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Psaume 114 - Lorsqu'Israël sortit de l'Égypte
«Lorsqu'Israël sortit de l'Égypte, et la maison de Jacob du milieu d'un peuple barbare (v. 1.) Dieu consacra la Judée à son service, et Il établit son Empire dans Israël.» (Ibid. 2).

1. Le Roi-prophète donne ici une preuve de la grande Bonté et de la Douceur infinie de Dieu. Quelle est-elle ? Il commence par manifester sa Puissance. Il demande ensuite aux hommes de L'adorer; tel est le sens de ces paroles : «Lorsqu'Israël sortit de l'Égypte, le peuple juif fut consacré à son service.» Il fit éclater sa Puissance par les miracles qu'Il opéra soit dans l'Égypte, soit dans le désert, et c'est alors aussi qu'Il S'attacha au peuple juif par des liens particuliers. Il avait tenu la même conduite à l'égard d'Adam. C'est après qu'Il eut créé le monde et qu'Il eut manifesté dans toute leur étendue sa Sagesse et sa Puissance, qu'Il forma l'homme, et lui imposa la loi de L'adorer. C'est ainsi que le Fils unique de Dieu n'exigeait la foi qu'après avoir donné par des miracles nombreux et variés, des preuves de sa Mission divine. Aussi, ne demande-t-Il pas à ceux qui les premiers s'attachèrent à Lui sans avoir vu aucun signe, aucune preuve de sa Divinité : Croyez-vous que Je puisse faire ce miracle ? Il Se bornait à l'opérer sous leurs yeux. Mais lorsqu'Il eut laissé partout dans la Palestine des témoignages authentiques de sa Puissance, qu'Il eut rendu la santé aux malades, banni le vice, annoncé le royaume des cieux, établi les conditions du salut, alors Il exigea rigoureusement la foi de ceux qui voulaient s'attacher à Lui. Les hommes ne songent à faire du bien qu'après avoir établi leur domination, mais pour Dieu, Il commence par répandre ses Bienfaits. Et qu'ai-je besoin de les rappeler ici, lorsque le Fils de Dieu a voulu souffrir la mort de la croix, pour devenir le Maître du monde et prouver ainsi la grandeur de son Amour pour nous ? C'est cette même vérité que veut exprimer ici le psalmiste : «Lorsqu'Israël sortit de l'Égypte, et la maison de Jacob du milieu d'un peuple barbare, Dieu consacra la Judée à son service.» C'est-à-dire lors de la sortie, du départ, de la délivrance de l'Égypte. Il ne Se contente pas de dire : «De l'Égypte,» il ajoute : «Du milieu d'un peuple barbare,» pour faire ressortir par le nom donné à ses ennemis, la Bonté de Dieu pour les Juifs. Jamais en effet, les Israélites n'auraient vu se briser les chaînes de ces Égyptiens durs, inhumains et cruels, sans la Main puissante et la Droite invincible de Dieu. Le peuple égyptien en effet, était plus farouche que les bêtes féroces, plus dur que les pierres, et les plaies multipliées qui le frappaient ne faisaient que l'endurcir. Cette dénomination de peuple barbare que lui donne le psalmiste, fait donc ressortir la grande Puissance de Dieu qui a su fléchir cette nation barbare et cruelle, l'a forcée de laisser partir malgré elle ceux qu'elle retenait en servitude, et a triomphé de sa résistance en engloutissant son armée dans les flots, et en délivrant ainsi son peuple. Que signifient ces paroles : «Israël a été comme le sanctuaire de Dieu ?» C'est-à-dire il est devenu un peuple dévoué à son culte, un peuple fidèle, un peuple consacré à son service. Le mot 'agíasma signifie proprement un temple, un lieu sacré, le Saint des saints. C'est dans ce sens que l'entend le prophète Zacharie, lorsqu'il nous représente les hommes qui lui adressent cette question : «Le sanctuaire de Dieu est entré ici, devons-nous jeûner ?» (Za 7,3) Ils veulent parler du retour de l'arche et des autres objets consacrés au culte de Dieu. «La Judée fut consacrée à son service»; c'était auparavant une contrée impure et abominable, mais lorsque le peuple juif en eut pris possession, elle devint le sanctuaire de Dieu, c'est-à-dire qu'elle fut sanctifiée et consacrée à son service par les observances légales, par les sacrifices, par l'ensemble du culte, des rites et des cérémonies que prescrivait la loi.

«Israël devint la Puissance de Dieu.» Que signifient ces paroles ? Il fut soumis à sa Puissance. Sans doute l'univers entier reconnaissait sa Domination, mais les Israélites Lui étaient attachés par des liens plus particuliers, ils étaient les dépositaires des oracles prophétiques, Dieu daignait leur faire entendre sa Voix, et leur nation était l'objet d'une providence spéciale. On peut encore les appeler son peuple à un autre titre, car c'était souvent par l'Ordre de Dieu qu'ils marchaient au combat et qu'ils se dirigeaient dans la plupart de leurs entreprises. C'est donc pour les avoir délivrés des mains de leurs ennemis, affranchis de la tyrannie, de la servitude, des dangers les plus signalés et de leur propre impiété, qu'il était devenu leur Roi. C'est ce qu'Il fait ressortir en Se justifiant par la bouche d'un de ses prophètes, et en montrant qu'Il a commencé par les combler de bienfaits, avant d'exiger leur reconnaissance et leur amour : «Suis-Je devenu pour Israël un désert ou une terre inculte ?» (Jr 2,31). C'est-à-dire ai-je été pour vous comme une terre stérile ? N'ai-je pas répandu sur vous d'innombrables bienfaits ? changé pour vous l'ordre de la nature, assujetti les éléments à votre service ? Ne vous ai-Je pas nourris sans peine et sans fatigue de votre part ? Voilà le sens de ces paroles : «Suis-Je devenu pour Israël un désert ?» C'est-à-dire encore, n'ai-Je pas été pour vous d'une fécondité merveilleuse ? Rappelez-vous la délivrance de la servitude d'Égypte, l'affranchissement du joug des barbares, l'éclat des miracles, votre vie dans le désert, la Palestine que vous avez eue en héritage, l'asservissement des peuples qui l'habitaient, vos triomphes continuels, vos nombreuses victoires, les prodiges se succédant sans interruption, la fertilité prodigieuse de la terre, l'accroissement extraordinaire de votre nation, votre gloire répandue par tout l'univers, et mille autres faits semblables. Reconnaissez-vous les fruits de Dieu ? C'est ce qui Lui donne le droit de dire : «Est ce que J'ai été pour vous comme une terre inculte ?» En d'autres termes : «N'avez-vous pas recueilli de Moi des fruits innombrables ? N'ai-Je point béni votre entrée et votre sortie, vos brebis, vos troupeaux, le pain et l'eau dont vous faisiez usage ? Ne vous ai-Je pas fait jouir d'une tranquillité assurée, entouré comme d'un rempart impénétrable, rendus terribles et invincibles à tous vos ennemis ? Est-ce que tous les biens de la terre et du ciel ne coulaient pas sur vous comme d'une source intarissable ? Voilà en effet ce qui révèle le roi véritable, le soin qu'il prend de ses sujets et la constante sollicitude qu'il porte à leurs intérêts.

2. Aussi Jésus Christ disait du bon pasteur, non pas qu'il reçoit des honneurs ou des hommages, mais : «Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.» (Jn 10,11). Tel est le devoir de celui qui commande et toute la science du pasteur : sacrifier ses intérêts aux intérêts de ceux qu'il est chargé de conduire. Un roi est comme un médecin; pour parler plus vrai, il est plus qu'un médecin. Le médecin consacre les ressources de son art à la guérison de ses malades, un roi défend les intérêts de ses sujets aux dépens de sa vie même. C'est ce qu'a fait notre Seigneur Jésus Christ honteusement souffleté, attaché à une croix après avoir enduré mille autres souffrances, ce qui faisait dire à saint Paul : «Jésus Christ ne S'est pas recherché Lui-même, selon ce qui est dit dans l'Écriture : «Les outrages de ceux qui T' insultaient, sont tombés sur Moi.» (Rm 15,3; Ps 67,10) Le psalmiste comprend donc dans ces paroles deux bienfaits, ou plutôt trois, et même une infinité d'autres. Il a délivré son peuple des barbares, Il l'a fait sortir d'une terre étrangère, Il a brisé les chaînes de son esclavage, mis fin à ses peines et à ses infortunes, opéré pour lui d'innombrables miracles. C'est alors qu'Il a voulu que les Israélites fussent consacrés à son service et soumis à ses lois. Car c'est là un de ses bienfaits les plus signalés de les avoir admis au nombre de ses sujets.

«La mer le vit et elle s'enfuit, le Jourdain retourna en arrière». (Ibid. 3) Voyez comme le langage du Roi-prophète s'élève pour faire ressortir la grandeur du bienfait : Pourquoi parler, dit-il, des barbares et des nations ennemies; les créatures elles-mêmes ont été forcées de céder la place, de suivre une marche contraire à leur nature, pour obéir à la parole d'un tel chef et d'un semblable conducteur. Ces événements avaient pour but de bien convaincre les Hébreux qu'il n'y avait rien ici de naturel ou d'humain, mais que tout était l'oeuvre admirable d'une Puissance divine et mystérieuse. Remarquez d'ailleurs l'énergie et la justesse de l'expression employée par le Prophète. Il ne dit pas : La mer a reculé, ou bien elle a cédé sa place, mais : «La mer Le vit et s'enfuit», expression qui fait ressortir la promptitude avec laquelle la mer s'est retirée, la grandeur de l'étonnement produit par ce prodige, et la facilité de l'Opération divine. Et afin qu'on ne crût pas que ce miracle avait eu lieu ou par suite d'un mouvement périodique, ou par un effet du hasard, il ne s'est jamais renouvelé depuis, il ne s'est produit qu'une fois sur l'Ordre de Dieu et avec des effets contraires, suivant la différence des personnes. Car la violente impétuosité des eaux, parut alors comme douée de discernement et d'intelligence. À la Voix de Dieu, elle sauva les uns et engloutit les autres, elle fut comme un char pour les Hébreux et un tombeau pour leurs ennemis. (Ex 14). Le même prodige eut lieu dans la fournaise de Babylone. Le feu qui de sa nature se répandait partout et sans distinction, suivit une marche déterminée pour obéir à l'Ordre de Dieu, il épargna ceux qui étaient dans la fournaise, et s'élança sur ceux qui étaient dehors et les consuma. «Le Jourdain retourna en arrière.» Voyez-vous comme ces miracles ont eu lieu dans des temps et et dans des lieux différents ? Dieu voulait convaincre les Israélites que sa Puissance s'étendait partout et qu'elle ne pouvait être limitée par aucun lieu; voilà pourquoi Il semait partout ses prodiges, tantôt dans les contrées barbares, tantôt dans le désert, tantôt sur la mer et tantôt sur les fleuves; aujourd'hui sous Moïse et ensuite sous Josué. Partout les miracles les accompagnaient pour dissiper l'aveuglement de leur esprit, amollir la dureté de leurs coeurs et les préparer à recevoir la connaissance de Dieu ? Les montagnes sautèrent comme des béliers, et les collines comme les agneaux des brebis.» (Ibid. 4). Ces paroles donnent lieu à une question importante, le doute s'élève dans quelques esprits qui nous disent : Nous savons que les événements dont il vient d'être question sont véritablement arrivés, L'histoire en fait foi, car nous y lisons que la mer Rouge en se divisant, a ouvert un chemin pour laisser passer les Hébreux, et que le Jourdain a retourné en arrière, lorsque l'arche le traversa. Mais nous ne voyons nulle part que les montagnes et les collines aient tressailli de joie. Que signifient donc ces paroles ? Le Roi-prophète veut nous faire comprendre à l'aide de comparaisons la joie du peuple et la grandeur des miracles, et il représente les créatures inanimées elles-mêmes, se livrant aux tressaillements et aux bondissements de la joie, à la manière de ceux qui sont transportés d'allégresse. Voilà pourquoi il ajoute : «Comme les béliers et comme les agneaux des brebis.» En effet, ces animaux manifestent leur joie par des bondissements. De même qu'un autre prophète nous représente la vigne et le vin dans les pleurs au milieu des calamités, non pas que la vigne puisse s'attrister, mais parce qu'en associant par cette hyperbole les êtres inanimés au deuil général, il en fait ressortir plus vivement la grandeur; de même ici le Roi-prophète associe les créatures inanimées à la joie du peuple pour en faire comprendre toute l'étendue. Nous-mêmes nous associons tous les objets à notre joie, et lorsque nous recevons la visite d'un personnage célèbre, nous lui disons : Vous avez rempli notre maison d'allégresse; nous ne voulons point sans doute parler des murailles, mais montrer l'étendue de notre joie ? «Pourquoi, ô mer, vous êtes-vous enfuie ? Et vous, Jourdain, pourquoi êtes-vous retourné en arrière ? (Ibid. 5) Pourquoi, montagnes, avez-vous sauté comme des béliers ? Et vous, collines, comme les agneaux des brebis ?» (Ibid. 6). Il adresse cette question aux éléments et converse avec eux, dans le même sens qu'il nous les a représentés tressaillant d'allégresse; il ne leur supposait alors aucune intelligence, mais il voulait simplement montrer l'excès de la joie et la grandeur des événements. De même ici, il leur fait cette question sans leur supposer l'intelligence nécessaire pour lui répondre, mais pour rendre son langage plus énergique et faire ressortir tout ce que ces prodiges ont d'extraordinaire.

3. À cette question, le psalmiste fait lui-même la réponse, comme s'il s'agissait d'un fait inouï et qui n'a aucun antécédent dans les phénomènes ordinaires de la nature. «La terre a été ébranlée à la Présence du Seigneur, à la Présence du Dieu de Jacob.» (Ibid. 7). Par cette expression figurée qui signifie la surprise, l'étonnement, la stupeur des habitants, le Roi-prophète veut nous montrer de nouveau la grandeur des événements accomplis. Il fait voir ensuite combien la vertu d'un seul homme est précieuse aux yeux de Dieu, en désignant le Seigneur par le nom de son serviteur. Au témoignage de saint Paul, c'est le plus grand honneur que Dieu ait accordé à ces saints patriarches, en récompense de leur détachement de toutes les choses de la terre. L'Apôtre ne se contente pas en effet de rappeler cette glorieuse prérogative, il en donne la raison, pour nous enseigner à nous-mêmes comment nous pouvons avoir part à cet honneur. En quoi consiste-t-il ? En ce que le Seigneur veut bien être appelé du nom de ses serviteurs. C'est ce qui faisait dire à saint Paul : «Aussi Dieu ne rougit point d'être appelé leur Dieu.» (He 11,16) Et comment S'appelait-Il leur Dieu ? Lorsqu'Il disait : «Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob.» L'Apôtre avait donné plus haut le motif pour lequel Dieu avait voulu être ainsi appelé; «Tous ces saints, disait-il, sont morts dans la foi, n'ayant point reçu les biens que Dieu leur avait promis, mais les voyant et les saluant de loin, et confessant qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre.» (He 11,13) Et après avoir donné cette raison, il ajoute : «C'est pour ce motif que Dieu ne rougit point d'être appelé leur Dieu.» (Ibid. 13) Quel est-il ? Parce qu'ils ont confessé qu'ils étaient étrangers et pèlerins ici-bas, qu'ils n'avaient rien de commun avec les choses de la terre, et qu'ils y passaient leur vie comme sur une terre étrangère, dans un détachement complet de tous les biens de ce monde ? «Qui changea la terre en torrents, et le rocher en sources d'eau vive.» (Ibid. 8) Quel pardon peuvent obtenir, je vous le demande, ceux qui sont durs et que rien ne peut fléchir ? La pierre et les rochers amollissent leur dureté naturelle à la Voix de Dieu, et l'homme doué du privilège de la raison, le plus doux par nature des êtres créés, les surpasse tous en dureté ? Le rocher dont le psalmiste parle ici cède à peine à l'action du fer, et ne peut guère être entamé qu'à sa surface. Et cependant il a changé de nature, et a laissé couler de son sein des sources d'eau vive. Mais le Maître de la nature peut déroger aux lois de la nature, et changer l'ordre qu'Il a établi. Il l'a fait souvent et en plus d'un endroit pour montrer qu'Il est Celui qui a créé toutes choses de rien.

Après avoir rappelé les bienfaits des anciens temps, les miracles, les prodiges que Dieu a opérés, comment Il a délivré son peuple de la servitude d'Égypte, et lui a rendu sa liberté, comment Il a bouleversé l'ordre des éléments et rempli tous les coeurs d'allégresse, le psalmiste implore le Secours de Dieu au milieu de ses nécessités présentes et se réfugie en Lui comme dans un port assuré. Tous ces prodiges n'avaient point eu pour cause les mérites de ceux qui en étaient l'objet, mais la Bonté de Dieu et la gloire de son Nom, comme Il le déclare expressément : «C'est afin que mon Nom ne soit point déshonoré;» (Ez 20,9); afin que tous, à la vue de ces prodiges, reconnaissent la vertu, la puissance de ce Nom, et qu'ils y trouvent de graves et utiles leçons. Voilà pourquoi le psalmiste apporte cette nouvelle raison, et dit à Dieu : Quand même notre vie nous ferait défaut, quand même nos actions ne nous inspireraient aucune confiance, agis pour ton Nom, comme Moïse Te le demandait. Le Roi-prophète lui fait une prière analogue : «Ce n'est pas à nous, Seigneur, ce n'est pas à nous, mais à ton Nom qu'il faut donner la gloire.» (Ibid. 9). Non, ce n'est point dans notre intérêt, ce n'est point pour nous donner plus de considération et de célébrité, mais pour faire éclater partout les effets de ta Puissance. Toutefois, si le Nom de Dieu est glorifié, lorsqu'Il prend en main notre défense et qu'Il vient à notre secours, Il l'est également par les vertus que nous pratiquons et par l'éclat de notre vie : «Que votre lumière, nous dit Jésus Christ, brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.» (Mt 5,16). De même donc que nos vertus tournent à sa Gloire, de même une vie criminelle devient un sujet de blasphèmes. C'est ce que Dieu reprochait à son peuple par son prophète : «À cause de vous, mon Nom est blasphémé parmi les nations.» (Is 52,5). Au défaut d'autre raison qu'il puisse invoquer en leur faveur, le Roi-prophète a recours au même moyen que Moïse. Toutefois Dieu n'agit pas toujours de la sorte, et cela dans l'intérêt du salut des hommes. S'Il tenait toujours cette conduite, un grand nombre de chrétiens négligents le deviendraient encore davantage, et regarderaient comme un gage de sécurité la certitude que la Gloire de Dieu doit les préserver à jamais de tous maux. Mais il n'en est pas ainsi. La Gloire de Dieu Lui est moins à coeur que notre salut; s'il est des hommes qui méprisent la gloire, à plus forte raison Dieu n'en tient aucun compte, Lui qui n'a nul besoin de ce qui vient de nous. Mais comme je l'ai dit, le prophète qui a entrepris de plaider notre cause, la défend par les moyens qui sont à sa disposition, et les reproduit à deux reprises différentes : «Ce n'est pas à nous, Seigneur, ce n'est pas à nous,» qui sommes souverainement indignes de ta Miséricorde; «c'est à ton Nom qu'il faut donner la gloire;» car pour nous, nous méritons toutes sortes de maux, mais Toi, Seigneur, sauve ton Nom de la profanation. «Pour faire éclater ta Miséricorde et ta Vérité.» (Ibid. 10). Un autre interprète traduit : «À cause de ta Miséricorde.» Vous voyez que le psalmiste savait parfaitement que souvent Dieu tenait peu compte des raisons tirées de sa Gloire, et n'avait en vue qu'une seule chose, la conversion des pécheurs; c'est pour cela qu'il ajoute : «Pour faire éclater ta Miséricorde et ta Vérité, c'est-à-dire viens à notre secours, au Nom de ta Miséricorde; la gloire qui vient des hommes Te touche peu, mais rappelle-Toi ta Miséricorde et ta Vérité. Tu peux, je le sais, faire tourner à ta Gloire, non seulement l'exercice de ta Miséricorde, mais celui de ta Justice. Ce n'est point au Nom de ta Justice que je T'implore, mais au nom de ta Miséricorde. C'était à nous de glorifier ton Nom par la sainteté de notre vie et de notre conduite, mais puisque nous avons failli à notre devoir, faites tout par votre protection, par ta Bonté, de peur que les nations ne disent : Où est leur Dieu ?»

4. J'en entends beaucoup qui s'expriment de la même manière dans leurs prières. Mais je crains que cette pensée : «Où est leur Dieu ?» ne leur vienne à la vue des nombreuses rapines, des injustices, des crimes de tout genre dont ils sont témoins ? Notre Dieu est dans le ciel, tout ce qu'Il a voulu, Il l'a fait.» (Ibid., 14). Le psalmiste redresse ici l'erreur des insensés; il en est beaucoup parmi eux qui méconnaissent l'existence de Dieu, il combat un si déplorable égarement en leur disant : «Notre Dieu est dans le ciel, tout ce qu'Il a voulu, Il l'a fait.» Si telle a été sa Puissance dans le ciel, que n'a-t-elle pas fait sur la terre ? Mais que signifient ces paroles : «Il a fait tout ce qu'Il a voulu dans le ciel ?» C'est-à-dire, ou Il a fait les puissances célestes et ces innombrables légions qui peuplent les cieux; ou bien tous ses ordres sont accomplis avec une merveilleuse facilité. Si donc vous voyez la confusion et le désordre régner sur la terre, n'en soyez point surpris. Le désordre a pour cause les vices des hommes et la perversité de ceux qui les favorisent, et non l'impuissance de Dieu; car tout ce que Dieu fait dans le ciel, témoigne assez de sa Force et de sa Puissance. S'il n'en est pas ainsi sur la terre, n'en accusez que ceux qui s'en affranchissent par leur indignité.

On peut encore entendre ces paroles dans un autre sens et dire que la Patience de Dieu est cause qu'un grand nombre de crimes ne reçoivent pas ici-bas le châtiment qui leur est dû. Pourquoi, par exemple, voyons-nous les justes opprimés par les méchants ? Parce que Dieu ne veut pas punir les iniquités des hommes aussitôt qu'elles se commettent. Si sa Justice était aussi prompte, il y a longtemps que le genre humain aurait cessé d'exister. Tel est donc le sens de ces paroles : «Sa Puissance, sa Force, pour punir le crime, sont incontestables, il n'en faut pour preuve que ce qu'il fait dans les cieux. Si donc Il n'en tire pas immédiatement vengeance, c'est par un motif de douceur et de bonté et pour attirer les pécheurs au repentir. «Les idoles des nations sont de l'argent, de l'or, et l'ouvrage des mains des hommes.» (Ibid. 12) «Elles ont une bouche et elles ne parleront point; elles ont des yeux et ne verront point.» (Ibid. 13) «Elles ont des oreilles et n'entendront point, des narines et ne sentiront point.» (Ibid. 14) «Elles ont des mains sans pouvoir toucher, des pieds sans pouvoir marcher; aucun son ne s'échappe de leur gosier.» (Ibid. 15) «Que ceux qui les font leur deviennent semblables.» (Ibid. 16). Le Roi-prophète raconte dans le psaume cent-cinquième leurs égarements insensés, lorsqu'il dit : «Ils ont sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons.» (Ps 105,37) Il fait voir ici jusqu'où va leur stupidité qui leur fait adorer une matière inanimée. Il parcourt en détail tous les membres de ces idoles pour en faire plus à l'aise l'objet de ses justes moqueries. Puis il ajoute : «Que ceux qui les font et qui mettent en eux leur confiance leur deviennent semblables.» C'est une gloire que de ressembler à Dieu, mais ici c'est une malédiction. Songez à ce que sont ces dieux, puisque le plus grand malheur qu'on puisse souhaiter est de leur ressembler. Le psalmiste emploie ce langage figuré pour tourner en dérision l'extrême folie des idolâtres, et faire voir le ridicule de leur conduite. Car n'est-il pas absurde, dites-moi, de se rendre l'esclave d'une statue qui offre le type de la dernière indécence ? Qui voudrait voir une femme dans un état de honteuse nudité ? Or, le démon tend également des pièges autour de cette statue qui vous en présente l'image. Ces statues vous représentent tantôt des scènes de fornications, tantôt des amours plus infâmes encore. En effet, que signifie cet aigle, ce Ganymède, cet Apollon qui poursuit une jeune fille, et tant d'autres tableaux licencieux ? Je ne vois partout que libertinage, impureté, des actions, des amours dont l'obscénité va jusqu'à la folie. Que sont en effet ces statues, ces fêtes, ces réunions, ces initiations mystérieuses, si ce n'est des preuves, des monuments, des écoles d'infâme libertinage ? Non seulement ce sont des écoles de vice, on y enseigne même l'homicide. Voilà les moyens qu'ils prennent pour apaiser les démons. On ne rencontre chez eux qu'impuretés, débauches, inhumanité, cruauté, homicide, tels sont les éléments dont se composent leurs fêtes. Après avoir tourné en dérision ces idoles inanimées et insensibles, aussi bien que la folie de ceux qui placent en elles leur confiance, il en revient aux louanges du vrai Dieu. «La maison d'Israël a espéré en Dieu, Il est leur Protecteur et leur Soutien.» (Ibid. 17) «La maison d'Aaron a espéré au Seigneur, Il est leur Protecteur et leur Soutien.» (Ibid. 18) «Ceux qui craignent le Seigneur ont mis en Lui leur espérance, il est leur Protecteur et leur Soutien.» (Ibid. 19). C'est ainsi qu'il proclame à la fois la Puissance de Dieu et sa supériorité incomparable au-dessus de tout ce qui est créé. Il rappelle ce que Dieu a fait pour le peuple juif, et fait ressortir le double ou plutôt le triple bienfait dont ce peuple a été l'objet. Dieu a d'abord délivré les Israélites du culte des démons; en second lieu, Il S'est fait connaître à eux; en troisième lieu, Il les a couverts de sa Protection. Le psalmiste parle successivement du peuple d'Israël, de la race sacerdotale et de ceux des gentils qui embrassent le culte du vrai Dieu. Car on ne peut assimiler le simple fidèle au prêtre, qui lui est de beaucoup supérieur. Cette division est donc fondée sur les prérogatives d'honneur accordées à l'ordre sacerdotal.

5. Le Roi-prophète montre ensuite que l'action de la Providence divine n'a pas été limitée aux Juifs seuls, mais qu'elle s'est étendue à tous ceux qui sont venus du dehors se joindre à eux, et il fait voir que le Secours et la Bénédiction de Dieu sont devenus le patrimoine commun de tous. «Le Seigneur S'est souvenu de nous et nous a bénis; Il a béni la maison d'Israël, Il a béni la maison d'Aaron.» (Ibid. 20) «Il a béni tous ceux qui craignent le Seigneur.» (Ibid. 2). Qu'est-ce à dire : «Il les a bénis» ? Il les a comblés de biens innombrables. L'homme peut aussi bénir Dieu, lorsqu'Il dit avec le psalmiste : «Mon âme bénit le Seigneur.» (Ps 102,1). Mais ses bénédictions n'ont d'utilité que pour lui, il augmente sa propre gloire sans rien ajouter à celle de Dieu; au contraire, lorsque Dieu nous bénit, c'est notre gloire qui s'en accroît, sans qu'Il y gagne rien pour Lui-même. Dieu, en effet, n'a besoin de rien, et dans ces deux hypothèses, tout l'avantage est

pour nous seul. Mais quelles sont donc les bénédictions qu'Il a répandues sur eux ? Il les a nourris d'un pain descendu du ciel, Il a fait jaillir l'eau du rocher, Il a protégé leur entrée et leur sortie, Il a multiplié leurs troupeaux et leurs brebis, Il en a fait son peuple de prédilection et un sacerdoce royal, Il leur a donné la loi et leur a envoyé des prophètes. Ce sont ces bienfaits que le psalmiste rappelle en ces termes dans un autre endroit : «Il n'a pas agi de la sorte avec toutes les nations et Il ne leur a pas manifesté ses décrets.» (Ps 148,9) Nous lisons encore ailleurs : «Est-il une nation assez sage pour que Dieu daigne approcher d'elle ?» (Dt. 4,7). «Les petits aussi bien que les grands.» Il n'est point une nation qui ait été exclue de cette bénédiction, elle s'est répandue sur tous sans exception.

«Que le Seigneur ajoute encore à ses Bénédictions sur vous, sur vous et sur vos enfants.» (Ibid. 22) Voici une autre espèce de bénédiction, l'accroissement de leurs familles. Aussi un autre prophète regarde l'effet contraire comme un châtiment. «Nous sommes diminués plus que toutes les nations, et nous sommes réduits à un très petit nombre en comparaison des autres peuples de la terre.» (Dn 3,37). Avant même leur sortie d'Égypte, cette bénédiction leur était accordée, malgré tant d'obstacles qui semblaient devoir en arrêter l'effet, leurs travaux, leurs souffrances et la cruauté de leurs maîtres. «Mais rien ne peut entraver l'action de la Parole de Dieu, et sa Bénédiction fut si efficace qu'en deux cents ans la population arriva au chiffre de six cent mille.» (Ex 12,27). Telles étaient les bénédictions de l'Ancien Testament, mais celles du Nouveau leur sont de beaucoup supérieures. «Béni soit Dieu, dit saint Paul, qui nous a bénis en Jésus Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles par les biens célestes.» (Ep 1,3). Et encore : «Que Celui qui par sa Puissance peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que pensons soit glorifié par l'Église.» (Ep 3,20-21). Voilà pourquoi les prophètes souhaitaient cette bénédiction à ceux dont ils voulaient la prospérité et le bonheur. Elisée obtint de Dieu un fils à la femme qui lui avait donné hospitalité. (4R 4,16). Sous la nouvelle loi, c'est un nouveau genre de grâces et d'un ordre beaucoup plus élevé. Aussi n'est-ce pas ce que la marchande de pourpre prie les apôtres de lui accorder. Que leur demande-t-elle ? «Si vous ne me jugez pas indigne du Seigneur, entrez dans ma maison et demeurez-y.» (Ac 16,15). Voyez-vous quelle différence dans les prières de l'Ancien Testament et dans celles du Nouveau ? Entendez encore Jésus Christ vous dire : «Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.» (Lc 10,20). Et saint Paul : «Que Dieu vous comble de paix et de joie dans votre foi, afin que votre espérance croisse toujours de plus en plus par la Vertu du saint Esprit.» (Rm 15,13). Voyez l'efficacité de cette bénédiction qui est pour nous la source de biens ineffables, et n'a rien de terrestre. Saint Paul dit encore : «Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds.» (Rm 16,20) Sous l'Ancien Testament, au contraire, lorsque les hommes étaient encore dominés par les sens, les choses extérieures et sensibles formaient la matière des bénédictions, et on regardait comme une des grâces les plus précieuses d'avoir un grand nombre d'enfants. Comme la mort était entrée dans le monde à la suite du péché, Dieu, pour consoler le genre humain et lui montrer que loin de le détruire et de l'anéantir, Il voulait au contraire le multiplier et l'accroître, dit à nos premiers parents : «Croissez et multipliez.» (Gn 9,1) Mais lorsqu'il fut reconnu que la mort n'était qu'un simple sommeil, la vertu de virginité devint en honneur. C'est ce qui faisait dire à saint Paul : «Je voudrais que vous fussiez tous en l'état où je suis moi-même.» (1Cor 7,7). Et encore : «Il est avantageux à l'homme de ne s'approcher d'aucune femme.» (Ibid. 1) Notre Seigneur nous dit Lui-même : «Il y en a qui se sont faits eunuques à cause du royaume des cieux.» (Mt 19,12) Toutefois, même dans les anciens temps, Dieu avait déclaré, quoique d'une manière moins expresse, que ce qui était surtout nécessaire c'était la vertu, et non un grand nombre d'enfants. Que dit en effet le Sage ? «Ne désirez pas un grand nombre d'enfants inutiles, s'ils n'ont pas la crainte de Dieu, et ne mettez pas votre complaisance dans leur multitude. Car un seul enfant qui craint Dieu vaut mieux que mille, et il est plus avantageux de mourir sans enfants que d'en laisser après soi qui soient sans religion; un seul enfant qui fait la Volonté de Dieu vaut mieux que mille qui sont impies.» (Si 16,1-4). Mais les Juifs, qui n'avaient aucune intelligence, aucun zèle pour la pratique de la vertu, et dont les inclinations étaient toutes charnelles, disaient : «Que recherche Dieu, si ce n'est la multiplication de la race ?» (Ml 2,15) Aussi, pour les convaincre que ce n'est pas là ce qu'Il demande, Dieu les a punis de mort parce qu'ils étaient stériles en vertus.

«Soyez bénis du Seigneur.» (Ibid. 23). C'est avec dessein que le psalmiste ajoute : «Du Seigneur.» Voilà en effet la bénédiction par excellence. Il en est qui reçoivent les bénédictions des hommes, mais l'objet de ces bénédictions est tout humain. Ici au contraire, c'est une bénédiction qui ne souffre point de comparaison. Les hommes donnent des bénédictions, c'est-à-dire qu'ils louent, qu'ils préconisent ceux qui se distinguent par leurs richesses, leur gloire, leur puissance. Mais ce sont là des bénédictions passagères et stériles au moment même où on les reçoit. Au contraire, la Bénédiction de Dieu est perpétuelle et d'une utilité sans égale, au milieu des affaires les plus importantes. «Qui a fait le ciel et la terre.»

6. Quelle est puissante la Bénédiction de Dieu ! Les paroles de Dieu deviennent des faits accomplis. Le ciel n'a-t-il pas été fait par sa seule Parole ? «C'est par la Parole du Seigneur, dit le Roi-prophète, que les cieux ont été affermis.» (Ps 32,6) C'est avec cette Parole si puissante qu'Il daigne vous bénir. «Les cieux des cieux sont pour le Seigneur, mais Il a donné la terre aux enfants des hommes.» (Ibid. 24) Que dites-vous là ? Dieu a choisi le ciel pour son séjour, et après avoir fait choix de ces régions supérieures, Il nous a assigné cette terre pour l'habiter ? Non sans doute, Il n'en est pas ainsi, et le psalmiste ne veut ici que s'accommoder à l'intelligence de ceux à qui il s'adresse. S'il en était autrement, où serait la vérité de ces autres paroles : «Est-ce que je ne remplis pas le ciel et la terre, dit le Seigneur ?» (Jr 23,24). Car ces deux passages sont contradictoires, à ne les considérer que dans leur signification obvie et littérale, sans faire attention au sens caché qu'ils renferment. Que signifient donc ces paroles : «Les cieux des cieux sont au Seigneur, mais pour la terre Il l'a donnée aux enfants des hommes» ? Le psalmiste se sert ici d'un langage que je puis appeler de condescendance, sans prétendre confiner dans les cieux la Présence de Dieu. De même encore ces paroles : «Le ciel est son Trône, et la terre son Marchepied.» (Is 66,1) Et ces autres : «Je remplis le ciel et la terre,» ne sont pas dignes de la Majesté de Dieu, c'est un langage proportionné à l'intelligence de ceux à qui les prophètes s'adressent. Car Dieu embrasse toutes choses, supporte tout, n'est limité par aucun lieu, et il étend sa domination sur tout ce qui existe; si donc il est écrit que le ciel est son séjour, c'est parce que ce lieu est pur de toute iniquité. Ces paroles ne signifient donc point que Dieu ait choisi particulièrement le ciel pour lieu d'habitation. Dans cet autre endroit : «Il marquera les limites des peuples selon le nombre des anges de Dieu;» (Dt 32,8) ou dans cet autre : «Il a choisi la maison de Jacob», l'auteur sacré ne veut pas dire que les Juifs sont devenus son peuple choisi à l'exclusion des autres hommes qui ne seraient pas compris dans les soins de sa Providence et de son Gouvernement divin. Car Dieu est le Dieu de tous les hommes, et si la sainte Écriture s'exprime de la sorte, c'est pour marquer l'Amour particulier qu'Il avait pour les Juifs, qui paraissaient mériter cette faveur de préférence aux autres peuples.

S'il vous faut une preuve qu'Il n'a pas choisi les Juifs à l'exclusion des autres peuples, mais que sa Providence s'étend à tous les hommes, vous la trouvez dans les événements qui ont précédé Moïse, dans ceux qui ont eu lieu de son temps, comme dans les événements particuliers qui l'ont suivi. Dieu n'a-t-Il pas donné le soleil, la terre, la mer et tous les autres éléments, comme un bien commun à tous les hommes; n'a-t-Il pas gravé dans leurs coeurs sans distinction la loi naturelle ? Par amour pour Abraham qui était perse d'origine, Dieu le fit sortir de son pays, et Il Se servit de lui pour éclairer les Égyptiens, les habitants de la terre de Chanaan et les Perses eux-mêmes. Il Se servit également de son fils et de son petit-fils pour rendre meilleurs les peuples voisins autant du moins qu'il était en lui. Après la naissance de Moïse, les miracles dont les Juifs étaient l'objet avaient pour but d'amener à la connaissance de Dieu les Égyptiens, les peuples de la Palestine, et plus tard les habitants de Babylone. Lors donc que le psalmiste

nous dit : «Les cieux des cieux sont au Seigneur, il veut simple ment nous apprendre que Dieu Se repose de préférence dans les cieux, parce que l'iniquité n'y a point d'accès. Mais vous-mêmes, si vous ne vous attachez pas trop fortement à la terre, si vous vivez de la vie des anges, vous vous élèverez promptement jusque dans le ciel et dans la maison paternelle, et c'est ainsi qu'avant même le jour de la résurrection, vous quitterez la terre pour habiter les cieux et prendre possession des honneurs qui vous y attendent. Ne voyez-vous pas qu'un grand nombre de ceux qui font partie du sénat impérial conservent la dignité de sénateur, bien qu'ils habitent la campagne ? Si donc vous aussi vous voulez avoir droit de cité dans les cieux, vous pouvez en jouir bien qu'habitant encore sur la terre.

«Ce ne sont point les morts qui Te loueront, Seigneur, ni tous ceux qui descendent dans l'enfer.» (Ibid. 25) «Mais nous qui vivons, nous bénissons le Seigneur maintenant et dans tous les siècles.» (Ibid. 20) Les morts dont parle ici le psalmiste ne sont pas ceux qui avaient quitté cette vie, mais ceux qui étaient morts dans leurs impiétés ou qui avaient croupi dans le crime. En effet, Abraham, Isaac et Jacob étaient morts, et cependant ils vivaient toujours et leur souvenir était toujours présent à la mémoire des hommes. Aussi, lorsque Moïse prie Dieu en faveur du peuple dont il avait la conduite, il apaise sa Colère au nom de ces saints patriarches qu'il fait intervenir dans ses prières. (Ex 32,13) C'est également en leur nom que les trois enfants demandent à Dieu leur délivrance : «Ne détourne pas ta Miséricorde de nous à cause d'Abraham que Tu as tant aimé, à cause d'Isaac ton serviteur et d'Israël ton saint.» (Dn 3,35) Puisqu'ils avaient une si grande puissance, comment supposer qu'ils fussent morts ? Entendez Jésus Christ vous dire.encore : «Laissez les morts ensevelir leurs morts.» (Mt 8,22) Aussi saint Paul ne donne point le nom de morts à ceux qui ont quitté cette vie, mais il compare leur mort à un sommeil. «Je ne veux point vous laisser ignorer, mes frères, au sujet de ceux qui se sont endormis.» (1Th 4,12) Non, la mort du juste n'est pas une mort, mais un sommeil, N'est-ce pas dormir en effet, que d'attendre le passage à une vie meilleure ? Mais pour celui qui n'a en perspective qu'une mort immortelle, dès cette vie même, il cesse d'être vivant, il est mort. Les uns descendent dans les enfers, les autres montent dans les cieux pour régner avec Jésus Christ. Aussi, le prophète ne dit pas en général ceux qui vivent, mais : «Nous qui vivons.» Il s'exprime ici de la même manière que saint Paul dans ces paroles : «Nous qui vivons, nous qui restons, nous ne préviendrons point ceux qui sont dans le sommeil de la mort.» (1Th 4,16)

L'apôtre en disant : «Nous qui vivons,» ne permet pas d'appliquer ces paroles à tous les fidèles, et les restreint à ceux dont la vie est semblable à la sienne; de même ici ces paroles : «Nous qui vivons,» doivent s'entendre de ceux qui comme David passent leur vie dans la pratique de la vertu. «Maintenant et dans les siècles des siècles.» Vous voyez ici une nouvelle preuve de cette interprétation, c'est-à-dire que le psalmiste veut parler de ceux dont la vie a été une suite continuelle de bonnes oeuvres. Car personne ici-bas ne vit dans les siècles des siècles, c'est le privilège exclusif de ceux qui méritent la vie glorieuse et éternelle. Les pécheurs vivent aussi, il est vrai, mais dans les tourments, mais dans les supplices, mais dans les grincements de dents. Les élus au contraire vivent dans les splendeurs de la gloire, et de concert avec les puissances des cieux, chantent à Dieu des hymnes spirituels. Voulons-nous avoir part à cette joie ? Vivons ici-bas de cette même vie, et nous obtiendrons aussi cette récompense privilégiée que la parole ne peut expliquer, que l'esprit ne peut comprendre, dont rien ne peut nous donner une idée, mais dont l'expérience seule pourra nous révéler le bonheur. Que Dieu nous fasse la grâce d'obtenir un jour cette félicité par la Bonté et la Miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ, à qui soit la gloire et la puissance, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.
- Jean Chrysostome





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