La souffrance est-elle voulue
de Dieu ?
M. Chavan : La souffrance a-t-elle joué un rôle dans votre
vie chrétienne ? La souffrance est-elle voulue
de Dieu ?
Le Sâdhou : J'ai dit souvent déjà que pour pouvoir
expliquer ce qui m'est arrivé, je suis obligé d'employer
les
mots : prison, souffrance, persécution, afin d'être compris,
mais, en réalité, il n'y a eu là pour moi aucune
souffrance.
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Si ç'avait été de la souffrance, j'aurais
abandonné la partie et n'aurais pas continué à aller
annoncer l'Evangile. Il n'y avait pas de comité pour me pousser
en avant et m'obliger à aller ici plutôt que là
! La réalité, c'est que chaque fois que j'ai eu à
souffrir pour mon Sauveur, j'ai trouvé le Ciel sur la terre,
c'est-à-dire une joie merveilleuse que je ne trouve qu'alors.
Dans ces occasions-là, j'ai toujours réalisé la
présence de Christ d'une manière si évidente qu'aucun
doute ne pouvait subsister en moi. Cette présence
était aussi lumineuse que le soleil en plein midi : Ceux qui
consentent à vivre en sa présence ne peuvent plus
le nier. La souffrance était souffrance dans le temps ou je
n'étais pas chrétien et où je ne possédais
pas la
paix de l'âme. Je lisais souvent les écrits hindous jusqu'au
milieu de la nuit, si bien que mon père disait : «
Tu perds la tête, mon garçon. Tu vas t'abîmer les
yeux ! Tu n'es qu'un enfant ; pourquoi te tracasser ainsi
de ces questions de vie spirituelle ? » je répondais «
Il me faut la paix à tout prix, Les choses de ce monde
ne peuvent pas satisfaire mon âme. Même la religion ne
me satisfait pas. Je ne peux plus vivre dans ce
monde, je veux me suicider. » C'était la vraie souffrance
: je me sentais en enfer. Mais, depuis ma
conversion, je n'ai plus connu la souffrance. J'ai été
en prison : ce nétait pas une prison pour moi, mais le
Ciel sur la terre.
J'ai ressenti plus de joie au sein de la persécution
que lorsque je n'étais pas persécuté ; plus
de joie en ayant faim que lorsque j'avais la nourriture la plus fine.
La source de cette joie, de ce Ciel sur la
terre, c'est la présence de Christ; personne ne peut m'enlever
cette joie.
J'ai déjà parlé des martyrs du Thibet et, justement
aujourd'hui, j'ai reçu la nouvelle que le Dr Sheldon, avec
lequel j'ai fait des voyages d'évangélisation dans ce
pays, vient d'y être massacré. J'y retourne chaque année
et peut-être que l'année prochaine vous apprendrez que
j'y ai perdu la vie à mon tour. Alors, ne pensez pas
« Il est mort, mais dites-vous : « Il est allé
vivre au Ciel, avec Christ, d'une vie plus complète. » Vous
avez entendu parler de Kartar Singh, qui mourut aussi au Thibet. J'ai
vu son Nouveau Testament et les
passages qu'll y a écrits avant de mourir. Les gens croient
que Kartar est mort, mais en réalité il est vivant
en Christ. La mort elle-même mourra ; Christ, jamais ! Si nous
vivons avec lui déjà dès cette vie, nous
vivrons avec lui pour toujours après la mort.
- Sadhou Sundar Singh
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