3.
Avec quoi le paierons-nous de retour, quel fruit lui offrirons-nous
qui soit digne de lui ? Combien grande est envers lui notre dette
? 4. La lumière est un don de sa grâce ; comme un père
il nous a appelés ses fils ; alors que nous périssions, il
nous a sauvés. 5.
Comment le louer dignement, comment lui payer de retour tous ses bienfaits
?
6. Notre esprit était si infirme que nous adorions des pierres,
du bois, de l'or, de l'argent, du bronze, toutes oeuvres faites de main
d'homme ; et notre vie tout entière n'était rien autre
que mort. Nous étions enveloppés de ténèbres,
un voile épais obscurcissait
notre vue, et voilà que nos yeux se sont ouverts ; nous avons
dissipé, par son libre vouloir, le nuage qui nous environnait. 7.
Car il
a eu miséricorde de nous, ses entrailles se sont émues
et il nous a sauvés, ayant vu notre égarement et notre ruine
; et que nous
n'avions d'espérance qu'en lui pour notre salut. 8. Il nous
a appelés quand nous n'étions pas ; c'est son libre vouloir
qui nous a faits
passer du néant à l'être.
II, 1. " Réjouis-toi, stérile, qui n'enfantes pas, éclate
en cris de joie et d'allégresse, toi qui ne connais pas les douleurs,
car plus
nombreux sont les fils de l'abandonnée que les fils de l'épouse,
dit le Seigneur " (Is 54, 1). Ces paroles : " Réjouis-toi, stérile,
qui
n'enfantes pas" s'adressent à nous ; car notre Église
était stérile avant que des enfants lui fussent donnés.
2. Ces mots : " Pousse
des cris, toi qui ne connais pas les douleurs " signifient les prières
que nous devons faire monter vers Dieu, en toute simplicité, et
non pas avec un accent déchirant comme les femmes qui sont dans
les douleurs. 3. Et ces mots : " Car les fils de l'abandonnée
seront plus nombreux que ceux de l'épouse ", voici ce qu'ils
signifient : Votre peuple semblait d'abord abandonné du Seigneur,
mais maintenant que nous avons cru, nous sommes plus nombreux que celui
qui semblait posséder Dieu.
4. Un autre passage de l'Écriture dit : " Je ne suis pas venu
appeler les justes, mais les pécheurs " (Mt 9, 13 ; Mc 2, 17 ; cf.
Lc 5,
32). 5. Ce qui veut dire : c'est ceux qui se perdent qu'il faut sauver.
6. C'est là, en effet, une oeuvre grande et admirable,
d'affermir non les édifices solides, mais ceux qui croulent.
C'est ainsi que le Christ a voulu sauver ce qui périssait, et il
a été le salut de beaucoup, lui qui est venu et qui nous a appelés alors que
déjà nous périssions (Ep.2:1, Ro.5:8-10).
III, 1. Voici quelle grande miséricorde il a eue envers nous.
D'abord, en nous donnant, à nous vivants, de ne pas sacrifier à
des
dieux morts ; de ne pas les adorer, mais de connaître grâce
à lui le Père de vérité. Qu'est-ce, en effet,
que le connaître, sinon
refuser de renier celui par qui nous l'avons connu ? 2. Lui-même
dit : " Celui qui m'aura confessé parmi les hommes, je le
confesserai devant mon Père " (Mt 10, 32; Lc 12, 8). 3. Voilà
notre récompense, si nous confessons celui qui nous a sauvés.
4. Et comment le confessons-nous ? En faisant ce qu'il dit, en ne désobéissant
pas à ses commandements, en l'honorant non pas
des lèvres seulement, mais de toute notre pensée. 5.
ll dit en effet dans Isaïe : " Ce peuple ne m'honore que des lèvres,
tandis que
leurs coeurs restent loin de moi " (Is 29,13).
IV, 1. Qu'il ne nous suffise pas de l'appeler : Seigneur ; car ce n'est
pas cela qui nous sauvera. 2. Il dit en effet : " Ce n'est pas en
me disant : Seigneur, Seigneur, qu'on sera sauvé, mais c'est
en pratiquant la justice " (cf. Mt.7:21).
3. Aussi, frères, confessons-le par nos oeuvres, en nous aimant
les uns les autres. Ne soyons pas adultères, fuyons la médisance
et la jalousie ; soyons chastes, miséricordieux, faisons le
bien. Nous devons aussi prendre part à la peine des autres et ne
pas trop
aimer l'argent. C'est en pratiquant ces oeuvres que nous confesserons
le Seigneur, et non en pratiquant le contraire.
4. Ce n'est pas aux hommes, mais à Dieu que doit aller d'abord
notre crainte. 5. Si nous prenons le premier parti, le Seigneur
nous dit : " Même si vous êtes avec moi rassemblés
sur mon sein, et que vous n'observiez point mes commandements, je vous
repousserai et vous dirai : Éloignez-vous de moi, je ne vous
connais pas et ne sais d'où vous êtes, ouvriers d'iniquité"
(cf. Mt.7:23).
V, 1. C'est pourquoi, frères, laissant le séjour de ce
monde, accomplissons la volonté de ce Dieu qui nous a appelés
et ne
craignons point de sortir de ce monde. 2. Le Seigneur dit en effet
: " Vous serez comme des agneaux au milieu des loups" (Luc 10:3). 3. Pierre, alors : " Et si les loups déchirent les agneaux ? " (Aut. inc.). 4. Jésus répondit à Pierre : " Les agneaux après leur mort n'ont plus à redouter les loups ; vous non plus, ne redoutez pas ceux qui veulent vous mettre à mort et ensuite ne peuvent rien vous faire ; mais craignez celui qui a la puissance, après votre mort, de jeter votre âme et votre corps dans la géhenne de feu".
5. Et vous savez, frères, que le séjour de cette chair
en ce monde est bref et de peu de durée ; tandis que la promesse
du Christ
est grande et merveilleuse, comme aussi le repos du royaume à
venir et de la vie éternelle. 6. Quel est donc le moyen de l'obtenir,
sinon de mener une vie sainte et juste, de considérer les biens
de ce monde comme nous étant étrangers et de ne point les
désirer
? 7. Car, dès que nous désirons les acquérir,
nous quittons la voie de justice.
VI, 1. Le Seigneur dit : " Nul serviteur ne peut servir deux maîtres"
(Lc 16, 13 ; Mt 6, 24). Si nous voulons à la fois servir Dieu et
Mammon, nous ne faisons qu'y perdre. 2. " Que sert-il de gagner le
monde entier si l'on ruine son âme ?" (Mt 16, 26; cf. Mc 8, 9
; Lc 9, 25).
3. Oui, ce siècle présent et le siècle à
venir sont ennemis. 4. Le premier ne parle que d'adultère, de corruption,
d'avarice, de
tromperie ; le second rompt avec toutes ces choses. 5. Nous ne pouvons
donc être ami de tous les deux, mais il nous faut rompre
avec le premier et tenir avec le second. 6. Nous estimons qu'il vaut
mieux haïr les biens d'ici-bas, parce qu'ils sont médiocres,
éphémères et corruptibles, et aimer les autres,
les biens qui ne peuvent périr. 7. Si nous faisons la volonté
du Christ, nous
trouverons le repos ; autrement, rien ne nous préservera du
châtiment éternel, si nous désobéissons à
ces commandements.
8. Car l'Écriture dit dans Ézéchiel que " même
si Noé, Job et Daniel ressuscitaient, ils ne délivreraient
point leurs fils de la
captivité" (Ez 14, 14, 18, 20). 9. Si des hommes aussi justes
ne peuvent, par leur propre justice, secourir leurs enfants, que dire
alors de nous, si nous ne gardons pas pur et immaculé notre
baptême ; comment pourrons-nous entrer avec confiance dans le
Royaume des Cieux ? Qui plaidera pour nous, si nous ne sommes pas trouvés
avec des oeuvres saintes et justes ?
VII, 1. C'est pourquoi, frères, luttons, sachant que déjà
le combat s'engage. Or, pour les combats périssables bien des
participants traversent les mers, toutes voiles déployées
; cependant tous ne sont pas couronnés ; au contraire, on réserve
les
couronnes à ceux qui ont pris de la peine et glorieusement combattu.
2. Eh bien ! nous, combattons de façon à être tous
couronnés. 3. Courons dans la voie droite au combat impérissable,
embarquons-nous en grand nombre, et, alors, combattons de
façon à remporter la couronne ; ou du moins, si nous
ne pouvons tous y parvenir tout à fait, tâchons d'en approcher.
4. Il nous faut savoir en effet qu'aux combats périssables celui
qui s'avère tricheur est battu de verges, exclu du jeu et chassé
du
stade. 5. Qu'en pensez-vous ? Quel sera alors le châtiment que
devra subir celui qui n'aura pas été loyal dans le combat
impérissable ? 6. En effet, il est dit à propos de qui
n'a pas gardé le sceau : " Leur ver ne mourra point, leur feu ne
s'éteindra point,
ils seront en spectacle à toute chair " (Is 66, 24).
VIII, 1. Tant que nous sommes encore sur terre, faisons pénitence.
2. Nous sommes de l'argile dans la main de l'artisan. Le
potier, quand le vase qu'il fabrique se déforme ou se brise
entre ses mains, le façonne de nouveau ; mais si le vase a déjà
passé
dans le four embrasé, il ne pourra plus le mettre en état
Nous aussi, pendant que nous sommes en ce monde, faisons de tout
coeur pénitence du mal que nous avons commis en cette chair,
tant que nous avons le temps pour nous repentir. 3. Car une fois
que nous serons sortis de ce monde, nous ne pourrons plus, là-bas,
confesser nos fautes et faire pénitence.
4. Ainsi, frères, c'est en faisant la volonté du Père,
en conservant pure notre chair, en gardant les commandements du Seigneur
que nous obtiendrons la vie éternelle. 5. Le Seigneur dit en
effet dans l'Évangile : " Si vous n'avez pas été fidèles
pour des choses
de peu, qui vous en confiera de grandes ? Je vous le dis, qui est fidèle
pour très peu de choses est fidèle aussi pour beaucoup"
(Lc 16, 10-12). 6. Or, ceci veut dire : Gardez votre chair pure, sans
tache votre sceau, afin que nous recevions la vie éternelle.
IX, 1. Que nul d'entre vous ne dise que cette chair ne sera pas jugée
et qu'elle ne ressuscitera pas. 2. Reconnaissez-le. Comment
avez-vous été sauvés, comment avez-vous recouvré
la vue sinon alors que vous étiez revêtus de cette chair ?
3. Il nous faut donc
garder notre chair comme un temple de Dieu. 4. En cette chair, vous
avez été appelés, en cette chair vous irez à
qui vous appelle.
5. Si le Christ, le Seigneur, notre Sauveur, d'esprit qu'il était
s'est fait chair pour nous appeler, c'est que c'est dans cette chair que
nous recevrons notre récompense. 6. Aimons-nous donc les uns
les autres afin d'entrer tous ensemble dans le Royaume des
Cieux. 7. Pendant que nous avons le temps de guérir, remettons-nous
à Dieu pour qu'il nous soigne, et donnons-lui ses
honoraires. 8. Quels honoraires ? La pénitence faite d'un coeur
sincère. 9. Car il sait toutes choses d'avance et il pénètre
les
secrets des coeurs. 10. Donnons-lui donc les louanges, non seulement
avec notre bouche, mais aussi de notre coeur, afin qu'il
nous accueille comme des fils. 11. Car le Seigneur a dit : " Mes frères
sont ceux qui font la volonté de mon Père" (Mt 12, 50 ; Mc
3, 36 ; Lc 8, 21).
X, 1. Aussi, frères, faisons la volonté du Père
qui nous a appelés, afin de vivre et de pratiquer, avec plus de
zèle, la vertu.
Rejetons la malice qui marche en tête de tous les péchés
et fuyons l'impiété de peur que tous les vices ne s'emparent
de nous. 2.
Mais si nous nous appliquons à faire le bien, c'est la paix
qui s'attachera à nous. 3. Voilà pourquoi il n'y a point
de bonheur pour
qui nourrit des craintes humaines et préfère la jouissance
ici-bas à la promesse à venir. 4. Ils ne savent pas quels
tourments il y a
dans la jouissance d'ici-bas ni quelle félicité dans
la promesse à venir. 5. Si encore ils étaient seuls à
agir de la sorte, on pourrait le
supporter, mais ils persistent à enseigner le mal à des
âmes innocentes, sans savoir qu'ils encourent ainsi un double châtiment,
eux
et ceux qui les écoutent !
XI, 1. Pour nous, servons Dieu avec un coeur pur, et nous serons justes.
Mais si nous ne le servons pas parce que nous ne
croyons pas à sa promesse, alors malheur à nous ! 2.
Il est dit en effet dans les prophètes : " Malheur à ceux
dont l'âme est
partagée et le coeur hésitant, à ceux qui disent
: il y a longtemps que nous entendons dire ces choses, depuis le temps
de nos
pères, nous avons attendu jour après jour et nous n'en
avons vu se réaliser aucune. 3. Insensés, comparez-vous à
un arbre: prenez
la vigne, d'abord ses feuilles tombent, puis naît le bourgeon,
puis le raisin vert et enfin la grappe mûre. 4. C'est ainsi que mon
peuple supporte des troubles et des tribulations, mais ensuite lui
viendra le bonheur" ( Aut. inc.).
5. Aussi, mes frères, ne soyons pas partagés, mais persévérons
dans l'espérance afin de remporter la récompense. 6. Car
il est
fidèle celui qui a promis de rendre à chacun selon ses
oeuvres. 7. Si nous pratiquons la justice sous le regard de Dieu, nous
entrerons dans le Royaume des Cieux et nous recevrons ce qui a été
promis et " ce que l'oreille n'a pas entendu, ni l'oeil cru, ce
qui n'est pas monté au coeur de l'homme" (1 Co 2, 9).
XII, 1. Soyons tonc à toute heure dans l'attente du Royaume de
Dieu, dans la charité et la justice, puisque nous ne savons pas
le
jour de la manifestation de Dieu. 2. En effet, en réponse à
quelqu'un qui lui demandait quand viendrait son Royaume, le Seigneur
lui-même a déclaré : " Lorsque les deux seront
un, l'extérieur comme l'intérieur, et que l'homme sera avec
la femme comme s'il n'y
avait ni homme ni femme" (Aut. inc,). 3. " Les deux sont un" quand
nous nous disons la vérité et qu'en deux corps habite une
seule
âme, sans aucune hypocrisie. 4. " L'extérieur est l'intérieur"
signifie ceci : l'intérieur, c'est l'âme, l'extérieur,
le corps, et de même
que l'on peut voir ton corps, il faut que ton âme se montre dans
tes bonnes oeuvres. 5. " L'homme avec la femme, mais ni homme
ni femme", c'est-à-dire qu'un frère voyant une soeur
ne pense point qu'elle est une femme, ni la soeur que son frère
est un homme.
6. C'est quand vous agirez ainsi, veut-il dire, que le Royaume de mon
Père viendra.
XIII, 1. Dès aujourd'hui, frères, faisons pénitence
: jeûnons pour faire le bien, car nous sommes repus de déraison
et de malice.
Effaçons nos péchés passés, et sauvons-nous
en nous repentant du fond de l'âme. Ne soyons pas des flatteurs,
cherchons à plaire
non seulement aux nôtres, mais encore à ceux du dehors,
en vue de la justice, pour éviter que le nom de Dieu ne soit blasphémé,
à cause de nous. 2. Le Seigneur dit en effet : " Sans cesse
mon nom est blasphémé parmi toutes les nations" (Is 52, 5).
Et ailleurs :
" Malheur à celui par qui mon nom est blasphémé"
(Aut. inc.).
En quoi est-il blasphémé ? En ce que vous ne faites pas
ce que je veux. 3. Les païens, en effet, lorsqu'ils entendent de notre
bouche la parole de Dieu, en admirent la beauté et l'élévation
; mais lorsque, par la suite, ils apprennent que nos oeuvres ne
répondent pas à nos paroles, ils se mettent à
blasphémer et à dire qu'il n'y avait là que fable
et aberration.
4. Lorsqu'ils nous entendent dire : " A aimer vos amis, vous n'avez
pas de mérite, mais si vous aimez vos ennemis et ceux qui vous
haïssent, alors on vous en saura gré..." (Lc 6, 32-35).
Oui, lorsqu'ils écoutent ces paroles, ils sont pleins d'admiration
pour cette
extrême bonté. Mais lorsqu'ils voient que nous n'aimons
pas ceux qui nous haïssent, et pis encore, que nous n'aimons pas même
nos amis, ils se moquent de nous et le nom de Dieu est blasphémé.
XIV, 1. Ainsi donc, frères, si nous faisons la volonté
de Dieu, nous appartiendrons à la première Église,
à celle qui est spirituelle,
et qui fut créée avant le soleil et la lune. Mais si
nous ne faisons pas la volonté du Seigneur, notre part sera ce passage
de
l'Écriture qui dit : " Ma maison est devenue une caverne de
voleurs" (Jr 7, 11). Préférons donc appartenir à l'Église
de Vie, afin
d'être sauvés. 2. Je ne pense pas, en effet, que vous
ignoriez que " l'Église" vivante " est le corps du Christ" (Ep 1,
22-23).
L'Écriture dit en effet : " Dieu créa l'homme, homme
et femme il le créa" (Gn 1, 27). L'homme, c'est le Christ la femme,
c'est
l'Église. Or, les écrits des prophètes et des
Apôtres portent aussi que l'Église n'est pas de ce siècle,
mais qu'elle est née au
commencement ; elle était spirituelle comme notre Jésus
et elle s'est manifestée dans les derniers jours pour nous sauver.
3. Or,
cette Église qui était spirituelle est devenue visible
dans la chair du Christ, nous montrant que si nous la gardons intacte dans
notre
chair, nous la recevrons dans le Saint-Esprit, car la chair est l'image
de l'esprit. Nul ne peut, après avoir corrompu l'image,
participer à l'original.
Et tout ceci veut dire, frères : Gardez intacte la chair, pour
avoir part à l'Esprit. 4. Or, si nous disons que la chair est l'Église
et que
l'Esprit est le Christ, c'est donc qu'à outrager la chair, on
outrage l'Église. Commettre une telle action, c'est s'exclure de
l'Esprit,
c'est-à-dire du Christ. 5. Oui, c'est à une telle vie,
à une telle incorruptibilité que cette chair peut avoir part
lorsqu'elle est unie à
l'Esprit-Saint, et nul ne peut expliquer, nul ne peut dire les biens
" que le Seigneur a préparés " pour ses élus (1 Co
2, 9).
XV, 1. Je ne pense pas avoir donné là un conseil négligeable
sur la continence, Celui qui le suivra n'aura pas à s'en repentir,
mais il
sera sauvé, et moi avec lui pour le lui avoir donné.
Car il n'y a pas peu de mérite à ramener au salut une âme
égarée. 2. Et c'est
ainsi que nous pouvons payer de retour celui qui nous a fait, en mettant
toute notre foi et notre charité à prêcher si notre
rôle est
de prêcher, à écouter s'il est d'écouter.
3. Ne cessons donc de nous appuyer sur les promesses que nous avons
crues, et de pratiquer la justice et la sainteté afin de
pouvoir prier sans contrainte le Dieu qui dit : " Tu parlais encore
que je t'ai répondu : Me voici" (Is 58, 9). 4. Cette parole est
une
grande promesse puisque le Seigneur se dédare plus prêt
à donner qu'on ne l'est à le supplier.
5. Recevons donc notre part de cette libéralité si grande,
et ne nous envions pas les uns aux autres les biens que nous en
recevons. Car si ces paroles sont joie pour qui les met en pratique,
elles sont tout aussi bien condamnation pour les insoumis.
XVI, 1. Ainsi, frères, saisissons une bonne occasion de faire
pénitence ; il en est temps encore, convertissons-nous au Dieu qui
nous a appelés, tandis qu'il est disposé à nous
accueillir. 2. Car si nous renonçons aux plaisirs, et si nous savons
vaincre notre âme
en refusant d'accomplir ses mauvais désirs, nous aurons part
à la miséricorde de Jésus. 3. Sache que déjà
" vient le jour" (Ml 4, 1)
du Jugement, pareil " à une fournaise ardente" (Is 34, 4). Alors
les cieux, pour une part, seront dissous, et toute la terre, comme le
plomb, se liquéfiera sous le feu ; alors paraîtront au
grand jour, qu'elles soient secrètes ou publiques, les actions des
hommes.
4. L'aumône est une excellente pénitence pour le péché
; le jeûne vaut mieux que la prière, mais l'aumône l'emporte
sur l'un et sur
l'autre. " La charité couvre une multitude de péchés"
(1 P 4, 8), et la prière qui vient d'une bonne conscience délivre
de la mort.
Heureux l'homme qui est trouvé riche en toutes ces choses ;
car grâce à l'aumône, le péché pèse
moins lourd.
XVII, 1. Faisons donc pénitence de tout notre coeur, afin qu'aucun
d'entre nous ne périsse. Car si nous avons reçu l'ordre de
travailler à détourner des idoles et à enseigner
la vérité, à plus forte raison ne faut-il pas laisser
périr une âme qui connaît déjà
Dieu. 2. Aidons-nous les uns les autres à entraîner même
les faibles vers le bien de façon à ce que nous soyons tous
sauvés ;
convertissons-nous et reprenons-nous les uns les autres.
3. Ne nous contentons pas de sembler attentifs et croyants lorsque
les presbytres nous exhortent, mais une fois retournés à
la
maison, souvenons-nous des commandements du Seigneur et ne nous laissons
pas à nouveau entraîner par les désirs du monde ;
mais, par une prière plus assidue, tâchons de progresser
dans les commandements du Seigneur, afin qu' " ayant les mêmes
sentiments " (Rm 12, 16), nous soyons unis pour la vie. 4. Le Seigneur
a dit en effet : " Je viens rassembler toutes les nations,
toutes les tribus, toutes les langues" (Is 66, 18).
Ceci est une allusion au jour de son épiphanie, où il
viendra nous racheter, chacun selon ses oeuvres. 5. Et " ils verront sa
gloire"
(Is 66, 18) et sa face, ceux qui n'ont pas cru, et ils seront tout
étonnés en découvrant en Jésus le Roi du monde
et ils diront :
Malheur à nous, c'est Toi, et nous ne l'avons pas su, nous n'avons
pas cru, nous ne nous sommes pas soumis aux presbytres qui
nous annonçaient notre salut. " Leur ver ne mourra pas, leur
feu ne s'éteindra pas, et ils seront en spectacle à toute
chair " (Is 66,
24). 6. C'est une allusion au jour du jugement où l'on verra
qui, parmi nous, s'est conduit en impie, qui a mal estimé les préceptes
de Jésus-Christ.
7. Quant aux justes qui auront fait le bien, supporté tes tourments,
haï les plaisirs de leur âme, quand ils verront les égarés,
les
renégats de Jésus en paroles ou en oeuvres, subir leur
châtiment par de terribles supplices, ils rendront gloire à
leur Dieu,
proclamant qu'il y a une espérance pour qui a servi Dieu de
tout son coeur !
XVIII, 1. Nous aussi, soyons de ceux qui rendent à Dieu un culte
d'action de grâces, de ceux qui se sont faits ses serviteurs, et
non pas de ces impies qui sont condamnés. 2. Moi-même
qui suis pécheur en toute ma personne, et qui, loin d'être
déjà à l'abri
de la tentation, suis en plein dans les filets du diable, je m'efforce
de poursuivre la justice, tâchant de pouvoir au moins m'en
approcher, car je crains le jugement à venir.
XIX, 1. Ainsi, frères et soeurs, après vous avoir lu la
parole du Dieu de vérité, je vous lis cette exhortation afin
que vous prêtiez
attention aux Écritures, et que vous vous sauviez vous-mêmes
et le prédicateur qui vous les a lues. Le salaire que je vous
demande, c'est que, vous convertissant de tout votre coeur, vous vous
empariez du salut et de la vie. Et cette manière d'agir, nous
la proposons comme un but à tous les jeunes gens qui veulent
employer leur zèle pour prêcher la piété et
la bonté de Dieu.
2. Ne prenons pas mal, nous qui ne sommes pas des sages, qu'on nous
avertisse, et qu'on nous ramène de l'iniquité à la
justice, ne
nous en indignons pas. Parfois, en effet, nous agissons mal à
notre insu, parce que nous avons des " coeurs partagés et
incrédules " (Ep 4, 18), et que notre esprit est obscurci par
les vains désirs.
3. Pratiquons donc la justice pour que nous soyons sauvés quand
viendra la fin. Heureux ceux qui obéissent à ces préceptes
!
Oui, même s'ils ont à souffrir un peu de temps en ce monde,
car ils vendangeront le fruit impérissable de la résurrection.
4. Que
l'homme pieux ne s'attriste donc pas, si pour ce temps présent
il est dans le malheur : une double félicité l'attend ; oui,
là-haut,
après sa résurretion, il partagera la joie de ses pères,
pour l'éternité où il n'y a plus de peine.
XX, 1. Il ne faut pas non plus que votre esprit se trouble à
voir les méchants dans la richesse, et les serviteurs de Dieu dans
l'angoisse. 2. Ayons donc la foi, frères et soeurs ; ce combat
que nous menons est l'épreuve que nous impose le Dieu vivant, et
nous luttons dans la vie présente pour être couronnés
dans celle qui vient. 3. Aucun juste n'a cueilli son fruit avant maturité;
ils
savent attendre. 4. Si Dieu donnait sans retard aux justes leur récompense,
ce serait bientôt un commerce, et non le service de
Dieu que nous pratiquerions. Nous aurions l'apparence de la justice,
alors que nous rechercherions non l'honneur de Dieu, mais
notre avantage. C'est pour cette raison que le jugement de Dieu frappe
l'esprit qui n'est pas droit, et l'accable de liens.
5. Au Dieu unique et invisible, au Père de vérité,
qui nous a envoyé le Sauveur, la source de l'incorruptibilité,
et nous a manifesté
par lui la vérité et la vie céleste, à
Lui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.