Justin était né de
parents païens, à Néapolis, ville de Samarie, bâtie
sur l’emplacement de l’ancienne Sichem. Il raconte lui-même comment,
dans sa jeunesse, désirant ardemment connaître la vérité,
il avait fréquenté toutes les écoles de philosophie
du monde gréco-romain, étudiant avec soin les systèmes
des sages de ce monde, sans rien trouver qui satisfît son âme
et répondît à ses besoins spirituels.
Un jour, au cours d’une promenade
au bord de la mer, il rencontra un vieillard d’aspect vénérable
qui entra en conversation avec lui. Justin s’ouvrit à cet inconnu,
qui avait gagné sa confiance. Il lui dit son ardent désir
de trouver Dieu, et tout ce qu’il avait fait pour y arriver mais en vain.
Le vieillard lui répondit
qu’en effet tous les enseignements des philosophes ne pouvaient l’amener
à la connaissance de Dieu et à la possession de la paix à
laquelle il aspirait, car, dit l’apôtre Paul, "le monde, par la sagesse,
n’a pas connu Dieu". Puis le vieillard parla à Justin de la révélation
que Dieu avait donnée aux hommes par les écrits des prophètes
et les évangiles, et le pressa de les lire attentivement. "Priez",
ajouta-t-il, "pour que les portes de la lumière vous soient ouvertes,
parce que les Ecritures ne peuvent être comprises qu’avec l’aide
de Dieu et de son Fils Jésus Christ".
Le vieillard s’éloigna et
Justin ne le revit plus. Mais il suivit ses conseils. Il lut et médita
les Ecritures ; il pria, et Dieu répondit à ses requêtes.
Il trouva la lumière et la paix en Jésus Christ. Une fois
converti, il devint un ardent défenseur du christianisme. Plein
de zèle pour la vérité qu’il avait saisie, et qui
remplissait et réjouissait son coeur, il se mit à voyager,
toujours vêtu de sa robe de philosophe, en Egypte et en Asie, annonçant
l’évangile à tous ceux qui voulaient l’entendre.
Justin se fixa enfin à Rome
et continua d’y enseigner. Il cherchait à se mettre en rapport avec
les philosophes, dans le désir de leur faire connaître la
vérité. Mais l’un d’eux, nommé Crescent, irrité
de ce que Justin l’avait réduit au silence au cours d’une discussion,
le dénonça comme chrétien. Justin, avec six autres,
parmi lesquels une femme, comparut devant le préfet de Rome, Ructicus.
Celui-ci, voyant Justin revêtu de sa robe de philosophe, lui demanda
quelles doctrines il professait.
J’ai cherché à acquérir
toutes sortes de connaissances, répondit Justin ; j’ai étudié
dans toutes les écoles de philosophie, et je me suis enfin arrêté
à la seule vraie doctrine, celle des chrétiens, de ces hommes
méprisés par tous ceux qui sont dans l’aveuglement et l’erreur.
- Comment, misérable, tu
suis cette doctrine ? s’écria le préfet.
- Oui, et c’est avec joie ; car
je sais qu’elle est vraie.
Interrogé ensuite sur les
lieux où les chrétiens se réunissaient, il répondit
qu’ils s’assemblaient où ils pouvaient, non pas tous en un même
lieu, "car le Dieu invisible remplit les cieux et la terre, et est adoré
et glorifié partout par les fidèles".
Le préfet l’ayant menacé
de mort s’il persistait dans sa conviction, le témoin de Christ
répondit : "Tu peux me faire souffrir ; je n’en resterai pas moins
en possession de la grâce qui assure le salut, partage de tous ceux
qui sont à Christ".
- Tu crois donc aller au ciel ?
- Non seulement je le crois, mais
je le sais.
Telle fut la réponse pleine
d’assurance du philosophe qui, après avoir été si
longtemps ballotté par tout vent de doctrine humaine, avait enfin
trouvé pour son âme une ancre sûre et ferme, une espérance
qui ne confond point.
Le préfet s’efforça
alors de persuader Justin et ses compagnons de "sacrifier aux idoles".
Nul homme sain d’esprit, répondit
Justin, n’abandonnera une certitude divine pour se vouer à l’erreur
et à l’impiété.
- Sacrifiez, ou vous serez condamnés
sans miséricorde.
- Je ne désire que souffrir
pour le nom de Jésus, mon Sauveur, devant le tribunal duquel je
paraîtrai avec confiance. Sachez que le monde entier doit comparaître
devant Lui un jour.
Et les six compagnons du martyr
confirmèrent ses paroles : "Faites ce que vous voudrez", dirent-ils
; "nous sommes chrétiens et ne pouvons sacrifier".
Le préfet alors prononça
la sentence : "Ceux qui refusent de sacrifier aux dieux et d’obéir
aux édits de l’empereur qui l’ordonnent, seront battus de verges,
puis décapités".
Les martyrs se réjouirent
et louèrent Dieu d’avoir été trouvés dignes
de souffrir et de mourir pour Christ. Après avoir été
fouettés, ils eurent la tête tranchée. Ils attendent
maintenant auprès du Seigneur la "récompense" : la couronne
de justice et la couronne de gloire.