Jean fait référence ici à Esaïe 53 qui
décrit Jésus comme étant un agneau sur lequel est
transféré tous les péchés du monde, tous les
péchés du monde avec ses conséquences sur les victimes
du péché et les conséquences de ceux qui ont commis
les péchés; les victimes et les agresseurs.
Alors que nous mettons presque exclusivement l'emphase sur le
pardon accordé à l'agresseur, Ésaïe commence
plutôt, sous l'inspiration du Saint-Esprit consolateur, à
parler de la consolation apportée aux victimes du péché.
Jésus, l'agneau de Dieu qui ôte le péché
du monde est premièrement celui qui ôte les conséquences
du péché dans la vie des victimes.
Es.53:3 Méprisé et abandonné des hommes,
homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à
celui dont on détourne le visage, nous l'avons dédaigné,
nous n'avons fait de lui aucun cas. 4 Cependant, ce sont nos souffrances
qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé;
Et nous l'avons considéré comme puni, frappé de Dieu,
et humilié. 5 Mais il était blessé pour nos péchés,
Brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne
la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous
sommes guéris.
Sur la croix, il a porté nos souffrances, il s'est chargé
de nos douleurs, tout ce dont nous avons été victimes, les
abus verbaux, physiques et sexuels, tout ce qui nous a fait tant souffrir
et qui nous a causé tant de douleur depuis notre naissance, Jésus
les a subi en lui sur la croix.
Ensuite seulement Ésaïe mentionne au verset suivant
que nos péchés ont blessé Jésus et l'ont brisé,
que le salaire que méritaient nos péchés, Jésus
l'a pris aussi sur lui.
Donc, ce qui vient en premier, ce ne sont pas les péchés
que nous avons commis, mais les péchés qui ont été
commis envers nous. La mort de Jésus à la croix est premièrement
et avant tout une oeuvre de consolation du Consolateur qui a eu le coeur
rempli de compassion pour toutes les victimes du péché. Le
St-Esprit, l'autre consolateur vient nous réconforter dans nos blessures
en nous amenant à la croix. Il nous fait monter sur la croix avec
Jésus, là nous sommes crucifiés avec lui et nos blessures
et nos souffrances deviennent littéralement aussi les siennes. C'est
ainsi que Jésus porte sur lui nos souffrances et qu'il nous en soulage.
Tout le mal qu'on nous fait, Jésus le prend ainsi sur lui; il déclare:
ce que vous faites au plus petit d'entre mes frères c'est à
moi que vous le faites. Mt.25:40
Ce qui vient en deuxième est indissociable de ce qui vient
en premier, car toute victime est aussi agresseur. Non seulement nous subissons
les conséquences des péchés des autres dans notre
vie mais nous infligeons aussi les conséquences de nos péchés
dans la vie des autres. Là c'est Es.53:5 qui s'applique à
notre propre vie. Jésus vient prendre sur lui non seulement les
souffrances que nous ont infligées les péchés des
autres mais aussi la juste condamnation pour nos propres péchés.
Jésus vient donc ôter la conséquence du péché
chez la victime qui est l'agressé et la condamnation du péché
chez l'offenseur qui est l'agresseur. L'oeuvre de la croix est complète
et indivisible. Jésus qui console la souffrance de la victime pour
la délivrer des conséquences du péché, pardonne
aussi le péché de l'aggresseur pour le délivrer de
l'esclavage de ses péchés. C'est comme cela que Jésus
ôte le péché du monde.
Si nous ne pouvons accepter que l'agresseur repentant soit pardonné
nous ne recevrons pas non plus la consolation pour la souffrance causée
par son agression. C'est ce que Jésus illustre par la parabole du
mauvais serviteur. Celui-ci, par son refus de pardonner à qui lui
était en tort, s'est exposé à être tourmenté
par les torts (les bourreaux dans l'illustration) qu'il a subi lui-même
aux mains des autres, il n'a pu goûter à la consolation et
au pardon de Dieu.
Dieu punit celui qui refuse d'accorder le pardon qui libère
son agresseur de son péché en ne lui accordant pas le pardon
libérateur et la consolation qui l'accompagne, le laissant ainsi
être tourmenté par le péché de son agresseur.
Celui qui est incapable de pardonner est aussi incapable de recevoir
le pardon de Dieu avec la consolation qui l'accompagne. Il a beau dire
qu'il croit être pardonné, il ne pourra être guéri
des conséquences du péché des autres dans sa vie et
celles- ci continueront à être ses bourreaux.
Dieu nous appelle donc à désirer pardonner à ceux qui ont péché
envers nous pour nous rendre réceptifs au pardon et à la
consolation qu'il nous accorde en Jésus. Nous pouvons faire cela
en gardant à la pensée que Dieu est le juste juge qui rendra
à chacun selon ses oeuvres et traitera chacun comme il le mérite.
Si Dieu t'accorde le pardon à toi qui a offensé les autres et qui s'en est repenti (1Jn.1:9),
tu dois accepter aussi que Dieu pardonne à ceux qui t'ont offensé s'ils se repentent eux aussi,
Dieu ne fait pas de distinction entre les personnes, ton péché
qui a blessé les autres est aussi grave que le péché
de celui qui t'a blessé. Aux yeux de Dieu, celui qui a désobéi
à un seul commandement se rend coupable de tous, Ja.2:10-12.
Si donc tu souffres encore à cause des péchés des
autres, c'est que tu as besoin de venir à la croix et monter sur
elle pour les transférer sur Jésus et dire comme lui: «Père,
pardonne à ceux qui m'ont blessé par leurs péchés,
ils ne savent pas ce qu'ils font», cp. Mt.27:46, Jn.8:32. Ensuite
tu pourras goûter à la résurrection, à la liberté
d'une vie nouvelle, vraiment délivré de l'esclavage qu'exerçait
sur toi le péché Ap.1:5 par ton refus de pardonner.
Ça c'est pas quelque chose qui s'est passé une fois pour
toutes à notre conversion. Jésus l'applique dans notre vie
de tous les jours, dans nos interactions avec les autres auxquels nous
causons des torts par nos péchés et aux mains desquels nous
subissons des torts à cause de leurs péchés.
Nous avons donc besoin de venir à la croix chaque fois que nous
sommes offensés par le péché des autres pour recevoir
la consolation et la guérison et chaque fois que nous avons offensé
les autres par notre péché pour recevoir le pardon et la
réconciliation. La croix reste donc au centre de la vie chrétienne,
dans cette perspective, les paroles de Paul prend tout son sens:
«J'ai
décidé parmi vous de ne rien savoir d'autre chose que de
Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.» 1Co.2:2
«Pour ma part, jamais je ne vais me vanter de quoi que ce soit, si
ce n'est que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par qui
le monde est crucifié pour moi comme je le suis pour le monde»
Ga.6:14
Nous avons aussi besoin de venir à la croix et y monter chaque
fois que nous sommes tentés par les convoitises et les passions
de notre chair. Paul déclare:
Ceux qui sont unis à Jésus-Christ
crucifient le vieil homme, Ro.6:6 qui est la chair avec ses passions et
ses désirs Ga.5:24.
Le contexte des épîtres de Paul
montre clairement que pour Paul, être unis à Jésus-Christ,
c'est s'unir à lui sur la croix dans sa souffrance, sa mort et sa
résurrection. Paul explique aux Philippiens que cette union était
le but de sa vie, qu'il voulait expérimenter dans son union avec
Jésus ses souffrances et sa puissance de résurrection Ph.3:10.
Communier à ses souffrances c'est souffrir aussi de la moquerie
et du mépris des gens envers Jésus, c'est avoir de la peine
comme Dieu en a de voir les gens malades, indifférents, blessés
par le péché.
Jésus a souffert à cause des péchés des
hommes. Jésus souffre encore en voyant ses brebis blessées
ou endurcies par la séduction du péché.
Paul, qui cherchait à avoir les même sentiments que Jésus,
souffrait aussi quand il voyait les enfants de Dieu s'égarer, on
a qu'à penser avec quel douleur il écrit son épître
aux galates légalistes. Il continuait à souffrir pour l'église
de Jésus, pour sa croissance en maturité, il priait pour
elle, il l'encourageait. C'est cela, communier aux souffrances de Christ,
c'est ce qu'il veut dire d'après moi dans Col.1:24
"ce qui manque
aux souffrances de Christ pour son église, je l'achève en
mon corps.
En grec le mot traduit par "achève" est traduit dans
le dictionnaire grec-français par "contrebalancer".
Paul n'achève pas les souffrances de Christ, mais il les continue.
Il contrebalance l'absence physique de Jésus sur la terre par la
présence de Jésus qui vit en lui et qui continue à
souffrir pour son église. Paul n'a pas achevé les souffrances
qui manquaient à Jésus, Pierre les a vécues aussi,
ces souffrances, Jean aussi, et tous ceux qui ont eu à coeur l'église
de Dieu au cours des siècles. Aujourd'hui aussi, Jésus veut
vivre par nous ses souffrances qu'il a pour ses brebis jusqu'à ce
qu'il soit formé pleinement en elles.
En communiant aux souffrances de Jésus, nous apprenons à
connaître le coeur intime de Jésus, ce qu'il ressent pour
son peuple meurtri par le péché. Mais ce n'est pas tout.
Quand on se met à avoir les mêmes préoccupations que
Jésus, Jésus libère en nous la puissance de sa résurrection.
C'est ce que Paul ajoute au verset suivant dans Ph.3:11.
C'est un avant-goût du monde à venir, maintenant on ne
connaît Jésus qu'en partie et on prophétise à
son sujet qu'en partie mais quand nous le verrons face à face, nous
le connaîtrons comme il nous a connu.
Comme je l'ai dit auparavant la puissance de la résurrection,
de la vie nouvelle, de la marche en nouveauté de vie avec un coeur
guéri de ses blessures et affranchi de l'emprise du péché
suit la souffrance unie avec Jésus sur la croix dûe à
nos propres péchés et à ceux des autres.
Jésus est monté volontairement sur la croix, il en est
de même pour nous, personne ne peut nous forcer à y monter.
L'amour de Dieu pour les hommes qui l'ont offensé a poussé
Jésus à monter sur la croix et c'est l'amour de Dieu pour
les hommes qui nous ont offensé qui nous poussera nous aussi à
y monter.
Disons que c'est un bon test pour déterminer si l'amour de Dieu
remplit notre coeur ou s'il ne remplit que nos paroles.
Petits enfants,
n'aimons pas seulement en paroles et avec la langue mais en actions et
avec vérité 1Jn.3:18.
Jésus a dit: Quand je serai élevé j'attirerai tous
les hommes à moi Jn.12:32,
tous, que tu sois l'aggresseur, que tu
sois tenté d'agresser ou que tu sois aggressé, Jésus
t'invite à monter avec lui sur la croix. Ta place est avec Jésus
sur la croix dans la mort et la résurrection, ainsi ce ne sera plus
toi qui vis mais Christ qui vit en toi, ainsi tu ne rejetteras pas la grâce
de Dieu pouvant te consoler et te pardonner, Ga.2:20-21.
La conversion ce n'est pas seulement accepter que Jésus soit
crucifié pour nous, c'est aussi accepter que nous soyons crucifiés
avec lui. Car avant de naître de nouveau il faut premièrement
mourir, mourir à soi-même et à la vie mondaine pour
ensuite ressusciter à la vie nouvelle, et goûter à
la vie de Dieu, la vie éternelle.
Aller à la croix et y monter avec Jésus c'est quelque
chose que nous avons besoin de faire chaque fois que nous commettons un
péché ou qu'un péché est commis contre nous.
Nous devons faire comme Jésus qui a renoncé à se venger
lui-même en commandant une légion d'anges à son secours
mais qui a accpeté volontairement de souffrir aux mains des pécheurs
pour leur montrer le vrai amour qui pousse à la repentance. Jésus
veut que nous lui apportons chaque fois la souffrance que nous cause le
péché des autres à notre égard, il veut la
prendre sur lui et nous consoler, il l'a déjà porté
sur la croix par anticipation, comme il a porté la souffrance causée
par tous les péchés du monde entier de tout temps, même
les péchés qui ne sont pas encore commis! Juste de penser
que quelques milliards de péchés sont commis chaque jour!
Ça fait tout un tas de péché!, comme son fardeau a
dû être lourd à la croix pour que le nôtre fusse
léger!
Quand Paul dit qu'il a été crucifié avec Christ,
il ne parle pas seulement de son vieil homme, de sa chair avec ses désirs
et ses passions, il parle de son être entier, avec ses émotions,
ses désirs, sa volonté aussi, c'est Jésus qu'il invite
à venir vivre en lui, il pense comme lui Ph.2:5, il souffre des
mêmes choses que lui, il se réjouit aussi des mêmes
choses que lui, il veut les mêmes choses que lui, ce n'est plus lui
qui vit mais Christ qui vit en lui, il est mort et sa vie est cachée
en Christ, il ne vit plus pour lui-même mais pour celui qui est ressuscité
d'entre les morts, l'amour de Christ le presse.
Cette nouvelle vie apporte une joie qui est le signe de la résurrection,
le fruit de l'Esprit qui fait qu'il est possible en tout temps de se réjouir
dans le Seigneur même au milieu des souffrances, comme Paul le faisait
en prison avec Silas.
2Co.1:3 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation,
4 qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation
dont nous sommes l'objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux
qui se trouvent dans quelque affliction! 5 Car, de même que les souffrances
de Christ abondent en nous, de même notre consolation abonde par
Christ.
Es.53:3 Méprisé et abandonné des hommes, homme
de douleur et habitué à la souffrance, semblable à
celui dont on détourne le visage, nous l'avons dédaigné,
nous n'avons fait de lui aucun cas. 4 Cependant, ce sont nos souffrances
qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé;
et nous l'avons considéré comme puni, frappé de Dieu,
et humilié. 5 Mais il était blessé pour nos péchés,
brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne
la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous
sommes guéris.
Pr.28:13 Celui qui avoue ses transgressions et les délaisse obtient
miséricorde.