous verrons
les perles précieuses.
Mais les hommes sont trop occupés; ils n'ont pas
de temps à donner à la prière ! L'heure approche où
ils
devront mourir; diront-ils aussi : « Nous n'avons pas le temps
de mourir » ? La mort n'attendra pas qu'ils
aient terminé leur travail. Ne vaut-il pas mieux prendre chaque
jour le temps d'entrer dans l'intimité de Celui
qui seul pourra nous aider après la mort ? Il se révélera
à nous dans la prière; nous connaîtrons sa grâce
et
nous serons sauvés, car ainsi que quelqu'un l'a dit : «
Dans le profond silence de mon âme, je trouve mon
Ciel et mon Dieu ». Dans la mesure où nous réaliserons
cette intimité, nous trouverons la paix, la joie et le
Ciel sur la terre. Cela ne signifie pourtant pas que nous puissions
dire comme les panthéistes « Maintenant,
je suis Dieu ». Voyez l'éponge plongée dans l'eau
: elle est dans l'eau et l'eau est dans l'éponge. Lorsque
nous consacrons du temps à la prière, nous sommes en
Dieu et Dieu est en nous, mais cela ne veut pas dire
que nous soyons Dieu ou que Dieu soit nous. Nous nous rendons compte
qu'il est notre Créateur et que
nous sommes ses créatures, qu'il est notre Père et que
nous sommes ses enfants. Unis ainsi intimement à
lui, nous faisons l'expérience d'une joie impossible à
décrire. Méditons et prions; ne nous lassons pas de
rester aux pieds du Sauveur.
La prière surmonte les doutes et adoucit la croix.
A vrai dire, nous trouvons dans la Bible bien des choses
que nous ne pouvons pas comprendre. Un jour
que j'étais dans l'Himalaya, j'avais faim et soif, et rien à
manger. J'aperçus un arbre, sur lequel je grimpai
aussitôt pour en cueillir le fruit. L'ayant goûté,
je lui trouvai une telle amertume que je le jetai loin de moi.
En descendant de l'arbre, je vis un homme qui me dit - « Pourquoi
jettes-tu ce fruit ? Ne le connais-tu pas ?
» « Non, je sais seulement qu'il est affreusement amer.
» «Il est très bon, au contraire, me dit-il; c'est une
noix. » J'avais peine à le croire, mais lorsque j'eus
enlevé l'enveloppe verte si amère, je trouvai une coque
dure et, à l'intérieur, une amande délicieuse.
Lorsque les gens regardent le christianisme de l'extérieur, ils
voient la croix, et c'est là l'enveloppe amère : un chemin
d'amertume qu'on n'aime pas à considérer de trop
près. Puis il y a la dure écorce des difficultés
et des doutes, et l'on, rejette le tout loin de soi... mais la prière
rend tout facile : elle nous permet d'arriver jusqu'à l'amande,
d'en goûter la saveur et de constater que le
fruit est une réalité. Mais ce n'est possible que par
la prière. Tous ceux qui ont fait cette expérience
spirituelle rendent témoignage à cette douceur. Notre
négligence et notre indifférence nous empêchent de
faire l'expérience de la vérité du christianisme.
Nous n'avons rien à dire à d'autres, aucune expérience
spirituelle à leur communiquer pour les aider. Mais si nous
vivons près de Christ, comme, Saint Jean a vécu
pendant trois ans, alors nous Le connaîtrons tel qu'Il est. La
Parole de Vie, le Sauveur vivant.
Avant-hier, je parlais de mon entretien avec un homme très
instruit, un psychologue, qui m'assurait que la
paix merveilleuse dont j'ai fait l'expérience est un effet de
mon imagination. Avant de lui répondre, je lui
racontai l'histoire d'un aveugle-né qui refusait de croire à
l'existence du soleil. On le fit asseoir dehors, au
grand soleil, par une froide journée d'hiver et on lui demanda
: « Comment te trouves-tu ? » Il dit : « J'ai
bien chaud. » « C'est le soleil qui te réchauffe,
même si tu ne l'as pas vu, tu en as éprouvé les effets
! » «
Non, dit-il, c'est impossible. Cette chaleur vient de mon corps, de
la circulation de mon sang. Vous ne me
ferez pas croire qu'il y a, dans le ciel, une boule de feu suspendue
sans une colonne pour la soutenir » - «
Eh bien, demandai-je au psychologue, que pensez-vous de cet aveugle
? » « c'était un fou, répondit-il. » «
Et vous, lui dis-je, vous êtes un fou instruit. Vous prétendez
que ma paix est un effet de mon imagination;
mais moi j'en ai fait l'expérience. »
Pendant longtemps, je me suis livré à la
méditation, mais cette méditation ne me procura pas la paix.
Par
contre, quand j'ai commencé à prier, j'ai senti la présence
de Dieu et les rayons du Soleil de justice dont la
chaleur détruit les germes du péché et donne la
vie.
L'expérience d'un martyr.
Nous ne comprenons pas Jésus-Christ, parce que nous
n'avons jamais vécu avec Lui par la prière. Voici
le témoignage d'un homme qui m'a parlé de ses expériences
spirituelles : Pendant longtemps, il avait vécu
dans une grotte, plongé dans la méditation des choses
spirituelles, sans avoir rien trouvé qui pût l'aider dans
les saints livres de l'hindouisme et du bouddhisme. « je cherchais
la vie, disait-il, et je trouvais beaucoup de
choses bonnes, beaucoup de bons enseignements, mais point de vie. Et
c'est de vie que j'ai besoin ! » On lui
donna l'Evangile de jean. Il le lut et, au bout de quelques jours,
il fit chercher le missionnaire. Il lui dit que,
dans sa grotte, il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait, mais
que lorsqu'il était sorti de la grotte et avait lu
l'Evangile, il avait trouvé la vie. « J'ai lu deux fois
l'Evangile, dit-il, en n'y trouvant que de bons
enseignements, des pensées admirables, mais la troisième
fois Christ se révéla Lui-même à moi, je ne
le vis
pas de mes yeux, mais je sentis Sa présence dans mon coeur.
» Cet homme voulut immédiatement rendre
témoignage de ce qu'il avait trouvé en Christ. Les gens
déclarèrent qu'il était resté si longtemps
dans la
grotte qu'il y avait perdu l'esprit, et le prêtre demanda ce
qu'il fallait faire : « Il a renoncé au bouddhisme et
doit être lapidé, de peur que le peuple ne soit égaré
et corrompu par lui ». On lui dit pourtant qu'il ne
courrait aucun danger s'il voulait se taire. Il répondit : «
Pendant sept ans et demi, je me suis tu, parce que
je n'avais rien trouvé, mais maintenant que j'ai trouvé,
comment pourrais-je me taire ? » On l'emmena à
deux milles du village, à l'endroit où le martyr Kartar
Singh avait été tué et on commença à
le lapider. Tout
d'abord, les pierres lui faisaient mal et il saignait, mais bientôt
il put dire : « je vous remercie pour ces
pierres; elles me procurent tant de joie et de paix. Ce ne sont, en
réalité, pas des pierres, mais des fleurs que
vous me jetez ». Bien que tout son corps fut en sang, il ressentait
une telle joie, une telle paix, que ses
persécuteurs n'y comprenaient rien. L'un d'eux, qui cherchait
la vérité, dit : « Il prie pour nous, qu'en
pensez-vous ? », « Il est fou ! » répondit-on
« Si la folie peut procurer une paix pareille, alors je veux aussi
devenir fou et je ne le désire pas pour moi seulement, mais
pour le monde entier ».
De nos jours, les hommes en tout lieu cherchent la paix,
mais ils veulent la trouver en dehors du Prince de
la Paix, et ne l'obtiendront jamais. Nous vivons près du Royaume
de Dieu, mais nous sommes pourtant
dehors; nous le désirons, mais à cause de notre ignorance
nous sommes encore loin du Royaume de Dieu.
La prière ouvre les trésors de Dieu.
Avant de terminer, je vais vous raconter encore une histoire.
Un homme du Népal, dans l'Himalaya, avait
mendié pendant vingt et un ans. Il s'asseyait à une certaine
place et là, il mendiait afin de devenir riche. Il
mourut pauvre, et les gens s'imaginèrent qu'il avait peut-être
caché son argent à l'endroit où il s'était
installé
pour mendier, et ils creusèrent. Ils trouvèrent un trésor
qui avait appartenu à un roi mort depuis longtemps.
Le mendiant, qui désirait être riche, ne savait pas qu'il
était assis sur de telles richesses. C'est ainsi que les
chrétiens de nom désirent le Royaume de Dieu et s'imaginent
qu'en devenant riches ils seront satisfaits. Ils
ne sont pas loin du Royaume, ils sont très près, mais,
à cause de leur insouciance et de leur ignorance, ils
sont en dehors. S'ils prient et creusent, ils trouveront de grandes
richesses, le salut même. Il n'y a aucun
reproche à faire à Dieu; c'est notre propre faute; nous
ne sondons jamais les choses de l'esprit, nous ne
savons pas prier. Les gens acquièrent une sorte d'apaisement,
mais ce n'est pas la paix. Les choses de ce
monde ne peuvent pas la remplacer... Que Dieu nous aide à passer
du temps à prier; c'est la chose
essentielle dans notre vie. Puissions-nous réaliser que la porte
du Royaume est ouverte par la clef de la
prière. Je ne suis pas le seul à avoir trouvé
cette paix; il y en a des milliers d'autres dans tous les pays.
Saisissez cette occasion; allez à Lui en silence, à Celui
qui peut vous bénir, et vous trouverez le ciel sur la
terre.
Sadhou Sundar Singh,
Discours du Sâdhou Sundar Singh, prononcé à Genève,
Salle de la Réformation, le dimanche 12 mars 1922,
à 3 h. de l'après-midi.