La première prière de Paul
Actes 9:11 Car voilà, il prie
Le Seigneur a bien des manières d'éteindre la persécution. Jamais il ne
souffrira que son Église soit vaincue par ses ennemis ou anéantie par
ses adversaires ; et les moyens ne lui manquent pas pour détourner les
coups des méchants, ou même, au besoin, pour renverser leurs desseins
de fond en comble.
Parmi, ces moyens, il en est deux qu'il emploie
d'ordinaire : il confond le persécuteur, ou bien, dans sa miséricorde,
il le convertit. Tantôt le Dieu fort sème le trouble et la confusion
dans le camp de ses ennemis, il frappe de vertige les enchanteurs et
d'impuissance les magiciens ; à celui qui ose lui faire la guerre, il
permet de courir à sa perte ; puis il jette un regard de triomphante
dérision sur le misérable insensé qui avait espéré de dire Aha (Psa
35:21) à l'Eglise de Dieu. Mais parfois aussi il convertit le
persécuteur ; d'un antagoniste déclaré, il se fait un ami ; d'un
fougueux adversaire de l'Evangile, il fait un ardent soldat de la
croix.
Du sein des ténèbres, il tire la lumière ; de celui qui dévorait, il
fait sortir le miel ; des coeurs les plus durs, il suscite des enfants
à Abraham. Tel fut le cas de Saul de Tarse. Un fanatique plus exalté ne
saurait se concevoir. Le sang du fidèle Etienne avait rejailli sur lui
; car si complaisante, si officieuse était sa cruauté, que tandis qu'on
lapidait le premier martyr, il gardait les vêtements de ses bourreaux.
Vivant à Jérusalem, élève dans la savante école de Gamaliel, Saul se
trouvait journellement en contact avec les disciples de l'Homme de
Nazareth. En rencontrait-il dans les rues, il les insultait et les
couvrait d'injures ; bien plus; : il obtint contre eux des mandats
d'arrêt et les fit mettre à mort. Et maintenant, pareil à une bête
féroce qui a goûté le sang, le jeune Pharisien ne respire plus que
carnage ; sa fureur est à son comble ; et, pour couronner dignement son
oeuvre homicide, il part pour Damas, afin de se saisir de tous les
chrétiens, soit hommes, soit femmes, qu'il trouvera dans cette ville ;
il les amènera liés à Jérusalem, et assouvira la soif sanguinaire qui
le dévore, en leur faisant subir la peine due, suivant lui, à leur
abominable hérésie. Mais, ô merveille de la puissance de Dieu ! Jésus
arrête ce forcené dans sa course insensée. Juste au moment où, la lance
en arrêt, il va fondre sur Christ, Christ le rencontre, le terrasse, le
renverse, puis lui adresse, cette question : « Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu ? » Ensuite, ce charitable Sauveur daigne lui ôter son
coeur rebelle ; il lui donne un nouveau coeur et un esprit droit, -
change complètement ses vues et ses projets, - le conduit à Damas, - le
tient prosterné à ses pieds pendant trois nuits et trois jours, - parle
à son âme, - lui fait entendre des sons mystiques, des paroles
ineffables, embrase son coeur tout entier de la sainte flamme de
l'amour ; et lorsque enfin le futur Apôtre des Gentils, sortant de sa
longue extase, commence à prier, Jésus descend aussitôt du ciel,
apparaît en vision à Ananias, et lui dit : « Lève-toi, et t'en va dans
la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison de Judas, un nommé
Saul de Tarse ; CAR VOILA, IL PRIE. »
Ces dernières paroles, mes frères, sont d'abord
L'ANNONCE D'UN FAIT DE HAUTE IMPORTANCE : « Voilà, il prie ! » et, en
second lieu, UN ARGUMENT présenté par le Seigneur à Ananias : « Car
voilà, il prie. » - Je me propose de considérer tour à tour mon texte
sous ces deux aspects ; ensuite j'essaierai d'en faire L'APPLICATION à
vos coeurs : il est vrai, qu'à bien parler, Dieu seul peut accomplir
cette dernière tâche: ; toutefois, j'ose espérer qu'il voudra bien se
servir de la prédication de ce jour, pour vous disposer à recevoir les
instructions que sa Parole va vous donner.
Je le répète, ces mots du seigneur à Ananias « Va et cherche un nommé
Saul, de Tarse, car voilà, il prie », étaient L'ANNONCE: D'UN FAIT DE
HAUTE IMPORTANCE. Et remarquez, en premier lieu, que ce fait était
connu de Dieu lui-même. Saul fut conduit par l'influence de l'Esprit
saint à désirer la grâce divine ; et du moment qu'il commença à prier,
Dieu commença à écouter sa voix.
N'avez-vous point été frappés, mes chers amis; en lisant les paroles du
Seigneur à Ananias, des détails si minutieux dans lesquels il entre
relativement à Saul ? Evidemment celui-ci était l'objet de son intérêt
tout particulier. Jésus connaît la rue où il loge : « Va dans la rue
appelée la Droite. » Il connaît la maison où il habite : « Cherche dans
la maison de Judas. » Il sait son nom, il sait même de quel pays il est
originaire : « Cherche un nommé Saul, de Tarse. » Enfin, il sait qu'il
est présentement en prière : « Voilà, il prie. »
- Oh ! qu'elle est réjouissante: la pensée que Dieu s'occupe ainsi avec
la plus tendre sollicitude de toute âme qui s'approche de lui ! Voici
un pauvre pécheur, contrit et humilié; il se retire dans la solitude de
sa chambre, il fléchit le genou devant Dieu ; l'angoisse de son coeur
brisé ne se traduit peut-être que par des larmes et des soupirs...
Mais, ô prodige ! ces soupirs de contrition ont fait vibrer toutes les
harpes du paradis ! ces larmes de repentir ont été recueillies par le
Seigneur et seront conservées à toujours dans l'urne lacrymatoire du
ciel !
Le plus humble suppliant, celui-là même qui n'ose formuler une requête,
est compris par le Très-Haut. Il peut n'offrir à Dieu qu'une larme
furtive, qu'une larme timide, mais qu'importe ? une larme n'est-elle
pas souvent la plus éloquente des prières ? Les larmes d'une sincère
pénitence sont les diamants du ciel. Les gémissements de coeurs
humiliés viennent se joindre, comme autant de notes mélodieuses, à la
sublime harmonie qui retentit nuit et jour devant le trône de Jéhovah.
Oh ! mes bien-aimés, ne comprenez-vous pas tout ce qu'il y a de doux et
d'encourageant dans la pensée que Dieu prend garde aux prières des fils
des hommes ! Peut-être quelques-uns de vous se sont-ils, dit plus d'une
fois :
« Sûrement, je suis un être trop insignifiant, trop coupable et trop
vil pour que Dieu daignât faire attention à moi, alors même que
j'essaierais de chercher sa face. » Mes amis, chassez loin de vous des
idées aussi impies, - aussi païennes, dirai-je. Notre Dieu n'est pas un
Dieu qui vit plongé dans un songe perpétuel, ou qui s'enveloppe
d'épaisses ténèbres en sorte qu'il ne puisse voir. Il n'est pas comme
Bahal, qui n'entend point. « Il se peut,, il est vrai, que les
batailles, le tumulte de ce monde le laissent indifférent ; il ne se
soucie ni de la pompe ni du fastueux étalage des rois ; il ne prête
point l'oreille aux bruyantes fanfares de la musique guerrière, et
détourne ses yeux des scènes de triomphe et de gloire humaine.
Mais partout où un coeur souffre et gémit ; partout où un oeil s'élève
au ciel, voilé de pleurs ; partout où des lèvres tremblantes murmurent
une prière ; partout où retentit un amer soupir ou un sanglot de
componction, - là Jéhovah prend plaisir à regarder. Il s'approche ; il
prête l'oreille ; il inscrit les prières de l'âme pénitente dans un
registre ; il les dépose, comme des fleurs sèches, dans son livre de
mémoire, et quand, au dernier jour, le livre sera ouvert, il s'en
exhalera un suave parfum. - Aie donc bon courage, pauvre pécheur qui te
repens ! Fusses-tu même le plus indigne, le plus vil des criminels, le
Seigneur entend ta requête; et il dit de toi ce qu'autrefois il disait
de Saul, de Tarse : « Voilà, il prie ! »
Où as-tu prié ce matin, mon frère ? Est-ce dans une grange ? ou dans
ton cabinet ? ou à côté de ton lit ? ou bien peut-être dans ce lieu de
culte ? Je ne sais, mais Dieu le sait ! - Et à présent encore ton oeil
humide ne s'élève-t-il pas vers le ciel ? Dis, pauvre coeur troublé,
n'entends-je pas sortir de tes lèvres, en cet instant même, ce cri
d'angoisse : « O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur ? » S'il
en est ainsi, mon frère; sois-en certain, Dieu a déjà ouï ta voix.
- Qui n'admirerait la merveilleuse célérité avec laquelle le fluide
électrique transmet les messages que l'homme lui confie ? Et pourtant
la Parole de mon Dieu me fait connaître un moyen de communication qui
dépasse infiniment en vitesse l'électricité même c'est la prière : «
AVANT qu'ils crient, je les exaucerai, a dit l"Eternel, et LORSQU'ILS
PARLERONT ENCORE, je les aurai déjà entendus (Esaïe, 55: 24).
. » Paul éprouva la vérité de, cette glorieuse promesse; et toi de
même, n'en doute pas, ô pécheur, tu es entendu par Celui qui est assis
sur le trône.
Mais le fait annoncé dans mon texte n'était pas seulement connu de Dieu
; il était encore, sans, nul doute, le sujet d'une grande joie dans le
ciel. « Voilà ! dit Jésus, il prie ! » Ne sent-on pas que cette parole
du Sauveur était un cri d'allégresse ? Une seule fois nous lisons dans
l'Evangile que Jésus tressaillit de joie dans son esprit ce fut
lorsque, élevant les yeux, il dit : « Je te loue, ô père, Seigneur du
ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux
intelligents, et que tu les a révélées aux enfants ! Oui, mon Père,
cela est ainsi parce que tu l'as trouvé bon. »
Et à présent encore, rien ne réjouit le Pasteur de nos
âmes comme de voir ses brebis entrer dans son paisible bercail ; il
triomphe en esprit lorsqu'une pauvre âme égarée en franchit le seuil.
Oh ! sûrement un sourire, tel qu'il n'en existe qu'en paradis, dut
illuminer le visage de Jésus, quand il put dire à Ananias : « Voilà, .
j'ai gagné le coeur de mon ennemi, j'ai sauvé mon persécuteur ; dans ce
moment même, il fléchit le genou devant mon marchepied : voilà, il prie
! » Jésus avait plus de joie pour cette brebis perdue et retrouvée que
pour quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne s'étaient point égarées. -
Mais il n'était pas le seul à se réjouir; les anges partageaient son
allégresse. Si la voix de Jésus dirigeait le chant, tous les esprits
célestes s'y joignaient d'un même coeur.
Lorsqu'un élu de Dieu naît sur la terre, incontinent les
anges entourent son berceau. Il grandit, il se développe, et le péché
se développe avec lui. Il s'engage dans les sentiers de l'iniquité ;
son ange l'y suit ; il s'attache à ses pas, il contemple avec tristesse
ses égarements ; une larme brille dans son regard quand celui qu'il
aime offense Dieu. Mais finalement cette âme est conduite à écouter
l'Evangile. L'ange l'observe avec bonheur ; il veille, il attend.
Bientôt la Parole de Dieu pénètre dans la conscience du pécheur ; le
voilà qui pleure et qui enfin murmure : « Seigneur, prends pitié de moi
! » Et soudain, l'ange déploie ses ailes , il remonte en hâte vers les
cieux. « Anges frères, écoutez tous ! s'écrie-t-il avec transport ; je
vous apporte une bonne nouvelle : Voilà, il prie, il prie ! Alors
l'armée céleste éclate en chants de louanges ; il y a fête dans le
séjour de la gloire ; les voûtes du ciel retentissent de cris de
triomphe, car en vérité, je vous dis qu'il y a de la joie parmi les
anges de Dieu pour un seul pécheur qui s'amende (Luc 15: 10).
Et outre les anges, mes chers amis, il se peut qu'il y ait dans le ciel
d'autres esprits qui se réjouissent de la conversion des pécheurs. Je
veux parler des esprits des justes arrivés à la perfection, de ceux qui
nous ont aimés ici-bas et qui nous ont devancés dans l'éternel repos.
Pour ma part, je ne compte que peu de parents dans le ciel, mais j'y ai
une vénérable aïeule que je chéris tendrement et qui m'entoura de soins
et d'affection pendant une partie de mon enfance. Quand elle était sur
la terre, elle priait pour moi; et il me semble que des demeures
éternelles où elle fut soudainement introduite, elle a dû suivre, du
regard son petit-fils bien-aimé à mesure qu'il avançait dans la vie.
Lorsqu'elle l'a vu cheminant dans les voies du péché et de la folie,
assurément elle n'a pu éprouver de la douleur - car il n'y a point de
larmes dans les yeux des saints glorifiés ; - ni même du regret - car
un tel sentiment est inconnu devant le trône de Dieu : toutefois, quand
vint l'heure bénie, où, par un effet de la grâce souveraine, je fus
contraint à prier ; où, seul en face de Dieu, je me prosternai et
luttai avec lui, alors, oh ! alors, ne passa-t-il pas sur son visage
béatifié comme un éclair, d'une joie nouvelle, et ne dut-elle pas, elle
aussi, s'écrier avec ravissement : « Voilà, il prie, il prie ? » Il lui
sembla en cet instant, j'imagine, qu'elle jouissait d'une double
portion de félicité ; elle crut posséder deux ciels, - un en moi et un
en elle-même.
- Et toi, mon jeune auditeur, n'as-tu pas aussi un être aimé dans la
gloire ? Ta mère peut-être parcourt à cette heure les rues pavées d'or
du paradis ; peut-être te regarde-t-elle à l'instant où je te parle.
Enfant, elle t'a nourri de son lait, elle t'a porté sur son sein, elle
t'a consacré à Jésus-Christ. Du ciel où elle est maintenant, elle te
contemple avec ce degré d'intense anxiété qui est compatible avec le
bonheur. Parle, jeune homme, que se passe-t-il dans ton âme, ?
Entends-tu la voix de Christ, qui te dit au moyen de son Esprit : «
Venez à moi ? » Verses-tu des larmes d'une vraie repentance ? Oh ! s'il
en est ainsi, je me représente ta mère répétant, à son tour, le coeur
débordant de béatitude : « Il prie, il prie ! » Je la vois qui
s'incline une fois de plus devant le trône de Dieu, en lui disant, avec
l'accent d'une indicible reconnaissance: « Je te rends grâces, ô toi,
Etre tout bon, de ce que l'enfant que tu m'avais donné sur la terre,
est devenu ton enfant pour l'éternité ! »
Mais s'il est dans le ciel des saints glorifiés qui plus que tous les
autres saluent avec joie la conversion des pécheurs, sans contredit ce
doit être ceux qui furent ici-bas de fidèles, de véritables ministres
du Seigneur. Oh ! mes chers amis, vous ne pouvez savoir combien un
véritable ministre de Dieu aime vos âmes! Peut-être pensez-vous que
c'est chose facile de monter en chaire et de prononcer un sermon. Si
c'était là tout, Dieu sait qu'en effet notre tâche nous semblerait bien
aisée ; mais lorsque nous vous voyons devant nous, et que nous songeons
que de nos paroles dépendent en quelque mesure votre salut ou votre
perdition éternelle ; - lorsque nous réfléchissons que si nous sommes
es sentinelles infidèles, Dieu redemandera votre sang de nos mains ; -
lorsque nous pensons aux centaines, aux milliers d'âmes qui nous ont
déjà entendus et auxquelles peut-être nous avons souvent parlé comme
nous n'aurions pas dû le faire; - quand, dis-je, nous nous souvenons de
ces choses, oh ! bon Dieu ! notre âme est saisie de frayeur, nous
frémissons et nous tremblons !...
Luther avait coutume de dire qu'il pouvait affronter sans crainte ses
ennemis, mais que jamais il ne montait en chaire sans que ses genoux se
heurtassent l'un contre l'autre. Ah ! mes frères, sachez-le, la
prédication de l'Evangile n'est pas un jeu d'enfant. Ce n'est point une
chose qui se puisse accomplir sans préparation ou sans anxiété : c'est
au contraire une tâche solennelle, une tâche terrible, lorsqu'on
l'envisage dans ses rapports avec l'éternité. Si vous saviez comme le
serviteur de Christ prie pour vous ! Allez écouter le dimanche soir
sous la fenêtre de son cabinet ; vous l'entendrez gémir amèrement,
parce que sa parole n'a pas été plus fidèle ; vous l'entendrez criant à
Dieu, dans l'angoisse de son coeur : « Qui a cru à notre prédication,
et à qui le bras de l'Eternel a-t-il été révélé ?... »
Mes bien-aimés, quand nous voyons une âme parvenir à la connaissance du
Seigneur, nous éprouvons un sentiment que je ne saurais mieux comparer
qu'à celui d'une personne qui aurait sauvé un de ses semblables sur le
point de se noyer. Voyez ce malheureux qui se débat contre les flots ;
il enfonce, il disparaît, il va périr ! Mais à ce moment, je m'élance à
son secours, je le saisis d'une main ferme je nage avec lui vers la
terre, je le dépose sur le rivage. Le médecin arrive; il l'examine, le
touche, mais il secoue la tête et dit « Je crains qu'il n'ait cessé de
vivre. » Oh! alors avec quelle anxiété je me penche sur cet homme que
j'ai essayé d'arracher à la mort ! Comme mon coeur bat avec force
tandis que je place mon oreille sur sa poitrine et devant sa bouche
!... A la fin, je m'écrie : « Il respire ! il respire ! il est sauvé !
»
Quelle douceur dans cette pensée ! Combien je me sens heureux. Ainsi en
est-il de tout fidèle ministre de Christ. Dès qu'il s'aperçoit qu'une
âme de son troupeau commence à prier, il se dit avec une sainte émotion
: « Elle respire, elle n'est pas morte; elle est vivante ! » Et il peut
tenir ce langage en toute assurance, car une âme qui prie réellement
montre par là qu'elle n'est plus morte dans ses fautes et dans ses
péchés, mais qu'elle a été vivifiée par la puissance de l'Esprit. Or,
si le salut des pécheurs cause dès ici-bas au prédicateur de l'Evangile
une joie à nulle autre pareille, que sera-ce, je le demande, si des
tabernacles célestes il lui est donné de voir une âme qu'il a disputée
à la mort éternelle prosternée devant Dieu ? Oh ! sûrement son coeur
bondira au-dedans de lui ; il frappera des mains en signe de
réjouissance quand il pourra s'écrier : « Voilà, le Seigneur me donne
un fils ! Voilà, il prie ! »
Observez encore, mes frères, que l'événement dont parle mon texte, -
sujet de joie auprès de Dieu, - était un sujet d'étonnement sur la
terre. Je me représente Ananias élevant ses mains jointes vers le ciel,
au comble de la stupéfaction. Oh ! mon Seigneur, dut-il :dire, est-ce
bien possible ? Saul de Tarse serait-il en prière ? Il n'est pas un
homme dans le monde que je me fusse moins attendu à voir invoquer ton
nom. »
Je ne sais ce qui en est de mes collègues dans le ministère, mais quant
à moi, je l'avoue, j'éprouve fort souvent des impressions analogues à
celles que ressentit Ananias dans cette circonstance. Ainsi, par
exemple, il m'arrive quelquefois de regarder avec satisfaction tels ou
tels de mes auditeurs et de me dire : « Voilà des personnes bien
disposées ; je crois que je les gagnerai ; certainement une bonne
oeuvre se poursuit en elles, et bientôt je les entendrai raconter ce
que le Seigneur a fait pour leurs âmes. » Toutefois, au bout de quelque
temps, je ne vois plus ces personnes ; elles disparaissent de nos
saintes assemblées, elles retournent vers le monde. Que fait alors mon
bon Maître ? Au lieu de ces âmes sur lesquelles je comptais, il m'en
envoie dont je n'espérais rien ; il convertit un homme perdu de moeurs,
un pécheur scandaleux peut-être, à la louange de la gloire de sa grâce.
Alors c'est à mon tour de lever mes mains en haut, disant comme Ananias
: « Seigneur, est-il bien possible ?... »
Je me rappelle un fait de cette nature qui s'est accompli il y a peu de
temps. Un marin d'une soixantaine d'années entra un dimanche dans une
chapelle. C'était un homme qui avait vieilli dans le vice ; il était
adonné à la boisson et semblait trouver une jouissance particulière à
prononcer des imprécations et des blasphèmes. Le prédicateur avait
choisi pour texte de son discours cette portion de l'Evangile qui nous
montre Jésus pleurant sur Jérusalem. Le marin écoute, et bientôt il se
demande: « Quoi, se pourrait-il que Jésus-Christ eut pleuré sur un
misérable tel que moi ? » Il se sentait si indigne qu'il n'osait croire
à tant d'amour. Cependant, à l'issue du service, il va trouver le
ministre : « - Monsieur, lui dit-il, voilà soixante ans que je navigue
sous le pavillon du diable : il est temps que je change de patron. Je
voudrais couler bas le vieux navire et m'embarquer à bord d'un nouveau,
où j'arborerai pour toujours les couleurs du Prince Emmanuel.
Et à partir de ce moment, cet homme devint un homme de prières, marchant en toute intégrité devant Dieu !
- C'est ainsi, mes frères, que Dieu choisit souvent les derniers des
pécheurs pour en faire des monuments de sa grâce. II semble se plaire à
déjouer nos prévisions. Parfois, il passe à côté d'un diamant sans y
prendre garde, et il ramasse le caillou du chemin. De pierres de nulle
valeur, il fait naître des enfants à Abraham. Le Seigneur est plus
habile que le plus habile chimiste ; car non seulement il sait raffiner
l'or, mais il transforme en or fin un vil métal. Il prend les êtres les
plus souillés, les plus méprisables, et les façonne en héritiers du
ciel. Ils sont pécheurs et il les nettoie ; ils sont impurs et il les
sanctifie.
Oui, étonnante, merveilleuse, était la conversion de Saul de Tarse ;
mais, à tout prendre, mes bien-aimés, votre conversion ou la mienne
sont-elles donc moins étonnantes ? Si on vous eût dit, il y a quelques
années, que vous vous joindriez à une Eglise et que vous seriez comptés
au nombre des enfants de Dieu, qu'auriez-vous répondu, je vous le
demande ? « Impossible ! absurde ! vous seriez-vous écriés ; nous,
devenir méthodistes ? non, jamais ! Qu'avons-nous à faire de la
religion ? Nous voulons continuer à penser et à agir, comme bon nous
semble. » N'est-ce pas là, mes amis, le langage que vous et moi aurions
tenu? Comment donc se fait-il que nous soyons aujourd'hui ce que nous
sommes ? Lorsque nous réfléchissons à la transformation complète qui,
s'est opérée en nous, ne nous paraît-il pas que nous rêvons ? Dieu a
laissé bien des membres de nos familles qui valaient mieux que nous, et
pourquoi nous a-t-il choisis ? Oh ! n'est-ce pas une chose étrange, une
chose inouïe ? Et ne pourrions-nous pas, comme Ananias, nous écrier,
avec un geste d'étonnement : « Voilà, c'est un miracle sur la terre !
c'est un prodige dans le ciel ! »
Enfin remarquez, mes chers auditeurs, que le fait exprimé
par ces simples mots : « Voilà, il prie », était sans précédent dans la
vie de saint Paul. Il est vrai que le jeune Pharisien avait eu coutume
de monter régulièrement au temple deux fois le jour, à l'heure de la
prière. L'y eussiez-vous accompagné, vous l'auriez entendu très
certainement prononcer d'éloquentes oraisons, dans le genre de
celles-ci : Luc 18:11-12 « O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme
le reste des hommes je ne suis ni un ravisseur ni un péager ; je jeûne
deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. » Oh ! oui, sans nul doute, vous l'auriez entendu haranguer
le Seigneur en termes pompeux et magnifiques. Néanmoins, il est dit
expressément dans mon texte, : « Voilà, il prie. » Eh.. quoi ! Saul
n'avait-il donc jamais prié auparavant ? Non, mes frères, jamais. Le
culte qu'il avait offert à Dieu pendant toute sa vie ne comptait pour
rien : par le fait, ce n'était pas un culte.
J'ai ouï raconter qu'un vieillard auquel on avait enseigné dans son
enfance à dire à Dieu : « Seigneur, je te prie de bénir mon père et ma
mère », continua à répéter machinalement ces mêmes paroles pendant
soixante-dix années de sa vie, c'est-à-dire bien longtemps après que
ses parents furent morts. Au bout de ce temps, il plut à Dieu, dans son
infinie miséricorde, de toucher le coeur de ce vieillard : il reconnut
son inconcevable aveuglement ; il comprit que malgré son attachement
routinier à certaines formes, il ne s'était jamais sérieusement
approché de Dieu : il avait récité prières sur prières, mais jamais il
n'avait prié,
- Il en était de même de Saul. Le culte qu'il avait rendu à Dieu
n'avait été qu'une dérision ; ses longues prières, que vaines redites.
Mais enfin, de son cœur humilié s'échappe une sincère invocation, et
c'est alors que Jésus lui rend ce témoignage : « Voilà, il prie ! »
Voyez-vous cet homme qui essaie d'obtenir une audience de son Créateur
? Il dépose une pétition en vers latins au pied du trône du
Tout-Puissant ; mais Dieu. reste impassible il s'enveloppe dans une
calme indifférence. Alors le suppliant s'y prend, d'une autre manière ;
il se procure un livre, et, s'agenouillant de nouveau, il lit la plus
belle, la plus vénérable, la meilleure des prières qui ait jamais été
composée ; mais le Très-Haut ne prend point garde à ce froid et creux
formalisme. A la fin, le pauvre pécheur jette le livre de côté, oublie
son latin, et s'écrie avec larmes : « O Seigneur, écoute-moi pour
l'amour de Christ ! » Aussitôt Dieu répond : « Je t'écoute, pauvre âme
angoissée ; j'ai entendu ta voix ; voilà la grâce que tu cherchais. »
- Mieux vaut une seule prière sentie que dix mille prières formalistes
; mieux vaut un simple élan de l'âme que les plus sublimes formules des
livres. Toute prière qui ne part que des lèvres ou de l'intelligence
est en abomination devant Dieu ; celles-là seules qui jaillissent du
plus profond du coeur lui sont agréables. Ah ! mes chers auditeurs,
vous le dirai-je, au risque de vous scandaliser ? Je crains qu'il n'y
ait parmi vous des centaines d'âmes qui n'ont pas réellement prié une
seule fois dans leur vie..... Et que comptez-vous faire, je vous le
demande, quand il vous faudra mourir ? Pensez-vous entrer au ciel sans
prière ? Funeste illusion ! On l'a dit : « La prière est le mot d'ordre
du chrétien mourant » ; si donc, ce mot d'ordre, vous ne le possédez
pas, vous serez bannis pour toujours de la présence de Dieu.
II
Mais, comme je l'ai dit en commençant, si mon texte est l'annonce d'une
grande nouvelle, il est aussi UN ARGUMENT présenté par le Seigneur à
Ananias. - Et d'abord c'était un argument bien propre à rassurer
Ananias. Naturellement, la mission qui lui était confiée inspirait à
celui-ci des inquiétudes pour sa sûreté personnelle ; il lui semblait
qu'en allant vers Saul, il se jetait, pour ainsi dire, dans la caverne
d'un lion. « Certainement, pensait-il, puisque je suis un disciple de
Christ, Saul de Tarse se saisira de moi et m'amènera à Jérusalem. »
Alors voici, le Seigneur lui dit : « Il prie l » et à l'instant toute
appréhension s'évanouit de son coeur. « Cela suffit, Seigneur, dut-il
répondre avec joie ; si Saul prie, je n'ai rien à craindre. »
- Et vous de même, mes chers auditeurs, soyez assurés que vous n'avez
rien à craindre d'un homme de prières. Je ne sais comment expliquer ce
fait, mais il est positif que les incrédules mêmes entourent le fidèle
chrétien d'une certaine vénération. Un maître impie aime pourtant à
avoir à son service un domestique pieux ; tout en méprisant la religion
pour lui-même, il l'estime dans son serviteur, et, s'il prie, il lui
accordera une confiance particulière. Il est vrai que de nos jours,
hélas ! il est des gens qui se font passer pour des hommes de prière et
dont la conduite prouve que leurs prétentions ne sont que feinte et
mensonge. Il va sans dire que je ne parle point de ceux-là : mais quant
aux âmes qui prient dans le vrai sens du mot, ne craignez pas, je le
répète, de placer en elles une confiance sans bornes.
Qui s'entretient avec Dieu en secret, se conduit droitement en public.
Qui s'approche souvent du trône de la grâce, offre toute garantie. Il
me souvient d'avoir entendu raconter un fait qui confirme ce que
j'avance d'une manière bien remarquable. Deux touristes parcouraient
ensemble les montagnes de la Suisse. A la nuit tombante, ils se
trouvèrent au milieu d'une forêt, où ils ne tardèrent pas à apercevoir
une petite hôtellerie, d'assez triste apparence. L'un des voyageurs,
incrédule déclaré, dit à son compagnon qui était chrétien : - «
L'aspect de cette maison ne me plaît pas ; je crois qu'il serait
imprudent de nous y arrêter. - Entrons toujours, répliqua l'autre ;
nous verrons mieux ce qui en est. » Ils y entrèrent en effet ; mais
l'intérieur de la maison leur sembla non moins suspect que l'extérieur.
Leur malaise allait croissant, quant tout à coup le maître du logis
leur dit : « Messieurs, j'ai l'habitude de lire la Bible et de prier
chaque soir avec ma famille ; me permettez-vous d'accomplir aujourd'hui
cet acte de dévotion en votre présence ? - Certainement; avec le plus
grand plaisir ! » s'écrièrent les voyageurs.
Après le culte, chacun gagna sa chambre. « Je suis complètement rassuré
», dit tout bas l'incrédule à son compagnon. - Pourquoi cela ? demanda
celui-ci. - Parce que notre hôte a prié. - Ah ! il paraît, repartit le
chrétien, qu'après tout vous faites quelque cas de la religion : parce
qu'un homme prie, vous pouvez dormir tranquille chez lui. » - Et bien
doux fut cette nuit-là le sommeil des deux voyageurs ; car ils
sentaient que dans une maison qui avait pour toit la prière et pour
murailles la piété, aucun être humain ne pouvait songer à leur nuire.
- Vous le voyez, mes frères, il n'était pas d'argument plus propre à
apaiser les craintes d'Ananias que celui exprimé par ces simples mots :
Voilà, il prie.
Mais il y a plus. Ces paroles étaient encore un argument tout-puissant
en faveur de la sincérité de Paul. La prière particulière est, sans
contredit, la meilleure pierre de touche d'une sincère piété.
Si Jésus avait dit à Ananias : « Voilà, Saul prêche »,
Ananias aurait été en droit de répondre : « Seigneur, il peut prêcher,
tout en n'étant qu'un hypocrite. » Si Jésus avait dit : « Voilà, il
assiste à une. assemblée de l'Eglise », Ananias aurait pu répliquer : «
Seigneur, il peut s'y être glissé comme un loup en habits de brebis. »
Mais au lieu de cela, que lui dit son Maître ? « Voilà, Saul prie. »
Dès lors, Ananias est convaincu de la sincérité du nouveau converti.
- Et aujourd'hui comme alors, mes chers amis, la prière secrète, la
prière individuelle est la plus sûre garantie de la sincérité d'une
âme.
Pour ma part, lors qu'un jeune chrétien vient me consulter
au sujet de son état spirituel, et qu'il m'entretient de ce qu'il sent
et de ce qu'il fait, le plus souvent je coupe court à la conversation
en lui disant : « Agenouillez-vous et priez. » D'ordinaire il s'excuse,
mais j'insiste. Enfin, il se prosterne, il gémit, il pleure ; les
paroles lui manquent, et ce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'il
parvient à balbutier d'une voix tremblante : « Seigneur, aie pitié de
moi, qui suis le plus grand des pécheurs ! » Les impressions
religieuses de mon jeune frère m'inspirera déjà plus de confiance ;
mais si je pouvais l'accompagner chez lui, s'il m'était donné de le
voir prosterné dans la solitude et répandant son âme devant Dieu, oh !
c'est alors que je me sentirais sûr qu'une bonne oeuvre est commencée
en lui, - car celui-là est un vrai chrétien qui prie en particulier.
Le fait seul que vous lisez chaque jour dans un livre de dévotion ne
prouve pas le moins du monde que vous soyez un enfant de Dieu ; mais,
je le répète, si, dans le secret de votre cabinet, vous priez de tout
votre coeur, on peut dire, sans crainte de se tromper, que votre piété
est sincère. Un peu de sincère piété vaut mieux que des montagnes de
formalisme. La piété du chez soi est la meilleure piété ; la prière
secrète est la meilleure prière.
De deux choses l'une : ou la prière vous fera renoncer au péché, ou le
péché vous fera renoncer à la prière. - Mais l'on peut se tromper
soi-même, tout en étant sincère ; Paul ne se trompait pas; et la
preuve, c'est que le Seigneur pouvait dire de lui : « Voilà, il prie. »
La prière du coeur, en effet, témoigne de la réalité de notre
conversion aussi bien que de notre sincérité. S'il me fallait résumer
toute la religion chrétienne en un seul, mot, je n'en choisirais pas
d'autre que celui-ci : La prière. Si l'on me demandait ce qui
constitue, à mon avis, l'essence même de la vie chrétienne, je
répondrais encore : La prière. Il faut nécessairement que l'âme ait été
convaincue de son péché avant d'avoir pu prier ; il faut qu'elle ait eu
quelque espérance de pardon avant d'avoir osé s'approcher de Dieu. Par
le fait, dans la prière sont renfermées toutes les expériences, toutes
les vertus du chrétien. Dites moi seulement, mon cher auditeur, que
vous êtes un homme de prière, et je vous répondrai aussitôt : « Dans ce
cas, je n'ai aucun doute ni sur la réalité ni sur la sincérité de votre
religion. »
Une dernière remarque avant de quitter cette partie de notre sujet. Les
paroles que nous méditons étaient encore un argument qui établissait de
la manière la plus concluante l'élection de Paul. C'est ce que nous
montrent clairement les paroles qui suivent celles de mon texte : « Cet
homme est un instrument que j'ai choisi », ( Ou, selon d'autres
versions, un vaisseau d'élite.)
- Je connais beaucoup de personnes pour qui la doctrine de l'élection
est un sujet de perpétuel tourment ; souvent même il m'arrive de
recevoir des lettres où l'on me prend à partie, parce que je prêche
cette doctrine. Voici la seule réponse que j'aie à faire à cet égard.
L'élection est une vérité enseignée dans la Bible, si elle vous
déplaît, allez demander à mon Maître pourquoi il l'y a mise: quant à
moi, je n'y puis rien. Je ne suis qu'un serviteur, et je ne fais que
vous rapporter ce que j'ai reçu d'en haut. Si j'étais au service d'un
maître de la terre, je n'oserais altérer le message qu'il m'aurait
confié: il se trouve que je suis un ambassadeur du ciel, et malheur à
moi si je ne vous transmettais pas fidèlement le message du Seigneur !
Que si vous trouvez à redire à ce message, encore une fois, je n'y puis
rien : adressez-vous à qui de droit.
« Mais, dira quelqu'un, comment puis-je savoir si j'ai été
choisi de Dieu ? Je crains de ne pas être au nombre des élus. » - Pour
te répondre, mon cher auditeur, permets-moi de te poser à mon tour
quelques questions. Pries-tu ? Si l'on peut dire de toi : « Voilà, il
prie », certainement on peut aussi ajouter : « Voilà un instrument
choisi de Dieu. » - As-tu la foi ? Si tu l'as, tu es un élu. Tels sont
les signes de l'élection. Si tu ne possèdes, ni foi ni esprit de
prière, tu n'as aucune raison de penser que tu fais partie du peuple
particulier de Dieu.
Mais gémis-tu de ne pas croire encore ? Souhaites-tu d'aimer Christ ? Y
a-t-il dans ton cœur - je ne dis pas un désir - mais la millième partie
d'un désir de t'approcher de Jésus ? Et ce désir, tout faible qu'il
est, te porte-t-il à crier à Dieu avec ferveur et avec larmes ? S'il en
est ainsi, ô mon frère, rassure-toi ; ne crains pas de ne pas être un
élu ; car de même que la prière de Paul était une marque certaine de
son élection, de même quiconque s'adresse à Dieu avec sincérité, prouve
par là qu'il a été élu avant la création du monde, afin qu'il fût saint
et irrépréhensible devant Christ, par la charité. (Eph 1:4).
III
Venons-en maintenant à L'APPLICATION. Je regrette, mes chers amis, de
ne pouvoir traiter convenablement un sujet aussi sérieux ; toutefois,
je me console dans la pensée que mon glorieux Maître demande à chacun
selon ce qu'il a et non selon ce qu'il n'a pas. Je suis profondément
pénétré du sentiment de mon impuissance ; je sais que je ne pourrai
parler à vos consciences d'une manière aussi solennelle que je devrais
le faire ; quoi qu'il en soit, mon droit est auprès de l'Éternel, et
mon oeuvre est auprès de mon Dieu, et au dernier jour, il sera
manifesté que si je n'ai pas mieux rempli les devoir de mon ministère,
j'ai failli par faiblesse ou par erreur, mais non par un manque de
cordiale affection pour vos âmes.
Et d'abord je m'adresserai à mes frères dans la foi.
Ne voyez-vous pas, mes bien-aimés, leur dirai-je, qu'un esprit de
véritable et fervente dévotion est le plus sûr indice que nous sommes
de fils de Dieu ? Cela étant, ne s'ensuit-il pas tout naturellement que
plus nous persévérerons dans la prière, plus nous jouirons de
l'assurance de notre salut ? Peut-être quelques-uns de vous ont-ils
perdu dernièrement cette glorieuse assurance et la paix qui en découle
; ils ne savent plus s'ils sont, oui ou non, des enfants de Dieu leurs
âmes sont remplies de ténèbres. Mes frères, voulez-vous savoir où vous
avez perdu le témoignage de votre adoption ? Je vais vous le dire :
c'est dans votre cabinet.
Toutes les fois qu'il y a affaiblissement de vie spirituelle chez un
chrétien, soyez sûrs que le mal a commencé là, et pas ailleurs. Je vous
parle, hélas ! d'après mon expérience. Souvent je me suis éloigné de
Dieu : j'ai perdu pour un temps cette douce saveur de son amour que
j'avais goûtée autrefois ; j'ai eu à m'écrier dans la tristesse de mon
âme : « Le Seigneur m'a-t-il rejeté pour toujours et ne continuera-t-il
plus à m'avoir pour agréable ? » Je suis monté dans la chaire de
vérité, mais j'ai prêché sans feu et sans énergie. J'ai ouvert la
Bible, mais n'y ai point trouvé de lumière. J'ai voulu entrer en
communion avec Dieu, mais tous mes efforts ont été vains. Et savez-vous
quelle était la cause de ce déplorable état spirituel. ? J'avais prié
avec mollesse et langueur. Oui, mes frères, me voici devant vous,
confessant mon péché ; je reconnais que lorsque mon âme a été en
souffrance, j'avais à quelque degré négligé la prière.
O chrétiens ! voulez-vous être heureux ? Priez beaucoup.
Voulez-vous être victorieux du monde ? Priez toujours davantage. Qui
cesse de prier, cesse de combattre. C'est la prière qui préserve de la
rouille les armes de l'enfant de Dieu. « Si les douze apôtres eux-mêmes
revenaient à la vie, disait un chrétien éminent, et que; pour jouir de
leurs entretiens, vous négligeassiez vos dévotions particulières, ils
auraient porté le plus grave préjudice à vos âmes. »
La prière est le navire qui revient au port chargé du plus
riche fret ; c'est le terrain qui rapporte à celui qui le cultive la
plus abondante moisson. Mon frère, tu te plains de ne pas jouir d'une
communion plus intime avec Dieu ; mais à qui la faute, je te le
demande, si ce n'est à toi, - à toi, qui le matin prends à peine le
temps, avant de courir à tes affaires temporelles, de prononcer, à la
hâte, deux ou trois mots de prière, et qui rentrant le soir fatigué de
corps et d'esprit, n'as pour ainsi dire, à consacrer à Dieu que les
instants de rebut de ta journée ? - Et ce que dis aux individus, je le
dis également aux Eglises. Si aujourd'hui il y a si peu de vie dans nos
troupeaux, c'est parce qu'il n'y a pas plus de prières. Pour mon
compte, j'ai la plus triste opinion des Eglises qui ne prient pas. Si
je vais le dimanche de lieu, de culte en lieu de culte, je vois partout
des auditoires considérables mais si je vais dans la semaine aux
réunions de prières, je n'y trouve qu'une douzaine de personnes. Dieu
peut-il nous bénir, Dieu peut répandre son Esprit sur nous, tant que
les choses sont en cet état ? Sans doute, il pourrait faire, mais ce ne
serait pas selon l'ordre de ses dispensations, car il dit expressément
à Sion qu'elle enfantera des fils quand elle sera en travail d'enfant
(Esa 56:8)
Mes frères, emportez dans vos cœurs cette pensée, qu'il nous faut plus,
de prières. Allez et dites à votre pasteur que son troupeau ne prie pas
assez. Engagez vos amis à prier avec vous.
Dussiez-vous même être seul, établissez une assemblée de
prière ; et si on vous demande combien de personnes y assistaient,
répondez sans hésiter : « Nous étions quatre ; car avec moi il y avait
Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit, et nous avons joui
ensemble d'une riche et intime communion. » - Si nos Eglises ne
répandent devant Dieu comme des flots de supplications, je ne sais en
vérité ce qui adviendra d'elles. Oh ! puisse le Seigneur nous réveiller
tous, et nous exciter à crier vers lui, car alors la victoire sera à
nous. Plût à Dieu, mes bien-aimés, que je pusse en cet instant même
ranimer dans vos coeurs, par ma parole, la flamme vacillante de la
lumière, en sorte, qu'en quittant ce lieu de culte, vous allassiez,
chacun de votre côté, incendier pour ainsi dire vos familles, vos
Eglises, vos alentours, jusqu'à ce qu'enfin l'Eglise de Christ tout
entière, gagnée de proche en proche par ce saint embrasement, et
s'offrant à Dieu en sacrifice vivant et saint, fît monter vers son
trône comme une fumée d'adorations et de louanges !
En résumé, mes frères, voici ce que je vous dis : Si vous priez, vous
avez dans ce fait même une preuve que vous êtes chrétiens ; moins vous
priez, plus vous avez de raison de suspecter votre christianisme ; et
si vous aviez eu le malheur de renoncer complètement à la prière, ce
serait un signe que votre âme a cessé de respirer, ou plutôt qu'elle
n'a jamais eu le souffle de la vie.
Mes dernières paroles sont pour les inconvertis.
Oh ! pécheurs, que ne donnerais-je pas en cet instant, pour me trouver
ailleurs que dans cette chaire ; car si c'est déjà une chose
solennelle, pour un prédicateur de l'Evangile, que de s'adresser aux
croyants, qu'est-ce donc que d'avoir affaire avec vous ?... D'un côté,
nous craignons de vous encourager par nos paroles à compter sur vos
propres forces, et de l'autre, nous tremblons à l'idée de vous laisser
dormir du fatal sommeil de l'indolence et d'une fausse sécurité. Je
crois qu'il n'est pas de fidèle ministre du Seigneur qui ne se sente
parfois embarrassé quant à la manière dont il convient de vous faire
entendre la vérité ; - non pas que la nécessité de vous annoncer
l'Evangile soit pour nous un sujet de doute, mais nous voudrions
pouvoir vous l'annoncer de telle sorte que vos âmes fussent gagnées à
Christ. Pour ce qui me regarde personnellement, je puis me comparer
avec vérité à une sentinelle, qui, debout à son poste, est accablée de
lassitude. Avec quelle énergie sa volonté se débat contre l'infirmité
physique qui menace de la vaincre ! Le souvenir de sa responsabilité
l'excite à de nouveaux efforts. Ce n'est pas le vouloir qui lui manque,
c'est le pouvoir. Et moi de même, sentinelle du Seigneur, je souhaite
ardemment d'être fidèle, mais en même temps le sentiment de mon
incapacité pèse lourdement sur moi. Oh ! veuille le Saint-Esprit me
venir en aide, et non seulement à moi, mais à tous mes collègues dans
le ministère, afin que les uns et les autres nous nous appliquions à
exalter, non point la liberté humaine ou la justice propre, mais
uniquement la grâce qui est en Jésus !
Maintenant donc, ô pécheurs qui m'écoutez, je vous déclare hautement,
solennellement, qu'une âme qui ne prie point est une âme qui n'a point
Christ. Oui, j'en atteste le Dieu vivant, vous qui ne connaissez rien
de la prière du coeur, êtes encore sans Dieu,, sans espérance,
étrangers à la république d'Israël ! Vous qui ne savez pas ce que c'est
que de gémir sur vos péchés, êtes complètement dépourvus de la piété
qui sauve! Et souffrez que je vous demande si vous avez jamais
sérieusement réfléchi à l'épouvantable état dans lequel vous vous
trouvez. Vous êtes éloignés du Seigneur; par conséquent le Seigneur est
irrité contre vous, car sa Parole nous déclare que le Dieu fort
s'irrite tous les jours contre le méchant. Oh ! pécheur, lève tes yeux
en haut. Ne vois-tu pas le regard courroucé de l'Eternel qui te suit en
tous lieux ? Oh ! je t'en supplie, pour l'amour de toi-même, songe au
sort qui t'attend, si tu vis et meurs sans prière ! Et ne te persuade
point que la misérable prière que tu comptes peut-être prononcer à ton
lit de mort te sauvera. De telles prières, je ne crains pas de dire,
sont, pour la plupart, de lugubres comédies, et rien de plus ! c'est
une monnaie qui n'a pas cours dans le ciel, car elle est marquée au
coin de l'hypocrisie et faite de vil métal… Mondains qui m'écoutez,
prenez donc garde ! Que ferez-vous quand la fin viendra? Il serait à
désirer pour vous que la mort fût un éternel sommeil, - mais elle ne
l'est point. L'enfer est une réalité, - réalité plus terrible qu'on ne
saurait dire ! Je ne veux pas chercher à émouvoir vos imaginations en
vous décrivant les tourments des damnés : Dieu veuille que vous ne les
connaissiez jamais par expérience !... Oh ! qui pourrait concevoir les
souffrances de cet infortuné, qui, du milieu de flammes dévorantes,
s'écrie avec angoisse: « Que n'ai-je une goutte d'eau pour rafraîchir
ma langue ! Voyez ses lèvres brûlantes, son visage contracté par
l'excès de sa douleur... Mais encore, une fois, je ne veux point vous
décrire cet horrible tableau. Qu'il me suffise de te dire, pauvre
pécheur, que l'enfer des enfers sera pour toi la pensée de l'éternelle
durée de ton supplice. Lorsque les damnés élèvent leurs regards vers le
trône de Dieu, ils voient inscrite sur ce trône, cette irrévocable
sentence.: POUR TOUJOURS! Lorsqu'ils secouent les chaînes brûlantes de
leurs tourments, ces chaînes mêmes leur crient : POUR TOUJOURS !
Lorsqu'ils poussent des hurlements de désespoir, les échos infernaux
leur répondent : POUR TOUJOURS ! O lamentable pensée ! Etre en enfer,
et y être pour l'éternité !...
Mes frères, voulez-vous échapper aux peines éternelles, voulez-vous
être au nombre des bienheureux ? sachez que la route du ciel ne se
trouve que par la prière. Invoquez le Seigneur Jésus, demandez le
Saint-Esprit, approchez-vous du trône de la grâce. Retournez; retournez
; et pourquoi mourriez-vous, ô maison d'Israël ? Je suis vivant, dit
l'Eternel, que je ne prends point plaisir à la mort du pécheur, mais
plutôt qu'il se détourne de son mauvais train et qu'il vive. Le
Seigneur est miséricordieux et plein de compassion. Allons donc à lui
en disant : « Il guérira nos rébellions, il nous aimera de bon cœur, il
nous pardonnera abondamment, pour l'amour de son Fils. »
Oh ! si je pouvais en ce jour gagner une seule âme, je serais
satisfait. Si j'en gagnais vingt, quelle ne serait pas ma joie ! Plus
j'attirerai d'âmes à Christ, plus nombreuses seront les couronnes qui
ceindront mon front..... Mais qu'ai-je dit ? Non, Seigneur Jésus, elles
ne ceindront point mon front, car je les jetterai toutes à tes pieds,
en te disant : « Non point à moi; ô Eternel, non point à moi, mais qu'à
ton nom soit la gloire, aux siècles des siècles ! »
Charles Spurgeon
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- Psaume 44 - Dans les jours qui ont précédé
- Psaume 45 - Chant de victoire
- Psaume 46 - Chant pour la jeunesse
- Psaume 49 - Peuples, écoutez tous ces choses
- Psaume 50 - Le Seigneur, le Dieu des dieux a parlé
- Psaume 109 - O Dieu, ne tais pas ma louange
- Psaume 110 - Prophétie sur Jésus
- Psaume 111 - Seigneur, je Te confesserai de tout mon coeur
- Psaume 112 - Heureux est l'homme qui craint le Seigneur
- Psaume 113 - Louez le Seigneur, vous qui le servez
- Psaume 114 - Lorsqu'Israël sortit de l'Égypte
- Psaume 116 - J'ai aimé parce que le Seigneur a exaucé ma prière
- Psaume 117 - Nations, louez toutes le Seigneur
- Psaume 118 - Rendez gloire au Seigneur
- Psaume 120 - Cantique des degrés; chant de l'ascension
- Psaume 121 - C. des degrés; Je lève les yeux vers les montagnes
- Psaume 122 - C. des degrés; Nous irons dans la maison du Seigneur
- Psaume 123 - C. des degrés; C'est vers Vous que je lève les yeux
- Psaume 124 - C. des degrés; Si le Seigneur n'avait été avec nous
- Psaume 125 - C. des degrés; Confiance dans le Seigneur
- Psaume 126 - C. des degrés; Les captifs de Sion
- Psaume 127 - C. des degrés; Bâtir la maison
- Psaume 128 - C. des degrés; Heureux ceux qui craignent le Seigneur
- Psaume 129 - C. des degrés; Souvent ils m'ont persécuté
- Psaume 130 - C. des degrés; J'ai crié vers vous, Seigneur
- Psaume 131 - C. des degrés; Je ne suis pas orgueilleux
- Psaume 132 - C. des degrés; Souviens-Toi, Seigneur, de David
- Psaume 133 - C. des degrés; Oh! qu'il est beau, qu'il est doux
- Psaume 134 - C. des degrés; Maintenant donc bénissez le Seigneur
- Psaume 135 - Louez le nom du Seigneur
- Psaume 136 - Louez le Seigneur, car Il est bon
- Psaume 137 - Sur le bord des fleuves de Babylone
- Psaume 138 - Je célébrerai ta gloire en présence des anges
- Psaume 139 - Seigneur Tu m'as éprouvé et Tu m'as connu
- Psaume 140 - Délivre-moi, Seigneur, de l'homme méchant
- Psaume 141 - Seigneur, j'ai crié vers Toi
- Psaume 142 - J'ai élevé la voix en criant vers Toi
- Psaume 145 - Je T'exalterai, ô mon Dieu, ô mon Roi
- Psaume 146 - Mon âme loue le Seigneur
- Psaume 147 - Louez le Seigneur, parce qu'il fait bon Le louer
- Psaume 147:12-20 - Jérusalem, loue le Seigneur
- Psaume 148 - Louez le Seigneur du haut des cieux
- Psaume 149 - Chantez au Seigneur un cantique nouveau
- Psaume 150 - Louez Dieu dans ses saints
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- .: Maurice Capelle :.
- Faut-il que j'écoute ?
- Encouragement aux pauvres
- La langue est un petit membre, un feu, un monde d'iniquité
- Que vous en semble-t-il du Christ?
- Le cri du jour!
- Les larmes
- Se souvenir de Jésus
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