«Seigneur, ne me reprends pas dans ta Fureur; et ne me châtie pas dans
ta Colère.» (v. 2).
Lorsque vous entendez parler de la Fureur et de la Colère de Dieu, ne
soupçonnez en Lui aucune des passions propres à la nature humaine; Il emploie
ces expressions pour condescendre à notre faiblesse; mais Dieu est affranchi de
toutes ces passions, et, s'il parle de la sorte, c'est pour se faire comprendre
des intelligences moins développées. Nous aussi, quand nous conversons avec les
barbares, nous employons leur langage; si nous parlons avec un enfant, nous
balbutions comme lui; quelle que soit d'ailleurs notre science, nous nous
rabaissons jusqu'à imiter son langage enfantin. Et qu'y a-t-il d'étonnant que
nous imitions son langage? Nous imitons même ses manières, nous nous mordons les
mains, nous simulons la colère, pour le corriger plus sûrement. C'est dans le
même dessein et pour impressionner les esprits plus pesants, que Dieu se sert de
ces paroles, cherchant beaucoup moins à conformer son Langage à sa Dignité, qu'à
notre propre utilité. Il nous apprend clairement, en effet, dans les saintes
Écritures, qu'Il n'est point sujet à la colère : «Est-ce Moi qu'ils irritent,
dit le Seigneur, n'est-ce pas bien plutôt eux-mêmes ?» (Jr 7,19). Mais
comment voudriez-vous que Dieu ait pu discuter avec les Juifs ? Pouvait-Il leur
dire qu'Il n'éprouve ni colère, ni haine pour les méchants, car la haine est une
passion qui trouble l'âme; qu'il ne voit pas les choses humaines ? Car voir
est une des propriétés du corps; qu'Il n'entend pas, car c'est là encore un acte
particulier aux êtres corporels ? De là eût découlé cette erreur pernicieuse que
le monde n'est pas gouverné par une providence divine. En refusant d'attribuer à
Dieu ces sentiments et ces actions, on exposait un grand nombre d'hommes à
ignorer même son Existence; ignorance qui eût été la ruine de toutes les autres
vérités; tandis que, ce dogme une fois admis, il était facile de redresser cette
opinion. Celui qui est convaincu de l'Existence de Dieu, bien qu'il ne s'en
forme pas encore une idée assez digne, et qu'il mêle à cette idée quelques
images grossières, finira avec le temps, par se persuader que Dieu est étranger
aux affections qu'il Lui prête. Mais celui qui ne croit point à l'Existence de
la Providence, qui est persuadé qu'elle ne s'occupe ni du gouvernement, ni de
l'existence des créatures, que gagnera-t-il d'entendre dire que Dieu est
inaccessible aux sentiments qu'on Lui attribue ?
Aussi, le prophète, après leur avoir d'abord parlé de Dieu, après les avoir
bien convaincus de son Existence, épure insensiblement leurs idées, en les
élevant à des considérations plus sublimes sur la Nature divine et leur fait
voir que Dieu est étranger aux passions qui sont le propre de la nature humaine.
«En effet, dit un autre prophète, Dieu n'est accessible ni à la faim, ni à la
fatigue.» (Is 40,28). Le même prophète qui l'avait représenté comme sujet à la
colère, nous déclare maintenant qu'Il y est inaccessible : «Est-ce Moi
qu'ils irritent, dit le Seigneur, n'est-ce pas plutôt eux-mêmes ?» (Jr
7,19). Celui qui nous l'avait montré résidant au milieu de son temple, nous dit
maintenant en son Nom : «Il n'y a point de saint en toi, et je n'entrerai
pas dans la ville.» (Os 11,9). C'est-à-dire : Je ne puis être renferme dans
aucune limite. Il ne parcourt point toutes les autres passions; il laisse à
conclure à un esprit intelligent que si Dieu est affranchi de ces passions
impérieuses qui sont comme essentielles à la vie, à plus forte raison est-il
inaccessible aux autres. C'est dans ce sens que le prophète dit encore :
«Seras-Tu comme un homme endormi.» (Jr 14,9). Partout il revient sur
l'impassibilité de la Nature divine. Donc, lorsque vous entendez parler de
fureur, ne croyez point que ce soit en Dieu une passion. Les hommes qui veulent
devenir de véritables sages, se rendent, autant qu'il est en eux, inaccessibles
à tout mouvement de colère; combien plus Dieu, cette Nature immortelle,
incorruptible, qui est au-dessus de toute parole comme de toute pensée ! Ne
voyez-vous pas aussi que les médecins, lorsqu'ils appliquent sur une blessure le
fer ou le feu, n'agissent point par un sentiment de colère, mais dans le but de
procurer la guérison ? Ils ne se fâchent point contre les l'autres malades,
ils les prennent en pitié, et cherchent à les délivrer de leur maladie. Ces
paroles du roi-prophète : «Ne me reprends pas dans ta Fureur,» reviennent à
celles-ci : «Ne demande pas justice de mes péchés, et ne tire point
vengeance de mes iniquités. «Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis
languissant.» Nous avons tous besoin de faire à Dieu cette prière, quelle que
soit la multitude de nos bonnes oeuvres, et alors même que nous serions parvenus
à une perfection éminente. Aussi le prophète dit-il dans un autre psaume :
«Nul homme vivant ne sera justifié en ta présence.» (Ps 142,2); et encore : «Si
Tu examine toutes nos iniquités, qui pourra, grand Dieu, subsister ? (Ps
129,3). Saint Paul dit, de son côté : «Ma conscience ne me reproche rien, mais
je ne suis pas justifié pour cela» (1 Cor 4,4); et l'auteur du livre des
Proverbes : «Qui peut se glorifier d'avoir le coeur pur ? ou qui peut
assurer qu'il est exempt de péché ?» (Pro 20,9).
Nous avons donc tous besoin de miséricorde, mais nous n'en sommes pas tous
dignes; bien que ce soit la miséricorde, elle cherche un sujet digne, comme Dieu
le disait à Moïse : «Je ferai grâce à qui Je voudrai, et miséricorde à qui Il me
plaira.» (Ex 23,9). Celui donc, qui se rend digne de la miséricorde, peut dire à
Dieu : «Aie pitié de moi», mais celui qui se met en dehors de la miséricorde,
fera inutilement à Dieu cette prière : «Aie pitié de moi.» En effet, si la
miséricorde devait s'étendre sur tous les hommes, il n'y en aurait aucun de
puni. Elle agit avec un certain discernement, elle cherche celui qui est à la
fois digne d'elle et disposé à la recevoir.
2. Il en est donc un grand nombre qui sont souvent retombés dans les mêmes
péchés, et qui cependant n'ont pas été punis des mêmes châtiments, puisque les
causes qui avaient déterminé leurs crimes n'étaient pas les mêmes. Si vous le
voulez, arrêtons-nous à cette pensée. Ainsi, par exemple, tous les Juifs se sont
rendus coupables du crime d'idolâtrie; mais tous n'ont pas été punis d'un
châtiment égal : les uns ont été perdus sans retour, les autres ont obtenu
pardon. Dans les péchés, en effet, ce n'est pas seulement la nature de la faute
qui est commise qu'il faut envisager, mais l'intention, mais la circonstance,
mais le motif, enfin ce qui a suivi le péché, si les uns y ont persévéré, si les
autres s'en sont repentis, et encore s'ils y ont persévéré par surprise, par
séduction ou de propos délibéré. Beaucoup d'autres circonstances doivent attirer
l'attention : la différence du temps, et l'état du peuple juif. Ainsi les
hommes ont péché sous l'Ancien Testament, ils pèchent aussi sous le Nouveau;
mais le châtiment n'a pas été égal, il est beaucoup plus sévère pour les
derniers. C'est cette vérité que saint Paul nous enseigne en ces termes : «Celui
qui a violé la loi de Moïse, est condamné à mort sans miséricorde, sur la
déposition de deux ou trois témoins. Songez donc combien mérite de plus grands
supplices, celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui aura profané
le sang de l'alliance.» (Hé 10,28-29). Ces paroles : «Combien mérite de plus
grands supplices» annoncent un châtiment beaucoup plus rigoureux. De même
encore, les hommes ont péché avant la loi, et ils ont péché sous la loi, et les
premiers ont été punis beaucoup moins sévèrement que les seconds; comme saint
Paul nous l'apprend : «Tous ceux qui ont péché sans la loi périront sans la
loi.» (Rm 2,2). Cette expression : «sans la loi» signifie que le châtiment
sera non pas plus sévère, mais beaucoup plus doux : «Et tous ceux qui ont
péché étant sous la loi, seront jugés par la loi.» (Rm 2,12). Pourquoi cette
différence ? Parce que les premiers n'ont que la nature pour accusatrice,
tandis que les autres, avec la nature ont encore la loi, et leur punition sera
d'autant plus rigoureuse que la connaissance qu'ils ont eue de la Volonté de
Dieu a été plus parfaite.
La position plus élevée des personnes établit encore la même différence,
comme on peut le voir pour les sacrifices qui sont offerts. Pour le péché du
peuple tout entier, on offrait le même sacrifice que pour le péché d'un seul
prêtre, preuve évidente que la grandeur du châtiment sera proportionnée à la
grandeur de la dignité. C'est pour la même raison que la femme qui s'était
rendue coupable de simple fornication était mise à mort, tandis que pour le même
crime, la fille d'un prêtre était brûlée vive. La diminution ou la grandeur du
châtiment se mesurent encore sur la considération des peines qu'endurent
certains pécheurs ici-bas et de la vie de plaisir à laquelle d'autres se
livrent. Ces derniers auront beaucoup plus à souffrir dans l'autre vie, et les
autres beaucoup moins, si même leur expiation n'est entièrement achevée. C'est
ce que Jésus Christ veut nous apprendre, lorsqu'Il fait dire au mauvais riche
par Abraham : «Tu as reçu les biens en cette vie, et Lazare les maux; or
maintenant, celui-ci est consolé, et toi, tu souffres.» (Lc 16,29). Le mauvais
riche avait comme renvoyé à l'autre vie le châtiment qu'il méritait, et c'est
pour cela que son supplice fut beaucoup plus rigoureux; d'autres, au contraire,
en souffrent une partie ici-bas, et allègent d'autant les peines expiatoires de
l'autre vie. La différence du châtiment se mesure encore sur la connaissance
plus grande ou sur la simplicité de celui qui pèche, comme nous le voyons dans
ces paroles du Sauveur : «Le serviteur qui a connu la volonté de son maître et
qui ne l'a point exécutée, sera frappé de plusieurs coups; mais celui qui ne
l'aura point accomplie parce qu'il ne la connaissait pas, recevra moins de
coups.» (Lc 12,47-48). Beaucoup d'autres raisons déterminent encore les
divers degrés de punition, comme aussi la mesure différente de la Miséricorde et
de la Bonté de Dieu.
Voyez-en un exemple dans le premier homme : Eve a péché, Adam a péché
aussi, et leur faute était la même, puisque tous deux avaient mangé du fruit
défendu; mais leur punition ne fut pas égale. Caïn s'est rendu coupable de
meurtre aussi bien que Lamech; Caïn a été puni et Lamech a trouvé miséricorde.
Un homme qui avait ramassé du bois le jour du sabbat, fut lapidé sans pitié.
(Nom 5,32 et ss). David se rend coupable du double crime d'homicide et
d'adultère, et il en obtient le pardon. Livrons nous donc tout entiers à ces
saintes recherches; il vaut beaucoup mieux nourrir notre esprit de ces sérieuses
considérations que de le dissiper dans les frivolités et les vains discours de
la place publique : non seulement l'intelligence de ces mystères est pour
nous un véritable trésor, mais l'étude toute seule en est profitable, quand même
nous n'arriverons pas à les comprendre; car nous serons forcés d'y appliquer les
forces de notre esprit et d'y consacrer tout notre temps.
Pour en revenir à la difficulté qui nous occupe, pourquoi, lorsque tous les
Juifs ont concouru à la fabrication du veau d'or, les uns ont-ils été punis et
les autres épargnés ? Parce que ces derniers, touchés de repentir, oubliant les
sentiments de la nature, ont mis à mort leurs parents pour venger la religion
outragée; tandis que les autres ont persévéré dans leur impiété. Leur crime a
été le même, mais leur conduite après qu'ils l'ont commis a été différente.
Pourquoi encore le châtiment d'Adam et d'Eve a-t-il été différent, bien que leur
péché ait été le même ? Parce qu'il était bien différent d'être trompé par la
femme ou de l'être par le serpent. C'est pour cela que saint Paul appelle le
péché de la femme une véritable séduction : «Adam, dit-il, n'a pas été
séduit, mais la femme ayant été séduite, est tombée dans la désobéissance.» (1
Tm 3,41). Pourquoi celui qui avait ramassé du bois le jour du sabbat ne put-il
obtenir pardon ? Parce que c'était un crime vraiment énorme de transgresser
un précepte qui venait d'être donné, et qu'il fallait pénétrer les autres d'une
crainte salutaire. Le châtiment sévère d'Ananie et de Saphire eut lieu pour le
même motif. (cf. Ac 5). Lors donc que nous avons commis le péché,
considérons nous-mêmes si nous sommes dignes de miséricorde, si nous l'avons
méritée par nos oeuvres, si notre repentir est sincère, si nous sommes devenus
meilleurs, si nous avons cessé de pécher. C'est toujours à la miséricorde que
nous sommes redevables du pardon que nous obtient le repentir. Voilà pourquoi le
prophète demande à Dieu de le sauver en considération de ses gémissements et de
ses larmes. «Toutes les nuits, dit-il, j'arrose mon lit de mes pleurs, j'inonde
ma couche de larmes;» c'est-à-dire des pleurs et des larmes du repentir. «Mes os
sont ébranlés. Mon âme est dans un trouble extrême.» Avant d'exposer à Dieu
l'état de son âme, il invoque en sa faveur la faiblesse de sa nature : «Aie
pitié de moi, Seigneur, parce que je suis languissant.» Il parle de la sorte
pour nous apprendre que cette raison ne suffit pas pour nous rendre dignes du
pardon; car alors nous serions tous sauvés, puisque tous nous avons la même
nature.
3. Cependant, pour parler plus exactement, j'oserai dire que telle n'est
point la véritable signification de ces paroles et que le roi-prophète apporte
ici comme une des raisons les plus propres à fléchir la Miséricorde divine et à
obtenir le pardon de son péché, la faiblesse qui résulte des tentations. C'est
ce qu'il exprime plus clairement dans la suite du psaume, lorsqu'il dit :
«Je me suis consumé au milieu de mes ennemis.» Il savait, en effet, que la
tribulation que l'on supporte en esprit d'actions de grâces est un puissant
moyen pour attirer sur nous la miséricorde et nous rendre Dieu favorable. C'est
ce sentiment qu'il exprime dans ces paroles : «Guéris-moi, Seigneur, parce
que mes os sont ébranlés, et que mon âme est dans un trouble extrême.» Il ne dit
pas : «Remets-moi,» ou «pardonne-moi mes péchés», mais : «Guéris-moi.» Il
demande à Dieu de fermer ses anciennes blessures. Par les os, il faut entendre
ici la force tout entière de l'homme, et par le trouble, la peine, le châtiment
et la vengeance qui suivent le péché. «Guéris-moi, Seigneur, parce que mes os
sont ébranlés, mon âme est dans un trouble extrême.»
Dans la médecine on peut considérer trois, quatre ou même jusqu'à cinq
choses, entre lesquelles il y a souvent lutte et combat : le médecin, son
art, le patient, la maladie, la vertu naturelle des remèdes. Si la volonté du
malade vient se joindre aux efforts du médecin, aux effets de son art, et, à la
puissance des remèdes, la guérison est assurée. Mais le malade cesse-t-il de
seconder leur action, son état ne fait que s'aggraver; et, si sa volonté se met
en opposition avec celle du médecin, avec les ressources de l'art et
l'efficacité des remèdes, il se donne lui-même la mort. Un phénomène égal, je
dirai même plus surprenant, se produit en nous. Lorsque nous avons recours aux
médecins, il arrive souvent que malgré le concours que le malade donne à la
guérison de sa maladie, aux efforts du médecin, et à l'emploi des remèdes, la
maladie persiste par suite de l'affaiblissement de sa constitution, de
l'impuissance de l'art ou de l'inefficacité des remèdes. Mais, lorsque nous
avons recours à Dieu, il n'en est pas ainsi; il suffit que vous secondiez la
volonté du médecin, et vos blessures sont nécessairement guéries. Car, ce n'est
pas ici un art purement humain, qui manque quelquefois son effet; c'est une
puissance divine, qui triomphe à la fois de la nature, de ses infirmités, de sa
perversité, en un mot de tous les vices.
Voilà pourquoi le roi-prophète s'approche de Dieu comme d'un médecin et lui
dit en gémissant : «Guéris-moi, Seigneur, parce que mes os sont ébranlés.»
Suivant quelques-uns il veut parler ici du trouble qui est la suite naturelle du
péché. Lorsque les vents se déchaînent sur la mer avec violence, ils l'agitent
et la bouleversent jusque dans sa profondeur, ramenant à sa surface le sable qui
forme son lit, et font courir aux navigateurs les plus grands dangers. Ainsi
lorsque le trouble s'empare de notre âme, notre corps lui-même en est ébranlé,
tout en nous est en proie à la tempête, notre barque est dans une agitation
continuelle, d'épaisses ténèbres nous environnent, tout en nous paraît chanceler
sur ses bases, au milieu de ce bouleversement général et de cette confusion
extrême. Ces effet se produisent surtout dans les passions de la chair, dans les
accès de la colère, et dans les malheurs de la vie. Le trouble s'empare de
l'âme, les os mêmes sont ébranlés, la prunelle de l'oeil semble sortir de son
orbite, les yeux ne voient plus les choses sous leur aspect naturel. De même que
les chevaux s'emportent lorsque le trouble s'empare de celui qui les conduit;
ainsi lorsque la raison cesse d'être calme, tout en nous se confond, tout est
bouleversé et sort de sa voie. Mais comment ce trouble se produit en nous, c'est
ce qu'il est nécessaire maintenant d'expliquer. Il ne s'élève pas tout d'un coup
et à l'improviste comme la tempête qui soulève les flots de la mer, il est
toujours la suite de notre négligence. Il dépend uniquement de nous d'en
ressentir les effets, ou d'en être toujours à l'abri. Ainsi, par exemple, un
désir coupable s'éveille dans votre âme, la fournaise ne s'embrasera pas si vous
ne soufflez le feu, si vous ne donnez un aliment à la flamme. Or, vous éviterez
cet embrasement si vous ne portez des regards indiscrets sur les visages dont la
beauté est pour vous un écueil, si les charmes et les attraits des personnes qui
vous sont étrangères ne sont pas l'objet habituel de vos pensées, si vous ne
fréquentez pas les spectacles d'iniquité. En effet, ne nourrissez point votre
chair dans les délices, ne noyez point votre raison dans le vin, la flamme ne
pourra s'élever, ni la fournaise s'embraser, votre chair ne sera pas semblable à
une bête féroce et indomptable, et la pureté de votre coeur ne sera pas mise en
pièces comme par des vents déchaînés et furieux. Ces moyens sont-ils suffisants
pour étouffer à jamais la flamme du péché ? Seuls, ils ne suffisent pas; il faut
y joindre des prières continuelles, la fréquentation des personnes vertueuses,
un jeûne modéré, une nourriture simple, des occupations nécessaires, et
par-dessus tout, la crainte de Dieu, la pensée du jugement, des supplices
insupportables de l'autre vie, comme aussi des biens qui nous sont promis. À
l'aide de ces moyens, vous pourrez mettre un frein à la fureur de vos passions,
et apaiser cette mer en courroux.
« Mais Toi, Seigneur, jusques à quand ? Tourne-Toi vers moi, Seigneur,
et délivre mon âme, sauve-moi en considération de ta Miséricorde.» Le
roi-prophète répète continuellement ce mot «Seigneur,» comme un titre au pardon
et à la grâce qu'il implore. Quel est, en effet, le plus grand motif de notre
espérance si ce n'est sa Bonté ineffable, sa Propension naturelle à nous
pardonner ? Cette expression : «Jusques à quand,» n'est pas une
expression de découragement ou d'impatience, mais de la peine et de la douleur
d'un homme écrasé sous le poids des tentations.
4. «Tourne-Toi vers moi, Seigneur, et délivre mon âme.» Il demande deux
choses : que Dieu se tourne vers lui, et qu'Il délivre son âme. Ce que les
justes recherchent avec le plus d'empressement, c'est que Dieu Se réconcilie
avec eux, qu'Il leur soit favorable et propice et ne détourne pas d'eux les
regards de sa miséricorde. Ils demandent comme conséquence une autre grâce,
c'est que leur âme soit sauvée. Ils n'imitent pas la conduite d'un grand nombre,
qui dans leurs instincts grossiers ne recherchent qu'une seule chose, les
jouissances de la vie présente. Les justes, au contraire, n'ont qu'un seul
désir, qu'un seul objet, qui passent pour eux avant tous les autres, c'est le
salut de leur âme, «Car dans la mort qui se souvient de Toi? Dans le tombeau qui
songe à Te louer?» Voyez que de motifs il allègue à Dieu pour qu'Il sauve son
âme. «Je suis languissant, mes os sont ébranlés; j'en fais la demande à Dieu;
enfin, dans la mort personne ne se souvient de Toi.» Ce n'est pas qu'en parlant
ainsi il veuille renfermer notre destinée dans les limites étroites de la vie
présente, à Dieu ne plaise, il connaît le dogme de la résurrection; mais il veut
dire qu'une fois que nous sommes sortis de cette vie, le temps de la pénitence
est passé pour nous. Le mauvais riche faisait l'aveu de ses fautes et s'en
repentait. Regrets inutiles ! Il n'était plus temps (Lc 16). Les vierges
folles désiraient avoir de l'huile, personne ne leur en donna (Mt 25). Voilà
pourquoi le prophète prie Dieu de le purifier ici-bas de ses péchés, afin qu'il
puisse paraître avec confiance devant son tribunal redoutable. Il nous enseigne
ensuite qu'à la Miséricorde de Dieu nous devons unir nos propres efforts; car,
si nous mettons en avant notre faiblesse, la Bonté de Dieu et les autres motifs
que David énumère, et que nous ne fassions rien de notre côté, nous n'avons rien
à espérer.
«Je m'épuise à gémir, toutes les nuits j'arrose mon lit de mes pleurs,
j'inonde ma couche de larmes.» Que ceux qui vivent dans une condition obscure
apprennent quelle était la pénitence de ce roi revêtu de la pourpre. Écoutons-le
nous-mêmes et soyons pénétrés de componction. Non seulement il se fatigue, mais
il s'épuise à force de gémir; il ne se contente pas de pleurer, il inonde sa
couche de larmes; ce n'est point seulement pendant deux ou trois jours, c'est
toutes les nuits, et, ce qu'il a fait pour le passé, il le promet pour l'avenir.
Ne pensez pas, en effet, qu'après avoir pleuré une fois ses fautes, il se soit
laissé aller au relâchement; non, toute sa vie s'est écoulée dans la pratique de
la pénitence. Conduite bien différente de la nôtre : après avoir donné un
jour aux larmes, et souvent pas un jour entier, nous retournons aussitôt aux
rires, aux plaisirs d'une vie molle et dissolue. Ce n'est pas ainsi qu'agissait
David, il passait toute sa vie dans les larmes. Imitons donc son repentir; si
nous refusons de pleurer nos fautes ici-bas, force sera de les pleurer dans
l'autre vie, mais sans aucune utilité, tandis qu'ici-bas nos larmes sont
fécondes en fruits de salut. Dans l'autre vie, nos pleurs seront pour nous un
sujet de confusion; ici-bas, ils sont un titre de gloire. Voulez-vous une preuve
de cette vérité ? Écoutez ce que dit notre Seigneur Jésus Christ : «C'est là
qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents.» (Mt 8,12). Mais que le
sort de ceux qui pleurent ici-bas est bien différent : «Bienheureux ceux qui
pleurent, parce qu'ils seront consolés.» (Mt 5,5). «Malheur à vous riches,
parce que vous recevez votre consolation en ce monde.» Que ceux qui se
complaisent dans leurs lits d'argent, apprennent quelle était la couche de ce
roi; elle n'était ni brillante de pierreries, ni étincelante d'or, mais inondée
de ses larmes; ses nuits n'étaient pas des nuits de repos, mais des nuits de
gémissements et de lamentations. Pendant le jour, il était assiégé de mille
soins divers; voilà pourquoi il consacrait à la pénitence le temps que tous les
hommes donnent au repos, et c'est alors qu'il gémissait plus amèrement sur ses
fautes. Il est toujours bon de pleurer, mais surtout pendant la nuit, alors que
personne ne peut nous ravir cette admirable et sainte joie, et qu'il nous est
permis, si nous voulons, de nous y plonger tout entier. Ceux qui en ont fait
l'expérience, savent quelle joie apportent avec elles ces sources abondantes de
larmes; elles sont assez puissantes pour éteindre ce feu qui ne s'éteint jamais,
ce fleuve qui coule devant le tribunal du juste Juge.
C'est ainsi que saint Paul a pleuré nuit et jour pendant trois ans pour
corriger les passions des autres; pour nous, nous ne réprimons pas même les
nôtres, nous nous abandonnons aux rires et à la volupté, et la nuit venue, nous
tombons dans un profond sommeil. Les uns sont plongés dans un sommeil qui est
l'image de la mort, les autres ont des insomnies mille fois pires que la mort,
occupés de compter pendant la nuit les intérêts de leur argent, leurs usures, et
dressant de nouvelles embûches à leurs victimes. Les hommes sobres et vigilants
agissent bien différemment : ils cultivent avec soin leur âme, et leurs larmes
sont comme une rosée féconde qui fait croître les germes des vertus. Aucun vice,
aucune passion impure ne peut approcher de la couche qui est inondée des larmes
de la pénitence. Celui qui répand ces larmes, compte pour rien les choses de la
terre, il délivre son âme de tous les ennemis qui l'assiègent, et donne à son
esprit une clarté plus brillante que l'éclat du soleil. Ce n'est point seulement
aux solitaires, mais aux hommes du siècle que j'adresse cette exhortation, et
beaucoup plus encore qu'aux premiers; car, au milieu du monde, ils ont un bien
plus grand besoin des remèdes salutaires de la pénitence. Celui qui sait
répandre ces larmes, se lèvera l'âme remplie d'un calme plus profond que celle
qui règne dans un port paisible; il bannit de son coeur toutes les passions,
c'est avec une sainte allégresse et avec une confiance parfaite qu'il entre dans
la maison de Dieu, ses paroles sont pleines de grâce et d'aménité, la colère est
loin de son coeur, la cupidité ne l'embrase pas de ses feux, il n'est dominé ni
par l'amour des richesses, ni par l'envie, ni par aucun vice de ce genre. Les
gémissements et les larmes de la nuit ont forcé toutes ces passions de
s'enfoncer comme les animaux sauvages dans les profondeurs de leurs
tanières.
«Ta Fureur a rempli mon oeil de trouble.» Voilà une âme vraiment brisée par
le repentir : David vient de décrire sa pénitence, il expose de nouveau les
agitations de son âme, le trouble répandu sur son intelligence, et la crainte
que lui inspire la Colère de Dieu.
5. Cet oeil c'est l'oeil de l'âme, cette faculté de juger et de raisonner,
que la conscience de nos fautes vient obscurcir et troubler. Le souvenir de ses
fautes toujours présentes à ses yeux rappelait à son esprit la juste Colère de
Dieu et ne lui permettait pas d'être insensible comme tant d'autres, mais le
remplissait d'anxiété, de trouble et d'effroi. Heureux trouble, qui est la
source de la tranquillité; heureuse crainte, qui est le fondement de la
sécurité. Celui qui est rempli de ce trouble, triomphe de tous les orages; l'âme
où il ne trouve point d'accès est exposée à toute la fureur des flots. Le
vaisseau qui n'a point de lest, devient la proie des vents déchaînés et des
vagues qui l'engloutissent bientôt; ainsi l'âme inaccessible à la douleur de ses
fautes, est exposée à mille bouleversements intérieurs. C'est le triste état que
saint Paul décrivait en ces termes : «Par suite de leur profonde insensibilité,
ils se sont livrés avec une ardeur insatiable à l'impudicité, à toutes sortes de
dissolutions et d'impuretés.» (Ep 19). Tant que le pilote se préoccupe vivement
du sort des passagers, ils sont tous rassurés et tranquilles; mais, si fatigué
de cette sollicitude, il s'abandonne au sommeil, le trouble et l'effroi
s'emparent de tous les esprits. Ainsi l'homme qui ouvre son âme à l'anxiété, au
trouble, à la crainte, lui assure une profonde sécurité; tandis que s'il se
laisse envahir par le sommeil de la négligence, sa barque devient bientôt la
proie des flots. «Je suis devenu vieux au milieu de mes ennemis.» Que signifient
ces paroles : «Je suis devenu vieux ?» J'ai vu mes forces s'épuiser par la
violence de mes ennemis. Notre vie, en effet, est un véritable combat, nous y
sommes assiégés par mille ennemis divers qui deviennent plus forts que nous,
lorsque nous sommes tombés dans le péché; il faut donc faire les derniers
efforts pour échapper à leurs mains, et ne jamais pactiser avec eux : voilà pour
nous le fondement assuré d'une sécurité parfaite. Ce sont ces phalanges ennemies
que saint Paul nous signale en ces termes : «Nous avons à combattre non contre
la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les
princes de ce siècle ténébreux.» (Ep 6,42). En face de ces phalanges ennemies,
il nous faut toujours être sous les armes et fuir toutes les attaques du péché;
car rien n'épuise les forces de l'âme, comme l'influence naturelle du péché.
Aussi saint Paul, voulant éloigner de nous cette cause d'affaiblissement, nous
dit : «Ne vous conformez point au siècle présent, mais transformez-vous par le
renouvellement de votre esprit.» (Rm 12,2).
Si donc le péché a consumé vos forces, recourez à la pénitence pour vous
renouveler, «Retirez-vous de moi, vous tous qui opérez l'iniquité, le Seigneur a
entendu la voix de mes pleurs. Le Seigneur a exaucé mes supplications, le
Seigneur a agréé ma prière.» Une voie non moins sûre pour nous conduire à la
vertu, c'est la fuite des méchants; c'est ce que Jésus-Christ nous recommande
d'une manière si frappante, lorsqu'Il nous ordonne de nous séparer de ceux de
nos amis qui nous seraient aussi nécessaires que nos propres membres, si leur
amitié vient à être pour nous une cause de scandale et de ruine : «Si votre oeil
vous scandalise, nous dit-Il, arrachez-le, et si votre main est pour vous un
sujet de scandale, arrachez-la et jetez-la loin de vous.» (Mt 5, 29-30). Ce
n'est pas assurément des membres de notre corps qu'il veut parler ici, mais de
nos amis les plus intimes : donc il nous faut sacrifier l'amitié lorsque loin
d'être utile, elle devient nuisible à nos amis aussi bien qu'à nous-mêmes.
Fidèle à ce commandement salutaire, non seulement David ne recherchait pas de
tels amis, mais il leur commandait de s'éloigner de lui.
6. Voilà le fruit de la pénitence et le précieux bénéfice des larmes, que
l'âme ainsi repentante ne sera plus désormais l'esclave d'aucune passion.
Imitons cet exemple; et, si l'un de nos amis, fût-il couronné du diadème,
devient pour nous une occasion de danger, sachons sacrifier son amitié; car rien
n'est méprisable comme un homme qui vit dans l'iniquité, fût-il revêtu de la
pourpre, comme au contraire, rien n'est plus auguste qu'un captif chargé de
fers, lorsque son âme est riche de vertus. «Parce que le Seigneur a exaucé la
voix de mes pleurs.» Il ne dit pas simplement : Il a exaucé ma voix mais : «la
voix de mes pleurs.» Voyez comme il s'étend sur le caractère de sa prière : «Il
a exaucé la voix de mes pleurs. » Cette voix n'est point le son extérieur de es
paroles ou de ses cris, mais l'expression intérieure de son âme; ces pleurs ne
sont point les larmes qui coulent des yeux, mais celles qui sortent du coeur.
Celui qui entreprend de faire pénitence et qui est exaucé de Dieu, n'a pas de
peine à obtenir ce grand bien d'éloigner de lui tout commerce avec les
méchants.
«Que tous mes ennemis rougissent et soient remplis de trouble, qu'ils
reculent soudain couverts de honte et de confusion.» Nous voyons deux précieux
fruits de cette prière. «Que mes ennemis soient couverts de honte et qu'ils se
retirent en arrière.» En effet, si ceux qui courent dans la carrière du vice
viennent à rougir de leur conduite et à reculer en arrière, ils cesseront de
commettre le mal. Lorsque nous voyons un homme marcher dans une voie qui conduit
à un précipice, nous nous empressons de l'arrêter pour qu'il n'aille pas plus
avant, en lui criant : Où donc allez-vous ? Vous êtes sur les bords d'un
précipice. C'est dans ce sens que le prophète demande que les méchants
s'arrêtent dans la voie du mal. Ainsi encore, si l'on ne s'empresse de ramener
en arrière un cheval qui s'emporte, il périra infailliblement. Voyez comme les
médecins s'empressent d'arrêter le progrès du venin d'un reptile qui tend à se
répandre dans le corps tout entier et d'en détruire les ravages. Suivons
nous-mêmes cet exemple, étouffons avec soin les premiers germes du mal que nous
remarquons dans notre âme, si nous ne voulons les voir se développer et aggraver
notre maladie. Les blessures que nous causent nos péchés, dès qu'elles sont
négligées, deviennent plus dangereuses; l'état de maladie et de faiblesse ne
s'arrête pas là, il amène nécessairement la mort et une mort éternelle; si, au
contraire, nous détruisons le mal dans sa racine, nous prévenons toutes les
suites fâcheuses qu'il entraîne. En voulez-vous une preuve ? Celui qui
s'applique à ne point faire injure à son prochain, se gardera par là même de
tout débat avec lui; celui qui fuit toute dispute, sera fidèle observateur des
lois de l'amitié : par une conséquence nécessaire, il n'aura point d'ennemi,
pratiquera la charité et sera un modèle accompli de toutes les vertus.
Gardons-nous donc de négliger les premiers symptômes du mal, de peur qu'il ne
s'aggrave et n'en vienne bientôt aux dernières extrémités. Si Judas avait
combattu l'amour de l'argent, il n'en serait pas venu à commettre un sacrilège,
et, s'il avait réprimé ce malheureux penchant, il ne se serait pas rendu
coupable du plus grand des crimes. Voilà pourquoi notre Seigneur Jésus Christ
non seulement défend la fornication et l'adultère, mais réprime jusqu'à un
regard imprudent; il arrache le mal dans sa racine, pour nous rendre plus facile
la victoire sur le vice de l'impureté. C'est ce qu'Il faisait aussi à l'égard
des Juifs, quoique d'une manière voilée et symbolique, parce qu'Il s'adressait à
des esprits encore charnels; cependant Il le faisait, et de quelle manière ? Il
défendait l'accouplement d'animaux de différentes espèces; (Deut 22,10); Il ne
permettait pas de manger le sang des animaux; (Lév 17,10); Il ne voulait pas
qu'on retînt au delà du coucher du soleil l'objet donné en gage : il prévenait
ainsi des excès beaucoup plus graves. La première défense prévenait l'union
infâme des hommes entr'eux; la seconde, les meurtres et les homicides; la
troisième, la cruauté et l'inhumanité.
Maintenant tous ces crimes se commettent avec une facilité étonnante et une
impudence extraordinaire, et voilà pourquoi le désordre est à son comble. Lors
donc qu'une passion s'introduit dans votre âme, n'y soyez pas indifférent, parce
qu'elle vous paraît peu de chose, mais considérez que ce qui en résultera, est
capable de produire les plus grands maux. Quand nous voyons dans une maison le
feu prendre à quelques étoupes, nous sommes saisis de trouble et de crainte; car
notre pensée ne s'arrête pas à ces faibles commencements, elle embrasse les
conséquences qu'ils peuvent avoir; et voilà pourquoi nous courons, nous mettons
tout en mouvement pour étouffer ce foyer d'incendie. Or, le vice cause dans une
âme de plus grands ravages que le feu. Il faut donc prévenir jusqu'à ses
moindres atteintes. Si nous sommes négligents sur ce point, il nous sera très
difficile ensuite d'arrêter ses développements. C'est ce que nous pouvons voir
encore par ce qui se passe sur un vaisseau : le trouble et l'inquiétude
s'emparent des matelots, non pas seulement quand ils voient le navire s'abîmer
dans les flots, mais alors seulement que leur perte est imminente. Gardons-nous
donc de tomber dans la négligence à l'égard des fautes légères, combattons-les
avec le plus grand soin, afin d'échapper à de plus grands crimes, et de mériter
les biens de la vie future par la Grâce et la Miséricorde de notre Seigneur
Jésus Christ, à qui soient, en même temps qu'au Père et au saint Esprit, gloire,
puissance, honneur, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.
Amen.
- Jean Chrysostome