Nous ne pourrions pas espérer de comprendre ce
passage, ni aucun autre, sans prendre en considération le contexte
dans lequel il est écrit. Pour cela, nous pourrions profiter d'une
brève révision de l'épître que nous appelons
I Timothée. Il paraît que cette lettre doit être écrite
après le séjour de Paul à Ephèse. On serait
tenté de situer cette épître pendant le voyage missionnaire
mentionné en Actes 20:1-7. Cependant, selon épître
1:4, Timothée voyageait avec Paul. Il faudrait donc supposer que
Paul serait parti en Macédonie tout seul. Ainsi, Timothée
serait venu joindre Paul quelques mois plus tard. Pourtant, cette interprétation
entraînerait bien d'autres difficultés. Est-ce que Timothée,
ayant reçu sa charge, aurait quitté son poste tout de suite?
Autrement, la lettre vient d'une époque plus tard,
après l'emprisonnement mentionné en Actes 28 qu'on
date en l'an 64. Cette lettre est donc vers la fin de la carrière
de Paul, mais quelque temps avant son dernier tribunal et son martyr
en l'an 66. Il cherche à investir tous ces meilleurs conseils
en Timothée, un jeune homme fidèle, mais chargé des
responsabilités qui semblent dépasser par lointain ses capacités
naturelles. Le fait que Paul serait le vrai auteur de cette épître
n'était pas mis en cause de façon sérieuse avant les
années 1820. Nous procéderons sous la supposition que Paul
est le vrai et le seul auteur de ce texte. Une bonne discussion de l'historicité
et l'authenticité de cette épître et les deux autres
"pastorales" (II Tim et Tit) ont été faites par A. Kuen.
Remarquons qu'en chapitre I, Paul a soulevé le
problème de la présence des faux docteurs. Ces personnes
n'aurait pas eu l'intention de promouvoir le vrai évangile. Le passage
de I Tim 1: 3-11 mettrait en évidence le contraste entre le vrai
évangile et les contrefaits. Ceci est suivi par la charge à
Timothée de garder l'évangile comme un bon soldat, et d'éviter
le naufrage. Il cite deux personnes, Hyménée et Alexandre,
qui seraient des mauvais exemples. Le but de cette lettre serait donc de
donner à Timothée et à ses successeurs les conseils
qui éviteraient le déclin moral et l'effritement de la pureté
de la doctrine de l'évangile.
Ayant dit tout cela comme introductif, Paul se lance dans
ce chapitre II. Ce chapitre serait, en premier lieu, une guide pour la
prière publique. Paul comprenait que la vie de l'église dépend
en tout cas de la prière. Ici, comme ailleurs, et surtout dans Eph
6, Paul nous enseigne que la dimension invisible de l'église, la
bataille spirituelle, la communication directe avec Dieu, et la réalité
la plus importante à saisir. Une communauté qui ne prie pas
correctement et fidèlement ne peut pas tenir contre les ruses du
diable et la persécution. Aussi, sans avoir une vie spirituelle
de la prière, nous ne pourrons pas espérer que les puissances
politiques nous donneront des situations dans lesquelles l'évangile
pourra s'épanouir. Il fait un résumé de l'évangile
comme le seul moyen du salut par le seul médiateur, Jésus-Christ.
Sa mission d'être apôtre pour "les nations" serait liée
à ce salut. Ainsi, nous devrions comprendre ce qui suit par cette
longue introduction. Ce message est pour l'église entière
et pour toutes les cultures et pendant toutes les époques. Ainsi,
tenant compte de son contexte, commençons l'analyse de ce passage.
I Tim 2:8-3:1 8. Je veux donc qu'en tout lieu les hommes
prient, qu'ils lèvent les mains pour prier avec pureté de
cour, sans colère ni esprit de dispute.[Français Courant]
Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, levant vers les cieux
des mains saintes, sans colère ni dispute. [TOB] Je veux donc...
Il faut comprendre que le mot "donc" indique que cette phrase serait le
résultat de l'idée qui précède. Ainsi, Paul
dit que c'est dans les cadres de son apostolat envers les nations et pour
le bien-être de l'évangile et des églises à
venir qu'il donne ce conseil. les hommes prient Le grec comprend deux mots
qui peuvent se traduire pour "homme." L'un , anthropos, a le sens plus
général de "l'être humain", mais andros est plus spécifiquement
masculin. Comme Paul vient de se servir d'"anthropos" à trois reprises
en versets 4 et 5, il me semblerait qu'il faudrait comprendre qu'il s'adresse
plus particulièrement aux personnes de sexe masculin dans ce verset.
levant au ciel des mains saintes. La TOB a été plus proche
à l'original dans le sens ou cette version a gardé le participe
du verbe pour "lever." Il faudrait comprendre que Paul voudrait conseiller
les choses qui ne seraient pas les plus "faciles" ou "naturelles" de faire.
En particulier, c'est probable qu'à son époque, comme pour
nous, les hommes ont une réticence à prier, surtout en public.
Par contre, le verbe "lever" n'exige pas forcément la phrase "vers
le ciel." L'essentiel, c'est d'avoir le courage, et l'attitude nécessaire
pour prier en public de façon digne. Cela ne serait pas fait seulement
par les gestes, mais par la sainteté. On ne devrait pas avoir l'orgueil
ni les disputes au moment de la prière. Cela exige qu'on ait la
vie "en règle" avec les autres avant de se mettre à la prière.
Pour dire le moindre, Paul n'impose pas un fardeau sur un sexe seulement.
Il est équilibré, et sensible aux difficultés de tous
les deux sexes. Ici, il souligne le devoir de la prière, mais aussi
le devoir de garder l'esprit de solidarité en dehors du contexte
du culte.
9 Je désire aussi que les femmes s'habillent d'une
façon convenable, avec modestie et simplicité; qu'elles ne
s'ornent pas de coiffures compliquées, ou de bijoux d'or, ou de
perles, ou de vêtements coûteux,[fc] Quant aux femmes, qu'elles
aient une tenue décente, qu'elles se parent avec pudeur et modestie:ni
tresses ni bijoux d'or, ou perles ou toilettes somptueuses.[TOB] Le texte
grec suggère "de même manière, que les femmes soient
en tenue modeste." Il n'y a pas de verbe dans la référence
à la tenue, et ainsi il faut en fournir un en français. Je
pense que "tresses" serait plus exactes pour la référence
aux cheveux, mais que "vêtements coûteux" serait plus corrects
pour la fin du verset. Clairement, l'intention de ce verset est de souligner
que la bonne façon de se parer pour le culte serait partiellement
par la tenue modeste. Le mot pour "tenue" est ambigu en grec, et il pourrait
se référer ou bien aux vêtements qu'au comportement.
L'apôtre prend le soin de clarifier son intention. Le verset 10 continuera
avec les bonnes attitudes. Nous pourrions quand même remarquer déjà
que Paul n'avait pas mentionné une tenue pour les hommes, mais il
le fait pour les femmes. Cela pourrait être dû au fait que
les hommes de son époque s'habillaient de façon un peu plus
uniforme. Par contre, Paul aurait su qu'une réunion de prière
ou d'un culte est parmi les plus difficiles d'expériences à
maintenir. Il savait également que le diable ferait n'importe quoi
pour diminuer l'efficacité des prières des saints. Parmi
ses tactiques, c'est la distraction, et parmi les distractions les plus
probables dans un culte serait les femmes habillées de façon
provocatrice.
10 mais d'oeuvres bonnes, comme il convient à des
femmes qui déclarent respecter Dieu. [fc] mais qu'elles se parent
au contraire de bonnes oeuvres, comme il convient à des femmes qui
font profession de piété. [TOB] Les différences de
traduction reviennent aux choix des synonymes possibles. Paul revient à
l'idée que la bonne préparation pour le culte devrait être
reliée à la conduite en dehors du culte, soit dans la société
en général ou dans la communauté chrétienne.
Comme pour les hommes, les femmes se préparent à la prière
par leur conduite,et non pas par leur tenue. De nos jours nous avons pu
constater le fait que dans certains milieux, les femmes semblent se présenter
au culte comme si elles étaient modèles pour la mode. Cette
tendance pourrait nuire, non seulement, à l'attention des hommes,
mais aussi à l'énergie et l'attention que les femmes consacraient
à l'oeuvre de Dieu.
11 Il faut que les femmes reçoivent l'instruction
en silence, avec une entière soumission.[fc] Pendant l'instruction
la femme doit garder le silence, en toute soumission. TOB Plus littéralement,
"Que les femmes s'instruisent" en silence et en toute soumission." Encore,
il faut rappeler le contexte. Paul parle de la prière publique.
Il parait que des femmes détournaient les réunions de prière
de leur point focal en cherchant de s'instruire, ou possiblement sous le
prétexte de s'instruire. Si l'on connaît un peu les styles
de réunion "charismatique" de nos jours, on sait que la réunion,
ou même le culte, peuvent "virer" dans une direction totalement inattendue.
Cela commence par un témoignage, ou parfois une "exhortation," suivie
d'une élucidation. Paul n'accepterait pas même une demande
d'élucidation d'interrompre le but central d'une réunion
de prière.
12. Je ne permets pas à la femme d'enseigner ou
de prendre autorité sur l'homme; elle doit garder le silence.[fc]
Je ne permets pas à l'a femme ni d'enseigner ni de dominer l'homme.
Qu'elle se tienne donc en silence. [TOB] J'aurais dit "Mais, je ne permets
pas à une femme d'enseigner, ni de dominer un homme, mais d'être
en silence." Le mot pour "enseigner" ici est le plus commun pour le sens
d' "enseigner" en français. Puisque Paul parle toujours des réunions
publiques, il paraît qu'il limiterait l'instruction doctrinale aux
hommes, et que les femmes ne devraient pas "dominer" les hommes dans le
culte ou les réunions de prière chrétienne.Ceci ne
semblerait pas s'appliquer aux discussions privées.. Rapellons le
travail de Priscilla et Aquilla (Rom xvi 3-5, et de Euodias et Syntyche
(Phil iv. 2, 3). Paul expliquera ses raisons dans les prochains versets.
13. En effet, Adam a été créé
le premier, et Ève ensuite. [fc] C'est Adam, en effet, qui fut formé
le premier. Eve ensuite [TOB] Car Adam fut formé le premier, ensuite
Ève . Ici, Paul fait référence à Gen 1:27;
2:7,22; Voir aussi I Cor 11:8-9. Il y a deux raisons pour choisir ces deux
textes. D'abord, il serait l'exégèse apostolique de conclure,
à partir de la Genèse, avant même la chute de l'homme, que
Dieu ait voulu un ordre de priorité dans les relations humaines.
Deuxièmement, si un principe est dérivé de l'ordre
de la création, il s'appliquerait à toute l'humanité.
Notons aussi que Timothée serait en Asie Mineur (Ephèse).
Pourtant, le même argument s'appliquait aux corinthiens dans un contexte
très particulier. Paul, un voyageur expérimenté, ne
voulait pas que cet enseignement soit relié à une culture
locale ou à une seule génération. La doctrine de la
création de l'homme s'appliquerait à toute l'humanité,et
ce passage s'appliquerait à toutes les églises. Finalement,
Paul cherche à évoquer le problème de l'effort continuel
de la part du diable pour détourner la vie spirituelle des croyants,
surtout pour minimiser la prière.
14. Et ce n'est pas Adam qui s'est laissé tromper,
mais c'est la femme qui s'est laissé tromper et qui a désobéi
à l'ordre de Dieu. [fc] Et ce n'est pas Adam qui fut séduit,
mais c'est la femme qui, séduite, tomba dans la transgression. [TOB]
Je préférais: Et Adam ne fut pas séduit, mais la femme,
ayant été séduite, est devenue en transgression. Encore,
c'est le contexte de la Genèse qui éclaircirait ce texte.
En Genèse 3, le serpent est appelé "le plus subtil" de tous les
créateurs. Pour Paul, ce récit nous donne un avertissement.
Plus particulièrement, la femme est la première victime de
la séduction diabolique. Ceci avait été accompli par
un dialogue qui mettait en doute le sens, l'intégrité, et
l'applicabilité de la Parole de Dieu. Cette lettre à Timothée
est écrite pour mettre en garde les chrétiens de l'influence
hérétique. Ainsi, selon Paul, la défense de l'évangile
s'accomplirait, en partie, en évitant les situations où les
femmes sont mises dans une position d'enseignement ou d'autorité
spirituelles. Elles deviendraient, ainsi des cibles pour les puissances
diaboliques. C'est donc à la dimension du monde spirituel que ce
passage s'adresse. Ce texte est aussi un avertissement aux hommes. D'abord,
il faudrait veiller au sujet des propos des femmes, ou de son propre foyer.
Dans le contexte du verset 8, on voit un deuxième problème:
Adam aurait pris sa mauvaise décision de suivre sa femme dans la
transgression, sans avoir pris le temps de prier avant d'agir.
15. Cependant, la femme sera sauvée en ayant des
enfants, à condition qu'elle demeure dans la foi, l'amour et la
sainteté, avec modestie. [fc] Cependant elle sera sauvée
par sa maternité, à condition de persévérer
dans la foi, l'amour, et la sainteté, avec modestie.[TOB] Mais elle
sera sauvée à travers la maternité, si elles continuent
dans la foi et dans l'amour et dans la sainteté, étant raisonnables.
Ce texte semblerait être parmi les plus difficiles dans les épîtres
pastorales, au moins selon Guthrie. Il faut comprendre que la langue grecque
permettrait une certaine fluidité qui ne serait pas possible en
français. En effet, Paul est passé du singulier au pluriel
au milieu de cette phrase. Il se peut que la référence
à la maternité s'appliquât particulièrement
à Ève, et au fait que son salut été lié
à la nécessité de pouvoir porter des enfants, et éventuellement,
le Messie. La fin de la phrase serait donc plus générale,
s'appliquant aux femmes chrétiennes. Autrement dit, les femmes chrétiennes
seront sauvées par la foi si elles y tiennent. Une autre possibilité
serait la façon de désigner un sens particulier d'un terme
général en se servant de l'article défini. C'est possible
que les premiers chrétiens de l'époque apostolique disent
"l'enfantement" ou "La Maternité" pour se référer
à la naissance du Christ. Paul utilise ce genre d'expression avec
"Le mystère," "La foi," et "L'enseignement." Irénée,
Ignate, et autres pères de l'église semblent aussi se servir
des tels usages. Cette interprétation est appuyée de façon
détaillée par Lock.
3.1 Voci une parole certaine. [fc] Elle est digne de confiance,
cette parole [TOB] Fiable est la parole. Ce n'est pas claire si l'apôtre
voulait que cette phrase se réfère à ce qui précède
ou à ce qui suit. Dans les manuscrits grecs, il n'y avait pas même
de la ponctuation, pour ne rien dire des divisions en chapitres et en versets.
L'édition de Stephanus de 1551 a établi les divisions qui
sont devenues traditionnelles dans le Nouveau Testament. Il a vu la phrase
comme une introduction aux qualifications d'officiers. C'est donc le premier
verset du chapitre 3. Mais, puisque Paul semble se servir de cette phrase
surtout dans les discussions du salut, les éditeurs modernes ont
gardé les divisions, mais ils ont placé la phrase à
la fin du paragraphe que nous avons étudié.Voir Tit 3:8.
Quelques Réflexions sur les Approches Alternatives. Sans doute,
un problème mérite notre attention. Étant donné
l'exégèse précédente, on ne comprend pas assez
bien pourquoi l'église chrétienne, depuis le premier siècle,
n'a pas eu des femmes pasteurs ou docteurs.
Pourtant, plus récemment, un grand nombre de théologiens
évangéliques ont offert des autres interprétations.
Suite à ces interprétations variées, la majorité
des églises issues de la réforme, y inclut l'Eglise Réformée
Evangélique Indépendante en France, ont décidé
d'accorder le titre de pasteur,ou même d'évêque, aux
femmes. Pourquoi est-ce que nous refusons de donner place à ces
autres perspectives dans les milieux réformés au Canada et
aux Etats-Unis? En bref, malgré la renommée des théologiens
qui s'identifient parmi les évangéliques conservateurs, sinon,
des personnes qui réclament l'inspiration et l'autorité des
écritures, il n'existe pas de façon d'admettre des
femmes en position d'enseignement et de rester conséquents avec les
présupposés de l'infaillibilité de la Bible. Étant
donné la gravité de cette accusation, nous ne pouvons pas
l'affirmer à la légère ou sans appui.
Le problème herméneutique et pratique soulève
deux questions différentes.
1. Est-ce que nos frères et soeurs évangéliques,
qui aboutissent à la conclusion que c'est permis d'admettre
des femmes comme pasteurs, sont restés fidèles à la
foi et conséquent avec eux-mêmes, en présentant leurs
arguments?
2. Est-ce que les évangéliques de nos jours
continuent d'affirmer l'infaillibilité des Écritures?
A mon avis, la réponse simple à toutes les
deux questions est "non." Voyons pourquoi. Considérons des articles
publiés dans Evangelical Quarterly, dont l'éditeur pendant
des longues années était le docteur F.F. Bruce. M. Bruce
est un commentateur renommé, ayant des énormes capacités
intellectuelles, dont la connaissance des langues bibliques est incontestable.
Le pasteur Alan Padgett a fait deux contributions dans Evangelical Quarterly
sur le sujet de féminisme dans le Nouveau Testament. Le premier
est "Feminism in First Corinthians: A Dialogue with Elizabeth Schüssler
Fiorenza, Evangelical Quarterly Vol LVIII/No. 2 Avril 1986, pp121-132.
Le deuxième serait "The Pauline Rationale for Submission: Biblical
Feminism and the hina Clausses of Titus 2:1-10. Evangelical Quarterly,
Vol LIX/No.1 Janvier 1987. Dans son premier article, M. Padgette souligne
certain difficultés avec le travail de Mme Fiorenza. Son livre,
apparu en 1983, avait pris un approche radicale à l'histoire
de l'église primitive. Un disciple de Bultmann, Mme Fiorenza a "trouvé"
qu'un groupe des premiers chrétiens, y inclut à Corinthe
était des adorateurs de la déesse Sophia avec Jésus.
D'autres églises, selon elle, étaient sous l'influence de
Paul, refusaient les deux divinités. M. Padgett n'a pas adopté
l'hypothèse de Mme Fiorenza, mais il trouvait son ouvrage "le plus
important" qui aurait apparu pendant l'année 1983 . Il dit que l'apparition
de ce travail est "un événement de publication de la première
magnitude." Il trouvait aussi que l'ouvrage avait démontré
"que les femmes avaient un rôle important dans l'église primitive."
Pourtant, il avait remarqué que son auteur avait pris des textes
gnostiques du deuxième siècle, et les a mis comme si elles
étaient en usage du culte du premier siècle sans la moindre
évidence. C'est dans son deuxième article que nous voyons
la pensée du pasteur Padgett, sans référence particulière
au féminisme. Pour lui, le "féminisme biblique" doit respecter
l'autorité biblique. Il analyse l'usage de Paul d'un particule grec
"hina" dans le contexte des conseils pour la soumission des femmes. Il
conclut que le comportement exigé est toujours fait en fonction
des "ennemis" de l'église. Il déduit que ces ennemies seraient
surtout les païens qui entouraient les milieux chrétiens. Sa
conclusion serait que les conseils de Paul se referaient à la situation
culturelle. La situation est différente maintenant. Les non croyants
qui entouraient l'église de l'époque de Paul étaient
scandalisés par une liberté débordante des femmes.
Aujourd'hui, les non croyants seraient scandalisés par la soumission
des femmes aux hommes dans l'église. Donc, comme Paul ne voulait
que personne soit scandalisé par une chose d'importance secondaire,
ce conseil, dans l'esprit de Paul devrait être pris comme contextuel.
D'abord, l'article de M. Padgett ne fait pas un effort de tenir compte
du fait que les mêmes conseils sont offerts en I Tim 2, et dans notre
passage, Paul fait l'effort de rendre ces conclusions générales
pour "tout homme en tout lieu." Malheureusement, le pasteur Padgett semble
avoir oublié une dimension aussi importante. Pour Paul, les vraies
ennemies de l'église sont les puissances spirituelles de Satan et
de ses démons. D'une part, nous devons toujours veiller pour respecter
la conscience de nos frères et soeurs. D'autre part, nous "luttons"
contre les autorités spirituelles. La présence des anges,
ou le conflit avec le diable et la tentation est toujours un aspect de
la discipline chrétienne. Paul ne voyait donc jamais le monde extérieur
comme étant uniquement humain ni uniquement spirituel.
L'église devait toujours tenir en compte les deux dimensions. Je
ne vois pas d'auteurs féministes qui cherchent tenir en compte la
présence du diable comme menace à l'église. C'est
donc pour moi une première difficulté. Nos amis évangéliques
s'avouent respecter l'autorité biblique, mais ils ne permettent
pas la Bible de déterminer le contexte et les limites de leur travail.
Autrement dit, ils opèrent leurs choix philosophiques avant mêmes
de consulter la Bible.
Un deuxième exemple serait le style de critique
de Dr E. Marget Howe. Mme. Howe est diplômée de l'Université
de Manchester, et professeure de religion à Western Kentucky University.
Elle a aussi un article, publié en Evangelical Quarterly sous la
direction de M. Bruce. Elle prétend, aussi respecter l'autorité
biblique, quand elle dit "l'église d'aujourd'hui n'a aucune option
autre que de baser son organisation sur les directives canoniques." Cependant,
regardons de près son paragraphe précédent. Elle dit
En I Tim. 2:13-14, les narratives de la création sont offertes comme
le principe directeur derrière la déclaration concernant
les femmes. L'église devrait donc continuer cette allégorie
en préservant dans sa structure une distinction des rôles
entre mâles et femelles. Dans la lumière de ce point de vue,
la tâche de l'église devient donc de déterminer dans
quels domaines et jusqu'à quelles limites la distinction entre hommes
et femmes droit être démontrée. Elle droit aussi s'affronter
à l'enseignement biblique que Dieu ne vise pas la distinction sexuelle
comme ultime, et que sur le plan spirituel les hommes et les femmes doivent
être considérés comme des égaux.(Gal. 3:28).
Je note que Dr Howe, elle aussi, ne semble pas prendre
au sérieux l'avertissement de Paul sur la capacité du serpent
de tenter la femme. Notons, encore, que Dr Howe traite la Genèse
non pas comme histoire, mais comme "allégorie". Elle a raisonné:
Phoebe est diacre. Les diacres désignés par les apôtres
(7 hommes en Actes 6) étaient des diacres. Il paraît que les
hommes diacres enseignaient. Les filles de Philippe prophétisaient.
Donc, c'est raisonnable de conclure que les femmes diacres enseignaient.
Paul disait en I Corinthiens que l'esprit donne les dons spirituels comme
il veut. "Donc, le problème n'est pas résolu en encourageant
les femmes de devenir des diacres ou des prophètes, et par un découragement
de poursuivre le rôle d'évangéliste, de pasteur, ou
de docteur." Moi-même, je ne vois pas la cohérence dans le
raisonnement de cet article. Mme Howe démontre clairement qu'il
n'y avait pas d'évidence que les femmes avaient pris le rôle
de docteur dans l'église, même si Phoebe est appelée
diacre. Pourtant, elle suppose que les femmes ont enseigné malgré
le manque d'évidence. Elle dit qu'il faut suivre le canon, mais
elle ne trouve pas le raisonnement de Paul convaincant. Encore, J. Keir
Howard a fait le même genre de dérive. Il analyse précisément
nature passage. Il a conclu: "C'est l'implication claire du verset 12 que,
malgré le fait que les femmes étaient permis d'avoir une
participation audible dans les rassemblements de l'église, elles
ne devraient pas aspirer à un rôle de direction, tel que les
surintendants d'une congrégation locale." Puis, deux paragraphes après,
il dit " il n'est pas possible de faire l'argument que ce que faisaient
les congrégations du premier siècle devrait lier, ou même
être valable, pour toute époque.... Néanmoins, il faut
s'adresser au Nouveau Testament pour les principes directeurs sur lesquels
l'ordre et la pratique peuvent être bâtis." Toujours, on constante
le même phénomène: "La Bible est infaillible. Il faudrait
que la Bible nous guide. Ce texte interdit l'enseignement aux femmes, mais
il faut pas l'appliquer." On voit une variation dans les sociétés,
mais le monde spirituel n'est pas pris au sérieux.
2. Est-ce que les évangéliques de nos jours
continuent d'affirmer l'infaillibilité des Écritures?
Le problème de l'application de la Bible est aussi
en fonction du deuxième domaine où l'incohérence est
un problème. En effet, un grand nombre de personnes bien renommées
sont devenues manifestement inconséquentes entre eux, même
dans leurs efforts de se tenir à l'infaillibilité des écritures.
Encore, il serait intéressant de noter que, dans l'Evangelical Quarterly,
on trouve quelques observations sur ces renommés évangéliques.
Dr. Robert Price, qui semble lui-même libérale, a fait une
analyse des personnes prétendant de maintenir le principe de "sola
scriptura" en 1983. Il a fait une étude des positions de Clark Pinnock,
J.I. Packer, Gerald Shepphard, Harold Linsdell, Francis Schaeffer, Gerstner,
et autres. Il avait analysé des problèmes logiques dans les
propos de l'International Council on Biblical Inerrancy, fondée
en 1977, et de la Déclaration de Chicago sur l'Infaillibilité
de la Bible. Il démontrait l'équivoque, et même l'écho
des positions libérales dans ces propos. Pourtant, c'est intéressant
de noter qu'il trouvait Schaeffer parmi les seuls vraiment conséquents.
Il dit "Shaeffer n'accepte aucun compromis: la Bible n'a pas d'erreur.
Acceptez-la ou rejettez-la." Price démontre qu'à l'exception
près de certains théologiens, (dont il me semble la majorité
seraient réformés conservateurs), les évangéliques
contemporains glissent vers la haute critique libérale. Comme Schaeffer,
il me semble que les autres "exceptions" sont toutes des étudiants
de l'analyse logique de Van Til sur les effets des présupposés
défectifs. En fait, il y a une multiplicité des tendances
parmi les "bons" théologiens évangéliques, mais en
général, sans vouloir l'admettre, ils ont tendance à
dire que le principe de sola scriptura droit être abandonné
pour une "infaillibilité limitée. C'est donc dans cette optique,
d'une Bible avec "quelques erreurs" ou une Bible avec une autorité
dont la portée se dirige uniquement au salut ou à la morale,
que nous trouvons l'inconséquence. Ayant tout le respect et l'affection
pour nos frères et soeurs croyants qui ne sont pas d'accord, il me
faut dire que je n'ai pas encore trouvé, parmi les théologiens
pro féministes, un écrivain qui est prêt à respecter
toutes les données de la Bible dans son analyse. Ni ai-je vu parmi
eux une personne prête à dire que la Bible entière
reste la Parole de Dieu immuable. D'après tout ce que j'ai pu lire
jusqu'à présent, je n'ai jamais vu un théologien qui
affirme que les femmes peuvent devenir pasteures ou docteures de l'église
sans finalement nier, de fait ou de façon implicite, que la Bible
est la Parole de Dieu, et que la Parole apostolique prend son autorité
de Jésus lui-même.
Conclusion
Nous avons trouvé que l'apôtre Paul avait
écrit ces ordres à Timothée avec l'intention de maintenir
et de promouvoir la sainteté de la prière publique parmi
leschrétiens. Il avait souligné que la prière a une
place centrale dans la vie de l'église, car c'est par la prière
que l'église travaille avec Dieu pour l'évangile. La prière
pour les autorités aura comme résultat indirect les conditions
sociales dans lesquelles l'évangile peut s'épanouir. Pour
cela, le comportement d'un croyant avant de se présenter pour la
prière, ainsi que le comportement pendant les réunions de
prière a une importance primordiale. Puisque notre accès
à Dieu est dépendant de notre position en tant que descendants
d'Adam et Eve, et des personnes rachetées par Jésus-Christ,
le culte de l'église devrait en tout temps et en tout lieu se situer
dans cette perspective.
Bibliographie
Kuen, Alfred, Introduction au Nouveau Testament. Editions
Emmaüs, Saint-Leger, 1989, pp337-358
Guthrie, Donald, The Pastoral Epistles, William B.Eerdmans
Publishing Company, Grand Rapids, 1978, p. 77.
Lock, Walter, A Critical and Exegetical Commentary on
the Pastoral Epistles, Charles Scribner's Sons, New York, 1924,p.33 Pasteur
de San Jacinto United Methodist Church. Cette dénomination admet
des femmes pasteurs depuis plusieurs années.
Fiorenza, Elisabeth Schüssler,In Memory of Her:A
Feminist Theological Reconstruction of Christian Origens, New York, Crossroad
1983.
Howe, E. Margaret, Women in Church Leadership, Evangelical
Quarterly, Vol LI/No. 2, avril-juin 1979, pp 97-104. Howe, op. cit. p.
100 Howe, loc.cit. op. cit. p. 102
Howard, J. Keir, Neither Male nor Female: An Examination
of the Status of Women in the New Testament. Evangelical Quarterly. Vol
LV/No 1/ January 1983. p. 31-42
Howard, op. cit. p. 41 Price, Robert M. Inerrant the Wind:
The Troubled House of North Americcan Evangelicals. Evangelical Quarterly,
vol LV/No 3/ juillet 1983. pp129- 144.
The Chicago Statement on Biblical Inerrancy. Price, op.
cit. p. 132. se situer dans cette perspective.