- Commentaire sur l'Évangile de Luc -

Puisque Luc mentionne que plusieurs avaient déjà entrepris la rédaction d'évangile, il se pourrait qu'il eût déjà connu les évangiles de Matthieu et Marc. En tous cas, comme il a plusieurs récits en commun avec eux, cela montre qu'il avait pris le temps de s'informer à des sources orales communes car la plupart du temps, ce ne sont pas exactement les mêmes mots employés dans la narration des récits et des discours. La rédaction des évangiles montre aussi que le temps commençait à presser pour interroger des témoins oculaires alors Luc s'est lui-même mis à cette tâche après avoir terminé sa collaboration avec l'apôtre Paul probablement vers le fin des années 60 ap JC, mais avant la destruction du temple ayant eu lieu en 70 aux mains de l'armée romaine menée par le général Titus. Selon Irénée de Lyon, formé par Polycarpe qui avait connu l’apôtre Jean, Luc a rapporté l’évangile que prêchait Paul, ce qui fait du sens puisqu'il l'avait suivi pendant son dernier voyage missionnaire. Luc mentionne que son évangile et les Actes des apôtres sont adressés à quelqu'un de haut placé puisqu'il l'appelle « excellent Théophile » ; nom qui signifie « ami de Dieu » en grec.

Luc prend une approche biographique chronologique plutôt que thématique comme Matthieu qui suivait de son côté l'usage rabbinique, puisqu'il adressait son évangile à des juifs qui y étaient habitués. Luc donne une place de choix aux femmes dans son évangile, Élisabeth a le beau rôle, pas Zacharie, Marie reçoit la visite de l'ange Gabriel, mais pas un mot sur les songes de Joseph et de son rôle essentiel dans la protection de Jésus, il faut aller chez Matthieu pour le savoir. Puis au temple, il met en scène la vieille prophétesse Anne qui devient la première évangéliste. La prostituée repentante n'est mentionnée que par Luc. Il présente la sœur de Lazare et de Marthe, Marie assise aux pieds de Jésus pour l'écouter (Luc 10:39). Son évangile a aussi un égard particulier envers les pauvres, par exemple Lazare dans la parabole portant le même nom que le serviteur d'Abraham Éléazar ou la pauvre veuve - encore une femme - qui met deux sous dans l'offrande.

Luc aborde la généalogie d'une manière différente de Matthieu, la faisant partir de Marie pour la faire remonter jusqu'à Adam, démontrant qu'il était un fils de l'homme. Matthieu, de son côté, la fait partir d'Abraham jusqu'à Joseph pour montrer que Jésus était bien un juif et non un bâtard né d'un soldat romain avec la jeune Marie comme le prétendaient certains de ses détracteurs. Luc est le seul à parler brièvement de l'enfance de Jésus, ce qui intéresse les quatre auteurs des évangiles, c'est de rapporter les événements qui ont débuté avec le baptême de Jésus avec une emphase particulière sur sa mort et sa résurrection qui ont permis la Pentecôte avec l'effusion du Saint-Esprit, 50 jours plus tard.

Luc choisit de citer Ésaïe 61 pour inaugurer le ministère de Jésus (4:17-21). Ensuite, Luc rapporte plusieurs récits qui viennent démontrer que Jésus a accompli cette prophétie en annonçant la Bonne Nouvelle aux pauvres (7:21), en restaurant les cœurs brisés comme la prostituée repentante (7:37-39), en guérissant les personnes infirmes comme la femme courbée depuis 18 ans (13:11-17), en rendant la vue aux aveugles comme à Bartimée sur la route de Jéricho (18:35-43). L'année de grâce a duré quelques années jusqu'à ce que le peuple rejette leur Messie qui ne voulait pas répondre tout de suite à leur attente de chasser l'envahisseur romain et réinstaller le trône davidique, comme prophétisé par l'ange Gabriel (1:32).

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