Il faut avoir l'audace de dire que du point de vue spirituel, la virginité est progressive. Ce n'est pas d'abord une réalité biologique, mais une attitude intérieure qui implique le corps. En quelque sorte, on se sent «devenir» vierge, dans la mesure où l'on se laisse de plus en plus «christifier», devenir d'autres Christ. C'est la croissance en nous de la vie évangélique qui «virginise» le coeur et rend chaste l'être tout entier. La virginité est plus la conséquence de l'expérience de Dieu que sa condition. Dans cette perspective, elle concerne, d'une certaine manière, tout homme et toute femme, même mariés, qui se laissent vraiment habiter par la lumière du divin.
La chasteté et la virginité sont un chemin vers le bonheur. Sinon, il s'agit d'une mutilation inacceptable.
La psychologie moderne a montré combien l'homme était le terrain d'une tension intérieure. D'une part, la soif du plaisir tente
de se satisfaire, en ramenant tout objet et tout partenaire à soi. Argent, pouvoir et sexualité sont les lieux de cette avidité
angoissée. Après avoir longtemps décrié le plaisir, le chrétien reconnaît aujourd'hui qu'il fait aussi partie du plan de la vie,
et qu'il est souvent l'expression d'un espoir et d'une créativité en marche. Il n'y a donc pas de bonheur sans plaisir.
Mais l'être fini que nous sommes sait aussi que l'expérience du plaisir pour lui-même est nécessairement un échec.
Le bonheur qui est au bout du désir, comme un cadeau fugace et précieux, c'est expérimenter la merveille de mon plaisir fait «autre». La véritable joie, la jouissance parfaite, est dans la nouveauté, l'inconnu.
- Pierre Arnold, prêtre
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