Tantôt nous allons lire le prologue de l'évangile de Jean, nous allons voir que Jésus (la Parole) est non seulement appelé Dieu mais qu'il fait aussi des actes réservés à Dieu seul; v.3 il est le créateur, donc tout ce qui vit lui doit son existence, v.4 il est la vie, donc tout ce qui vit dépend de lui et il est la lumière, donc tout ce qui vit dépend de lui pour voir le but de la vie, v.9.
Avant de regarder plus en détail le prologue de l'évangile de Jean qui s'étend du verset 1 jusqu'au verset 18, je vais vous parler un peu du contexte de cet évangile.
1° Jean a été l'ami le plus proche de Jésus, littéralement!
Jean 13:23 Un des disciples, celui que Jésus
aimait, était couché sur le sein de Jésus. 24
Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui dont parlait
Jésus. 25 Et ce disciple, s'étant penché sur
la poitrine de Jésus, lui dit: Seigneur, qui est-ce?
Jean n'a pas fait de grandes déclarations comme
Pierre, mais il a été fidèle dans son amour pour Jésus
et l'a suivi jusqu'au pied de la croix, Jésus n'a pas hésité
alors à lui confier sa mère, Marie.
Jésus a confié à Jean aussi des révélations,
on pense tout de suite à l'Apocalypse; il y en a eu d'autres aussi,
par exemple, qui le trahirait, comme on a lu dans Jean 13:23-25.
Pierre n'a même pas osé demandé lui-même
à Jésus qui était le traître, il est passé
par Jean... reconnaissant de manière implicite la relation privilégiée
que Jésus entretenait avec Jésus. Quand on tient compte de
ce fait que Jean était toujours auprès de Jésus on
comprend un peu mieux pourquoi il aspirait à avoir la même
place dans le royaume à venir. Lui aussi avait passé par
une personne interposée pour faire sa demande!
Matthieu 20:20 Alors la mère des fils de Zébédée
s'approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire
une demande. 21 Il lui dit: Que veux-tu? Ordonne, lui dit-elle, que
mes deux fils, que voici, soient assis, dans ton royaume, l'un à
ta droite et l'autre à ta gauche. 22 Jésus répondit:
Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois
boire? Nous le pouvons, dirent-ils.
2° Maintenant, le contexte dans lequel il a écrit
son évangile.
Selon les Pères de l'Église, il avait près
de 100 ans quand il a écrit son évangile, environ 70 ans
après les événements qu'il rapporte. La manière
qu'il débute son épître nous démontre qu'il
était sûrement un des derniers témoins visuels, "heureux
ceux qui ont cru sans avoir vu", lit-on dans Jean 20:29, on le sent aussi
dans 1Jean 1:1 Ce qui était dès le commencement, ce que
nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons
contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole
de vie, - 2 car la vie a été manifestée, et
nous l'avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons
la vie éternelle, qui était auprès du Père
et qui nous a été manifestée, - 3 ce que nous
avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi,
afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion
est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.
Par 3 fois, il répète qu'il a vu Jésus,
il l'a contemplé, entendu, touché, on constate que cela l'a
marqué. Avez-vous déjà remarqué combien les
personnes âgées avaient une bonne mémoire pour raconter
leur vie de jeunesse? En plus, Jean avait le Saint-Esprit pour rafraîchir
sa mémoire... (cp. 1Jean 2:20)
On raconte que vers la fin de sa vie, quand il ne pouvait
plus marcher et qu'on le transportait de place en place dans la ville d'Éphèse,
il passait son temps à dire de s'aimer les uns les autres.
À en juger par la lettre de Jésus à
l'église d'Éphèse dans l'Apocalypse écrite
par Jean lui-même, il y en a plusieurs qui avaient besoin de se faire
répéter de s'aimer les uns les autres; Jésus leur
reprochait d'avoir perdu leur premier amour.
Je trouve cela bien émouvant de lire l'évangile
de Jean, le disciple que Jésus aimait, c'est comme lire les confidences
intimes que Jésus lui a faites. Jean a une approche différente
des trois autres évangiles synoptiques; au lieu de commencer son
évangile par la naissance terrestre de Jésus, il nous situe
Jésus dès le départ dans l'éternité
en relation avec Dieu. Il nous présente ainsi Jésus d'une
façon percutante.
3° Tournons maintenant dans le prologue de l'évangile
de Jean pour voir comment Jean nous présente Jésus et quelle
genre de relation il entretient avec Dieu le Père.
Jean 1:1 Au commencement était la Parole et la Parole
étaient avec Dieu et la Parole était Dieu.
On va analyser cela en détail.
Au commencement... au commencement de quoi? Jean ne précise
pas; ce n'était pas nécessaire, il reprenait l'expression
bien connue de Genèse 1:1 Au commencement Dieu ... L'expression en grec "en
archè" était la même utilisée dans la version
grecque de la Septante de l'Ancien Testament dans Genèse 1:1. Donc, dès
le départ, Jean situe Jésus dans l'éternité,
avant tout ce qui a eu un commencement, tout ce qui a été
créé, comme on lit au verset 3. Dès la première
phrase, Jean affirme l'éternité de Jésus dans la première
partie de la phrase, sa relation avec Dieu le Père dans la deuxième
partie de la phrase et enfin sa divinité dans la troisième
et dernière partie de la phrase, comme affirmation, c'est chargée
et condensée pas à peu près!
Je vais vous montrer quelque chose de très significatif
par rapport aux verbes grecs que Jean utilise dans le prologue. Malheureusement,
ce n'est pas évident dans la traduction française, vous allez
donc devoir m'écouter attentivement, vos yeux ne vous seront pas
d'un grand secours. Je vais donc vous donner un petit cours de grec.
La langue grecque est très précise, très
logique, c'est la langue d'où on tire la plupart de nos termes scientifiques,
médicaux, philosophiques et religieux. Jean choisit avec grande
attention ses mots; il a eu 70 ans pour y penser!
Dans les 18 versets du prologue, Jean contraste intentionnellement
les verbes grecs eimi et ginomai.
Jean emploie le verbe eimi traduit par le verbe être
en français pour désigner des états permanents et
éternels tandis qu'il emploie le verbe ginomai pour désigner
des états temporaires, transitoires qui n'ont pas toujours existé.
Je vais vous donner un exemple pour vous aider à saisir l'importance de ce que je vais vous enseigner.
Si je dis : « je suis canadien » est-ce la même chose que si je dis : « je suis devenu canadien »?
Non bien entendu, quoique je possède la nationalité canadienne dans les deux cas, quand je dis « je suis devenu canadien » j'affirme par là clairement que je n'ai pas toujours été canadien.
Donc quand la Bible dit : La Parole est Dieu (Jean 1:1) et plus loin, la Parole est devenu chair (Jean 1:14), cela signifie clairement que la Parole (Jésus) a toujours été Dieu en contraste avec le fait que la Parole s'est incarnée dans le temps il y a 2000 ans. Si Jésus a toujours été Dieu c'est donc qu'il n'a pas été créé, il n'est pas une créature.
Lisons maintenant tranquillement le prologue en repérant ces deux verbes:
Jean 1:1 Au commencement était (eimi) la Parole,
et la Parole était (eimi) avec Dieu, et la Parole était (eimi)
Dieu.
2 Elle était (eimi) au commencement avec
Dieu.
Avant le commencement, dans l'éternité,
la Parole existait déjà auprès de Dieu, distincte
de lui tout en étant Dieu, c'est-à-dire en partageant la
même nature divine, éternelle.
3 Toutes choses ont été faites (ginomai)
par elle, et rien de ce qui a été fait (ginomai) n'a été
fait (ginomai) sans elle.
C'est ici le premier contraste entre le verbe eimi et
le verbe ginomai:
Au commencement, c'est-à-dire, tout ce qui a eu
un commencement, tout ce qui a été créé, a
été fait par la Parole, qui est Jésus, signe qu'en
tant que créateur de toutes choses, Jésus est Dieu, car Dieu
seul peut créer à partir de rien. Jésus est non créé
lui-même puisque le verbe eimi est employé pour parler de
lui; la Parole était avec Dieu.
4 En elle était (eimi) la vie, et la vie
(eimi) était la lumière des hommes.
La vie a toujours été en Jésus et
elle sera toujours la lumière des hommes, donc Jean revient avec
le verbe eimi,
5 La lumière luit dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l'ont point reçue.
6 Il y eut (ginomai) un homme envoyé de
Dieu: son nom était Jean.
Jean-Baptiste n'a pas toujours existé, il a eu
un commencement, donc l'apôtre Jean emploie le verbe ginomai dans
son cas.
7 Il vint pour servir de témoin, pour rendre
témoignage à la lumière, afin que tous crussent par
lui.
8 Il n'était (eimi) pas la lumière,
mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.
Jean-Baptiste n'a jamais été la lumière
du monde et il ne le sera jamais, donc le verbe eimi est de mise.
9 Cette lumière était (eimi) la véritable
lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.
10 Elle était (eimi) dans le monde, et le
monde a été fait (ginomai) par elle, et le monde ne l'a point
connue.
Jean répète ce qu'il a affirmé aux
versets 4 et 5; Jésus a toujours été la vraie lumière
spirituelle qui éclaire tout homme depuis Adam jusqu'au dernier.
Jésus n'a jamais cessé d'éclairer les hommes, il n'y a jamais
eu d'éclipses! Jean remet en contraste l'aspect temporaire du monde
en rappelant sa création par le verbe ginomai.
11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne
l'ont point reçue.
12 Mais à tous ceux qui l'ont reçue,
à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de
devenir (ginomai) enfants de Dieu,
13 lesquels sont nés, non du sang, ni de
la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais
de Dieu.
À nouveau, ici, le verbe ginomai souligne que les
hommes n'ont pas toujours été des enfants de Dieu depuis
leur naissance, ils ont à le devenir et le moyen pour y parvenir
est la foi en Jésus qui se manifeste par la réception de
la Parole. Ils passent alors par une nouvelle naissance, un nouveau commencement,
une nouvelle création spirituelle, en contraste avec la première
création matérielle. À nouveau, ici, Jésus
est à l'origine de cette nouvelle création comme il était
à l'origine de la première création.
14 Et la parole a été faite (ginomai)
chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de
vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire
comme la gloire du Fils unique venu du Père.
Jésus a toujours existé, il a toujours été
avec Dieu et il a toujours été Dieu, lit-on au verset 1,
mais il n'a pas toujours été homme, c'est pourquoi Jean emploie
le verbe ginomai pour affirmer la venue de Jésus sur terre dans
un corps humain. Le verbe habiter, littéralement, planter une tente,
manifeste également l'aspect temporaire, transitoire du passage
de Jésus sur terre, donc le verbe eimi n'était pas à
propos pour décrire cet événement.
15 Jean lui a rendu témoignage, et s'est écrié:
C'est celui dont j'ai dit: Celui qui vient après moi m'a précédé
(ginomai), car il était (eimi) avant moi.
Encore ici, les deux verbes sont contrastés, même
si Jésus est né après Jean sur le plan de l'existence
terrestre, il est passé devant lui, d'où l'emploi du verbe
ginomai, car sur le plan de l'existence comme telle, Jésus a toujours
été avant Jean, puisqu'il est éternel, d'où
l'emploi de verbe eimi; il était avant moi.
16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude,
et grâce pour grâce;
17 car la loi a été donnée
par Moïse, la grâce et la vérité sont venues (ginomai)
par Jésus-Christ.
Avec sa venue sur terre, Jésus a apporté
la grâce et la vérité, donc Jean emploie le verbe ginomai,
comme au verset 14.
18 Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique,
qui est (eimi) dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître.
Jésus a toujours été dans le sein
du Père et il le sera toujours, ce qui fait que Jean revient avec
le verbe eimi.
Ce qui ressort d'une manière percutante de tout
ce qui vient d'être énoncé, c'est la divinité
et l'éternité de Jésus en contraste avec l'aspect
temporel et temporaire de tout ce qui a été créé.
Si Jésus avait été créé,
comme l'a affirmé le prêtre Arius au IVème siècle
et les Témoins de Jéhovah au XXème siècle,
alors Jean aurait employé le verbe ginomai au v.1; Il aurait écrit,
Au commencement, il y eut la Parole, cp. Jean 1:6 Il y eut un homme envoyé
de Dieu. La parole est devenue dieu, cp. Jean 1:14 la parole est devenu chair.
Et bien non! Jean affirme haut et net que Jésus
était déjà là au commencement, et qu'y avait-il
avant le commencement? L'éternité! L'éternité
est ce qui distingue la créature du créateur. Tout ce qui
a été créé a une origine dans le temps. Seul
Dieu n'a pas d'origine, il est éternel, il est l'Éternel.
Et Jésus est sans commencement, éternel,
Jésus a toujours été avec Dieu et il a toujours été
Dieu;
Hébreux 13:8 Jésus est le même, hier, aujourd'hui et éternellement.
C'est ce qui ressort avec éclat dans le grec par
l'emploi des verbes eimi et ginomai.
Le verbe eimi, notre verbe être est celui par lequel
Dieu se désigne lui-même!
Exode 3:14 Je suis celui qui suis,
"egô eimi ho ôn" dans la version grecque septante.
Dans Jean 8:58
le contraste entre les verbes eimi et ginomai ressort à nouveau;
avant qu'Abraham fut (ginomai), je suis (eimi). Cela avait été
assez clair en araméen pour les Juifs pour qu'ils essaient de lapider
Jésus, et l'emploi des nos deux verbes distincts en grec rend l'affirmation
de Jésus encore plus percutante!
Voyons maintenant un autre terme très révélateur
dans le prologue inspiré de l'Esprit par Jean, il s'agit de logos,
le terme grec traduit par Parole.
Le logos était un terme déjà employé
en philosophie et en religion. Pour Platon, le logos était le modèle
sur lequel tout a été formé, la pensée rationnelle
qui contrôle l'univers, mais cela demeurait un concept, la parole
n'était pas une personne.
Pour les Juifs, le Logos, dabar en hébreu, c'est
Dieu qui révèle sa personnalité créatrice par
le Logos. Genèse 1:4 Dieu dit: et la lumière fut. Psaumes 33:6 Les cieux ont
été faits par la parole de l'Éternel. Mais le Logos
n'est pas une personne distincte de Dieu.
Enfin, un peu avant Jésus, à Alexandrie,
il y vécut un Juif du nom de Philon qui a tenté de réconcilier
la philosophie grecque et le judaïsme.
Pour lui, le Logos était l'image de Dieu, cp. Col.1:15,
Hé.1:2, le médiateur, cp. 1Ti.2:5, le grand prêtre
Melchisédek, Hé.7:21, la manne du ciel, Jean 6:31-32, le paraclet
consolateur, 1Jean 2:1. Comme le démontrent ces références,
ces concepts ont tous été repris dans le Nouveau Testament.
Mais les ressemblances s'arrêtent là. Il
y avait une certaine confusion dans ses pensées; des fois il disait
que le Logos était une personne, des fois, non. Cependant, le Logos
comme victime expiatoire pour les péchés ne faisait pas partie
de sa théologie, donc pas de salut.
On se rend compte tout de même qu'il y avait beaucoup
d'idées en circulation au sujet du Logos au temps de Jésus.
Et voilà que Jean nous arrive avec son évangile en déclarant
que le Logos dont tant de philosophes et religieux parlent, eh bien ce
n'est pas juste un concept ou une émanation de Dieu, mais une personne,
une personne qui est aussi divine que Dieu lui-même, et cette personne
c'est Jésus!
Toute une révélation! Scandale pour les
juifs religieux et folie pour les philosophes grecs, mais puissance de
Dieu pour ceux qui placent leur confiance en Jésus, les rendant
capables de devenir enfants de Dieu.
Donc Jésus est le Logos c'est la Parole parce que
Dieu parle par lui Jean 8:28, c'est aussi la Raison (cp. logique de logikos
en grec, ce qui a rapport à la raison) parce qu'il a réponse
à tout, Jean 16:30.
Maintenant, concernant l'absence de l'article, dans le
grec, juste avant "theos èn ho logos, Dieu était la Parole",
les Témoins de Jéhovah se sentent justifiés de traduire
cette proposition par "la Parole était un dieu". Jean emploie la
même tournure de phrase dans Jean 9:5 "phôs eimi tou kosmou,
je suis la lumière du monde"; cette proposition a exactement le
même sens que dans Jean 12:8 "egô eimi to phôs tou kosmou,
je suis la lumière du monde". Dans Jean 9:5, l'article est manquant
devant phôs, placé le premier mot de la proposition, dans
Jean 12:8 l'article est présent devant phôs suivant le verbe.
Donc si on suit la logique des Témoins de Jéhovah, on devrait
traduire Jean 9:5 par "Je suis une lumière du monde" et Jean 8:12 "Je
suis la lumière du monde", cela n'aurait pas d'allure, eux aussi
trouvent cela et ils ont traduit les deux versets de la même manière
dans leur traduction française.
Si on applique cela à Jean 1:1, pour Jean, dire "theos
èn ho logos" (comme dans Jean 9:5) sans article devant theos ou dire
"ho logos èn ho theos" (comme dans Jean 8:12), cela revient
du pareil au même et doit se traduire par la parole était
Dieu, et non la Parole était un dieu, pas plus qu'on pourrait traduire
Jean 9:5 par "Je suis une lumière du monde. Non vraiment, Jésus
est LA lumière du monde qui éclaire tout homme venant dans
le monde Jn1:9.
Ce n'est pas que la position des mots est sans importance,
au contraire, Jean y a sûrement bien réfléchi avant
de les placé dans cet ordre spécifique. Dans ce verset de
Jean 1:1, il utilise deux figures de styles pour souligner la divinité
de Jésus.
La première figure de style employée est
une transposition, la transposition sert à attirer l'attention sur
un terme en particulier car on ne le retrouve pas où on serait en
droit de s'attendre; il faut souligner que la langue grecque permet une
plus grande flexibilité que le français dans la position
des mots dans la phrase, car c'est principalement sa terminaison qui indique
le rôle du mot dans la phrase, alors qu'en français, c'est
la position même du mot qui joue ce rôle. Par exemple, en français
le sujet vient avant le verbe et le complément suit le verbe, par
contre en grec, le verbe peut venir en premier ou en dernier, le complément
peut précéder le sujet.
Donc Jean utilise une transposition et il met theos à
la place où l'on s'attendrait à voir logos; d'ailleurs la
majorité des traduction ne rendent pas la transposition et traduisent
"theos èn ho logos" par "La Parole était Dieu", au lieu de
"Dieu était la Parole" selon l'ordre des mots dans l'original. Les
traducteurs ont agi ainsi pour ne pas laisser penser que Dieu et la Parole
sont une seule et unique personne, ceci rejoindrait la doctrine modaliste
de Noetus et Sabellius au IVème, reprise par William Branham au
XXème siècle, disant que puisqu'il y a un seul Dieu, le Père,
le Fils et le Saint-Esprit sont une seule et même personne se manifestant
de trois manières ou modes (modalisme) différents.
La deuxième figure de style consiste à débuter
chaque proposition avec le dernier mot de la proposition précédente,
cela produit un effet de gradation dramatique.
Jean 1:1 Archè - logos, logos - theos, theos - logos
Au commencement était la Parole, et la Parole
était avec Dieu et Dieu était la Parole.
Jean a vraiment utilisé tous les moyens littéraires
pour avoir un effet durable sur ses lecteurs, remarquez aussi les rimes
de ces mots finissant en "os", il faut leur imprégner dans le cerveau
que Jésus est Dieu auprès de Dieu.
Comment peut-on réconcilier cela avec le fait qu'il
y a un seul Dieu, si Jésus et le Père sont deux personnes
distinctes et sont Dieu toutes les deux?
On pourrait dire qu'il y a un seul Dieu dans le sens de
l'apôtre Paul, Ephésiens 4:4-6, 1Corinthiens 8:5-6, c'est-à-dire qu'il y a
une seule personne qui porte le titre de Dieu et c'est le Père,
de même qu'il y a aussi un seul Seigneur et une seule personne qui
porte le titre de Seigneur et c'est le Fils, cela ne nie pas que Jésus
est Dieu sinon il faudrait nier aussi que le Père est Seigneur!
Même le Saint-Esprit est Seigneur, si c'est bien la manière
de comprendre ce que Paul dit dans 2Corinthiens 3:17.
De cette façon, il y a un seul Dieu; le Père,
un seul Seigneur; Jésus-Christ et un seul Esprit; le Saint-Esprit,
même s'ils y en a plusieurs qui sont appelés dieux, seigneurs
ou esprits.
1Corinthiens 8:5 Car, s'il est des êtres qui sont appelés
dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, comme il existe réellement
plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, 6 néanmoins pour nous
il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses
et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par
qui sont toutes choses et par qui nous sommes. 7 Mais cette connaissance
n'est pas chez tous.
Ephésiens 4:4 Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme
aussi vous avez été appelés à une seule espérance
par votre vocation; 5 il y a un seul Seigneur, une seule foi, un
seul baptême, 6 un seul Dieu et Père de tous, qui est
au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous.
Quand Paul dit "pour nous" c'est donc que ce n'était
pas seulement son opinion personnelle mais celle qui prévalait partout
où l'évangile avait été prêchée,
nous avons donc là le premier exposé de théologie
de l'histoire de l'Église, c'est limpide, ce sont les chrétiens
qui ont suivi qui ont cherché beaucoup de détours, Ecclésiaste 7:29
et qui nous ont perdu dans la brume avec des distinctions subtiles dans
les hypostases et tout le bataclan.
Un seul Dieu, le Père même si celui-ci est
Seigneur Apocalypse 22:5 et Esprit Jean 4:24
Un seul Seigneur, Jésus-Christ, même si
celui-ci est Dieu Jean 1:1, Jean 20:28 et Esprit 1Co.15:45
Un seul Esprit, le Saint-Esprit, même si celui-ci
est Seigneur, 2Corinthiens 3:17, ne règne-t-il pas dans nos coeurs après
tout?
Comme ça, quand on parle de Dieu, on parle du Père,
quand on parle du Seigneur, on parle de Jésus et quand on parle
de l'Esprit on parle du Saint-Esprit, pas de mélange, pas de confusion
dans nos partages et nos prières. On prie Dieu par le Saint-Esprit
au nom de Jésus.
Ce n'est pas parce qu'ils sont en parfaite unité
qu'on peut se permettre de les mélanger; moi et ma femme nous sommes
un aussi, mais n'allez pas m'appeler Caroline ou l'appeler Yvan! Unis à
Jésus-Christ, nous formons aussi un couple spirituel, nous formons
un seul esprit avec lui, 1Co.6:17, ayant été fiancé
à lui, 2Co.11:2 et tous ceux qui ont cru sont appelés à
partager cette unité tel que nous le décrit Jean dans le
chapitre 17 de son évangile.
Jean 17:20 Ce n'est pas pour eux seulement que je prie,
mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, 21 afin
que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis
en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que
tu m'as envoyé. 22 Je leur ai donné la gloire que tu
m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, -
23 moi en eux, et toi en moi, - afin qu'ils soient parfaitement un,
et que le monde connaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés
comme tu m'as aimé.
Jean 13:35 À ceci tous connaîtront que vous
êtes mes disciples si vous avez de l'amour les uns pour les autres.
4° Nous sommes donc appelés à vivre
comme la Trinité, en unité parfaite les uns avec les autres,
reflétant son image aux yeux des hommes pour qu'ils soient convaincus
que Dieu existe et qu'il les aime.
Dimanche matin le 6 janvier 1991 à l'Église
Évangélique Baptiste de la Haute-Yamaska