3. C'est ce qui augmente encore la joie que j'éprouve en moi-même, pat l'espérance que j'ai d'être sauvé, quand je vois
qu'en toute vérité l'Esprit s'est répandu sur vous, jaillissant de l'intarissable source qu'est le Seigneur (cf. Tt 3, 5-6). C'est à ce point que m'a frappé votre vue si ardemment souhaitée.
4. Je suis intimement persuadé qu'après avoir causé avec vous, j'ai encore beaucoup à dire, car le Seigneur s'est fait mon compagnon dans le chemin de la justice ; et je suis moi aussi tout à fait contraint de vous aimer plus que mon âme, car une grande foi et une grande charité habitent en vous, " avec l'espérance de sa vie " (Tt 1, 2 ; 3, 7).
Vision I
1
1. Mon maître m'avait
vendu à une certaine Rhodè à Rome. Bien des années
après, je la revis et me mis à l'aimer comme une
soeur. 2. Quelque temps
après, je la vis se baignant dans le Tibre, je lui tendis la main
et la sortis du fleuve. Voyant sa beauté, je
réfléchissais,
me disant en mon coeur : je serais bien heureux si j'avais une femme de
cette beauté et de ce caractère. Voilà
uniquement ce que je pensai,
sans aller plus loin. 3. Quelque temps après, je marchais vers Cumes
et je réfléchissais que les
oeuvres de Dieu sont grandes,
remarquables et fortes : tout en marchant, je m'endormis : l'esprit me
saisit et m'emmena par une
route non frayée,
où l'homme ne pouvait marcher. L'endroit était escarpé,
tout déchiqueté par les eaux. Je traversai le fleuve qui
était là et
arrivé dans la plaine, je m'agenouille et me mets à prier
Dieu et à lui faire l'aveu de mes péchés. 4. Pendant
ma prière, le
ciel s'ouvrit et je vois
cette femme que j'avais désirée : elle me salue du ciel et
me dit : " Bonjour, Hermas. " 5. Je la regarde et lui
dit : " Maîtresse,
que faites-vous là ? " Et elle me répond : " J'ai été
transportée (au ciel) pour dénoncer tes péchés
au Seigneur. "
6. Je lui dis : "Vous êtes
maintenant ma dénonciatrice ? - Non, dit-elle, écoute les
paroles que je vais te dire : Dieu, qui habite
dans les cieux (cf. Ps.
2,4 ; 123, 1), qui du néant, a créé les êtres,
les a multipliés et les a fait croître (cf. Gn 1, 28 ; 8,
17 ; etc.) en
vue de sa sainte église,
est irrité contre toi parce que tu as commis une faute à
mon égard. " 7. Je lui réponds en ces termes : " J'ai
commis une faute à
votre égard ? En quel endroit, quand vous ai-je jamais dit une parole
déplacée ? Ne vous ai-je pas toujours
tenue pour une déesse
? Ne me suis-je pas toujours comporté envers vous comme envers une
soeur ? Pourquoi, femme,
m'accuser faussement de
vice et d'impureté ? " 8. Elle rit et me dit : " Le désir
du vice est monté à ton coeur. Et ne te semble-t-il
pas que pour un homme juste,
c'est chose vicieuse que le désir du vice monte à son coeur
? C est une faute, et une grande,
dit-elle, car l'homme juste
pense juste. C'est par ses justes pensées qu'il accroît sa
réputation dans les cieux et qu'il se rend le
Seigneur indulgent pour
tous ses actes. Mais ceux dont les pensées sont mauvaises en leur
coeur ne s'attirent que mort et
captivité, surtout
ceux qui jouissent de cette vie-ci, s'enorgueillissent de leurs richesses
et ne s'attachent pas aux biens futurs. 9.
Elles connaîtront
le repentir, les âmes de ceux qui n'ont pas d'espérance, qui
ont renoncé à eux-mêmes et à leur vie. Mais
toi, prie
Dieu : il guérira
tes péchés (cf. Dt 30, 3) et ceux de toute ta maison et de
tous les saints. "
2
1. Quand elle eut dit ces
mots, les cieux se fermèrent et moi, j'étais tout tremblant
et affligé. Je me disais : Si ce péché est inscrit
contre moi, comment pourrai-je
faire mon salut ? Comment apaiserai-je Dieu pour mes péchés
réellement accomplis ? Par quelles
paroles demanderai-je au
Seigneur de me devenir favorable ? 2. Voilà quelles étaient
mes réflexions et mes hésitations lorsque je
vois en face de moi un siège
garni de laine, blanc comme neige et grand. Et vint une vieille femme en
habits resplendissants, tenant
un livre dans ses mains
; elle s'assit seule et me salue : " Bonjour, Hermas. " Et moi, affligé,
en pleurs, je lui dis : " Bonjour,
Madame. " 3. Et elle me
dit : " Pourquoi cet air renfrogné, Hermas, toi patient, calme,
toujours souriant ? Pourquoi es-tu à ce
point abattu et sans gaieté
? " Et moi, je lui dis : " C'est parce qu'une femme excellente dit que
j'ai commis une faute à son égard. "
4. Et elle : " Une telle
chose n'arrive pas à un serviteur de Dieu ? Mais de toute façon,
un désir t'est monté au c_ur à son sujet.
Pour les serviteurs de Dieu,
une telle intention entraîne le péché : intention mauvaise,
stupéfiante, pour un esprit très saint et déjà
éprouvé, de
désirer une mauvaise action, et surtout si c'est Hermas le continent
qui s'abstient de tout mauvais désir, qui est plein
de parfaite simplicité
et de grande innocence.
3
" 1. Ce n'est d'ailleurs
pas pour cela que Dieu est irrité contre toi ; mais il entend que
tu ramènes à lui tes enfants qui se sont mal
conduits à l'égard
du Seigneur et de vous, leurs parents. Tu aimais trop tes enfants, tu ne
les reprenais pas ; au contraire, tu les
laissais se corrompre terriblement.
Voilà pourquoi le Seigneur t'en veut. Mais il guérira tous
les dommages qu'a subis ta maison,
car c'est à cause
de leurs péchés et de leurs fautes que tu es ruiné
dans tes affaires temporelles. 2. La grande miséricorde du
Seigneur a eu pitié
de toi et de ta maison, et il te donnera la force et il t'assiéra
tans sa gloire. A toi, il te suffit de ne pas te laisser
aller : aie du courage et
raffermis ta maison. Le forgeron, par le marteau, vient à bout de
l'objet qu'il veut : de même, un langage
quotidien de justice vient
à bout de la pire turpitude. Ne cesse donc pas de reprendre tes
enfants, car je sais que s'ils font
pénitence du fond
de leur coeur, ils seront inscrits sur les livres de la vie avec les Saints.
" 3. Ce discours fini, elle me dit :
" Veux-tu m'entendre lire
? - Oui, dis-je, oui, Madame. " Elle dit : " Fais bien attention et écoute
les louanges de Dieu. " J'entendis
de grandes choses, des choses
admirables, mais je n'ai pu en garder le souvenir : toutes ces paroles
donnent le frisson, l'homme
n'a pas la force de les
supporter. Les dernières cependant, je me les rappelle : elles étaient
à notre portée et douces. 4. " Vois, le
Dieu des Puissances (cf.
Ps 58, 6 ; etc.), celui qui, par son pouvoir invisible et supérieur,
par sa grande intelligence, a créé le
monde (cf. Ac 17, 24), qui,
par sa glorieuse volonté, a revêtu de charme ses créatures,
qui, par son verbe puissant, a solidifié le
ciel (cf. Is 42, 5) et a
assis la terre sur les eaux (cf. Ps 135, 6), qui, par une sagesse et une
prévoyance particulières, a fondé sa
sainte église et
l'a aussi bénie, vois, il déplace les cieux et les montagnes
(cf. Ps 45, 3) et les monts et les mers et toute route
devient unie pour ses élus
; ainsi il accomplit la promesse qu'il leur a faite dans la gloire et la
joie, si du moins ils observent les
commandements du Seigneur,
qu'ils ont reçus avec une grande foi. "
4
1. Quand elle eut fini de
lire et qu'elle se fut levée de son siège, vinrent quatre
jeunes gens qui enlevèrent le siège et s'en allèrent
vers l'Orient. 2. Elle m'appelle,
me touche la poitrine et me dit : " Ma lecture t'a-t-elle plu ? " Et je
lui dis : " Madame, les dernières
paroles me plaisent, mais
les précédentes sont pénibles et dures. " Elle me
répondit : " Les dernières sont pour les justes, les
précédentes,
pour les gentils et les apostats. " 3. Elle me parlait encore quand deux
hommes apparurent, la prirent par les bras et
s'en allèrent, dans
la direction du siège, vers l'Orient.
Elle eut pour partir un
air joyeux et en se retirant, elle me dit : " Sois un homme, Hermas. "
Vision II
5. (1)
1. J'allais à Cumes,
à la même époque que l'année précédente
; tout en marchant, je me souvins de ma vision de l'année
précédente
et, de nouveau, un esprit m'enlève et me transporte au même
endroit que l'année précédente. 2. Arrivé là,
je
m'agenouille, me mets à
prier le Seigneur et glorifier son nom (cf. Ps 85, 9, 12 ; Is 24, 15 ;
2 Th 1, 12) de ce qu'il m'a jugé digne
et m'a fait connaître
mes péchés antérieurs. 3. k m'étais relevé
de ma prière quand je vois en face de moi cette femme âgée
que
j'avais déjà
vue l'année précédente : elle marchait et lisait un
petit livre. Et elle me dit : ~ Peux-tu annoncer ceci aux élus de
Dieu ?
" Je lui dis : " Madame,
je ne puis retenir tant de choses ; donnez-moi plutôt le livre, que
je le recopie " --Prends, dit-elle, et tu me
le rendras. " 4. Je le pris
et allai à l'écart dans le champ, où je le recopiai
tout, lettres après lettres, car je ne distinguais pas les
syllabes. Quand j'eus fini
(de recopier) les lettres du petit livre, soudain il me fut arraché
de la main. Par qui ? Je ne le vis point.
6. (2)
1. Après quinze jours
de jeûne et beaucoup de prières au Seigneur, le sens du texte
me fut révélé. Voici ce qui était écrit
: 2. " Tes
fils, Hermas, se sont révoltés
contre Dieu, ils ont blasphémé le nom du Seigneur et ont
trahi leurs parents avec beaucoup de
malice, et ils se sont entendus
appeler traîtres à leurs parents, et leur trahison ne leur
profita pas, mais ils ajoutèrent encore à leurs
péchés la
débauche et les ravages du vice et ils ont ainsi mis le comble à
leurs iniquités. 3. Fais connaître ces paroles à tous
tes
enfants et à ta compagne,
qui, désormais, te sera une soeur. Car elle ne domine pas sa langue
: c'est par là qu'elle pèche ; mais
après avoir entendu
ces paroles, elle la dominera et obtiendra miséricorde. 4. Quand
tu auras fait connaître ces paroles que le
Maître m'a enjoint
de te révéler, tous les péchés antérieurs
leur seront remis ainsi qu'à tous les saints qui ont péché
jusqu'à ce jour,
s'ils se repentent du fond
de leur coeur et en arrachent les hésitations. 5 Car le Maître
l'a juré par sa gloire à propos des élus : si,
après ce jour fixé,
il se commet encore un péché, ils n'obtiendront plus le salut.
Car, pour les justes, la pénitence a une limite, les
jours de la pénitence
seront révolus pour tous les saints ; mais pour les gentils, la
pénitence peut se faire jusqu'au dernier jour. 6.
Tu diras donc aux chefs
de l'église de marcher droit dans les voies de la justice, pour
recevoir pleinement, avec grande gloire, ce
qui leur fut promis 7. Persévérez
donc, vous qui pratiquez la justice (cf. Ps 15, 2 ; He 11, 33), bannissez
toute hésitation pour
prendre place parmi les
saints anges. Bienheureux, vous qui endurerez l'épreuve qui arrive,
la grande épreuve, et tous ceux qui ne
renieront pas leur vie !
8. Car le Seigneur l'a juré par son Fils : ceux qui renieront le
Seigneur seront rejetés de la vie, ceux du
moins qui le renieront dans
les jours qui viennent ; car ceux qui l'ont renié antérieurement,
dans sa grande miséricorde, le Seigneur
leur est redevenu favorable.
7. (3)
" 1. Et toi, Hermas, ne garde
plus rancune à tes enfants, ne renvoie pas ta s_ur : ainsi, ils
se purifieront de leurs péchés antérieurs.
Ils recevront une éducation
convenable, si tu abandonnes ta rancune à leur égard. La
rancune provoque la mort. Toi, Hermas, tu
as subi de grandes tribulations
personnelles à cause des errements de ta maison : c'est que tu ne
te souciais pas d'elle, tu l'as
négligée et
tu t'es enlisé dans tes mauvaises affaires. 2. Ce qui te sauve,
c'est de n'avoir pas abandonné le Dieu vivant (cf. He 3,
12) et aussi ta simplicité
et ta grande continence. Voilà ce qui te sauve si tu persévères
; voilà ce qui sauve tous ceux qui agissent
ainsi et marchent dans la
voie de l'innocence et de la simplicité. Ceux-là l'emporteront
sur toute méchanceté et tiendront bon
jusqu'à la vie éternelle.
3. Bienheureux, tous ceux qui pratiquent la justice (cf. Ps 106, 3) ; ils
ne périront pas, de toute éternité. 4.
Tu diras à Maxime
: " Vois, une épreuve arrive : si bon te semble, renie de nouveau.
Le Seigneur est tout près de ceux qui se
convertissent, comme il
est dit dans le livre d'Eldad et Modat, qui ont prophétisé
pour le peuple dans le désert. "
8. (4)
1. Une révélation,
frères, me fut faite quand je dormais, par un jeune homme très
beau qui me dit : " La femme âgée de qui tu
obtins le petit livre, qui
est-elle, à ton avis ? " Moi, je dis : " La Sibylle. - Tu fais erreur,
dit-il, ce n'est pas elle. - Qui donc est-ce ?
dis-je. - L'église
", dit-il. Je repartis : " Et pourquoi est-elle si âgée ?
- Parce que dit-il, elle fut créée avant tout (le reste).
Voilà
pourquoi elle est âgée
; c'est pour elle que le monde a été formé. " 2. Ensuite,
j'eus une vision chez moi. La femme âgée vint et me
demanda si j'avais déjà
donné le petit livre aux presbytres. Je dis que non. " Tu as eu
raison, dit-elle. J'ai certains mots à ajouter.
Quand j'aurai achevé
l'ensemble, tu le feras connaître à tous les élus.
3. Tu feras donc deux copies du petit livre et tu en enverras
une à Clément,
l'autre à Grapté. Et Clément l'enverra aux autres
villes : c'est sa mission. Grapté, elle, avertira les veuves et
les
orphelins. Toi, tu le liras
à cette ville, en présence des presbytres qui dirigent l'église.
"
Vision III
9. (1)
1. La vision que je vis,
frères, la voici. 2. J'avais jeûné souvent et demandé
au Seigneur de m'accorder la révélation qu'il avait
promis de me faire par l'entremise
de cette femme âgée ; la nuit même, je la vis et elle
me dit : " Puisque tu as un désir si vif de tout
connaître, viens dans
le champ où tu cultives de l'épeautre, et vers la cinquième
heure, je t'apparaîtrai et te montrerai ce qu'il te
faut voir. " 3. Je lui demandai
: " Madame, à quel endroit du champ ? - Où tu veux ", dit-elle.
Je choisis un bel endroit écarté.
Mais avant que je lui réponde
et lui indique l'endroit, elle me dit : " Je viendrai là où
tu veux. " 4. J'allai donc, frères, dans le champ
et je comptais les heures
; j'arrivai à l'endroit où je lui avais dit de venir et j'aperçois
un banc en ivoire et sur le banc, un coussin de
lin et au-dessus, une fine
gaze de lin déployée. 5. De voir ces objets sans aucun être
humain à cet endroit, je fus frappé de stupeur
et comme un tremblement
me prit et mes cheveux se dressèrent. Et une sorte de frisson me
saisit, d'être ainsi tout seul. Mais je
rentrai en moi-même,
je me souvins de la gloire de Dieu, je repris courage : je m'agenouillai
et de nouveau, comme
antérieurement, je
fis au Seigneur l'aveu de mes fautes. 6. Et elle vint, avec six jeunes
gens que j'avais vus auparavant, s'approcha
de moi, m'écouta
prier et avouer mes fautes au Seigneur. Et me touchant, elle me dit : "
Hermas, cesse de prier seulement pour tes
fautes ; prie aussi pour
la justice, afin d'en obtenir un peu pour ta maison. " 7. Alors, de la
main, elle me relève, me conduit près
du banc et dit aux jeunes
gens : " Allez-vous en construire (la tour). " 8. Les jeunes gens se retirèrent,
nous laissant seuls ; elle me
dit : " Assieds-toi ici.
" Je lui réponds : " Madame, faites d'abord asseoir les presbytres.
- Assieds-toi, dit-elle, comme je le dis " 9.
Je voulus alors m'asseoir
à droite, mais elle ne me le permit pas et me fit signe de la main
de m'asseoir à gauche. Je réfléchissais et
m'affligeais de ce qu'elle
ne m'avait pas permis de m'asseoir à droite, quand elle me dit :
" Tu t'affliges, Hermas ? A droite, c'est le
lieu réservé
à d'autres, à ceux qui ont déjà plu au Seigneur
et qui ont souffert à cause du Nom. Il s'en faut encore de beaucoup
que tu puisses t'asseoir
avec eux. Mais persévère, comme jusqu'ici, dans la simplicité
et tu t'assiéras avec eux et aussi tous ceux
qui feront ce qu'ils ont
fait et subiront ce qu'ils ont subi. "
10. (2)
1. " Et qu'ont-ils subi ?
" dis-je. " écoute, dit-elle : les coups, la prison, de grandes
catastrophes, la croix, les fauves, à cause du
Nom. C'est pour cela que
leur est réservé le côté droit du lieu saint,
à eux et à quiconque souffre pour le Nom. Les autres ont
le
côté gauche.
Mais pour les deux catégories --qu'ils soient assis à gauche
ou à droite-- ce sont les mêmes dons, les mêmes
promesses ; seulement, ceux-là
sont assis à droite et jouissent d'une certaine gloire. 2. Toi,
tu désires t'asseoir à droite avec eux,
mais tes défauts
sont nombreux. Tu devras être purifié de tes défauts
et tous ceux qui n'auront pas hésité seront purifiés
de tous
leurs péchés
jusqu'à ce jour. " 3. Après ces paroles, elle voulut s'en
aller. M'étant jeté à ses pieds, je la suppliai par
le Seigneur de
m'accorder la vision qu'elle
m'avait promise. 4. Elle, de nouveau, me saisit la main, me relève
et me fait asseoir à gauche.
Elle-même s'assit
à droite. Elle lève un bâton éclatant et dit
: " Vois-tu une grande chose ? - Madame, je ne vois rien, dis-je. -
Tiens, dit-elle, tu ne vois
pas en face de toi une grande tour bâtie sut les eaux avec de brillantes
pierres carrées ? " 5. Elle était
bâtie en carré
par les six jeunes gens venus avec elle. Des myriades d'autres hommes apportaient
des pierres, les uns, du fond (de
l'eau), les autres, de la
terre, et ils les passaient aux six jeunes gens. Eux, les recevaient et
bâtissaient. 6. Ils plaçaient telles quelles
dans la construction toutes
les pierres retirées du fond de l'eau, car d'avance, elles s'agençaient
et s'emboîtaient parfaitement aux
jointures avec les autres
pierres ; elles se soudaient si bien entre elles qu'on ne voyait pas les
joints. La construction paraissait
bâtie d'un seul bloc.
7. Parmi les pierres qu'on amenait de la terre ferme, on rejetait les unes,
on utilisait les autres ; on en brisait
d'autres encore et on les
jetait loin de la tour. 8. Beaucoup d'autres pierres gisaient autour de
l'édifice ; on ne les utilisait pas à la
construction : les unes
étaient effritées, d'autres, fêlées, d'autres,
mutilées ; d'autres encore, blanches et rondes, ne pouvaient
s'emboîter dans la
construction. 9. Je voyais d'autres pierres jetées loin de la tour,
tombant sur la route et sans s'y arrêter, roulant
dans des endroits impraticables
; d'autres tombaient dans le feu et brûlaient, d'autres tombaient
près de l'eau et ne parvenaient pas
à y rouler, malgré
leur désir.
11. (3)
1. Après m'avoir montré
cela, elle voulut s'en aller. Je lui dis : " Madame, quelle utilité
pour moi de voir ces choses, si je n'en
connais pas le sens ? "
Elle me répond : " Tu t'acharnes à vouloir connaître
ce qui concerne la tour. - Oui, dis-je, Madame, pour
l'annoncer aux frères,
les rendre joyeux et par ce récit, leur faire connaître Dieu
dans toute sa gloire. " 2. Elle me dit : " Beaucoup
l'entendront. Mais après
l'avoir entendu, les uns se réjouiront, d'autres, en revanche, pleureront
; mais même ces derniers, s'ils y
font attention et se repentent,
se réjouiront eux aussi. écoute donc les paraboles de la
tour. Car je te dévoilerai tout ; seulement,
ne me harcèle plus
dorénavant à propos de révélations : elles
ont un terme. Mais tu ne cesseras pas de m'en demander : tu es
insatiable. 3. La tour que
tu vois construire, c'est moi, l'église, que tu as vue maintenant
et auparavant. Demande ce que tu veux à
propos de la tour : je te
le dévoilerai pour que tu te réjouisses avec les saints.
" 4. Je lui dis : " Madame, puisque vous m'avez jugé
digne de toutes révélations,
faites-les moi. " Et elle me dit : " Ce qu'il convient de te révéler
te sera révélé. Seulement, que ton c_ur
soit tourné vers
Dieu et ne doute de rien de ce que tu verras. " 5. Je lui demandai : "
Pourquoi la tour est-elle bâtie sur les eaux,
Madame ? - Je t'ai dit auparavant,
dit-elle, que tu es curieux des écritures et que tu recherches avec
soin. Et en cherchant, tu
trouves la vérité.
écoute pourquoi la tour a été construite sur les eaux
: parce que votre vie a été sauvée par l'eau et qu'elle
le sera
encore. La tour a été
érigée par la parole du Nom tout-puissant et glorieux, et
elle est maintenue par la force invisible du Maître. "
12. (4)
1. Je lui dis en réponse
: " Madame, la chose est grande et admirable. Et les jeunes gens qui travaillent,
qui sont-ils, Madame ? -
Ce sont les saints anges
de Dieu, les premiers créés à qui le Seigneur a confié
toute la création à développer, à bâtir,
à gouverner.
C'est par eux donc que sera
achevée ia construction de la tour. 2. - Et les autres qui amènent
les pierres, qui sont-ils ? - Ce sont
aussi des saints anges de
Dieu. Mais les six premiers leur sont supérieurs. Quand donc la
construction de la tour sera achevée,
tous ensemble, ils se réjouiront
autour d'elle et glorifieront le Seigneur de ce qu'elle sera achevée.
" 3. Je lui demandai : " Madame,
je voudrais connaître
la destination et la signification des pierres. " Elle me répondit
: " Ne va pas croire que tu sois entre tous
digne de cette révélation,
car d'autres sont avant toi et meilleurs que toi ; c'est à eux que
devraient être révélées ces visions. Mais
pour que soit glorifié
le nom du Seigneur (Ps 86, 9, 12), tu as reçu et recevras encore
ces révélations, pour les hésitants, ceux qui
se demandent en leur coeur
si tout cela est réel ou non. Dis-leur que tout cela est vrai, que
rien de tout cela n'est en dehors de la
vérité, mais
que tout est sûr, solide et bien fondé.
13. (5)
" 1. écoute maintenant
ce qui concerne les pierres qui entrent dans la construction. Les pierres
carrées blanches, s'agençant bien
entre elles, ce sont les
Apôtres, les évêques, les docteurs, les diacres qui
ont marché selon la sainteté de Dieu et qui ont exercé
leur ministère d'évêque,
de docteur, de diacre avec pureté et sainteté, pour les élus
de Dieu ; les uns sont morts, les autres vivent
encore. Et toujours ils
se sont accordés entre eux, ont maintenu la paix entre eux et se
sont écoutés mutuellement : c'est pour cela
que dans la construction
de la tour leurs joints sont bien agencés. 2. - Les pierres qu'on
tire du fond de l'eau, qu'on pose sur la
construction et qui s'agencent
bien par leurs joints aux autres déjà utilisées, qui
sont-elles ? - Ce sont ceux qui ont souffert pour le
nom de Dieu. 3. - Et les
autres, celles qu'on apporte de la terre ferme, je voudrais savoir qui
elles sont, Madame. " Elle dit :
" Celles qui entrent dans
la construction sont équarries, ce sont ceux que le Seigneur a approuvés,
parce qu'ils ont marché dans la
voie droite du Seigneur
et qu'ils ont respectés parfaitement ses commandements. 4. - Et
celles qu'on amène et qu'on place dans la
construction, qui sont-elles
?--Des nouveaux venus à la foi, et fidèles ; les anges leur
rappellent de faire le bien et on n'a trouvé en
eux aucun mal. 5. - Et celles
qu'on repoussait et qu'on rejetait, qui sont-elles ? - Ce sont ceux qui
ont péché et qui veulent faire
pénitence ; c'est
pourquoi on ne les a pas rejetés très loin de la tour : ils
seront utiles à la construction s'ils se repentent. Ceux donc
qui sont enclins au repentir,
s'ils font pénitence, seront fermes dans la foi, à la condition
qu'ils se repentent maintenant, pendant que
la tour est encore en construction.
Quand elle sera achevée, il n'y aura plus de place pour eux : ils
seront rejetés ; il ne leur restera
qu'une faveur : celle de
rester près de la tour.
14. (6)
" 1. Tu veux connaître
les pierres qu'on brise et qu'on jette bien loin de la tour ? Ce sont les
fils d'iniquité ; ils n'ont eu qu'une foi
hypocrite et ne se sont
pas dépouillés de tout mal. C'est pourquoi ils n'obtiennent
pas le salut : ils sont inutiles à la construction a
cause de leurs vices ; ils
ont donc été brisés et rejetés au loin, par
la colère du Seigneur, car ils l'avaient irrité. 2. Parmi
les autres
que tu as vues joncher le
sol sans entrer dans la construction, celles qui sont effritées
sont ceux qui ont connu la vérité, mais qui ne
persévèrent
pas en elle et qui ne fréquentent pas assidûment les saints
: d'où leur inutilité. 3. - Et celles qui ont des fêlures,
qui
sont-elles ? - Ce sont ceux
qui, dans leur coeur, gardent une rancune mutuelle et ne font pas régner
la paix entre eux (1 Th 5, 13 ;
cf. Mc 9, 50), tout en gardant
un masque de paix. Et quand ils se séparent, leurs vices persistent
dans leur coeur : voilà les fêlures
que présentent ces
pierres 4. Les pierres mutilées, ce sont ceux qui ont la foi et
qui pour l'essentiel s'en tiennent à la justice, mais
en qui subsistent des restes
d'iniquité : c'est pourquoi elles sont mutilées et tronquées.
5. - Et les pierres blanches, rondes, qui ne
peuvent s'adapter à
la construction, qui sont-elles, Madame ? " Elle me répondit : "
Jusques à quand faudra-t-il que, par stupidité
et balourdise, tu demandes
tout sans rien comprendre par toi-même ? Ce sont ceux qui possèdent
la foi, mais aussi les richesses
de ce monde. Et quand arrive
l'épreuve, à cause de leurs richesses et de leurs affaires,
ils renient leur Seigneur. " 6. Je lui dis en
réponse : " Madame,
quand seront-ils donc utilisables pour la construction ? - Quand, dit-elle,
on aura rogné la richesse qui les
entraîne, alors, ils
seront utilisables. Une pierre ronde, sans être taillée, sans
rejeter un morceau d'elle-même, ne peut devenir
carrée : de même,
les riches de ce monde, si on ne rogne pas leurs richesses, ne peuvent
être utiles au Seigneur. 7. Instruis-toi
d'abord d'après toi-même
: lorsque tu étais riche, tu étais inutile ; c'est maintenant
que tu es tout à fait utilisable pour la vie.
Devenez utilisables pour
Dieu ! Car toi-même tu as été une de ces pierres.
15. (7)
" 1. Les autres pierres que
tu as vues jetées loin de la tour, tombant sur le chemin et roulant
dans des endroits impraticables, ce
sont ceux qui ont eu la
foi, mais qui, à cause de leurs doutes, abandonnent la voie de vérité.
Ils se figurent trouver une meilleure
voie, ils errent et ils
se traînent lamentablement par des chemins non frayés. 2.
Celles qui tombent dans le feu et brûlent, ce sont
ceux qui à jamais
se sont écartés du Dieu vivant (Hé. 3, 12) et l'idée
de la repentance n'est plus montée à leur coeur : ils n'ont
plus
que le goût de la
débauche et des turpitudes qu'ils ont commises. 3. Et celles qui
tombent près des eaux, mais qui ne parviennent
pas à rouler dans
l'eau, tu veux savoir qui elles sont ? Ce sont ceux qui ont entendu la
parole de Dieu (Mc 4, 18 ; Mt 13, 20, 22)
et qui veulent être
baptisés au nom du Seigneur (Ac 19, 5 ; cf. 2, 38 ; 10, 48). Seulement,
lorsqu'ils se rappellent la sainteté
qu'exige la vérité,
ils changent d'avis et se mettent de nouveau à la remorque de leurs
passions mauvaises " (Qo 18, 30). 4. Elle
avait fini l'explication
de la tour. 5. Je m'enhardis et lui demandai si toutes ces pierres rejetées
et impropres à la construction
pouvaient faire pénitence
et trouver place dans la tour. " Elles peuvent, dit-elle, faire pénitence,
mais non pas s'agencer dans cette
tour. 6. Elles s'agenceront
dans un autre lieu beaucoup plus petit, et cela, lorsqu'elles auront été
éprouvées et auront expié leurs
péchés pendant
le temps fixé. Et ils seront délivrés pour avoir eu
part à la Parole de Justice. Et cette délivrance leur arrivera
au
sortir de leurs épreuves,
quand montera à leur coeur la pensée des turpitudes qu'ils
ont commises. Sinon, ils ne seront pas sauvés,
vu la dureté de leur
coeur. "
16. (8)
1. Quand j'eus fini de lui
poser toutes ces questions, elle me dit : " Veux-tu voir autre chose ?
" Moi, très désireux de voir, j'en fus
fort réjoui. 2. Me
fixant des yeux, elle me sourit et me dit : " Tu vois sept femmes autour
de la construction ? - Oui, dis-je,
Madame. - La tour est supportée
par elle, sur l'ordre du Seigneur. 3. écoute maintenant leurs fonctions.
La première, qui de ses
mains domine (les autres),
s'appelle la Foi ; c'est par elle que sont sauvés les élus
du Seigneur. 4. La suivante, qui a une ceinture et
un air viril, s'appelle
Continence : c'est la fille de la Foi. Quiconque s'attache à elle
est heureux pendant sa vie, parce qu'il s'abstient
de toute mauvaise action,
car il a confiance que, s'il s'abstient de tout désir pervers, il
héritera de la vie éternelle. 5. - Et les autres,
Madame, quelles sont-elles
? Elles sont filles l'une de l'autre et s'appellent Simplicité,
Science, Innocence, Sainteté, Charité. Si tu
accomplis toutes les oeuvres
de leur mère, tu pourras vivre. 6. - Je voudrais savoir, dis-je,
Madame, quel est le pouvoir de
chacune d'elles. - écoute,
dit-elle, quels sont leurs pouvoirs. 7. Il sont subordonnés les
uns aux autres et se suivent selon l'ordre
de naissance de chacune.
De la Foi naît Continence ; de Continence, Simplicité ; de
Simplicité, Innocence ; d'Innocence, Sainteté
; de Sainteté, Science
; de Science, Charité. Leurs oeuvres sont pures, saintes, divines.
8. Quiconque se fait leur serviteur et a la
force de persévérer
dans leurs oeuvres aura sa demeure dans la tour avec les saints de Dieu.
" 9. Je lui demandai au sujet des
temps, si c'était
déjà la fin. Mais elle s'écria d'une voix forte :
" Insensé, ne vois-tu pas que la tour est encore en construction
?
Dès qu'elle sera
achevée, ce sera la fin. Et elle sera vite achevée. Ne me
demande plus rien : il vous est suffisant, à toi et aux
saints, de vous rappeler
cela et de renouveler vos esprits. 10. Mais ce n'est pas pour toi seul
que tout cela a été révélé : tu dois
le
faire connaître à
tous, dans trois jours ; 11. tu dois en effet d'abord réfléchir
toi-même. Je t'enjoins premièrement, Hermas, de
répéter à
la lettre pour les saints toutes les paroles que je vais te dire, pour
qu'après les avoir écoutées et observées. ils
soient
purifiés de leurs
péchés et toi avec eux.
17. (9)
" 1. écoutez-moi,
mes enfants. C'est moi qui vous ai élevés en toute simplicité,
innocence et sainteté, par la miséricorde du
Seigneur, qui a fait tomber
sur vous goutte à goutte la justice pour vous justifier et vous
sanctifier de tout vice et de toute
perversité. Mais
vous, vous ne voulez pas vous corriger de vos vices. 2. Maintenant donc,
écoutez-moi et faites la paix entre vous
(1 Th 5, 13), rendez-vous
visite et secourez-vous les uns les autres (cf. Ac 20, 35) et n'accaparez
pas pour vous seuls les biens
que Dieu a créés,
mais donnez-en aussi en abondance aux indigents. 3. Car les uns, à
force de ripailles, finissent par affaiblir leur
corps et miner leur santé.
D'autres, qui n'ont pas à manger, voient leur santé ruinée
par l'insuffisance d'aliments, et leur corps
dépérit. 4.
Cette intempérance vous est nuisible, à vous qui possédez
et qui ne donnez rien aux indigents ! 5. Voyez le jugement
qui arrive. Vous qui avez
de trop, cherchez ceux qui ont faim, tandis que la tour n'est pas encore
achevée ; car après son
achèvement, même
si vous voulez faire le bien, vous n'aurez plus l'occasion. 6. Faites donc
en sorte, vous qui tirez orgueil de vos
richesses, que les indigents
n'aient pas à se lamenter (Lc 5, 4), que leurs lamentations ne montent
pas jusqu'au Seigneur et qu'avec
tous vos biens, vous ne
trouviez fermée la porte de la tour. 7. Je m'adresse maintenant
aux chefs de l'église et à ceux qui occupent
les premiers rangs. Ne vous
rendez pas semblables aux empoisonneurs : eux, ils portent leurs poisons
dans des boîtes ; vous,
votre poison et votre venin,
vous les avez dans le coeur. 8. Vous êtes endurcis et vous refusez
de purifier votre coeur et de
réaliser l'accord
de votre pensée, dans la pureté du coeur pour obtenir miséricorde
du grand Roi (Ps 47, 3 ; etc.). 9. Veillez donc,
mes enfants, à ce
que ces divisions ne vous privent pas de la vie. 10. Comment prétendez-vous
former les élus du Seigneur, sans
avoir vous-mêmes de
formation? Formez-vous donc les uns les autres et faites la paix parmi
vous (1 Tb 5, 13), afin que moi aussi,
me tenant joyeuse en face
du Père, je puisse rendre de vous tous à votre Seigneur un
compte favorable. "
18. (10)
1. Quand elle eut fini de
causer avec moi, arrivèrent les six jeunes gens occupés à
la construction : ils l'emportèrent près de la tour
et quatre autres enlevèrent
le banc et l'emportèrent aussi près de la tour. Je ne vis
pas leur visage, car ils me tournaient le dos. 2.
Comme elle se retirait,
je lui demandai de me faire une révélation au sujet des trois
formes sous lesquelles elle m'était apparue. Elle
me répondit : " À
ce sujet, c'est à un autre qu'il faut demander une révélation.
" 3. Je l'avais vue, frères, dans la première vision de
l'année précédente,
très âgée et assise dans un fauteuil. 4. Dans la suivante,
elle avait l'aspect plus jeune, mais le corps et les
cheveux (encore) vieux,
et elle me parlait debout ; elle était plus joyeuse qu'auparavant.
5. Lors de la troisième vision, elle était
entièrement jeune
et très belle : d'une vieille, elle n'avait plus que les cheveux
; elle fut extrêmement joyeuse et était assise sur un
banc. 6. Ces détails,
j'étais fort intrigué de les comprendre par la révélation
promise. Et la nuit, je vois en vision la femme âgée qui
me dit : " Toute demande
exige l'humilité. Fais donc jeûne et tu obtiendras ce que
tu demandes au Seigneur. " 7. Je fis donc jeûne
un jour et la nuit même
m'apparut un jeune homme qui me dit : " Pourquoi demandes-tu continuellement
des révélations dans ta
prière ? Prends garde,
en demandant trop, de nuire à ton corps. 8. Les révélations
précédentes doivent te suffire. Es-tu capable
de supporter des révélations
plus fortes que celle que tu as déjà eues? ~ 9. Je lui réponds
: " Seigneur, je ne demande qu'un détail,
concernant les trois formes
de la femme âgée, pour compléter la révélation.
" Il me répond : " Jusqu'à quand serez-vous insensés
?
Hélas ! Ce qui vous
rend insensés, c'est de douter et aussi de ne pas tourner votre
coeur vers le Seigneur. " 10. Je lui réponds de
nouveau : " Mais par vous,
Seigneur, nous connaîtrons ces points plus exactement. "
19. (11)
1 " écoute, dit-il
; voici ce que tu cherches à propos des trois formes. 2. Dans la
première vision, pourquoi la femme âgée
t'est-elle apparue âgée
et assise dans un fauteuil ? Parce que votre esprit était déjà
vieilli, déjà flétri et sans force, de par votre
mollesse et vos doutes.
3. Les vieillards, parce qu'ils n'ont plus l'espoir de rajeunir, ne s'attendent
plus à rien autre qu'à la mort : de
même, vous, amollis
par les affaires du siècle, vous vous êtes laissés
aller à l'abattement et vous ne vous en êtes pas remis de
vos
soucis au Seigneur (Ps 54,
23 ; cf. 1 P. 5. 7) ; aussi votre coeur a été brisé
et les chagrins vous ont vieillis 4. - Pourquoi était-elle
assise dans un fauteuil
? Je voudrais le savoir, Seigneur. Parce que tout homme faible, à
cause de sa faiblesse, est obligé de
s'asseoir pour réconforter
son corps débile. Voilà le sens général de
la première vision.
20. (12)
" 1. Lors de la seconde vision,
tu la vis debout, l'air plus jeune et plus gai qu'auparavant, mais avec
le corps et les cheveux d'une
vieille. écoute,
dit-il, la comparaison suivante. 2. Un vieillard qu'ont déjà
conduit au désespoir la faiblesse et l'indigence, n'attend
plus rien que le dernier
jour de sa vie ; mais voici que brusquement lui échoit un héritage
; à cette nouvelle, il s'est levé et tout à la
joie, il s'est revêtu
de force. Il n'est plus couché, mais debout ; son esprit déjà
flétri par ses peines antérieures, rajeunit ; il n'est
plus toujours assis, mais
agit en homme : il en va de même pour vous, une fois entendue la
révélation que le Seigneur vous a faite.
3. Il a eu pitié
de vous, il a rajeuni votre esprit ; vous, vous avez rejeté votre
mollesse et la force vous est revenue et vous vous
êtes affermis dans
la foi. Et voyant votre force, le Seigneur s'est réjoui ; c'est
pourquoi il vous a montré la construction de la tour
et il vous fera encore d'autres
révélations, si du fond du coeur vous faites la paix entre
vous (1 Th 5, 13).
21. (13)
" 1. Lors de la troisième
vision, tu la vis plus jeune, belle, gaie, d'un physique charmant. 2. Si
un affligé reçoit une bonne nouvelle,
tout de suite il oublie
ses misères antérieures ; il n'est plu sensible qu'à
cette nouvelle, et il reprend force désormais pour le bien et,
par la joie éprouvée,
son esprit redevient jeune. Il en va de même pour vous : la vue de
ces biens a rajeuni vos esprits. 3. Quant
au fait que tu l'as vue
assise sur un banc, c'est là une position stable, puisque le banc
a quatre pieds et qu'il tient ferme. Le monde
aussi est soutenu par quatre
éléments. 4. Ceux qui auront fait pénitence seront
complètement rajeunis et raffermis - ceux du moins
qui du fond du coeur auront
fait pénitence. Tu as reçu ainsi la révélation
complète. Ne demande plus dorénavant de révélations
: si
tu en as besoin, tu en recevras
une. "
Vision IV
22. (1)
1. Voici la vision que j'eus,
frères, à vingt jours de la précédente, préfiguration
de l'épreuve qui arrive. 2. Je m'en allais par la voie
Campanienne à ma
propriété de campagne située à peu près
à dix stades de la voie publique. Le chemin est cependant facile.
3.
Marchant seul, je demande
au Seigneur de parfaire les révélations et visions qu'il
m'a envoyées par sa sainte église, pour
m'affermir et accorder pénitence
à ses serviteurs pris au piège : ainsi sera glorifié
son nom sublime (Ps 86, 9, 12 ; cf. 99, 3) et
glorieux, puisqu'il m'a
jugé digne de me montrer ses merveilles. 4. Je le glorifiais et
lui rendais grâces, quand un bruit de voix me
répondit : " Rejette
le doute, Hermas. " Je me mis alors à réfléchir et
me dis : " Quelles raisons aurais-je de douter, moi qui ai été
affermi à ce point
par le Seigneur et qui ai vu ces merveilles ? " 5. Et je m'avançai
un peu, frères, et voilà que je vois un nuage de
poussière qui a l'air
de monter au ciel. Je me dis : " Serait-ce un troupeau qui approche et
soulève la poussière ? " C'était éloigné
de moi d'un stade à
peu près. 6. Mais il grandissait de plus en plus et j'y devinai
quelque chose de divin. Le soleil parvint a percer
quelque peu et voilà
que jc vois une bête énorme comme une baleine et de sa gueule
sortaient des sauterelles de feu. Le monstre
avait bien cent pieds de
long et sa tête avait le calibre d'une grosse jarre 7. Je me mis
à pleurer et à demander au Seigneur de me
délivrer du monstre.
Et je me souvins de la parole entendue : " Rejette le doute, Hermas ! "
8. Alors, frères, je me remplis de la foi
du Seigneur, me rappelai
son enseignement sublime, et dans un accès de courage, je me livrai
au monstre. Il s'avançait avec un
ronflement à anéantir
une ville. 9. Je m'avance tout près de lui et voilà cette
énorme bête qui s'étend à terre et ne projette
plus rien
que sa langue : elle ne
fit plus aucun mouvement jusqu'à ce que je fusse passé. 10.
Le monstre avait sur la tête quatre couleurs :
noir, puis feu et sang,
puis or et puis blanc.
23. (2)
1. J'avais dépassé
la bête et m'étais avancé d'environ trente pas et voilà
que vient à ma rencontre une jeune fille parée comme si
elle sortait de la chambre
nuptiale (Ps 19, 5 ; Ap 21, 2), tout en blanc, avec des souliers blancs,
voilée jusqu'au front et avec un
bonnet comme coiffure. Elle
avait les cheveux blancs. 2. Je sus, d'après mes visions, que c'était
l'église et mon contentement s'en
accrut. Elle me salue ainsi
: " Bonjour, l'homme. " Et moi, je lui rendis son salut : " Bonjour, Madame.
" 3. Elle me répond : " Tu
n'as rien rencontré
? - Madame, lui dis-je, j'ai rencontré un monstre tel qu'il pourrait
anéantir des peuples ! Mais par la puissance
du Seigneur et sa miséricorde,
je lui ai échappé. 4. - Tu as eu le bonheur d'échapper,
dit-elle, parce que tu t'en es remis à Dieu de
tes soucis (Ps 55, 23),
que tu as ouvert ton coeur au Seigneur (Ps 62, 7) et que tu as cru ne pouvoir
être sauvé que par son nom
grand et glorieux. Voilà
pourquoi le Seigneur t'a envoyé celui de ses anges qui a charge
des bêtes sauvages. Son nom est Thegri :
il lui a fermé la
gueule pour éviter qu'il te fasse du mal (Dn 6, 23 ; Hé 11,
33). Tu as échappé à une grande catastrophe par ta
foi :
la vue d'un tel monstre
ne t'a pas ébranlé. 5. Maintenant donc, retire-toi et va
expliquer à ses élus les exploits glorieux du Seigneur
et dis-leur que ce monstre
est la préfiguration de la grande épreuve qui arrive. Si
vous vous y préparez et que, du fond d'un coeur
repentant, vous reveniez
vers le Seigneur, vous pourrez y échapper, mais il faut que votre
coeur soit pur et irréprochable et que le
reste de vos jours, vous
serviez le Seigneur sans mériter de blâme. Vous vous en êtes
remis de vos soucis au Seigneur (Ps 55, 23)
et il les dissipera. 6.
Croyez au Seigneur, vous qui doutez : il peut aussi bien détourner
sa colère de vous que vous envoyer des
châtiments, à
vous qui doutez. Malheur à ceux qui ont entendu ces paroles sans
les comprendre. Il vaudrait mieux pour eux n'être
pas nés " (Mt 26,
24 ; Mc 14, 21).
24. (3)
1. Je lui posai une question
sur les quatre couleurs que la bête avait sur la tête. Elle
me répondit : " De nouveau cette minutie
déplacée pour
de tels sujets ! - Il est vrai, dis-je, Madame ; mais faites-moi savoir
ce que c'est 2. - écoutez, dit-elle. Le noir, c'est
ce monde où vous
habitez ; 3. Le feu et le sang veulent dire que le monde doit périr
par le feu et le sang ; 4. la partie dorée, c'est
vous, qui avez fui ce monde
(2 P 2, 20). En effet, l'or est éprouvé par le feu (1 P 1,
7 ; cf. Qo 2, 5 ; Pr. 17, 3 ; Jb 23, 10) et
devient par là utilisable
; c'est ainsi que vous êtes éprouvés, vous qui habitez
avec les gens d'ici. Vous qui aurez tenu bon et subi
de leur part l'épreuve
du feu, vous serez purifiés. L'or rejette ainsi ses scories ; de
même, vous rejetterez toute affliction et toute
angoisse, vous serez purifiés
et utilisables pour la construction de la tour. 5. La partie blanche, c'est
le monde qui arrive, où
habiteront les élus
du Seigneur : car ils seront sans tache et purs, les élus de Dieu
pour la vie éternelle. 6. Toi donc, ne cesse pas
d'en parler aux saints.
Vous tenez là la préfiguration de la grande épreuve
qui vient. Mais si vous le voulez, elle ne sera rien.
Rappelez-vous ce qui fut
écrit antérieurement. " 7. Sur ce, elle s'en alla et je ne
vis pas par où elle était partie : car il y eut un nuage
et moi, je fis demi-tour,
pris de peur : j'avais l'impression que le monstre revenait.
Révélation
V
25.
1. J'avais prié dans
ma maison et je m'étais assis sur le lit quand je vis entrer un
homme d'apparence glorieuse, en costume de
berger, enveloppe d'une
peau de chèvre blanche, une besace sur les épaules et un
bâton à la main. Il me salua et je lui rendis son
salut. 2. Tout de suite,
il s'assit près de moi et me dit : " J'ai été envoyé
par le plus vénérable des anges, pour habiter avec toi tout
le reste de tes jours. "
3. Il me sembla qu'il était là pour m'éprouver et
je lui dis : " Mais toi, qui es-tu ? Car moi, dis-je, je sais bien
à qui j'ai été
confié. " Il me dit : " Tu ne me reconnais pas ? - Non, dis-je.
- Je suis, dit-il, le Pasteur à qui tu as été confié.
" 4. Il
parlait encore que son aspect
changea et alors je le reconnus : c'était bien celui à qui
j'avais été confié ; et tout de suite, rempli de
confusion, la peur me saisit
et la douleur m'accable : ne lui avais-je pas répondu de façon
méchante, insensée ? 5. Mais il me
répondit : " Ne te
trouble pas ; au contraire, raffermis-toi dans les préceptes que
je vais te donner. Car j'ai été envoyé, dit-il, pour
te montrer encore une fois
tout ce que tu as vu précédemment, les principaux points
qui vous sont utiles. Toi donc, prends note
tout d'abord des Préceptes
et des Similitudes. Le reste, tu l'écriras comme je te l'indiquerai
; si je t'ordonne, dit-il, d'écrire d'abord
les Préceptes et
les Similitudes, c'est pour que, les ayant sous la main, tu puisses les
lire et les observer. " 6. J'ai donc écrit les
Préceptes et les
Similitudes, comme il me l'avait ordonné. 7. Et si vous les écoutez,
si vous les observez, si vous marchez dans
cette voie et les mettez
en pratique avec un coeur pur, vous obtiendrez du Seigneur tout ce qu'il
vous a promis. Mais si, après les
avoir entendus, vous ne
faites pas pénitence, si vous ajoutez encore à vos péchés,
vous recevrez du Seigneur tout le contraire.
Voici tout ce que m'a ordonné
d'écrire le Pasteur, l'ange de la pénitence.
Précepte I
26.
1. " Premier point entre
tous : crois qu'il n'y a qu'un seul Dieu, celui qui a tout créé
et organisé (Ep 3,9), qui a tout fait passer du
néant à l'être
(2 M 7,28 ; cf. Sg 1,14), qui contient tout et qui n'est pas contenu. 2.
Crois donc en lui et crains-le, et, et par cette
crainte, sois continent.
Observe ces préceptes et tu rejetteras de toi toute dépravation,
tu revêtiras toute vertu de justice et tu
vivras pour Dieu - si du
moins tu observes ce commandement. "
Précepte II
27.
1. Il me dit : " Maintiens-toi
dans la simplicité, l'innocence, et tu seras comme les petits enfants
qui ignorent le mal destructeur de la
vie des hommes. 2. Et d'abord,
ne dis du mal de personne et ne prends pas de plaisir à écouter
le médisant (cf. Jc 4,11) ; sinon,
tu auras part, toi qui l'écoutes,
au péché du médisant, si du moins tu ajoutes foi à
la médisance entendue. Car en y ajoutant foi, tu
seras, toi aussi, hostile
à ton frère, et c'est ainsi que tu auras part au péché
de médisance. 3. La médisance est mauvaise, c'est un
démon agité,
jamais en paix, il ne se plaît que dans les discordes. Tiens-toi
donc bien loin de lui et tes rapports avec tout le monde
seront toujours parfaits.
4. Revêts-toi de gravité : avec elle, point d'achoppement,
mais rien que des chemins unis et de
l'allégresse. Fais
le bien et du produit du labeur que Dieu t'accorde, donne à tous
les indigents avec simplicité, sans t'inquiéter (de
savoir) à qui tu
donneras et à qui tu ne donneras pas : donne à tous ; car
Dieu veut qu'on fasse profiter tout le monde de ses
propres largesses. 5. Ceux
qui reçoivent rendront compte à Dieu du motif et de la destination
de ce qu'ils auront reçu : ceux qui
recevront dans le besoin
ne seront pas jugés, mais ceux qui trompent pour recevoir seront
punis. 6. Celui qui donne, lui, est
irréprochable, car,
comme il a reçu du Seigneur ce ministère à remplir,
il l'a rempli avec simplicité : sans examiner à qui donner
et
à qui ne pas donner.
Et le ministère qui s'est ainsi achevé dans cette simplicité
est glorieux devant Dieu. Celui donc qui s'acquitte
ainsi de son service vivra
pour Dieu. 7. Observe donc ce précepte comme je te l'ai dit, pour
que ta pénitence et celle de ta maison
soient trouvées simples,
pures, innocentes et incorruptibles. "
Précepte III
28.
1. Il me dit de nouveau :
" Aime la vérité, qu'elle seule puisse sortir de ta bouche
; de la sorte, l'esprit que Dieu a logé dans ta chair
sera trouvé authentique
aux yeux de tous les hommes et ainsi sera glorifié le Seigneur,
qui habite en toi, car le Seigneur est vrai en
toutes ses paroles et il
n'y a en lui aucun mensonge. 2. Les menteurs renient donc le Seigneur et
le dépouillent, puisqu'ils ne lui
rendent pas le dépôt
qu'il leur a confié. Car ils ont reçu de lui un esprit qui
ne ment pas ; s'ils le lui rendent mensonger, ils violent le
commandement du Seigneur
et se font spoliateurs. " 3. En entendant cela, je fondis en larmes. Il
me voit pleurer et me dit :
" Pourquoi pleures-tu ?
--Parce que, Seigneur, dis-je, je ne sais pas si je puis être sauvé.
--Pourquoi ? dit-il --C'est que dans ma
vie, Seigneur, je n'ai pas
encore dit une parole vraie, mais depuis toujours, j'ai vécu de
fourberie envers tous et j'ai fait passer mes
mensonges pour la vérité
aux yeux de tout le monde. Personne ne m'a jamais contredit : on a eu confiance
en mes paroles.
Comment donc puis-je vivre,
Seigneur, après ces vilenies ? 4.--Tu penses bien et juste, dit-il.
Car tu aurais dû, comme serviteur
de Dieu, marcher dans la
vérité, ne pas faire cohabiter en toi une mauvaise conscience
avec l'esprit de vérité, ne pas affliger un
esprit auguste et véridique.
--Jamais, Seigneur, dis-je, je n'ai entendu parler de règles si
précises. 5. Maintenant donc, dit-il, tu les
entends. Observe-les : ainsi,
même les mensonges que tu faisais antérieurement dans tes
affaires obtiendront créance, puisqu'on
trouvera vrai ton langage
d'aujourd'hui ; car ils peuvent aussi obtenir créance. Si m observes
ces préceptes et qu'à partir de
maintenant tu ne dises plus
que la vérité, tu pourras acquérir la vie et quiconque
observera ce commandement et s'abstiendra du
mensonge, ce grand vice,
celui-ci vivra pour Dieu.
Précepte IV
29. (1)
" 1. Je t'ordonne, dit-il
de garder la chasteté et que ne monte pas à ton coeur le
désir d'une autre femme (que la tienne), ni d'une
quelconque fornication,
ni d'aucun autre vice semblable. Car ce faisant, tu commettrais un grand
péché. Souviens-toi toujours de
ta femme et tu ne pécheras
jamais 2. Si ces désirs montent à ton coeur, tu pécheras
et si ce sont d'autres pensées aussi mauvaises,
tu commets un péché.
Car ce désir, pour un serviteur de Dieu, est un grand péché.
Mais si on accomplit cet acte vicieux, c'est la
mort qu'on se prépare.
3. Veilles-y donc, abstiens-toi de ce désir, car là où
habite la sainteté, au coeur d'un homme juste, l'iniquité
ne devrait pas monter. "
4. Je lui dis : " Seigneur, permettez-moi de vous poser quelques questions.--Parle,
dit-il.--Seigneur,
dis-je, si quelqu'un a une
femme qui croit au Seigneur, et qu'il découvre qu'elle est adultère,
est-ce qu'il commet un péché à vivre
avec elle ? 5.--Tout le
temps qu'il l'ignore, dit-il, il ne commet pas de péché ;
mais s'il apprend le péché de sa femme et qu'elle, au
lieu de se repentir, persiste
dans l'adultère, à vivre avec elle le mari partage sa faute
et participe à l'adultère. 6.--Que fera donc le
mari, Seigneur, dis-je,
si la femme persiste dans cette passion ? --Qu'il la renvoie, dit-il, et
qu'il reste seul. Mais si, après avoir
renvoyé sa femme,
il en épouse une autre, lui aussi alors, il commet l'adultère
(Mc 10, 11 ; Mt 5, 32 ; 19, 9 ; cf. 1 Co 7, 11).
7.--Et si, Seigneur, dis-je,
après avoir été renvoyée, la femme se repent
et veut revenir à son mari, ne faudra-t-il pas l'accueillir ?
8.--Certes, dit-il. Si le
mari ne l'accueille pas, il pèche, il se charge d'un lourd péché,
car il faut accueillir celui qui a péché et qui se
repent, mais non beaucoup
de fois. Pour les serviteurs de Dieu, il n'y a qu'une pénitence.
C'est en vue du repentir que l'homme ne
doit pas se remarier. Cette
attitude vaut d'ailleurs aussi bien pour la femme que pour l'homme. 9.
L'adultère, dit-il, ne consiste pas
uniquement à souiller
sa chair : celui-là aussi commet l'adultère, qui vit comme
les gentils. Donc, si quelqu'un persiste dans cette
conduite sans se repentir,
écarte-toi de lui, ne vis plus avec lui ; sinon tu as part à
sa faute. 10. Si on vous a enjoint de ne pas vous
remarier, homme ou femme,
c'est parce que, dans de tels cas, la pénitence est possible. 11.
Donc, dit-il, mon intention n'est pas
de faciliter l'accomplissement
de tels péchés, mais t'empêcher que le pécheur
retombe. Pour ce qui est du péché antérieur, il y
a
quelqu'un qui peut apporter
remède : c'est celui qui a le pouvoir de tout faire. "
30. (2)
1. Je continuai à
le questionner : " Puisque le Seigneur m'a jugé digne de vous avoir
toujours dans ma maison, supportez encore
quelques paroles de moi,
car je ne comprends rien et mon coeur s'est endurci (Mc 6, 52) par mes
méfaits passés. Instruisez-moi,
car je suis tout à
fait dépourvu d'intelligence et je ne comprends absolument rien.
" 2. Il me dit en réponse : " Je suis, moi, dit-il,
préposé à
la pénitence et à tous ceux qui se repentent, je donne l'intelligence.
Ne te semble-t-il pas, dit-il, que le fait de se repentir
est lui-même de l'intelligence
? Le repentir, dit-il, est un acte de grande intelligence ; car le pécheur
comprend qu'il a fait le mal
devant le Seigneur (Jg 2,
11 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 10, 6 ; 13, 1 ; etc.) et l'acte qu'il a commis lui
remonte au coeur et il se repent et il ne
commet plus le vice ; au
contraire, il met tout son zèle à faire le bien, humilie
son âme et l'éprouve, puisqu'elle a péché. Tu
vois
donc que le repentir est
un acte de grande intelligence. 3. --Voici pourquoi, Seigneur, dis-je,
je vous demande tout cela avec
autant de minutie. C'est
d'abord que je suis un pécheur, que je veux savoir ce que je dois
faire pour pouvoir vivre, car mes péchés
sont nombreux et divers.
4.--Tu vivras, dit-il, si tu observes mes commandements et si tu marches
dans leur voie, et quiconque
sera attentif à ces
commandements et les observera, vivra pour Dieu. "
31. (3)
1. " Seigneur, dis-je, j'ajouterai
encore une question. - Parle, dit-il. - J'ai entendu certains docteurs
dire qu'il n'y a pas d'autre
pénitence que celle
du jour où nous descendîmes dans l'eau et où nous reçûmes
le pardon de nos péchés antérieurs. " 2. Il me dit
:
" Ce que tu as entendu est
exact. Il en est ainsi. Celui qui a reçu le pardon de ses péchés
ne devrait, en effet, plus pécher, mais
demeurer en sainteté.
3. Mais puisqu'il te faut toutes les précisions, je t'indiquerai
ceci aussi, sans donner prétexte de pécher à
ceux qui croiront ou à
ceux qui se mettent maintenant à croire au Seigneur, car les uns
comme les autres n'ont pas à faire
pénitence de leurs
péchés : ils ont l'absolution de leurs péchés
antérieurs. 4. C'est donc uniquement pour ceux qui ont été
appelés
avant ces tout derniers
jours que le Seigneur a institué une pénitence. Car le Seigneur
connaît les coeurs, et sachant tout d'avance,
il a connu la faiblesse
des hommes et les multiples intrigues du diable, qui fera du tort aux serviteurs
de Dieu et exercera contre
eux sa malice. 5. Dans sa
grande miséricorde, le Seigneur s'est ému pour sa créature
et a institué cette pénitence et il m'a accordé
de la diriger. 6. Mais je
te le dis, reprit-il : si, après cet appel important et solennel,
quelqu'un, séduit par le diable, commet un
péché, il
dispose d'une seule pénitence ; mais s'il pèche coup sur
coup, même s'il se repent, la pénitence est inutile à
un tel homme
: il aura bien de la peine
à jouir de la vie. " 7. Je lui dis : " Seigneur, je reviens à
la vie après ces renseignements détaillés. Car je
sais que si je n'ajoute
plus à mes péchés, je serai sauvé. - Tu seras
sauvé, dit-il, et tous ceux qui feront ainsi. "
32. (4)
1. Je le questionnai de nouveau
: " Seigneur, puisque pour une fois vous tolérez mes (questions),
indiquez-moi encore ceci. -
Parle, dit-il. - Si une
femme, Seigneur, dis-je, ou un homme meurt et que le conjoint se remarie,
ce dernier commet-il une faute en
se remariant ? 2. - Non,
dit-il, mais s'il reste seul, il s'acquiert auprès du Seigneur un
honneur, une gloire supplémentaire (cf. 1 Co
7, 38-40). Mais s'il se
remarie, il ne pèche point. 3. Observe donc scrupuleusement la chasteté
et la sainteté, et tu vivras pour
Dieu. Tout ce que je te
dis et te dirai, observe-le à partir de ce jour où tu m'es
confié et j'habiterai dans ta maison. 4. De tes
fautes passées, tu
auras rémission, si tu observes mes commandements. Et tous auront
rémission, s'ils observent mes
commandements et s'ils marchent
dans cette chasteté.
Précepte V
33. (1)
" 1. Sois patient, dit-il,
et prudent, et tu triompheras de toutes les turpitudes et tu réaliseras
toute justice. 2. Si tu es patient,
l'Esprit-Saint qui habite
en toi sera pur de n'être pas obscurci par un autre esprit mauvais.
Trouvant un large espace libre, il sera
content, il se réjouira
avec le vase 73 qu'il habite et servira Dieu avec grande allégresse,
puisqu'il aura en lui la plénitude. 3. Mais
si arrive un accès
de colère, tout de suite l'Esprit-Saint, qui est délicat,
se trouve à l'étroit, sans espace pur, et il cherche à
quitter
ce lieu : il est étouffé
par l'esprit mauvais, il n'a plus l'espace où servir Dieu comme
il veut, souillé qu'il est par la colère. Car le
Seigneur habite dans la
patience et le diable dans la colère. 4. Que ces deux esprits habitent
ensemble est donc un grand malheur
pour l'homme en qui ils
habitent 5. Si tu prends une toute petite goutte d'absinthe et que tu la
verses dans un pot de miel, n'est-il
pas vrai que tout le miel
est perdu, que tant de miel est gâté par si peu d'absinthe,
qu'elle corrompt la douceur du miel qui n'a plus
le même charme pour
le maître, puisqu'il est devenu amer et a perdu son utilité
? Mais si on ne jette pas d'absinthe dans le miel, on
le trouve doux et le maître
peut l'utiliser. 6. Tu le vois donc : la patience surpasse le miel en douceur,
elle est utile au Seigneur et il
habite en elle ; en revanche,
la colère est amère et inutilisable. Si donc on mêle
la colère et la patience, la patience en est souillée
et Dieu n'a que faire de
sa prière. 7. - je voudrais, Seigneur, dis-je, connaître les
effets de la colère, pour m'en bien garder. -
Certes, dit-il, si tu ne
t'en lardes pas, toi et ta maison, tu anéantis tous tes espoirs.
Garde-toi d'elle, car je suis avec toi. Et ils se
garderont d'elle, tous ceux
qui feront pénitence du fond de leur coeur ; car je serai avec eux
et je les protégerai, puisqu'ils ont été
justifiés par l'ange
le plus vénérable.
34. (2)
" 1. écoute, dit-il,
quels sont les effets de la colère, comment elle est mauvaise, comment
par sa puissance elle pervertit mes
serviteurs, comment elle
les détourne de la justice. Elle ne détourne pas, il est
vrai, ceux qui sont entiers dans leur foi, elle ne peut
rien sur eux, car ma puissance
est avec eux ; elle n'égare que les gens vides de leur foi et hésitants.
2. Quand elle voit de telles
gens tranquilles, elle s'insinue
en leur coeur. alors, pour un rien, l'homme ou la femme se laissent gagner
par l'aigreur, à propos de
détails de la vie
quotidienne, de nourriture, d'une chicane, d'un ami, d'un cadeau donné
ou reçu ou de toute autre niaiserie pareille :
tout cela est fou, vain,
insensé, funeste aux serviteurs de Dieu. 3. La patience, elle, a
de la grandeur de la force, une énergie
vigoureuse et solide qui
s'épand largement ; elle est gaie, réjouie, sans souci ;
elle glorifie le Seigneur à toute occasion (Tb 4, 19 ;
Ps 34, 2). Rien en elle
n'est amer : en tout, elle reste douce et calme. La patience habite avec
ceux qui ont la foi entière. 4. La
colère est tout d'abord
sotte, légère, stupide ; ensuite, de la stupidité,
naît l'aigreur, de l'aigreur, l'irritation, de l'irritation, la fureur,
de la fureur, le ressentiment.
Et ce ressentiment, né de tant de maux, devient un péché
énorme et incurable. 5. Lorsque tous ces
esprits viennent habiter
un même vase où habite déjà l'Esprit-Saint,
le vase ne peut plus tout contenir, et déborde. 6. Donc l'esprit
délicat, qui n'a
pas l'habitude de demeurer avec un mauvais esprit ni avec la dureté,
s'éloigne d'un tel homme et cherche à habiter
avec la douceur et le calme.
7. Mais quand il s'éloigne de l'homme, en qui il habitait, cet homme
se vide de l'esprit juste et
désormais plein des
esprits mauvais, il s'agite dans tous ses actes, tiraillé en tous
sens par les esprits mauvais et il devient
complètement aveugle,
loin de la droite réflexion. Voilà ce qui arrive à
tous les colériques. 8. Abstiens-toi donc de la colère, cet
esprit si mauvais! Revêts-toi
de patience, résiste à la colère, à l'aigreur
et tu seras trouvé en compagnie de la sainteté qu'aime le
Seigneur. Veille à
ne pas négliger ce commandement, car si tu parviens à l'observer,
tu pourras garder aussi les autres
commandements que je vais
t'imposer. Aie de la force, de l'énergie à leur propos, et
qu'ils en aient aussi, tous ceux qui veulent
marcher dans cette voie.
Précepte VI
35. (1)
" 1. je t'ai ordonné,
dit-il, dans le premier Précepte, de garder la foi, la crainte et
la continence. - Oui, Seigneur, dis-je. -
Maintenant, dit-il, je veux
te montrer leurs vertus, pour que tu comprennes quels sont leur force et
leurs effets respectifs. Leurs
effets sont de deux sortes
: ils ont rapport au juste et à l'injuste. 2. Toi, aie confiance
au juste, mais non à l'injuste ; car la justice
suit une voie droite, l'injustice,
une voie tortueuses. Suis donc la voie droite et unie, laisse la voie tortueuse.
3. La voie tortueuse
n'est pas frayée,
mais impraticable, pleine d'obstacles, rocailleuse, épineuse. Elle
est funeste à ceux qui la prennent ; 4. mais ceux
qui prennent la voie droite
marchent sur un terrain uni et sans obstacles, car elle n'est ni rocailleuse,
ni épineuse. Tu vois donc qu'il
est plus avantageux de la
prendre. 5. - Il me plaît, Seigneur, dis-je, de la prendre. - Tu
la prendras, dit-il, et quiconque du fond du
coeur se tournera vers le
Seigneur (Jr 24, 5 ; Jl 2, 12 ; cf. Ps 22, 9 ; 51, 15) la prendra.
36. (2)
" 1. écoute maintenant,
dit-il, ce qui concerne la foi. Il y a deux anges avec l'homme : l'un,
de justice, l'autre, du mal. 2. -
Comment donc, Seigneur,
dis-je, distinguerai-je leur action, si les deux anges habitent avec moi
? 3. - écoute, dit-il, et
comprends. L'ange de justice
est délicat, modeste, doux, calme. Quand c'est lui qui monte à
ton coeur, d'emblée, il te parle de
justice, de chasteté,
de sainteté, de tempérance, de tout acte juste, de toute
vertu noble. Quand tout cela te monte au coeur,
sache que l'ange de justice
est avec toi, car ce sont là les oeuvres de l'ange de justice ;
aie confiance en lui et en ses oeuvres. 4.
Vois maintenant les oeuvres
de l'ange du mal. Et tout d'abord, il est colérique, amer, insensé
; et ses oeuvres mauvaises
corrompent les serviteurs
de Dieu. Quand donc il monte à ton coeur, connais-le d'après
ses oeuvres, 5. - Comment je le
distinguerai, Seigneur,
dis-je, je l'ignore. - écoute, dit-il. Quand la colère s'empare
de toi, ou l'aigreur, sache qu'il est en toi ; de
même les désirs
d'activité dispersée, les folles dépenses en festins
nombreux, en boissons enivrantes, en orgies incessantes, en
raffinements variés
et superflus, la passion des femmes, de la grande richesse, l'orgueil exagéré,
la jactance et tout ce qui y
ressemble : si cela te monte
au coeur, sache que l'ange du mal est en toi. 6. Puisque donc tu connais
ses oeuvres, éloigne-toi de
lui, ne crois pas en lui,
car ses oeuvres sont mauvaises et funestes aux serviteurs de Dieu. Voilà
quelle est l'action des deux anges.
Comprends-la et mets ta
confiance dans l'ange de justice. 7. éloigne-toi de l'ange du mal
puisque son enseignement est mauvais
en tout. Car si quelqu'un
est très fidèle et que le désir de cet ange monte
à son coeur, il est inévitable que celui-là, homme
ou
femme, commette le péché.
8. Qu'un homme ou une femme, au contraire, soit tout à fait dépravé
et que les oeuvres de l'ange de
justice montent à
son coeur, il est inévitable qu'il fasse le bien. 9. Tu vois donc
qu'il est bon de suivre l'ange de justice et de
renoncer à l'ange
du mal. 10. Ce commandement indique ce qui concerne la foi, pour que tu
aies foi dans les oeuvres de l'ange de
justice et en les accomplissant,
tu vivras pour Dieu. Crois aussi que les oeuvres de l'ange du mal sont
funestes ; en les évitant, tu
vivras pour Dieu.
Précepte VII
37.
" 1. Crains, dit-il, le Seigneur,
et garde ses commandements (Qo 12, 13). En gardant les commandements de
Dieu, tu seras fort
en toute action et ta façon
d'agir sera incomparable. Car en craignant le Seigneur, tu feras tout bien.
C'est cette crainte-là qu'il te
faut avoir, et tu seras
sauvé. 2. Le diable, ne le crains pas. En craignant le Seigneur,
tu triompheras du diable, car il n'a pas de
pouvoir. Et qui n'a pas
de pouvoir n'inspire pas de crainte. Mais celui dont le pouvoir est renommé,
(celui-là) se fait craindre. Car
quiconque a du pouvoir inspire
de la crainte ; celui qui n'en a pas est méprisé de tous.
3. Crains les oeuvres du diable, parce
qu'elles sont mauvaises.
Et en craignant le Seigneur, tu craindras les oeuvres du diable et loin
de les accomplir, tu les éviteras. 4. Il
y a deux sortes de crainte
: si tu veux faire le mal, crains le Seigneur, et tu ne le feras pas. Mais
si tu veux faire le bien, crains
(encore) le Seigneur, et
tu le feras". Tant la crainte du Seigneur est puissante, grande, glorieuse.
Crains donc le Seigneur et tu
vivras pour lui. Et tous
ceux qui le craindront et observeront ses commandements, vivront pour Dieu.
5. - Pour. quoi, Seigneur,
dis-je, avez-vous dit (seulement)
de ceux qui observent ses commandements : " Ils vivront pour Dieu " ? -
Parce que, dit-il, toute
la création craint
le Seigneur, mais elle ne garde pas toute ses commandements Ce sont donc
ceux qui le craignent et qui gardent
ces commandements qui vivent
auprès de Dieu. Mais ceux qui ne les gardent pas n'ont pas la vie
en eux.
Précepte VIII
38.
1. Je t'ai dit, reprit-il,
que les créatures de Dieu sont de deux sortes ; la tempérance
aussi est de deux sortes. Car il est des choses
dont il faut s'abstenir
et des chose dont il ne le faut pas. 2. - Faites-moi connaître, Seigneur,
dis-je, ce dont je dois et ce dont je ne
dois pas m'abstenir. - écoute,
dit-il. Abstiens-toi du mal et ne le fais pas ; mais ne t'abstiens pas
du bien : fais-le, au contraire. Car
si tu t'abstiens de faire
le bien, tu commets un grand péché ; en revanche, si tu t'abstiens
de faire le mal, tu commets un grand acte
de justice. Abstiens-toi
donc de tout mal, et fais le bien. 3. - Quels sont, Seigneur, dis-je, les
vices dont il faut nous abstenir ? -
écoute, dit-il :
l'adultère, la fornication, les excès de boisson, la mollesse
coupable, les festins multipliés, le luxe que permet la
richesse, l'ostentation,
l'orgueil, la jactance, le mensonge, la médisance, l'hypocrisie,
la rancune et tout méchant propos. 4. Voilà
de loin les plus mauvaises
actions dans la vie des hommes De ces actions, le serviteur de Dieu doit
s'abstenir ; car celui qui ne s'en
abstient pas ne peut vivre
pour Dieu. écoute donc les vices qui s'ensuivent. 5. - Il y a encore,
Seigneur, dis-je, d'autres mauvaises
actions ? - Et beaucoup,
dit-il, dont le serviteur de Dieu doit s'abstenir : le vol, le mensonge,
la spoliation, le faux témoignage, la
cupidité, la passion
mauvaise, la tromperie, la vaine gloire, la vantardise et tous les vices
semblables. 6. Ne te semble-t-il pas que
tout cela est mal ? - C'est
très mal, dis-je, pour les serviteurs de Dieu. - De tout cela, il
faut que le serviteur de Dieu s'abstienne.
Abstiens-toi donc de tout
cela, afin de vivre pour Dieu et d'être inscrit avec ceux qui s'en
abstiennent. Voilà ce dont tu dois
t'abstenir. 7. Ce dont il
ne faut pas s'abstenir, ce qu'il faut faire, le voici. Ne t'abstiens pas
du bien, fais-le au contraire. 8. -
Montrez-moi, Seigneur, dis-je,
la puissance des bonnes actions, pour que je suive leur voie, que je les
serve afin de pouvoir être
sauvé en les accomplissant.
- écoute, dit-il, les oeuvres du bien qu'il te faut accomplir et
non éviter. 9. En tout premier lieu, la foi,
la crainte du Seigneur,
la charité, la concorde, la parole de justice, la vérité,
la résignation : il n'y a rien de meilleur dans la vie
humaine. Si quelqu'un les
observe, loin de s'en abstenir, il est bienheureux dans sa vie. 10. Et
voici les suites de ces vertus :
assister les veuves, visiter
les orphelins et les indigents, racheter de l'esclavage les serviteurs
de Dieu, être hospitalier (car dans
l'hospitalité se
rencontre parfois l'occasion de faire le bien), ne s'opposer à personne,
être calme, se faire l'inférieur de tout le
monde, honorer les vieillards,
pratiquer la justice, garder la fraternité, supporter la violence,
être patient, n'avoir pas de rancune,
consoler les âmes
affligées, ne pas rejeter ceux qui sont inquiets dans la foi, mais
les convertir, leur rendre du coeur, reprendre les
pécheurs, ne pas
accabler les débiteurs et les indigents, et autres actions semblables.
11. Ne te semble-t-i-1 pas que ce soient là
de bonnes actions ? reprit-il.
- Qu'y a-t-il de mieux, Seigneur ? dis-je. - Marche donc dans cette voie,
dit-il, ne t'en abstiens pu et
tu vivras pour Dieu. 12.
Observe ce commandement ; si tu fais le bien au lieu de t'en abstenir,
tu vivras pour Dieu et tous vivront
pour Dieu, qui agiront ainsi.
Et je le répète : si tu ne fais pas le mal, si tu t'en abstiens,
tu vivras pour Dieu et vivront pour Dieu tous
ceux qui garderont ces préceptes
et marcheront dans leur voie. "
Précepte IX
39.
1. Il me dit : " Enlève
de toi le doute et n'hésite pas le moins du monde à demander
quelque chose à Dieu, ans te dire : " Comment
pourrais-je demander quelque
chose à Dieu et l'obtenir, après avoir commis de si grands
péchés à son égard ? " 2. Ne raisonne
pas ainsi, mais plutôt,
du fond du coeur, tourne-toi vers le Seigneur (Jr 24, 7 ; Jl 2, 12) et
prie-le avec confiance et tu connaîtras
sa grande miséricorde
: il n'aura garde de t'abandonner ; au contraire, il comblera la prière
de ton âme. 3. Car Dieu n'est pas
comme les hommes rancuniers
: il ne connaît pas la rancune et il a compassion de sa créature.
4. Toi donc, purifie ton coeur de
toutes les vanités
de ce monde et de ce que je t'ai dit auparavant ; prie le Seigneur et tu
obtiendras tout ; aucune de tes prières ne
sera repoussée, si
toutefois tu pries le Seigneur avec confiance. 5. En revanche, si tu doutes
en ton coeur, tu n'obtiendras rien de
tes prières ; car
ceux qui doutent de Dieu sont des irrésolus et ils n'obtiennent
rien de ce qu'ils demandent. 6. Au contraire, ceux
dont la foi est entière,
demandent tout avec pleine confiance dans le Seigneur (Ps 2, 13 ; etc.)
et ils sont exaucés, parce qu'ils
prient avec foi, sans incertitude.
Tout homme incertain, s'il ne fait pénitence, sera bien difficilement
sauvé. 7. Purifie donc ton coeur
de tout doute, te. vêts-toi
de foi, car elle est forte ; aie confiance que Dieu exaucera toutes tes
prières. Et si un jour tu as demandé
quelque chose au Seigneur
et qu'il tarde à te l'accorder, ne sois pas ébranlé
de ce que la prière de ton âme n'a pas été exaucée
tout de suite : de toute
façon, c'est en vue d'une épreuve ou à cause d'une
faute que tu ignores, que tu tardes à être exaucé.
8. Ne
cesse donc pas de demander
ce que ton âme souhaite et tu l'obtiendras. Mais si en priant, tu
tombes dans le découragement et le
doute, n'accuse que toi
et non celui qui te donne. 9. Vois ce doute : il est mauvais, insensé,
et il déracine de la foi bien des gens,
même des gens très
fidèles et fermes, Car le doute est le fils du diable et il fait
beaucoup de mal aux serviteurs de Dieu. 10.
Méprise donc le doute,
triomphes-en en tout ; revêts-toi dans ce but d'une foi ferme et
puissante. C'est la foi qui promet tout, qui
accomplit tout ; le doute,
(lui n'a même pas confiance en lui-même, échoue dans
tout ce qu'il entreprend. 11. Tu vois, dit-il, que la
foi vient d'en haut, du
Seigneur, et qu'elle a grande puissance ; le doute, lui, n'est qu'un esprit
terrestre qui vient du diable ; il n'a
aucune puissance. 12. Sers
donc la foi qui a la puissance, et éloigne-toi du doute, qui n'en
a pas, et tu vivras pour Dieu, et tous
ceux qui pensent ainsi,
vivront pour Dieu.
Précepte X
40. (1)
" 1. éloigne de toi,
dit-il, la tristesse, car elle est soeur du doute et de la colère.
2. - Comment, Seigneur, dis-je, est-elle leur soeur
? Il me semble que la colère
est une chose, le doute, une autre chose, et la tristesse, une autre encore.
- Tu n'es pas un homme
intelligent, dit-il ; ne
comprends-tu pas que la tristesse est le plus méchant de tous les
esprits et le plus redoutable pour les
serviteurs de Dieu et que
plus que tous les esprits, elle ruine l'homme, chasse l'Esprit-Saint et
puis le sauve (cf. 2 Co. 7, 10) ? 3. -
Il est vrai, Seigneur, dis-je,
je ne suis pas intelligent et je ne comprends pas ces paraboles. je ne
vois pas comment elle peut
chasser, puis sauver. 4.
- écoute, dit-il Ceux qui n'ont jamais fait de recherche au sujet
de la vérité, de la divinité, qui se sont
bornés à croire,
enfoncés dans les affaires, la richesse, les amitiés païennes
et dans de nombreuses autres occupations de ce
monde, tous ceux qui ne
vivent que pour cela ne peuvent comprendre les paraboles concernant la
divinité. Ces divertissements les
obscurcissent, les perdent,
et ils se dessèchent. 5. Les bons vignobles, s'ils viennent à
manquer de soins, sont desséchés par les
chardons et les herbes de
toute espèce : de même, les hommes qui ont embrassé
la foi et qui se perdent dans ces multiples
activités dont j'ai
parlé, s'égarent loin de leur bon sens et ne comprennent
plus rien à la justice : même lorsqu'on leur parle de la
divinité et de la
vérité, leur esprit est tout à leurs affaires et ils
ne comprennent rien. 6. Mais ceux qui craignent Dieu, qui
s'inquiètent de la
divinité et de la vérité, qui tiennent leur coeur
(tourné) vers le Seigneur, ceux-là saisissant et comprennent
plus
vite tout ce qu'on leur
dit, car ils ont en eux la crainte du Seigneur (cf. Ps 111, 10 ; Pr 1,
7, etc.) ; là où habite le Seigneur, se
trouve aussi la complète
intelligence. Attache-toi donc fermement au Seigneur et tu saisiras et
comprendras tout.
41. (2)
1. écoute donc, dit-il,
esprit borné, comment la tristesse chasse l'Esprit-Saint et puis
sauve (2 Co 7, 10). 2. Quand un hésitant
entreprend une action et
qu'il échoue à cause de son hésitation, la tristesse
s'insinue en lui et attriste l'Esprit-Saint et le chasse. 3.
Ensuite, lorsqu'à
son tour la colère s'empare d'un homme à propos de quoi que
ce soit et l'aigrit, de nouveau la tristesse s'insinue
dans le coeur de l'homme
qui s'est laissé aller à la colère ; il s'attriste
sur ce qu'il a fait et il se repent d'avoir fait le mal. 4. Donc,
cette tristesse semble apporter
le salut, puisque celui qui a fait le mai s'est repenti. Ces deux attitudes
attristent l'esprit : le doute,
parce qu'il échoue
dans ce qu'il entreprend, la colère, parce qu'elle fait le mal.
Tous les deux, le doute et la colère, sont affligeants
pour l'Esprit-Saint. 5.
éloigne donc de toi la tristesse et n'étouffe par l'Esprit-Saint
(Ep 4, 30) qui habite en toi, de peur qu'il ne
prie Dieu contre toi et
ne s'éloigne de toi. 6. Car l'Esprit de Dieu qui a été
donné à ta chair ne supporte ni la tristesse ni le manque
d'espace.
42. (3)
1. " Revêts-toi donc
de la gaieté (Qo. 26, 4) qui plaît toujours à Dieu
et qu'il accueille favorablement : fais-en tes délices. Tout
homme gai fait le bien,
pense le bien et méprise la tristesse. 2. L'homme triste fait toujours
le mal. D'abord, il fait le mal parce qu'il
attriste l'Esprit-Saint
donné joyeux à l'homme ; ensuite, en attristant l'Esprit-Saint,
il commet l'iniquité en ne priant pas le Seigneur
et en ne lui avouant pas
ses péchés. Car jamais la prière de l'homme triste
n'a la force de monter à l'autel de Dieu. 3. - Pourquoi,
dis-je, la prière
d'un homme triste ne monte-t-elle pas à l'autel ? - Parce que, dit-il,
la tristesse siège dans son coeur. Mêlée à la
prière, la tristesse
ne lui permet pas de monter pure à l'autel. Le vinaigre et le vin,
mêlés, n'ont plus le même agrément : de même
la tristesse, mêlée
à l'Esprit-Saint, n'est pas capable de la même prière-
4. Purifie-toi donc de cette tristesse mauvaise et tu vivra
pour Dieu, et ils vivront
pour Dieu, ceux qui rejetteront loin d'eux la tristesse et se revêtiront
de la seule joie. "
Précepte XI
43
1. Il me montra des hommes
assis sur un banc et un autre homme assis dans une chaire. Et il me dit
: " Tu vois les gens assis sur le
banc? - je vois, dis-je,
Seigneur. - Ceux-là, dit-il, sont fidèles, et celui qui est
assis dans la chaire est un faux prophète : il
corrompt le jugement des
serviteurs de Dieu, mais de ceux qui doutent, non des fidèles. 2.
Ceux qui doutent viennent à lui comme
à un devin et le
questionnent sur leur avenir 81. Et ce faux prophète, sans avoir
en lui aucune puissance d'esprit divin, leur répond
selon leurs questions et
leurs désirs du vice, et il remplit leurs âmes de ce qu'ils
souhaitent. 3. Car étant vain lui-même, il donne des
réponses vaines à
des hommes vains. Quelle que soit la question, il répond selon la
vanité de son interlocuteur. Il y ajoute
cependant quelque vérité,
car le diable le remplit de son esprit, dans l'espoir de briser quelque
juste. 4. Or, ceux qui sont forts
dans la foi du Seigneur,
revêtus de vérité, ne s'attachent pas à de tels
esprits, mais se gardent d'eux ; ceux, en revanche, qui sont
hésitants et qui
constamment changent d'avis, consultent les devins comme les gentils et
se chargent du péché plus grand encore
de l'idolâtrie : en
effet, celui qui questionne un faux prophète sur quelque affaire,
est idolâtre, vide de vérité et insensé. 5.
Car tour
esprit donné par
Dieu n'a pas besoin d'être questionné, mais possédant
la puissance de la divinité, il dit tout spontanément,
puisqu'il vient d'en haut
(Jc 3, 15), de la puissance de l'Esprit divin. 6. Mais un esprit qu'on
doit questionner et qui parle selon les
désirs des hommes,
est terrestre et léger, puisqu'il n'a pas de puissance ; et il ne
dit mot, s'il n'est questionné. 7. - Mais comment,
Seigneur, dis-je, saura-t-on
qui parmi eux est le vrai et qui est le faux prophète ? - Voici,
dit-il, au sujet des deux sortes de
prophètes, et c'est
d'après ce que je vais te dire que tu éprouveras le vrai
et le faux prophète. éprouve l'homme qui détient l'Esprit
divin d'après sa
vie ! 8. D'abord, celui qui détient l'Esprit divin venant d'en haut,
est doux, calme, modeste ; il s'abstient de tout
mal, de tout vain désir
de ce monde ; il se fait l'inférieur de tous et ne répond
à aucune question de qui que ce soit ; il ne se parle
pas en particulier et ce
n'est pas lorsque l'homme a envie de parler que parle l'Esprit-Saint :
il parle lorsque Dieu veut qu'il parle.
9. Quand donc l'homme qui
détient l'Esprit divin entre dans une assemblée d'hommes
justes qui ont foi en l'Esprit divin, et que
cette assemblée fait
une prière à Dieu, alors l'ange de l'Esprit prophétique
qui est près de lui remplit cet homme et celui-ci, rempli
de l'Esprit-Saint, parle
à la foule comme le veut le Seigneur. 10. Voilà comment se
manifestera l'Esprit de la divinité ; telle est la
puissance du Seigneur sur
l'Esprit de la divinité. 11. écoute maintenant, dit-il, ce
qui concerne l'esprit terrestre, vain, sans
puissance, insensé.
12. D'abord, cet homme qui croit posséder l'Esprit s'exalte lui-même,
il veut obtenir le premier rang et le voilà
tout de suite effronté,
impudent, bavard ; il se vautre dans de multiples raffinements et de multiples
autres illusions et il accepte des
rémunérations
pour ses prophéties ; s'il n'en reçoit pas, il ne prophétise
pas. Est-ce qu'un Esprit divin peur accepter un salaire
pour prophétiser
? Il n'est pas possible qu'un prophète de Dieu agisse ainsi : l'esprit
de tels prophètes est terrestre. 13. Ensuite, il
n'approche pas du tout d'une
assemblée d'hommes justes : il les fuit. Il s'attache aux hésitants
pleins de vanité, c'est dans les coins
qu'il leur fait des prophéties
et il les trompe en ne leur disant que des choses vaines, conformes à
leurs désirs : car c'est à des gens
vains qu'il répond.
Un pot vide ajouté à d'autres pots vides ne se brise pas
; ils font (seulement) le même bruit. 14. Quand le faux
prophète entre dans
une assemblée pleine d'hommes justes qui détiennent l'Esprit
de divinité, s'ils se mettent à prier, cet homme se
vide et l'esprit terrestre,
pris par la peur, s'enfuit de lui et l'homme est atteint de mutisme, et
tout brisé, il ne peut plus parler. 15. Si
tu serres à la réserve
du vin ou de l'huile et que tu mettes au milieu un pot vide, quand tu voudras
débarrasser la réserve, le pot
que tu y as mis vide, tu
le retrouveras vide. De même les prophètes vides, quand ils
reviennent parmi les esprits des justes, tels ils
sont venus, tels on les
retrouve. 16. Voilà la vie des deux genres de prophètes.
éprouve donc d'après ses actes et sa vie, l'homme
qui se dit porteur de l'Esprit.
17. Toi, aie confiance en l'Esprit qui vient de Dieu et qui a de la puissance,
mais n'aie pas du tout
confiance en l'esprit terrestre
et vide, car il n'y a pas de puissance en lui : il vient du diable. 18.
écoute la comparaison que je vais
te faire. Prends une pierre
et jette-la vers le ciel : vois si tu peux l'atteindre ! Ou bien prends
une seringue et lance un jet vers le ciel
: vois si tu peux percer
le ciel! 19. - Comment, Seigneur, dis-je, cela pourrait-il arriver ? Ce
sont deux choses impossibles! -
Autant elles sont impossibles,
dit-il, autant les esprits terrestres sont impuissants et débiles.
20. Prends donc la force qui vient d'en
haut : la grêle est
un très petit grain, mais quand elle tombe sur la tête d'un
homme, quel mal elle fait ! Ou bien prends la goutte qui
du toit tombe à terre
et perce la pierre. 21. Tu vois ainsi que les plus petites choses qui tombent
d'en haut sur la terre ont une
grande force ; de même,
l'esprit divin qui vient d'en haut est puissant". Aie donc confiance en
cet esprit et éloigne-toi de l'autre. "
Précepte XII
44. (1)
1. Il me dit . " écarte
de toi tout désir mauvais ; revêts-toi du désir bon
et saint. Car revêtu de ce désir, tu haras le désir
mauvais,
tu lui mettras un frein
comme tu voudras, 2. Le désir mauvais est sauvage et bien difficile
à apprivoiser. Il est terrible et, par sa
sauvagerie, il perd beaucoup
d'hommes. Mais surtout le serviteur de Dieu, s'il tombe dans ce désir
et qu'il manque de
discernement, est perdu
par lui d'horrible façon. Il provoque aussi la perte de ceux qui
ne sont pas revêtus du bon désir et qui se
laissent ballotter par ce
siècle. Ceux-là, il les livre à la mort. 3. - Quelles
sont, Seigneur, dis-je, les oeuvres du mauvais désir qui
livrent les hommes à
la mort? Faites-les moi connaître, pour que je m'en éloigne.
- écoute, dit-il, par quelles oeuvres le mauvais
désir fait mourir
les serviteurs de Dieu.
45. (2)
" 1. Avant tout autre, le
désir d'une autre femme, d'un autre homme, le luxe que permet la
richesse, les festins multipliés et vains,
l'ivresse et les mille autre
voluptés insensées ; car toute volupté est insensée
et vaine pour les serviteurs de Dieu. 2. Ces désirs sont
mauvais, ils tuent les serviteurs
de Dieu, car ce désir mauvais est fils du diable ; il faut donc
s'abstenir des désirs mauvais, pour
que, par cette abstention,
vous viviez pour Dieu. 3. Tous ceux qui sont dominés par eux n'y
résistent pas, mourront finalement :
car ces désirs sont
mortels. 4. Quant à toi, revêts-toi du désir de justice
et cuirassé de la crainte du Seigneur, résiste-leur (Ep.
6,
13) ; car la crainte de
Dieu habite dans le bon désir. Le désir mauvais, s'il te
voit cuirassé de la crainte de Dieu et offrant de la
résistance, fuira
loin de toi (Jc 4, 7) et tu ne le verras plus : il craindra tes armes.
5. Et toi, vainqueur et couronné pour sa défaite,
va auprès du juste
désir, offre-lui le prix que tu as reçu et sers-le selon
ses volontés. Si tu sers le bon désir et te soumets à
ses
ordres, tu pourras triompher
du mauvais désir et lui commander comme tu voudras. "
46. (3)
1. " je voudrais savoir,
Seigneur, dis-je, de quelle façon je dois servir le bon désir.
- écoute, dit-il. Pratique la justice (Ps 15, 2 ;
Ac 10, 35) et la vertu,
la vérité et la crainte du Seigneur, la foi, la douceur et
tout ce qui est semblable. En les pratiquant, tu plairas
au service de Dieu et tu
vivras pour lui. Et quiconque sera au service du bon désir, vivra
pour Dieu. " 2. Il avait achevé les douze
commandements et il me dit
: " Tu possèdes maintenant ces préceptes ; marche dans cette
voie et exhorte ceux qui les entendront
à faire une pénitence
purificatrice le reste des jours de leur vie. 3. Ce ministère dont
je te charge, remplis-le scrupuleusement : tu
feras ainsi une grande oeuvre.
Car tu trouveras bon accueil auprès de ceux qui se disposent à
faire pénitence et ils croiront en tes
paroles. Moi, je serai avec
toi et je les forcerai à te croire. " 4. Je lui dis : " Seigneur,
ces préceptes sont grands, beaux, glorieux et
ils peuvent réjouir
le coeur de l'homme (Ps 19, 9 ; 104, 15) qui sera capable de les observer.
Mais je ne sais, Seigneur, si ces
préceptes peuvent
être gardés par un homme, car ils sont très durs. "
5. En réponse, il me dit : " Si tu te mets en tête qu'ils
peuvent
être gardés,
tu les garderas facilement et ils ne seront pas durs ; mais si te monte
déjà au coeur l'idée qu'ils ne peuvent être
gardés
par un homme, tu ne les
garderas pas. 6. Mais je te l'affirme : si tu ne les gardes pas, si tu
les négliges, tu n'obtiendras pas le salut,
ni tes enfants, ni ta maison,
car tu te condamnes toi-même par ton sentiment que ces préceptes
ne peuvent être gardés par un
homme. "
47. (4)
1. Et il me dit cela d'une
façon si indignée que j'en fus tout bouleversé et
qu'il me fit grand peur. Son extérieur avait changé au
point qu'un homme n'aurait
pu soutenir sa colère. 2. Me voyant tout troublé et bouleversé,
il se mit à me parler d'une façon plus
posée et plus sereine
; il me dit : " (Homme) insensé, inintelligent, hésitant,
tu ne saisis pas combien la gloire de Dieu est grande (Ps
21, 6 ; 57, 12 ; 108, 6
; 113, 4), forte, admirable, qu'il a créé le monde pour l'homme
(Ps 8, 7), qu'il a soumis toute la création à
l'homme, qu'il lui a donné
l'empire absolu sur tout ce qui est sous le ciel ? 3. Si donc, dit-il,
l'homme est seigneur de toutes les
créatures de Dieu
et qu'il les domine toutes, ne peut-il pas aussi dominer ces préceptes
? Certes, dit-il, il peut tout dominer, y
compris ces préceptes,
l'homme qui a le Seigneur dans son coeur. 4. En revanche, pour ceux qui
ne l'ont que sur le bout des
lèvres, dont le coeur
endurci est loin de Dieu, ces préceptes sont durs et impraticables.
5. Vous donc, les hommes vains et légers
dans la foi, mettez le Seigneur
dans votre coeur et vous connaîtrez qu'il n'y a rien de plus facile
que ces préceptes, ni de plus doux,
ni de plus humain. 6. Convertissez-vous,
vous qui suivez les préceptes du diable, préceptes difficiles,
amers, brutaux, impudiques,
et ne craignez plus le diable,
car il n'a aucun pouvoir contre vous. 7. Moi, l'Ange de la pénitence
qui triomphe du diable, je serai
avec vous. Il peut faire
peur, le diable, mais cette peur manque de force. Ne le craignez donc pas
et il vous fuit "
48. (5)
1. Je lui dis : " Seigneur,
écoute encore quelques mots. - Dis ce que tu veux, dit-il. - L'homme,
Seigneur, dis-je, a le désir de
garder les préceptes
de Dieu et il n'est personne qui ne demande au Seigneur de l'affermir dans
ses préceptes et de l'y soumettre.
Mais le diable est dur et
il domine les hommes. 2. - Il ne peut, dit-il, dominer les serviteurs de
Dieu, si du fond du coeur, ils
espèrent en lui.
Le diable a le pouvoir de lutter, il n'a pas celui de triompher. Si donc
vous lui opposez de la résistance, vaincu il
vous fuira tout honteux
(Jc 4, 7). Mais tous ceux qui sont vides, dit-il, craignent le diable comme
s'il avait du pouvoir. 3. Un
homme a rempli de bon vin
tout un assortiment d'amphores et parmi ces amphores, quelques-unes ne
sont pas tour à fait pleines.
S'il vient voir ses amphores,
il ne s'occupe pas des pleines, car il sait qu'elles sont pleines. Il s'occupe
de celles qui ne le sont pas,
car il craint qu'elles ne
s'aigrissent - les amphores non remplies s'aigrissent vite et le vin perd
son agrément. 4. De même, le diable :
il vient éprouver
tous les serviteurs de Dieu (1 P 5, 8). Tous ceux qui sont entiers dans
leur foi lui résistent énergiquement et lui,
faute de trouver l'endroit
par où entrer en eux, les quitte. Il va alors vers ceux qui ne sont
pas bien remplis (de la foi), il trouve de
la place et entre en eux
: il fait en eux ce qu'il veut ; ils deviennent pour lui des esclaves.
49. (6)
" 1. Et moi, l'Ange de la
pénitence, je vous le dis - ne craignez pas le diable, car j'ai
été envoyé, dit-il, pour être avec vous qui
faites pénitence
du fond du coeur et pour vous affermir dans la foi. 2. Ayez donc confiance
en Dieu, vous qui, à cause de vos
péchés, désespériez
de la vie, qui ajoutiez à vos péchés, qui alourdissiez
votre vie, puisque, si vous vous convertissez au Seigneur
du fond de votre coeur (Jr
24, 7 ; Jl, 2, 12), si vous pratiquez la justice (Ps 14, 2 ; Ac 10, 35
; He 11, 3) le reste des jours de
votre vie, si vous le servez
convenablement selon sa volonté, il vous guérira de vos péchés
passés et vous donnera le pouvoir de
triompher des oeuvres du
diable. La menace du diable, ne la craignez pas du tout : il est sans force,
comme les nerfs d'un mort. 3.
écoutez-moi donc
et craignez celui qui peut tout, sauver et perdre (Jc 4, 12 ; Mt 10, 28
; Lc 6,9 ; etc.), et observez ses
commandements et vous vivrez
pour Dieu. " 4. Je lui dis : " Seigneur, je suis maintenant affermi dans
tous les commandements de
Dieu, parce que vous êtes
avec moi. Et je sais que vous abattrez toute la puissance du diable et
nous, nous le dominerons et nous
l'emporterons sur toutes
ses oeuvres. Et j'espère que, le Seigneur me donnant la force, je
pourrai garder les préceptes que vous
m'avez ordonnés.
5. - Tu les garderas, dit-il, si ton coeur purifié se tourne vers
le Seigneur, et tous les garderont qui se purifieront
le coeur des vains désirs
de ce monde, et ils vivront pour Dieu. "
Similitudes qu'il m'exposa
: Similitude I
50.
1. Il me dit : " Vous savez
que vous habitez sur une terre étrangère, vous les serviteurs
de Dieu. En effet, votre cité est loin de
celle-ci. Si donc vous connaissez,
dit-il, votre cité, celle que vous devez habiter (un jour), pourquoi
vous procurer ainsi des
champs, des installations
coûteuses, des édifices, des demeures inutiles ? 2. Celui
qui se procure ces choses dans cette cité ne
s'attend donc pas à
retourner dans sa propre cité. 3. Insensé, inconstant, malheureux
! Ne comprends-tu pas que tout cela est
étranger et au pouvoir
d'un autre ? Car le maître de cette cité dira : " je ne veux
pas que tu habites dans ma cité ; va-t'en de cette
cité, puisque tu
n'obéis pas à mes lois. " 4. Toi donc, qui possèdes
des champs, des maisons et beaucoup d'autres biens, expulsé
par lui, que feras-tu de
ton champ, de ta demeure et de tout le reste que tu t'étais préparé?
Car le maître de ce pays te parle
justement : " Ou bien obéis
à mes lois, ou bien sors de mon pays. " 5. Que feras-tu donc, toi
qui suis la loi de ta propre cité ? A
cause de tes champs et du
reste de tes biens, renieras-tu tout à fait ta loi et marcheras-tu
selon la loi de cette cité-ci ? Prends
garde qu'il ne soit dangereux
de renier ta loi, car si tu veux retourner dans ta cité, crains
qu'on ne t'y accueille plus, pour avoir
renié la loi de ta
cité, et que tu en sois exclu. 6. Veilles-y donc : puisque tu habites
sur une terre étrangère, ne te réserve rien de
plus que le strict nécessaire
et sois prêt : ainsi, lorsqu'il plaira au maître de cette cité
de t'expulser pour opposition à ses lois, tu
sortiras de sa cité,
tu rejoindras la tienne et tu vivras selon ta loi, sans dommage, dans la
joie. 7. Veillez-y donc, vous qui servez le
Seigneur et l'avez dans
votre coeur ; faites les oeuvres de Dieu, vous souvenant de ses commandements
(Ps 103, 18) et des
promesses qu'il a faites,
ayez confiance qu'il les tiendra si ses commandements sont observés.
8. Au lieu de champs, rachetez
donc des âmes éprouvées,
dans la mesure de vos moyens, et visitez les veuves et les orphelins (Jc
1, 27), ne les méprisez pas :
votre richesse et toutes
vos installations, dépensez-les à des champs et des demeures
de ce genre, puisque vous les avez reçues
de Dieu. 9. Car le maître
vous a enrichis pour que vous lui rendiez ces services. Il vaut beaucoup
mieux acheter des champs, des
biens, des maisons de ce
genre : tu les retrouveras dans ta cité quand tu y retourneras.
10. Cette richesse-là est noble et sainte,
elle n'entraîne ni
chagrin, ni crainte, mais de la joie. Ne recherchez pas les richesses des
païens, c'est dangereux pour vous, les
serviteurs de Dieu. 11.
Ayez vos richesses propres, qui puissent vous réjouir. Ne faites
pas de fraude, ne touchez pas au bien
d'autrui, ne le désirez
pas. Il est mal de désirer les biens d'autrui. Accomplis ta tâche
et tu seras sauvé. "
Autre similitude [II]
51.
1. Je marchais vers mon champ
et remarquant un ormeau et une vigne, je réfléchissais à
ces arbres et à leurs fruits : m'apparaît le
Pasteur, qui me dit : "
Que penses-tu en toi-même de l'ormeau et de la vigne ? - je pense,
Seigneur, dis-je, qu'ils se conviennent
parfaitement l'un à
l'autre. 2. - Ces deux arbres, dit-il, sont mis là comme modèle
pour les serviteurs de Dieu. - je voudrais savoir,
dis-je, le modèle
que peuvent offrir les arbres dont tu parles. Tu vois, dit-il, l'ormeau
et la vigne ? - Oui, dis-je, Seigneur. 3. - La
vigne, elle, dit-il, porte
des fruits, mais l'ormeau est un arbre stérile. Mais si elle ne
grimpe pas sur l'ormeau, cette vigne, rabattue à
terre, ne peut porter beaucoup
de fruits et ceux qu'elle porte sont pourris, si elle n'est pas suspendue
à l'ormeau. Donc, quand la
vigne est attachée
à l'ormeau, elle porte des fruits de par elle-même et de par
l'ormeau. 4. Tu vois donc que l'ormeau aussi donne
beaucoup de fruits, pas
moins que la vigne, et même Plus. - Comment plus, Seigneur ? dis-je.
- Parce que, dit-il, la vigne
suspendue à l'ormeau
donne beaucoup de beaux fruits et que, rabattue à terre, elle n'en
porte que de pourris et (fort) peu. Cette
parabole vaut pour les serviteurs
de Dieu, le pauvre et le riche. 5. - Comment, dis-je, Seigneur ? Apprends-le-moi.
- écoute,
dit-il. Le riche a beaucoup
de biens, mais à l'égard du Seigneur, il est pauvre, parce
que distrait par ses richesses ; la prière et la
confession au Seigneur ont
pour lui trop peu d'importance et s'il les fait, elles sont brèves,
faibles et sans aucun pouvoir. Mais si le
riche s'attache au pauvre
et qu'il subvienne à ses besoins avec la confiance que le bien qu'il
fait au pauvre pourra trouver son
salaire auprès de
Dieu (car le pauvre est riche par la prière et la confession, et
sa prière a un grand pouvoir auprès de Dieu), alors
le riche subvient sans hésitation
à tous les besoins du pauvre. 6. Et le pauvre secouru par le riche
prie pour ce dernier et rend
grâces à Dieu
pour son bienfaiteur : et celui-ci redouble de zèle pour le pauvre,
pour qu'il ne manque de rien dans sa vie, car il sait
que la prière du
pauvre est bien accueillie et riche auprès de Dieu. 7. Ainsi, tous
les deux accomplissent leur tâche : le pauvre le
fait par la prière
- c'est sa richesse et il l'a reçue du Seigneur, il la rend au Seigneur
à l'intention de celui qui l'aide. Et le riche de
même, la richesse
qu'il avait reçue du Seigneur, sans hésitation il la donne
au pauvre. C'est là une oeuvre grande et bien accueillie
de Dieu : car le riche a
bien compris le sens de sa richesse et il a fait part au pauvre des dons
du Seigneur et s'est acquitté
convenablement de sa tâche.
8. Pour les hommes, l'ormeau paraît ne pas porter de fruit ; ils
ne savent ni ne comprennent que s'il
survient une sécheresse,
l'ormeau, qui a de l'eau, nourrit la vigne et celle-ci, continuellement
pourvue d'eau, donne le double de
fruits, pour elle-même
et pour l'ormeau. De même les pauvres, en priant le Seigneur pour
les riches, assurent un plein
développement aux
richesses de ces derniers, et à leur tour, les riches, en subvenant
aux besoins des pauvres, donnent pleine
satisfaction à leur
âme. 9. Tous deux participent donc à l'oeuvre juste : celui
qui agit ainsi ne sera pas abandonné de Dieu, mais
sera inscrit sur les livres
des vivants. 10. Heureux ceux qui possèdent et qui comprennent que
c'est du Seigneur qu'ils tiennent
leurs richesses, car celui
qui le comprend pourra aussi rendre de bons services. "
Similitude III
52.
1. Il me montra beaucoup
d'arbres sans feuilles, qui me parurent comme morts. Ils étaient
tous semblables. Il me dit : " Vois-tu
ces arbres ? - je les vois,
Seigneur, dis-je, semblables et morts. " Il me répond en ces termes
: " Ces arbres que tu vois, ce sont
les habitants de ce monde.
2. - Et pourquoi donc, Seigneur, dis-je, sont-ils morts et semblables ?
- Parce que, dit-il, ni les justes
ni les pécheurs ne
se distinguent dans ce monde, mais sont semblables. Car ce monde pour les
justes est un hiver et (les justes) ne
se remarquent pas, puisqu'ils
l'habitent avec les pécheurs. 3. En hiver, les arbres, dépouillés
de leurs feuilles, sont semblables et on
ne peut distinguer lesquels
sont morts ou vivants : de même, dans ce monde, ne se distinguent
ni les justes, ni les pécheurs ; ils sont
tous semblables. "
Autre similitude [IV]
53.
Il me montre de nouveau beaucoup
d'arbres, les uns verdoyants, les autres secs. Et il me dit : " Vois-tu
ces arbres ? - je vois,
dis-je, Seigneur, que les
uns sont verdoyants, les autres, secs. 2. - Ces arbres verdoyants, dit-il,
ce sont les justes qui habiteront
dans le monde qui arrive.
Car le monde qui arrive est un été pour les justes et un
hiver pour les pécheurs. Quand donc brillera la
miséricorde du Seigneur,
les serviteurs de Dieu pourront être distingués et ils seront
visibles pour tous. 3. En été, les fruits de
chaque arbre sont bien visibles
et on peut savoir de quelle espèce ils sont : de même, dans
ce monde-là, les fruits des justes seront
bien visibles et on connaîtra
qu'ils sont tous vigoureux. 4. Mais les gentils et les pécheurs
- les arbres secs que tu as vus - seront
trouvés tels : secs
et stériles dans ce monde-là et comme du bois mort ils seront
brûlés9l, il sera clair que leur conduite, au cours
de leur vie, fut mauvaise.
Car les pécheurs seront brûlés parce qu'ils ont péché
et ne se sont pas repentis, et les gentils seront
brûlés parce
qu'ils n'ont pas connu leur Créateur. 5. Toi donc, porte des fruits
en toi-même, afin qu'en cet été-là ton fruit
soit
connu. évite les
occupations multiples et ne commets plus aucun péché. Ceux
qui ont beaucoup d'occupations commettent aussi
beaucoup de péchés
: ils sont absorbés par leurs affaires et ils ne servent plus en
rien le Seigneur. 6. Comment donc, dit-il, un tel
homme pourrait-il demander
quelque chose au Seigneur et être exaucé, s'il ne sert pas
le Seigneur ? Ceux qui le servent recevront
ce qu'ils demandent, mais
ceux qui ne le servent pas ne recevront rien du tout. 7. Celui qui n'a
qu'une occupation peut aussi servir
le Seigneur ; il n'est pas
à craindre que son esprit se corrompe loin du Seigneur, mais il
le servira avec une pensée pure. Si tu agis
ainsi, tu pourras porter
des fruits dans le monde qui arrive et quiconque agira ainsi portera des
fruits. "
Autre similitude [V]
54. (1)
1. Je jeûnais assis
sur une montagne et je rendais grâces à Dieu de tout ce qu'il
avait fait pour moi. (Soudain) j'aperçois le Pasteur
assis près de moi
qui me dit ceci : c Pourquoi es-tu venu ici de si grand matin ? - C'est
que, Seigneur, je monte la garde. 2. -
Qu'est-ce que cette garde
? dit-il. - Je jeûne, Seigneur, dis-je. - Et quel est, reprend-il,
le jeûne que vous observez ? - Je jeûne
comme d'habitude, Seigneur,
dis-je. 3. - Vous ne savez pas, dit-il, jeûner pour le Seigneur,
et ce n'en est pas un, ce jeûne sans
valeur que vous observez.
- Pourquoi dites-vous cela, Seigneur ? dis-je. - Je dis, reprend-il, que
ce jeûne que vous vous imaginez
observer n'en est pas un
; mais je vais t'enseigner quel est le jeûne agréable parfait
aux yeux du Seigneur. - Oui, dis-je, Seigneur,
vous me rendrez heureux
si je puis connaître le jeûne agréable à Dieu.
- écoute, dit-il. 4. Dieu ne veut pas de ce jeûne vain. Car
en jeûnant de cette
façon pour Dieu, tu ne fais rien pour la justice. Jeûne pour
Dieu de la façon suivante. 5. Ne fais rien de mal
dans ta vie et sers le Seigneur
avec un coeur pur ; observe ses commandements (Mt 19, 17) en marchant selon
ses préceptes et
qu'aucun mauvais désir
ne monte à ton coeur. Aie confiance en Dieu ; je crois que, si tu
agis ainsi en le craignant et en t'abstenant
de toute mauvaise action,
tu vivras pour Dieu. Et si tu agis ainsi, tu mèneras à bien
un jeûne important et agréable à Dieu.
55. (2)
" 1. écoute cette
parabole que je vais t'exposer, relative au jeûne. 2. Quelqu'un avait
une terre et beaucoup d'esclaves. Dans une
partie de sa terre, il planta
une vigne, il choisit un serviteur très fidèle qui lui plaisait
et sur le point de partir à l'étranger, il l'appela
et lui dit : " Charge. toi
de cette vigne que j'ai plantée, entoure-la d'une clôture
pendant mon absence, mais n'y fais rien autre.
Observe cet ordre et tu
seras libre chez moi. " Le maître de l'esclave partit pour l'étranger.
3. Après ce départ, l'esclave s'occupa
et entoura la vigne d'une
clôture ; mais la clôture achevée, il s'aperçut
que la vigne était pleine d'herbes. 4. Il réfléchit
et se dit en
lui-même : " J'ai
exécuté l'ordre du maître ; maintenant, je vais bêcher
la vigne et elle sera meilleure, une fois bêchée ; débarrassée
des herbes, elle donnera
plus de fruits, puisqu'elle ne sera plus étouffée. Décidé,
il bêcha la vigne et arracha toutes les herbes qui
s'y trouvaient. Et la vigne
devint très belle et florissante, sans les herbes qui l'étouffaient.
5. Après un certain temps revint le naître
de l'esclave et de la terre
; il alla à son vignoble, il le vit clôturé convenablement
et en plus, bêché et débarrassé de toutes les
herbes, et les vignes florissantes
: il se réjouit fort des travaux de l'esclave. 6. Il appela donc
son fils bien-aimé, son héritier, et ses
amis qui étaient
ses conseillers. Il leur dit ce qu'il avait ordonné à l'esclave
et tout ce qu'il avait trouvé réalisé. Et ceux-là
se
réjouirent avec l'esclave
du témoignage que le maître lui rendait. 7. Et le maître
leur dit : " J'ai promis la liberté à cet esclave s'il
exécutait l'ordre
que je lui avais donné. Il l'a exécuté et en plus,
il a bien travaillé la vigne et par là il m'a plu singulièrement.
Aussi,
en récompense de
ce travail qu'il a fourni, je veux le faire cohéritier de mon fils,
parce qu'il a eu une bonne idée et que, loin de
l'écarter, il l'a
réalisée. " 8. Le fils du maître approuva cette intention
de désigner l'esclave comme son cohéritier. 9. Quelques
jours plus tard, le maître
faisait un banquet et il envoya du banquet beaucoup de mets à cet
esclave. Celui-ci accepta les mets que
le maître lui envoyait,
il en retint suffisamment pour lui et distribua le reste à ses compagnons
d'esclavage. 10. Ceux-ci le reçurent,
se réjouirent et
se mirent à prier pour lui afin que, de les avoir ainsi traités,
il fût encore plus en faveur auprès du maître. 11.
Celui-ci entendit parler
de tout ce qui s'était passé et de nouveau, il se réjouit
fort de la conduite de l'esclave. Il appela de nouveau
ses amis et son fils et
leur rapporta le geste qu'il avait fait à propos des mets reçus.
Et eux, furent encore plus d'avis qu'il devînt
cohéritier du fils
du maître. "
56. (3)
1. Je lui dis : " Moi, Seigneur,
je ne comprends pas ces paraboles et je ne puis en avoir idée si
vous ne me les expliquez pas. 2. -
Je t'expliquerai tout, dit-il,
et tout ce que je te dirai, je te l'éclaircirai. 3. Garde les commandements
du Seigneur (Qo 12, 13 ; Mt
19, 17) et tu plairas à
Dieu et tu seras inscrit au nombre de ceux qui gardent ses commandements.
Mais si tu fais du bien en
dehors du commandement de
Dieu, tu t'acquerras une gloire plus grande et tu seras plus estimé
aux yeux de Dieu que tu ne
l'aurais été.
Si donc, tout en gardant les commandements de Dieu, tu y ajoutes ces bonnes
oeuvres, tu te réjouiras, à condition de
les faire selon mes indications.
" 4. Je lui dis : " Seigneur, tout ce que vous m'indiquerez, je l'observerai.
Car je sais que vous êtes
avec moi. - Je serai, dit-il,
avec toi, puisque tu as un tel désir de faire le bien, et je serai
avec tous ceux, dit-il, qui ont le même
désir. 5. Ton jeûne,
dit-il, si les commandements du Seigneur sont observés, sera fort
beau. Voilà donc comment tu observeras le
jeûne que tu veux
pratiquer. 6. Tout d'abord, garde-toi de toute parole mauvaise et de tout
désir mauvais et purifie ton coeur de
toutes les vanités
de ce siècle. Si tu observes cela, ton jeûne sera parfait.
7. Et voici comment tu feras. Après avoir accompli ce
que tu as écrit auparavant,
le jour que tu jeûneras, tu ne prendras rien, sauf du pain et de
l'eau et tu calculeras le prix des aliments
que tu aurais pu manger
ce jour-là et tu le mettras de côté pour le donner
à une veuve, à un orphelin, ou à un indigent 108 et
ainsi
tu te feras humble pour
que grâce à cette humilité, celui qui a reçu
(l'aumône) rassasie son âme et prie le Seigneur pour toi. 8.
Si
donc tu accomplis le jeûne
comme je te le prescris, ton sacrifice sera bien reçu (Qo 35, 9
; Ph 4, 18 ; cf. Is 56, 7 ; Mt 5, 24 ; 1 P
2, 5) de Dieu et ton jeûne
sera inscrit et l'oeuvre ainsi accomplie sera belle, joyeuse, bien accueillie
par le Seigneur. 9. Voilà ce
que tu observeras avec tes
enfants et toute ta maison. Et par là tu seras heureux et tous ceux
qui, après avoir entendu ces
préceptes, les observeront,
seront heureux et tout ce qu'ils demanderont au Seigneur, ils l'obtiendront.
"
57. (4)
1. Je lui demandai instamment
de m'expliquer le sens symbolique du champ, du maître, de la vigne,
de l'esclave qui avait clôturé la
vigne, des pieux et des
herbes arrachées de la vigne, du fils et des amis conseillers. Car
j'avais compris que tout cela était une
parabole. 2. Il me dit en
réponse : " Tu es bien hardi avec tes questions ! Tu ne dois pas
du tout poser de questions, dit-il, car si
quelque chose doit t'être
montré, il te le sera. " Je lui dis : " Seigneur, tout ce que vous
me montrerez sans l'expliquer, c'est en vain
que je l'aurai vu et je
n'en saisirai pas le sens. De même, si vous me dites des paraboles
sans me les expliquer, c'est en vain que
aurai entendu quelque chose
de vous. " 3. De nouveau il me répondit en ces termes : " Tout serviteur
de Dieu qui a le Seigneur
dans son coeur peut lui
demander la compréhension et il l'obtient (Jc 1, 5, 6 ; 1 R 3, 11)
; et il peut alors s'expliquer n'importe
quelle parabole et grâce
au Seigneur tout ce qui est dit en paraboles lui devient compréhensible.
Mais ceux qui sont nonchalants et
paresseux pour la prière
hésitent à demander au Seigneur. 4. Le Seigneur est miséricordieux
et il exauce tous ceux qui le prient
sans hésitation.
Quant à toi qui as été raffermi par l'ange glorieux,
qui as reçu de lui une telle prière et qui n'es pas paresseux,
pourquoi ne demandes-tu
pas au Seigneur - et ne reçois-tu pas de lui - la compréhension
? " 5. Je lui dis : " Seigneur, puisque je
vous ai près de moi,
c'est vous nécessairement que je dois prier et questionner. Car
vous me montrez tout et vous me parlez. Si je
voyais ou entendais cela
sans vous, c'est au Seigneur que je demanderais de m'expliquer. "
58. (5)
1. " Je t'ai déjà
dit, reprit-il, et il n'y a pas longtemps, que tu es rusé et hardi
pour demander l'explication des paraboles. Mais
puisque tu es si persévérant,
je t'expliquerai le sens symbolique du champ et de tout ce qui s'y rapporte,
pour que tu puisses
l'expliquer à tous.
Entre donc, dit-il, et comprends 2. Le champ, c'est ce monde-ci (Mt 13,
38) et le maître du champ, c'est celui
qui a créé
toutes choses (Ep 3, 9 ; Ap 3, 11 ; He 3, 4 ; Qo 18, 1), qui les a organisées
et qui leur a donné la force (Ps 68, 29).
Le fils, c'est le Saint-Esprit
et l'esclave, c'est le Fils de Dieu ; les vignes, c'est ce peuple qu'il
a lui-même planté. 3. Les pieux, ce
sont les saints anges du
Seigneur qui retiennent son peuple. Les herbes arrachées à
la vigne sont les iniquités des serviteurs de
Dieu ; les mets que du festin
il a envoyé à l'esclave sont les commandements qu'il a donnés
à son peuple par l'intermédiaire de son
fils. Les amis et conseillers
sont les saints anges créés les premiers. Le voyage du maître,
c'est le temps qui reste jusqu'à la
parousie de Dieu. " 4. Je
lui dis : " Seigneur, tout cela est grand, admirable et glorieux. Est-ce
que j'aurais pu, Seigneur, dis-je,
comprendre cela par moi-même
? Aucun autre homme non plus, même très intelligent, ne pourrait
le comprendre. Expliquez-moi
encore, Seigneur, ce que
je vais vous demander. 5. - Parle, dit-il, si tu désires une explication.
- Pourquoi, Seigneur, dis-je, le Fils
de Dieu apparaît-il
dans la parabole sous la forme d'un esclave "
59. (6)
1. " écoute, dit-il,
le Fils de Dieu n'apparaît pas sous la forme d'un esclave, mais avec
grande puissance et souveraineté. -
Comment, Seigneur, dis-je,
je ne comprends pas. 2. - Puisque, dit-il, Dieu a planté le vignoble,
c'est-à-dire qu'il a créé son
peuple et l'a confié
à son Fils. Et son Fils a constitué les anges gardiens des
hommes de ce peuple. Et lui-même a purifié leurs
péchés au
prix d'un grand labeur et en supportant de grandes peines, car personne
ne peut bêcher une vigne sans peine et sans
fatigue. 3. Lui donc, après
avoir purifié les péchés de son peuple, il leur a
montré les sentiers de la vie (Ps 15, 11 ; Pr 16, 17) en
leur donnant la loi qu'il
avait reçue de son Père (Jn 10, 18 ; 12, 49 ; 14, 31 ; 15,
10). Tu vois, dit-il qu'il est le Seigneur de son
peuple, puisqu'il a reçu
plein pouvoir de son Père (Mt 28, 18 ; Ep 1, 20-23). 4. Quant au
fait que le maître a pris son fils comme
conseiller et les anges
glorieux, au sujet de l'héritage à accorder à l'esclave,
écoute. 5. L'Esprit-Saint préexistant, qui a créé
toutes
choses, Dieu l'a fait habiter
dans la chair qu'il avait choisie. Cette chair donc, dans laquelle l'Esprit-Saint
prit demeure, servit fort
bien l'Esprit, en marchant
dans la voie de la sainteté et de la pureté, sans souiller
l'Esprit en aucune façon. 6. Elle s'était conduite
dignement, saintement ;
elle avait pris sa part des labeurs de l'Esprit et avait collaboré
avec lui en toute chose ; elle avait vécu de
fermeté et de courage
: c'est pourquoi Dieu la choisit comme associée de l'Esprit-Saint.
Car la tenue de cette chair avait plu à
Dieu : elle ne s'était
pas souillée sur terre pendant queue tenait l'Esprit-Saint. 7. Il
prit donc comme conseiller le fils et les anges
glorieux pour que cette
chair qui avait servi l'Esprit-Saint sans reproche, obtînt un lieu
de repos et ne parût pas perdre le salaire de
ses services. Car toute
chair recevra sa rémunération, qui sera trouvée intacte
et sans tache et où l'Esprit-Saint aura pris demeure.
8. Tu as ainsi l'explication
de cette parabole. "
60. (7)
1. " J'ai eu grand plaisir,
Seigneur, dis-je, à entendre l'explication. - écoute maintenant,
dit-il : garde ta chair pure et intacte, pour
que l'esprit qui est venu
habiter en elle porte témoignage en sa faveur et quelle soit justifiée.
2. Veille à ce que ne monte jamais à
ton c_ur l'idée que
ta chair est périssable et veille à ne pas en abuser par
quelque souillure. Si tu souilles ta chair, tu souilleras aussi
l'Esprit-Saint ; si donc
tu souilles ta chair, tu ne vivras pas. 3. - Seigneur, dis-je, s'il y eut
ignorance avant qu'on entende ces
paroles, comment sera sauvé
l'homme qui a souillé sa chair ? - Au sujet des ignorances antérieures,
dit-il, Dieu seul peut donner la
guérison, car il
a tout pouvoir. 4. Mais désormais veille sur toi-même et le
Seigneur, dans sa grande miséricorde, les guérira, si
désormais tu ne souilles
pas ta chair ni l'esprit. Car les deux vont ensemble et ils ne peuvent
être souillés séparément. Garde-les
donc purs tous les deux
et tu vivras pour Dieu. "
Similitude VI
61. (1)
1. Assis dans ma maison,
je glorifiais le Seigneur pour tout ce que j'avais vu et à propos
des préceptes, je découvrais qu'ils sont
beaux, forts, joyeux, glorieux
et capables de sauver l'âme de l'homme (Jc 1, 21) et je me disais
: " je serai heureux si je marche
selon ces préceptes
et quiconque marchera dans cette voie sera heureux " (Ps 1, 1-2 ; 119,
1). 2. Pendant que je me dis cela, je
le vois assis tout à
coup à côté de moi et me disant ceci : " Pourquoi cette
hésitations à propos des préceptes que je t'ai donnés
?
Ils sont beaux. N'hésite
en rien ; au contraire, revêts-toi de la foi du Seigneur et tu marcheras
dans leur voie. Car moi, je
t'affermirai en eux. 3.
Ces préceptes sont utiles à ceux qui font pénitence,
car s'ils ne marchent pas dans cette voie, leur pénitence
sera inutile. 4. Vous donc
qui faites pénitence, rejetez les vices de ce monde qui vous anéantissent.
Revêtus de toute la vertu de
justice, vous pourrez observer
ces préceptes ; mais n'ajoutez plus rien à vos péchés.
Et si vous n'y ajoutez rien, vous ferez tomber
beaucoup de vos péchés
antérieurs. Marchez donc selon ces préceptes et vous vivrez
pour Dieu. Tout cela, c'est moi qui vous l'ai
dit. " 5. Après qu'il
m'eut dit cela, il reprend : " Allons dans les champs, et je vous montrerai
les pasteurs des brebis. - Allons-y,
dis-je, Seigneur. " Nous
allâmes dans une plaine et là, il me montre un berger tout
jeune, complètement vêtu de jaune. 6. Il paissait
de très nombreuses
brebis et ces brebis vivaient comme dans les voluptés et les délices
; elles étaient joyeuses et bondissaient çà
et là ; et le berger
lui-même était fort content de son troupeau ; sa physionomie
était toute joyeuse et il allait et venait parmi ses
brebis. Je vis aussi d'autres
brebis ensemble dans les délices et les voluptés ; toutefois,
elles ne bondissaient pas.
62. (2)
1. Il me dit : " Vois-tu
ce berger ? - Je vois, Seigneur, dis-je. - C'est, dit-il, l'ange de volupté
et d'erreur. Il anéantit les âmes des
serviteurs de Dieu, de ceux
qui sont vains - en les détournant de la vérité, en
les trompant par des désirs mauvais, dans lesquels ils
meurent. 2. Car il oublient
les préceptes du Dieu vivant et marchent dans les erreurs et les
voluptés vaines et ils vont à leur perte
de par cet ange : pour les
uns, c'est la mort, pour les autres, (seulement) la corruption. " 3. Je
lui dis : " Seigneur, je ne sais ce
qu'est cette mort et cette
corruption. - écoute, dit-il. Toutes les brebis que tu as vues fort
joyeuses et bondissantes, ce sont ceux
qui se sont définitivement
écartés de Dieu et qui se sont livrés aux passions
de ce monde. Pour eux, il n'y a pas de pénitence qui
donne la vie, car ils ont
blasphémé le nom du Seigneur ; pour eux, c'est donc la mort.
4. Celles que tu as vues paître dans le même
lieu sans bondir, ce sont
ceux qui se sont livrés aux voluptés et aux erreurs, mais
sans aucun blasphème contre le Seigneur. Ils sont
donc (seulement) corrompus
loin de la vérité ; pour eux existe un espoir de pénitence
par quoi ils pourraient vivre. La corruption
comporte donc un certain
espoir de restauration, alors que la mort comporte la perdition éternelle.
" 5. Nous avançâmes un peu et
il me montra un berger de
grande taille, sauvage d'aspect, entouré d'une peau de chèvre
blanche, une besace sur l'épaule avec
dans la main un très
solide bâton à noeuds et un long fouet. fi avait le regard
si sévère qu'il faisait peur : tel était son regard
! 6. Ce
berger recevait du tout
jeune berger les brebis qui paissaient dans les délices et les voluptés,
mais sans bondir, et il les poussait
dans un lieu escarpé
plein de chardons et d'épines, si bien qu'elles ne pouvaient s'en
dégager : au contraire, elles s'y empêtraient.
7. Là, embarrassées,
elles paissaient les chardons et les épines et elles souffraient
beaucoup des écorchures que l'ange leur faisait.
Il les chassait de-ci de-là
sans leur donner aucun répit : bref, ces brebis n'étaient
jamais tranquilles.
63. (3)
1. De les voir ainsi fouettées
et malmenées, je me faisais du chagrin pour elles : tant elles étaient
tourmentées sans aucun répit. 2.
Je dis au Pasteur qui causait
avec moi : " Seigneur, quel est ce berger si cruel, si sévère,
qui n'a absolument pas pitié de ces brebis
? - C'est, dit-il, l'ange
du châtiment, l'un des anges justes, mais préposé au
châtiment. 3. Il reçoit donc ceux qui errent loin de Dieu
et qui ont suivi la voie
des passions et des erreurs de ce monde ; il leur inflige suivant ce que
chacun mérite, des châtiments
terribles et variés.
4. - Je voudrais, Seigneur, dis-je, connaître la nature de ces châtiments
variés. écoute, dit-il, les diverses
épreuves et châtiments
: ce sont ceux de la vie ; car ils sont châtiés, les uns par
des dommages, d'autres par l'indigence, d'autres
par des maladies diverses,
d'autres par une insécurité totale ; d'autres sont outragés
par des gens indignes et subissent bien
d'autres tourments. 5. Beaucoup
de gens, en effet, sans suite dans leurs intentions, entreprennent mille
choses sans que rien leur
réussisse et ils
disent que leurs affaires ne marchent pas bien et l'idée qu'ils
ont commis des turpitudes ne leur monte pas au coeur ;
au contraire, ils accusent
le Seigneur. 6. Quand donc ils sont accablés par toutes ces épreuves,
alors ils me sont livrés en vue
d'une bonne formation et
ils s'affermissent dans la foi du Seigneur (Ps 51, 10) et le restant de
leurs jours, ils le servent avec un
coeur pur. Lorsque donc
ils font pénitence, alors les turpitudes qu'ils ont commises leur
remontent au coeur, alors ils glorifient le
Seigneur de ce qu'il est
un juge équitable (Ps 7, 12 ; 2 M 12, 5 ; 2 Tm 4, 8) et que chacun
a souffert justement selon ses actes (cf.
Mt 16, 27 ; Ap 2, 23 ; Ps
62, 13 ; etc.). Désormais, ils servent le Seigneur d'un coeur pur
et toutes leurs affaires marchent bien,
car ils reçoivent
du Seigneur tout ce qu'ils demandent (Mt 21, 22 ; 1 Jn 3, 22). Et alors
ils glorifient le Seigneur de m'avoir été
livrés et ils ne
subissent plus aucun mal. "
64. (4)
1. Je lui dis : " Seigneur,
expliquez-moi encore ceci. Que recherches-tu encore ? dit-il. - Est-ce
que les efféminés et les égarés,
Seigneur, dis-je, sont torturés
pendant un temps égal à celui qu'ils ont passé dans
les voluptés et les égarements ? " Il me répond :
" Ils sont torturés
pendant un temps égal. 2. - Leurs tortures sont brèves, Seigneur,
dis-je. Il faudrait en effet que des gens qui
vivent ainsi dans les voluptés
et oublient Dieu soient torturés sept fois plus longtemps. " 3.
Il me dit : " Insensé : Tu ne saisis pu la
force de la torture. - Si
je saisissais, Seigneur, dis-je, je ne demanderais pas que vous me réexpliquiez.
- écoute, dit-il, voici leur
force respective. 4. La
volupté et l'erreur durent une heure, mais une heure de torture
vaut trente jours"4. Si donc on passe un
jour dans les délices
et l'erreur, et un jour dans les tortures, ce jour de torture équivaut
à une année entière. Autant de jours on
passe dans les voluptés,
autant d'années on passe dans
les tortures. Tu vois donc,
dit-il, que la durée de la volupté et de l'erreur est très
réduite, mais que celle du châtiment et de la
torture est longue. "
65. (5)
1. " Je n'ai pas tout compris,
Seigneur, dis-je, de la durée de l'erreur, de la volupté
et de la torture expliquez-le-moi plus
clairement. " Il me dit
en réponse : 2. " Ta stupidité persiste et tu ne veux pas
purifier ton coeur et servir Dieu. Veille, dit-il, à ce
que les temps ne s'accomplissent
et que tu ne sois trouvé insensé. écoute, dit-il,
pour comprendre ce que tu souhaites. 3. Celui
qui vit un jour dans les
voluptés et l'erreur et n'en fait qu'à sa tête, se
revêt d'une grande démence et ne se rend pas compte de ce
qu'il fait : le lendemain,
il oublie ce qu'il a fait la veille. La volupté et l'erreur n'ont
pas de mémoire à cause de la démence dont elles
sont revêtues. Mais
quand le châtiment et les supplices s'attachent à un homme,
ne serait-ce qu'un jour, c'est pendant toute une
année que cet homme
est châtié et supplicié, car le châtiment et
le supplice ont la mémoire longue. 4. Ainsi éprouvé
et châtié
pendant tout un an, il se
souvient alors des voluptés et de l'erreur et reconnaît que
c'est à cause d'elles qu'il subit ces maux Tout
homme vivant dans la volupté
et l'erreur est ainsi éprouvé parce que possédant
la vie il s'était livré à la mort 5. Quelles sont,
Seigneur, dis-je, les voluptés
nuisibles ? Tout ce que l'homme fait avec plaisir, dit-il, est volupté.
Ainsi le colérique, qui agit selon
sa passion, s'adonne à
la volupté, de même l'adultère, l'ivrogne, le médisant,
le menteur, l'ambitieux, le spoliateur, et quiconque
faisant de même agit
selon sa maladie, s'adonne par cet acte à la volupté. 6.
Toutes ces voluptés sont mauvaises pour les
serviteurs de Dieu. C'est
donc à cause de ces erreurs que souffrent ceux qui sont châtiés
et éprouvés. 7. Mais il y a aussi des
voluptés qui sauvent
les hommes, car beaucoup de gens éprouvent une volupté à
faire le bien : c'est leur propre plaisir qui les y
pousse. Cette volupté-là
est utile aux serviteurs de Dieu et procure la vie à un tel homme.
Les voluptés nuisibles dont nous avons
parlé ne lui attirent
qu'épreuves et châtiments ; et s'ils s'obstinent sans se repentir,
ils s'attirent la mort. "
Similitude VII
66.
1. Peu de jours après,
je le vis dans la même plaine où j'avais vu aussi les bergers
et il me dit : " Que cherches-tu encore ? - Me
voici, Seigneur, dis-je,
pour vous demander de faire sortir de chez moi le pasteur justicier, car
il m'impose trop de tribulations. - Il
faut, dit-il, que tu aies
des tribulations ; c'est ainsi qu'en a décidé l'ange glorieux
à ton égard : il veut que tu sois éprouvé.
- Qu'ai-je
donc fait, Seigneur, dis-je,
de si pervers pour être livré à cet ange ? 2. - écoute,
dit-il, tes péchés sont nombreux, mais pas assez
graves pour que tu sois
livré à cet ange. En revanche, ta maison a commis de grands
péchés, de grandes iniquités et l'ange
glorieux s'est irrité
des forfaits de tes gens et c'est pourquoi il a ordonné que tu aies
des tribulations pendant quelque temps, pour
que ceux-là aussi
se repentent et se purifient de toute passion de ce monde. Quand ils se
seront repentis et purifiés, alors l'ange du
châtiment s'éloignera
de toi. " 3. Je lui dis : " Seigneur, si eux ont commis de quoi irriter
l'ange glorieux, moi, qu'ai-je fait ? - Ils ne
peuvent, dit-il, avoir des
tribulations autrement que si tu en as, toi, la tête de la maison.
Car si tu en as, nécessairement ils en
auront aussi ; mais si tu
connais la prospérité, aucune tribulation ne peut les atteindre.
4. - Mais voyez, Seigneur, dis-je, ils se sont
repentis du fond de leur
coeur. - Tu te figures donc que les péchés de ceux qui se
repentent leur sont remis d'emblée ? Pas du
tout. Il faut que celui
qui s'est repenti éprouve son âme, shumilie grandement dans
toute sa con, duite et soit accablé de beaucoup
de tribulations variées.
Et s'il supporte les tribulations qui lui arrivent, celui qui a tout créé
et tout affermi (Ep 3, 9 ; Ps 68, 29) fera
preuve d'une grande miséricordelo
et lui donnera la guérison, 5. et cela complètement, s'il
voit le coeur du pénitent pur de toute
action mauvaise. Il est
donc utile à toi et à ta maison d'avoir des tribulations.
Mais pourquoi tant parler ? Tu dois en avoir, comme
l'a ordonné cet ange
du Seigneur qui t'a confié à moi. Et rends grâces au
Seigneur de ce qu'il ea jugé digne de connaître d'avance
ta tribulation : ainsi,
la connaissant d'avance, tu la supporteras vaillamment. " 6. Je lui dis
: " Seigneur, soyez avec moi, et je pourrai
supporter toute tribulation.
- Je serai, dit-il, avec toi, et je demanderai à l'ange justicier
de t'accabler sans trop d'acharnement.
Mais pendant peu de temps
tu auras des tribulations et ensuite tu seras rétabli dans ton rang.
Seulement, continue à t'humilier et à
servir le Seigneur Dieu
du fond d'un coeur pur, et tes enfants aussi, et ta maison, et marche dans
la voie des préceptes que je t'ai
donnés ; ainsi, ta
pénitence pourra être ferme et pure. 7. Et si tu observes
cela avec ta maison, toute tribulation s'éloignera de toi ;
et la tribulation s'éloignera
de tous ceux qui marcheront dans la voie de mes préceptes. "
Similitude VIII
67. (1)
Il me montra un grand saule
couvrant des plaines et des montagnes, et à l'abri sous le saule
étaient venus tous ceux qui sont
appelés selon le
nom du Seigneur. 2. Se tenait debout sous le saule l'ange glorieux du Seigneur,
d'une taille énorme, avec une
grande faucille et il coupait
des branches du saule et il les donnait à la foule abritée
sous le saule. Il leur remettait de petites
branches d'environ une coudée.
3. Quand tout le monde eut reçu sa branche, l'ange déposa
sa faucille et cet arbre était (malgré
tout) entier, comme je l'avais
vu (auparavant). 4. Je m'étonnais, me disant en moi-même :
" Comment se fait-il qu'avec tant de
rameaux enlevés cet
arbre soit (encore) entier ? " Le Pasteur me dit - " Ne t'étonne
pas de ce que l'arbre, avec tant de rameaux
enlevés, soit encore
entier. Allons ! dit-il, regarde bien tout et on t'expliquera ce que c'est.
" 5. L'ange qui avait remis les rameaux
à la foule les redemanda
; ils étaient appelés dans l'ordre selon lequel ils les avaient
reçus et chacun lui rendait le rameau. L'ange
du Seigneur les reprenait
et les examinait. 6. De certains, il recevait des rameaux desséchés
et mangés comme par des vers et
l'ange disait à ceux
qui remettaient de tels rameaux de former un groupe séparé.
7. D'autres remettaient des rameaux desséchés,
mais non mangés par
des vers et l'ange leur disait aussi de former un groupe séparé.
8. D'autres les remettaient à moitié
desséchés,
et eux aussi formaient un groupe séparé. 9. D'autres remettaient
des rameaux à moitié desséchés et fendillés,
et eux
aussi formaient un groupe
séparé. 10. D'autres remettaient leurs rameaux verts et fendillés,
et eux aussi formaient un groupe
séparé. 11.
D'autres remettaient des rameaux dont une moitié était sèche
et l'autre verte, et eux aussi formaient un groupe séparé.
12. D'autres rapportaient
leurs rameaux verts aux deux tiers et desséchés pour le reste,
et eux aussi formaient un groupe séparé.
13. D'autres remettaient
leurs rameaux secs aux deux tiers et verts pour le reste, et eux aussi
formaient un groupe séparé. 14.
D'autres remettaient leurs
rameaux presque complètement verts : un tout petit bout était
desséché, rien que la pointe, mais ils
étaient fendillés
; et eux aussi formaient un groupe séparé. 15. Les rameaux
de certains autres n'avaient qu'un tout petit bout vert,
tout le reste étant
desséché ; et eux aussi formaient un groupe séparé.
16. D'autres revenaient avec des rameaux verts comme ils
les avaient reçus
de l'ange. La plus grande partie de la foule remettait de tels rameaux
et l'ange s'en réjouissait beaucoup ; et eux
aussi formaient un groupe
séparé. 17. D'autres remettaient leurs rameaux verts avec
de nouvelles pousses, et eux aussi formaient
un groupe séparé.
18. D'autres remettaient leurs rameaux verts avec des pousses, mais ces
dernières portaient comme des fruits
et les hommes que l'on trouvait
porteurs de tels rameaux étaient très joyeux et l'ange se
réjouissait à leur propos et le Pasteur aussi
en était très
joyeux avec lui.
68. (2)
1. L'ange du Seigneur ordonna
qu'on apportât des couronnes, et des couronnes furent apportées
qui semblaient faites de palmes
et il couronna les hommes
qui avaient remis les rameaux avec des pousses et des fruits, et il les
envoya dans la tour. 2. Et il
envoya aussi dans la tour
les autres qui avaient remis des rameaux verts avec des pousses, mais sans
fruits sur ces dernières, et il
les marquait d'un signe.
3. Tous ceux qui allaient dans la tour avaient des vêtements blancs
comme neige. 4. Et ceux qui avaient
remis leurs rameaux verts
comme il les avaient reçus, il les envoyait aussi, après
leur avoir donné un vêtement blanc et un signe. 5.
Après avoir terminé,
l'ange dit au Pasteur : " Moi, je m'en vais ; toi, fais entrer ceux-ci
dans les murs, où chacun mérite d'habiter.
Examine avec soin leurs
rameaux et ne les fais entrer qu'ensuite ; fais cet examen sérieusement
; veille à ce qu'aucun ne t'échappe
et si quelqu'un t'échappe,
dit-il, moi, je les contrôlerai à l'autel. " Sur ces mots
au Pasteur, il s'en alla. 6. Après son départ, le
Pasteur me dit : " Prenons
les rameaux de tous (les autres) et plantons-les, pour voir si quelques-uns
d'entre eux pourront vivre. "
je lui dis : " Seigneur,
ces rameaux secs, comment peuvent-ils vivre ? " 7. Il me répond
: c Cet arbre est un saule, et il est vivace
de naturel. Si donc on plante
ces rameaux et qu'ils reçoivent un peu de sève, beaucoup
d'entre eux vivront. Et puis, j'essaierai de
leur donner de l'eau ; si
l'un d'entre eux peut vivre, je me réjouirai avec eux et s'il ne
vit pas, je ne serai pas convaincu de
négligence. " 8.
Le Pasteur me demanda de les appeler comme ils étaient rangés
; ils vinrent groupe par groupe et remirent leurs
rameaux au Pasteur. Le Pasteur
les reprenait et, dans l'ordre, il les plantait et ensuite leur versait
tant d'eau qu'on ne les voyait
plus. 9. Après les
avoir arrosés, il me dit : " Allons-nous-en et revenons dans peu
de jours examiner ces rameaux, car celui qui a
créé cet arbre
souhaite que vivent tous ceux qui reçoivent un rameau de lui. Et
moi, j'espère que ces rameaux, trouvant de
l'humidité et gorgés
d'eau, vivront pour la plupart. "
69. (3)
1. Je lui dis : " Seigneur,
fais-moi savoir ce qu'est cet arbre, car je ne m'explique pas qu'amputé
de tant de branches, il soit encore
entier, sans qu'absolument
rien en paraisse coupé. Voilà ce que je ne m'explique pas.
2. - écoute, dit-il. Ce grand arbre qui
couvre des plaines, des
montagnes et toute la terre, c'est la loi de Dieu, donnée au monde
entier, et cette loi, c'est le Fils de Dieu
annoncé jusqu'aux
confins de la terre. Les peuples qui se trouvent sous l'arbre, ce sont
ceux qui ont entendu l'annonce et qui ont
cru en elle. 3. L'ange grand
et glorieux, c'est Michel qui détient le pouvoir sur ce peuple et
qui le gouverne. C'est lui qui donne la
loi et la met dans le coeur
des croyants. Il examine donc si ceux à qui il a donné la
loi l'ont bien observée. Tu vois aussi beaucoup
de rameaux devenus inutiles
: tu reconnaîtras en eux tous ceux qui n'ont pas observé la
loi et tu verras la demeure de chacun. " 5.
Je lui dis : " Seigneur,
pourquoi a-t-il envoyé les uns dans la tour et vous a-t-il laissé
les autres ? - Tous ceux, dit-il, qui ont
transgressé la loi
qu'ils ont reçue de lui, il les a laissés en mon pouvoir
en vue de la pénitence, et tous ceux qui se sont plu dans la
loi et l'ont observée,
il les tient en son propre pouvoir. 6. - Quels sont donc, Seigneur, dis-je,
ceux qui ont été couronnés et qui se
rendent dans la tour ? "
En réponse il me dit : " Ces hommes couronnés sont ceux qui
ont lutté avec le diable et qui l'ont vaincu : ils
ont subi la mort pour la
loi. 7. Les autres qui ont remis leurs rameaux verts avec de nouvelles
pousses, mais sans fruits, ont été
éprouvés pour
la loi, mais ils n'en sont pas morts et n'ont pas renié la loi non
plus. 8. Ceux qui les ont remis verts comme ils les
avaient reçus, sont
des saints, des justes qui ont marché loin avec un coeur pur et
qui ont gardé les commandements du Seigneur
(Qo 12, 13). Tu sauras le
reste quand j'examinerai ces rameaux plantés et arrosés.
"
70. (4)
1. Peu de jours après,
nous revînmes dans ce lieu et le Pasteur s'assit à la place
de l'ange de grande taille et moi j'étais à ses côtés.
Il me dit : " Revêts-toi
d'un tablier et aide-moi. " Je me revêtis d'un tablier propre, fait
avec un sac. 2. Me voyant revêtu et prêt à
l'aider : " Appelle, dit-il,
les hommes dont le rameau a été planté, dans l'ordre
où ils les ont remis. J'allai dans la plaine et les
appelai tous, et tous les
groupes se formèrent. 3. Il leur dit : " Que chacun arrache son
propre rameau et me l'apporte. " 4. Les
remirent les premiers ceux
dont les rameaux avaient été desséchés et mutilés
: ils se trouvèrent pareillement desséchés et mutilés
;
il leur dit de former un
groupe séparé. 5. Ensuite les remirent ceux qui avaient des
rameaux desséchés, mais non mutilés. Certains
d'entre eux les remirent
verts, d'autres, desséchés et rongés comme par des
vers. A ceux qui les avaient remis verts, il dit de
former un groupe séparé
; à ceux qui les avaient remis desséchés et rongés,
il dit de se mettre avec les premiers. 6. Ensuite les
remirent ceux qui en avaient
eu à moitié desséchés et fendillés,
et beaucoup d'entre eux les remirent verts et sans fentes ; certains,
verts, avec de nouvelles
pousses et des fruits sur ces dernières, comme en avaient ceux qui
étaient allés couronnés dans la tour.
Certains les remirent desséchés
et rongés, d'autres, desséchés, mais non rongés,
d'autres, comme ils étaient auparavant, à moitié
desséchés
et fendillés. Et il leur dit de se séparer, les uns rejoignant
leurs groupes respectifs, les autres restant à part.
71. (5)
1. Les remettaient ensuite
ceux qui avaient eu des rameaux verts mais fendillés. Tous ceux-là
les remirent verts et prirent place
dans leur propre groupe.
Le Pasteur se réjouit de ce que tous s'étaient transformés
et s'étaient débarrassés de leurs fentes. 2. Les
remirent aussi ceux qui
en avaient eu à moitié verts et à moitié desséchés.
Les rameaux de certains furent trouvés entièrement
verts, de certains autres,
à moitié verts, d'autres, desséchés et rongés,
d'autres encore verts avec de nouvelles pousses. Tous
ceux-là furent envoyés
vers leurs groupes respectifs. 3. Les remirent ensuite ceux qui en avaient
eu dont les deux tiers étaient verts
et un tiers desséché.
Beaucoup d'entre eux les remirent verts, beaucoup à moitié
verts, d'autres, desséchés et rongés. Tous
ceux-là prirent place
dans leurs propres groupes. 4. Les remirent ensuite ceux qui avaient eu
des rameaux desséchés aux deux
tiers et verts pour le reste
; beaucoup d'entre eux les remirent à moitié desséchés,
certains, desséchés et rongés, certains encore, à
moitié desséchés
et fendillés ; très peu les remirent verts ; et tous ceux-là
prirent place dans leurs groupes respectifs. 5. Les
remirent ensuite ceux qui
avaient eu des rameaux verts, mais avec un rien de desséché
et de fendillé ; parmi eux, certains les
remirent verts et certains
verts avec de nouvelles pousses. Ceux-là aussi s'en allèrent
dans leurs groupes respectifs. 6. Les
remirent ensuite ceux qui
en avaient eu avec un rien de vert et tout le reste desséché.
Les rameaux de ceux-là furent trouvés pour
la plus grande part verts
avec de nouvelles pousses et des fruits sur celles-ci, et d'autres, entièrement
verts. À ce propos, le
Pasteur se réjouit
très fort de les avoir trouvés tels. Ceux-là aussi
s'en allèrent chacun dans son propre groupe.
72. (6)
1. Après avoir examiné
les rameaux de tout le monde, le Pasteur me dit : " Je t'ai dit que cet
arbre est vivace. Vois-tu, dit-il,
combien ont fait pénitence
et ont été sauvés ? - Je vois, Seigneur, dis-je. -
Pour que tu voies que la miséricorde de Dieu est
grande et glorieuse, il
a aussi donné un esprit à ceux qui sont dignes de la pénitence.
2. - Pourquoi donc, Seigneur, dis-je, tous
n'ont-ils pas fait pénitence
? - Ceux que le Seigneur a vus sur le point de purifier leur coeur et de
le servir du fond de leur âme, il
leur a accordé la
pénitence. Ceux dont il vit la fourberie et la perversité,
prêts à ne faire pénitence que par hypocrisie, à
ceux-là il
n'a pas accordé la
pénitence, de peur qu'ils ne blasphèment de nouveau sa loi.
" 3. Je lui dis : " Seigneur, montrez-moi maintenant
ce que sont ceux qui vous
ont remis les rameaux, et quelle est leur demeure. Ainsi, après
l'avoir entendu, ceux qui ont cru et ont
reçu le sceau, mais
qui l'ont brisé et ne l'ont pas gardé entier, connaîtront
leurs actes, se repentiront et recevront de vous un
insigne ; et ils glorifieront
le Seigneur de ce qu'il a eu pitié d'eux et vous a envoyé
pour renouveler leurs esprits. 4. - écoute, dit-il.
Ceux dont les rameaux furent
trouvés desséchés et rongés de vers, ce sont
les apostats, traîtres à l'église, qui dans leurs péchés
ont blasphémé
le Seigneur et qui encore ont rougi du nom du Seigneur invoqué sur
eux (Ac 15, 17 ; Jc 2, 7 ; Gn 48, 16 ; etc.).
Ceux-là donc pour
Dieu sont morts définitivement. Tu vois que pas un d'entre eux n'a
fait pénitence, même après avoir entendu
les paroles que, sur mon
ordre, tu leur as dites. La vie s'est donc retirée de telles gens.
5. Ceux qui les ont remis desséchés, mais
non pourris, ils sont tout
près des premiers : c'étaient des hypocrites qui introduisaient
des doctrines hétérodoxes et détournaient
les serviteurs de Dieu et
surtout les pécheurs qu'ils empêchaient de faire pénitence,
en les convainquant par des doctrines folles.
Ceux-là ont un espoir
de faire pénitence. 6. Et tu vois que beaucoup d'entre eux ont déjà
fait pénitence depuis que tu leur as dit
mes préceptes. D'autres
encore feront pénitence et tous ceux qui ne feront pas pénitence
ont déjà perdu la vie ; mais tous ceux
d'entre eux qui se sont
repentis sont devenus bons et leur demeure a été fixée
dans les premiers murs ; certains même sont montés
dans la tour. Tu vois donc,
dit-il, que le repentir des pécheurs assure la vie, et l'impénitence,
la mort.
73. (7)
" 1. écoute aussi
ce qui concerne ceux qui les ont remis à moitié desséchés
et fendillés. Ceux parmi eux dont les rameaux étaient
seulement à moitié
desséchés, sont les indécis ; ils ne sont ni vivants
ni morts. 2. Ceux qui les avaient à moitié desséchés
et
fendillés, ce sont
des indécis et des médisants qui ne sont jamais en paix entre
eux (1 Th 5, 13), mais toujours en dispute. Eux
aussi cependant ont encore
la possibilité de faire pénitence. Tu vois, dit-il, que certains
d'entre eux ont fait pénitence et de tous on
peut encore espérer
la pénitence. 3. Tous ceux d'entre eux, dit-il, qui ont fait pénitence
ont leur demeure dans la tour ; tous ceux
d'entre eux qui mettront
trop de temps à se repentir habiteront les murs (extérieurs)
; ceux qui ne feront pas pénitence, mais
s'obstineront encore dans
leur conduite, mourront de mort certaine. 4. Ceux qui ont remis des rameaux
verts, mais fendillés ont
toujours été
fidèles et bons, mais il y avait entre eux de la jalousie pour des
questions de priorité et d'honneurs. Et ils sont tous
bien fous de rivaliser ainsi
pour les premiers rangs. 5. Mais après avoir entendu mes préceptes,
puisqu'ils étaient bons, ils se sont
purifiés et ont rapidement
fait pénitence. Et leur demeure fut fixée dans la tour. Mais
si l'un d'entre eux en revient aux dissensions,
il sera rejeté de
la tour et perdra sa vie. 6. La vie appartient à tous ceux qui observent
les commandements du Seigneur (Qo 12,
13). Or, dans les commandements,
il n'est question ni de priorité, ni d'honneurs, mais de patience
et d'humilité pour l'homme.
C'est dans de telles gens
que réside la vie du Seigneur ; dans les querelleurs et les violateurs
de la loi, c'est la mort.
74.(8)
" 1. Ceux qui ont remis leurs
rameaux à moitié verts et à moitié desséchés,
ce sont ceux qui sont ballottés dans les affaires et qui
ne s'attachent pas aux saints.
C'est pourquoi en eux une moitié vit et l'autre moitié est
morte. 2. Mais beaucoup, après avoir
entendu mes commandements,
ont fait pénitence et tous ceux-là du moins ont leur demeure
dans la tour. Certains autres se sont
définitivement éloignés
: ils n'ont donc plus de repentir (possible). Car à cause de leurs
affaires, ils ont blasphémé le Seigneur et
l'ont renié. Ils
ont donc perdu la vie de par le crime qu'ils ont commis. 3. Beaucoup d'autres
sont indécis : ceux-là ont encore la
possibilité de faire
pénitence, s'ils le font vite, et leur de. meure sera dans la tour.
S'ils y mettent trop de temps, ils habiteront dans
les murs (extérieurs)
et s'ils ne font pas pénitence, ils ont déjà perdu,
eux aussi, la vie. 4. Ceux qui les ont remis verts aux deux
tiers et desséchés
pour le restera ce sont ceux qui ont renié de diverses façons.
5. Beaucoup d'entre eux ont fait pénitence et sont
allés habiter dans
la tour. Beaucoup se sont éloignés définitivement
de Dieu : ceux-là ont perdu définitivement la vie. Certains
d'entre eux ont hésité
et douté : ceux-là ont encore une pénitence possible,
s'ils la font vite, sans s'obstiner dans leurs plaisirs. Mais
s'ils s'obstinent dans leur
conduite, eux-mêmes travaillent à leur mort.
75. (9)
" 1. Ceux qui ont remis des
rameaux desséchés aux deux tiers et verts pour le reste,
ce sont ceux qui ont été fidèles, mais qui se
sont enrichis et ont acquis
trop de renom auprès des gentils. Ils se sont revêtus d'un
grand orgueil et sont devenus arrogants, ont
abandonné la vérité
et se sont séparés des justes ; bien mieux, ils ont vécu
avec les gentils et cette voie leur est devenue plus
agréable. Ils ne
se sont pas éloignés définitivement de Dieu : ils
sont restés dans la foi sans faire les oeuvres de la foi. 2. Beaucoup
d'entre eux ont fait pénitence
et leur demeure fut fixée dans la tour. 3. D'autres vivant définitivement
avec les gentils et entraînés
par la vaine considération
où ceux-ci les tenaient, se sont éloignés de Dieu
et ont fait les oeuvres des gentils : ceux-là ont donc été
comptés au nombre
des gentils. 4. D'autres parmi eux furent dans l'incertitude, parce qu'ils
n'espéraient plus le salut à cause des
actions qu'ils avaient commises.
D'autres furent dans l'incertitude et ont jeté la discorde entre
eux. Pour ces gens et pour ceux qui
furent dans l'incertitude
à cause de leurs actes, il y a encore possibilité de pénitence.
Mais leur pénitence doit être rapide pour que
leur demeure soit fixée
à l'intérieur de la tour. Pour ceux qui ne se repentent pas,
mais qui s'obstinent dans les plaisirs, la mort est
proche.
76. (10)
" 1. Ceux qui ont remis des
rameaux verts, mais avec le bout desséché et fendillé,
ce sont ceux qui furent toujours bons, fidèles et
glorieux auprès du
Seigneur, mais qui ont péché quelque peu par légère
concupiscence et légères rancunes. Et après avoir
entendu mes paroles, la
plus grande partie se sont repentis rapidement et leur demeure fut fixée
dans la tour. 2. Certains d'entre
eux ont hésité
; certains, par leurs hésitations, ont aggravé la discorde.
Ces gens ont encore l'espoir de la pénitence. car ils ont
toujours été
bons ; il serait difficile que l'un d'eux meure. 3. Ceux qui ont remis
leurs rameaux desséchés avec un rien de vert ce
sont ceux qui n'ont eu que
la foi et qui ont fait les oeuvres de l'iniquité. Ils ne se sont
pourtant jamais éloignés de Dieu, ils ont porté
le nom avec joie et reçu
avec joie chez eux les serviteurs de Dieu. A l'annonce de cette pénitence,
ils se sont repentis sans hésiter
et ils pratiquent toute
la vertu de justice (Ac 10, 15 ; He 11, 33). 4. Certains d'entre eux souffrent
même et endurent avec joie,
ayant conscience des actes
qu'ils ont commis. De tous ceux-là, la demeure sera dans la tour.
"
77. (11)
1. Après avoir achevé
l'explication de tous les rameaux, il me dit : " Retire-toi, et dis à
tous de faire pénitence et ils vivront pour
Dieu. En effet, le Seigneur
a eu pitié et m'a envoyé pour offrir à tous la pénitence
(2 P 3, 9), encore que certains n'en soient pas
dignes, vu leurs oeuvres.
Mais le Seigneur est patient et il veut que soit sauvé l'appel qui
vient de son Fils. " 2. Je lui dis : "
Seigneur, j'espère
qu'après avoir entendu cela, tous feront pénitence ; je suis
persuadé que chacun, ayant conscience de ses actes
et craignant Dieu, fera
pénitence. " 3. Il me dit en réponse : " Tous ceux, dit-il,
qui, du fond de leur coeur se repentiront et se
purifieront des vices signalés
antérieurement et n'ajouteront plus rien à leurs péchés,
ceux-là recevront du Seigneur guérison de
leurs péchés
antérieurs, si du moins ils n'ont aucune hésitation au sujet
de ses commandements, et ils vivront pour Dieu. Mais tous
ceux qui ajoutent à
leurs péchés et marchent dans les passions de ce monde, se
condamneront à la mort. 4. Toi, marche selon
mes préceptes et
tu vivras, et quiconque marchera dans leur voie et les pratiquera bien,
vivra pour Dieu. " 5. Après m'avoir
montré et exposé
tout cela, il me dit : " Le reste, je te l'expliquerai dans quelques jours.
"
Similitude IX
78. (1)
1. Quand j'eus écrit
les préceptes et les paraboles du Pasteur, l'ange de la pénitence,
il vint à moi et me dit : " Je veux te montrer
tout ce que t'a montré
l'Esprit-Saint qui t'a parlé sous la forme de l'église. Car
cet Esprit est le fils de Dieu. 2. Aussi longtemps
que tu étais trop
faible par la chair, rien ne te fut montré par l'intermédiaire
d'un ange ; mais quand tu fus affermi grâce à l'Esprit et
que tu eus par toi-même
la force de soutenir la vue d'un ange, alors te fut montrée par
l'intermédiaire de l'église la construction de
la tour. Dans de bonnes
et saintes dispositions, tu as pu tout voir, comme de la part d'une vierge.
Maintenant, tu vois grâce à un
ange, mais inspiré
par le même Esprit. 3. Il faut que par moi tu apprennes tout d'une
façon plus précise. L'ange glorieux m'a donné
mission d'habiter ta demeure,
pour que tu voies tout de sang-froid, et non plus avec appréhension
comme auparavant. 4. Et il
m'emporta en Arcadie, sur
une montagne arrondie ; il me fit asseoir au sommet de la montagne et il
me montra une grande plaine,
et autour de la plaine,
douze montagnes, toutes d'aspect différent. 5. La première
était noire comme suie ; la seconde, sèche, sans
herbes ; la troisième,
pleine de chardons et d'épines ; 6. la quatrième, avec des
herbes à demi desséchées, vertes au sommet,
sèches près
des racines ; certaines herbes, lorsque le soleil luisait, se desséchaient.
7. La cinquième montagne était fort rocailleuse,
mais avait des herbes vertes
; la sixième montagne était remplie de crevasses, les unes
petites, les autres grandes ; les crevasses
avaient des herbes, mais
ces herbes n'étaient pas fort florissantes : elles paraissaient
plutôt flétries. 8. La septième montagne avait
des herbes riantes et tout
entière elle était exubérante ; toutes les espèces
de troupeaux et d'oiseaux se nourrissaient sur cette
montagne et plus les troupeaux
et les oiseaux y mangeaient, plus les herbes de cette montagne poussaient.
La huitième était pleine
de sources et toutes les
espèces de la création du Seigneur venaient boire aux sources
de cette montagne. 9. La neuvième n'avait
pas du tout d'eau et était
toute déserte. Il y avait là des bêtes sauvages et
des reptiles qui provoquent mort d'hommes. La dixième
montagne avait de très
grands arbres et était toute ombragée ; sous ces ombrages
étaient couchées beaucoup de brebis qui se
reposaient et ruminaient.
10. La onzième montagne était couverte d'arbres, et ces arbres
fruitiers étaient parés de fruits de toute
espèce, pour qu'à
les voir on désirât en manger. La douzième montagne
était toute blanche ; son aspect était très riant,
et en
elle-même la montagne
était très belle.
79. (2)
1. Au milieu de la plaine,
il me montra un grand rocher blanc qui s'y dressait. Il était plus
haut que les montagnes et carré, de façon
à contenir le monde
entier. 2. Ce rocher était ancien, une porte y était creusée,
mais cette porte paraissait avoir été creusée
récemment. Elle resplendissait
plus que le soleil : je m'étonnais de son éclat. 3. Autour
de la porte se tenaient douze vierges. Les
quatre qui se tenaient aux
angles me paraissaient plus glorieuses, mais les autres l'étaient
aussi. Aux quatre côtés de la porte, à
mi-distance des quatre premières,
se tenaient deux par deux les (autres) vierges. 4. Elles étaient
revêtues de tuniques de lin, avec
une charmante ceinture et
laissaient sortir l'épaule droite, comme si elles se préparaient
à porter un fardeau. Elles étaient ainsi
toutes prêtes, pleines
de joie et d'entrain. 5. A cette vue, je m'étonnais en moi-même
de voir des choses aussi grandes et
glorieuses ; et puis, je
me demandais pourquoi ces vierges si délicates se campaient là
d'une façon aussi virile, comme pour
soutenir le ciel tout entier.
6. Le Pasteur me dit : " Pourquoi réfléchir ainsi en toi-même,
t'embarrasser et te faire du chagrin ? Ce
que tu ne peux comprendre,
aie l'intelligence de ne pas t'y essayer ; demande plutôt au Seigneur
de te donner assez d'intelligence
pour comprendre ces choses.
7. Ce qui est derrière toi, tu ne peux le voir ; ce qui est en face
de toi, tu le vois ; ce que donc tu ne
peux voir, ne t'en tourmente
pas ; ce que tu vois, essaie d'en venir à bout, sans t'occuper inutilement
d'autre chose. je t'expliquerai
tout ce que je te montrerai.
Regarde donc le reste. "
80. (3)
1. Je vis alors que six hommes
étaient arrivés, de grande taille, glorieux et semblables
d'aspect. Et ils appelèrent une foule
d'hommes. Et ces nouveaux
venus étaient de grande taille, très beaux et forts. Et les
six hommes leur firent construire une tour sur
le rocher. Les hommes qui
étaient venus construire la tour firent alors un grand tumulte en
courant tout autour de la porte. 2. Et les
vierges qui se tenaient
autour de la porte dirent aux hommes de hâter la construction de
la tour ; elles tendaient les mains comme
pour recevoir d'eux quelque
charge. 3. Les six hommes ordonnèrent à des pierres de sortir
d'un abîme et de venir pour la
construction de la tour,
et dix pierres montèrent, carrées, brillantes, non taillées.
4. Les six hommes appelèrent les vierges et leur
dirent de se charger de
toutes les pierres qui viendraient pour la construction de la tour, de
passer par la porte et de les remettre
aux hommes qui allaient
construire. 5. Et les vierges se chargèrent mutuellement des dix
premières pierres montées de l'abîme et
ensemble les portèrent
l'une après l'autre.
81. (4)
1. Elles portaient les pierres
dans l'ordre même où elles se tenaient autour de la porte
: les vierges qui paraissaient vigoureuses se
plaçaient sous les
angles de la pierre ; les autres, sous les côtés ; elles portaient
ainsi toutes les pierres, en passant par la porte,
selon l'ordre reçu,
et les remettaient aux hommes dans la tour. Et eux, avec les pierres, bâtissaient.
2. La tour se construisait sur le
grand rocher et au-dessus
de la porte. Ces dix pierres furent donc ajustées et couvrirent
tout le rocher et devinrent ainsi le
fondement de la construction
de la tour. Le rocher et la porte supportaient toute la tour. 3. Après
les dix pierres, vingt-cinq autres
montèrent de l'abîme.
Elles aussi furent ajustées à la construction, portées
par les vierges comme les précédentes. Après celles-là
montèrent trente-cinq
pierres et elles furent de même ajustées à la tour.
Après celles-là, quarante autres montèrent et toutes
celles-ci furent aussi employées
à la construction de la tour. Il y eut donc quatre assises dans
les fondations de la tour. 4. Et il n'en
monta plus du fond de l'eau
et les constructeurs eurent quelque répit. Puis les six hommes ordonnèrent
à la foule innombrable
d'apporter des pierres des
montagnes, pour la construction de la tour. 5. Elles étaient apportées
de toutes les montagnes, de
couleurs variées,
taillées par les hommes et étaient remises aux vierges. Elles
les transportaient par la porte et les remettaient pour
la construction de la tour,
et quand ces pierres de couleurs différentes étaient mises
dans la construction, elles devenaient
semblablement blanches en
changeant leurs couleurs précédentes. 6. Certaines pierres
étaient remises par les hommes pour la
construction, mais elles
ne devenaient pas brillantes : elles restaient telles qu'on les avait posées,
car elles n'avaient pas été remises
par les vierges ni passées
par la porte. Ces pierres donc ne convenaient pas à la construction
de la tour. 7. Les ayant remarquées,
les six hommes ordonnèrent
de les enlever et de les remporter à l'endroit où on les
avait prises ; 8. et ils disent aux hommes qui
remportaient ces pierres
: " En aucune façon ne remettez vous-mêmes des pierres aux
constructeurs ; déposez-les au pied de la
tour pour que les vierges,
les faisant passer par la porte, les remettent au chantier. Car si, disent-ils,
elles ne passent pas la porte
dans les mains des vierges,
elles ne peuvent changer de couleur. Ne vous fatiguez donc pas, disent-ils,
inutilement. "
82. (5)
1. On cessa ce jour-là
de bâtir, mais la tour ne fut pas achevée. On devait en effet
reprendre la construction, mais il y eut une
pause. Les six hommes ordonnèrent
à tous les constructeurs de se retirer un peu et de se reposer ;
aux vierges, ils ordonnèrent de
ne pas s'écarter
de la tour, et il me semblait qu'on les laissait là pour la garder.
2. Quand tous furent partis se reposer, je dis au
Pasteur : " Pourquoi donc,
Seigneur, dis-je, la construction de la tour n'a-t-elle pas été
achevée ? - Elle ne peut encore être
achevée, dit-il,
si son propriétaire ne vient pas examiner cette construction pour
remplacer les pierres qu'il trouverait pourries ; car
c'est selon sa volonté
que la tour est construite. 3. Je voudrais, Seigneur, dis-je, savoir ce
que signifie la construction de la tour et
le rocher, la porte, les
montagnes, les vierges et les pierres montées de l'abîme,
non taillées et entrées telles quelles dans la
construction, 4. et pourquoi
ont d'abord été posées dans les fondations dix pierres,
puis vingt-cinq, puis trente-cinq, puis quarante
; et ces pierres qui étaient
entrées dans la construction, qui ont ensuite été
enlevées et reportées à leur place : sur tout cela,
Seigneur, calmez mon âme,
expliquez-moi tout. 5. - Si ta curiosité n'est pas trouvée
vaine, dit-il, tu sauras tour. Dans peu de
jours, nous reviendrons
ici et tu verras tout ce qui doit encore se produire dans cette tour et
tu comprendras en détail toutes les
paraboles. " 6. Peu de jours
après, nous revînmes à l'endroit où nous nous
étions assis et il me dit : " Allons à la tour, car le
propriétaire vient
l'examiner. " Et nous allâmes à la tour et il n'y avait absolument
personne autour d'elle, si ce n'est les seules
vierges. 7. Le Pasteur demanda
aux vierges si le propriétaire de la tour était là
et elles répondirent qu'il allait arriver pour examiner
la construction.
83. (6)
1. Et voilà que peu
après j'aperçois un cortège nombreux d'hommes qui
s'avançaient ; et au milieu, un homme d'une taille telle qu'il
dépassait la tour.
2. Et les six hommes préposés à la construction marchaient
avec lui, à sa droite et à sa gauche et tous ceux qui
avaient travaillé
à la construction étaient avec lui et beaucoup d'autres (encore)
l'entouraient. Et les vierges qui gardaient la tour,
accourues à sa rencontre,
l'embrassèrent et se mirent à marcher avec lui autour de
la construction. 3. Cet homme l'examinait
minutieusement, au point
de tâter chaque pierre séparément ; tenant un bâton
à la main, il frappait une à une les pierres de la
construction. 4. Et quand
il frappait, certaines d'entre elles s'en trouvaient noires comme suie,
d'autres effritées, d'autres fendillées,
d'autres mutilées,
d'autres ni blanches ni noires, d'autres raboteuses, ne s'ajustant plus
aux autres pierres, d'autres toutes tachées.
Telle était la diversité
des pierres trouvées hors d'usage pour la construction. 5. Il ordonna
de les retirer toutes de la tour et de les
placer auprès, et
d'en apporter d'autres pour les remplacer. 6. Les constructeurs lui demandèrent
de quelle montagne il voulait
qu'on apportât les
pierres à mettre à la place des autres. Et il leur dit de
les apporter non des montagnes, mais d'une plaine
voisines. 7. On creusa la
plaine et on y trouva des pierres brillantes, cubiques, et certaines rondes.
Toutes les pierres qui se
trouvaient dans cette plaine
furent apportées et les vierges les passaient par la porte. 8. Les
pierres cubiques furent taillées et
mises à la place
de celles qu'on avait enlevées ; les rondes ne furent pas placées
dans la construction, car elles étaient dures et la
taille ne se faisait que
lentement ; on les mit près de la tour, dans l'idée de les
tailler plus tard et de les placer dans la construction,
car elles étaient
fort brillantes.
84. (7)
1. Après avoir achevé,
l'homme glorieux, maître de la tour entière, appela le Pasteur
et lui confia toutes les pierres qui étaient près
de la tour et qu'on avait
enlevées de la construction, et il lui dit : 2. " Nettoie avec soin
ces pierres et emploie à la construction de
la tour celles qui peuvent
s'ajuster aux autres ; celles qui ne s'y ajustent pas, jette-les loin de
la tour. " 3. Cet ordre donné au
Pasteur, il s'en alla, accompagné
de tous ceux avec qui il était venu ; et les vierges restaient toujours
autour de la bâtisse, pour la
garder. 4. Je dis au Pasteur
: " Comment ces pierres peuvent-elles rentrer dans la construction, puisqu'elles
ont été rejetées
comme indignes ? " Il me
dit en réponse : c Vois-tu ces pierres ? - je les vois, Seigneur,
dis-je. - je vais, moi, dit-il, tailler la
plupart d'entre elles et
les employer à la construction et elles s'ajusteront aux autres
pierres. 5. - Comment, Seigneur, dis-je,
peuvent-elles après
avoir été taillées remplir le même espace ?
" Il me dit en réponse : " Toutes celles qu'on trouvera (trop) petites
seront mises à l'intérieur
des murs ; les plus grosses auront place à l'extérieur et
soutiendront les autres. " 6. Sur ce, il ajouta : "
Allons-nous-en et revenons
dans deux jours pour nettoyer aux environs de la tour, de peur que le maître
ne survienne à
l'improviste, ne trouve
l'endroit sale et ne se fâche ; auquel cas ces pierres n'entreraient
pas dans la construction de la tour et moi,
je paraîtrais négligent
aux yeux du Maître. " 7. Et deux jours après, nous revînmes
à la tour et il me dit : " Examinons toutes les
pierres et voyons celles
qui peuvent entrer dans la construction. Examinons, Seigneur, lui dis-je.
"
85. (8)
1. Pour commencer, nous examinâmes
les pierres noires ; nous les retrouvâmes telles qu'elles avaient
été enlevées de la tour et le
Pasteur ordonna de les éloigner
de la tour et de les mettre à part. 2. Ensuite, il examina les effritées.
Il en prit beaucoup et les tailla
et dit aux vierges de les
ramasser et de les employer à la construction ; et les vierges les
ramassèrent et allèrent les placer à
l'intérieur des murs
de la tour. Les autres, il dit de les mettre avec les noires, car elles
se trouvèrent noires aussi. 3. Ensuite, il
examina les fendillées
: il en tailla beaucoup et les fit mettre par les vierges dans la construction
; on en fit l'extérieur des murs, car
elles se trouvèrent
plus solides. Les autres, vu le grand nombre de fentes, ne purent être
taillées ; pour ce motif, elles furent
exclues de la construction
de la tour. 4. Il examina ensuite les mutilées ; beaucoup d'entre
elles se trouvèrent noires, et certaines
avec de grandes fentes.
Et il dit de les mettre avec les écartées. Celles qui restaient,
il les nettoya, les tailla et dit de les placer dans
la construction. Les vierges
les ramassèrent et les ajustèrent à l'intérieur
des murs, car elles étaient moins solides. 5. Il examina
ensuite celles qui étaient
à moitié blanches et à moitié noires. Beaucoup
d'entre elles se trouvèrent noires et il dit de les mettre avec
les pierres écartées
; toutes les autres furent ramassées par les vierges : comme elles
étaient blanches, les vierges elles-mêmes les
ajustèrent à
la construction. On en fit l'extérieur des murs, car elles se trouvèrent
assez solides pour pouvoir contenir celles qu'on
mettait au milieu : aucune
d'entre elles n'avait été mutilée. 6. Il examina ensuite
celles qui étaient dures et raboteuses et
quelques-unes d'entre elles
furent rejetées, car on ne pouvait les tailler : elles se trouvèrent
trop dures. Les autres furent taillées,
ramassées par les
vierges et ajustées à l'intérieur des murs de la tour
: elles étaient en effet moins solides. 7. Il examina ensuite
celles qui portaient des
taches et, parmi elles, très peu se noircirent et furent rejetées
avec les autres ; celles qui restaient se
trouvèrent brillantes
et solides et elles furent ajustées par les vierges à la
construction ; on en fit l'extérieur des murs, vu leur
résistance.
86. (9)
1. Il vint ensuite examiner
les pierres blanches et rondes et il me dit : " Que faisons-nous de ces
pierres ? Que sais-je, moi,
Seigneur, répondis-je
? - Tu n'as aucune idée à ce sujet ? 2. - Seigneur, dis-je,
je ne connais pas ce métier, je ne suis pas tailleur
de pierres et je ne puis
avoir aucune idée là-dessus. - Ne vois-tu pas, dit-il, qu'elles
sont toutes rondes et que, si je veux les faire
cubiques, il faudra les
tailler énormément ? Or, il faut nécessairement que
certaines d'entre elles entrent dans la construction. 3. -
S'il y a nécessité,
Seigneur, dis-je, pourquoi vous tourmenter ? Pourquoi ne pas choisir pour
la construction celles que vous
préférez et
les y ajuster ? " Il choisit parmi elles les plus grosses et les plus brillantes,
et les tailla. Les vierges les ramassèrent et les
ajustèrent à
l'extérieur des murs. 4. Les autres qui étaient en trop furent
ramassées et entreposées dans la plaine d'où on les
avait
apportées, mais on
ne les jeta pas au rebut : " Parce que, dit-il, il reste encore un peu
de la tour à construire, et le maître veut
absolument que ces pierres
soient ajustées à la construction, parce qu'elles sont fort
brillantes. " 5. Il appela douze femmes d'une
très grande beauté,
vêtues de noir, avec une ceinture, les épaules dégagées,
les cheveux déroulés. Ces femmes me parurent
sauvages et le Pasteur leur
dit de ramasser les pierres rejetées de la construction et de les
remporter dans les montagnes d'où on
les avait fait venir. 6.
Elles les ramassèrent avec joie, les remportèrent toutes
et les remirent là où on les avait prises. Quand toutes
ces pierres eurent été
enlevées, qu'il n'en restait plus une autour de la construction,
le Pasteur me dit : " Faisons le tour de l'édifice
et voyons s'il n'a pas quelque
défaut. " Et je fis le tour avec lui. 7. Voyant la tour bien faite,
le Pasteur était fort content de la
construction, car la tour
était bâtie comme d'une seule pierre, sans le moindre joint.
Et la pierre paraissait avoir été dégagée du
rocher, car elle faisait
l'effet d'un monolithe.
87. (10)
1. Me promenant avec lui,
j'étais content de voir des choses aussi édifiantes. Et le
Pasteur me dit : " Va me chercher de la chaux
et des petits tessons, pour
égaliser les pierres ramassées et employées à
la construction. Car il faut que tout le pourtour de l'édifice
soit égalisé
; 2. Je fis comme il l'ordonnait et lui apportait (le tout). " Aide-moi,
dit-il, et l'ouvrage sera vite achevé. " Il égalisa donc
les pierres entrées
dans la construction, puis il dit de balayer et de nettoyer les alentours
de l'édifice. 3. Les vierges prirent des
balais, enlevèrent
de la tour tous les déchets, nettoyèrent à l'eau,
et l'emplacement de la tour devint riant et très gracieux. 4. Le
Pasteur me dit : " Tout
a été lavé ; si le maître vient examiner la
tour, il n'aura rien à nous reprocher. Sur ces mots, il voulait
se
retirer. 5. Mais moi, je
le saisis par sa besace et je me mis à le conjurer, au nom du Seigneur,
de m'expliquer ce qu'il m'avait
montré. Il me dit
: " J'ai encore quelques occupations, mais ensuite, je t'expliquerai tout.
Attends-moi ici jusqu'à ce que je revienne
! 6. Je lui dis : " Seigneur,
que ferai-je ici tout seul ? - Tu n'es pas seul, dit-il. Ces vierges sont
avec toi. Confie-moi donc à elles,
dis-je. " Le Pasteur les
appelle et leur dit : " je vous confie cet homme jusqu'à ce que
je revienne. " Et il s'en alla. 7. Moi, je restai
seul avec les vierges. Elles
étaient très contentes et avaient pour moi beaucoup d'attentions,
surtout les quatre principales d'entre
elles.
88. (11)
1. Les vierges me disent
: " Le Pasteur ne revient plus ici aujourd'hui. - Que vais-je donc faire
? répondis-je. - Attends-le jusqu'à
ce soir, disent-elles ;
s'il vient, il te parlera ; s'il ne vient pas, tu resteras ici avec nous
jusqu'à ce qu'il revienne. " 2. Je leur dis : " Je
l'attendrai jusqu'à
ce soir et s'il ne revient pas, je retournerai chez moi et reviendrai demain
matin. " Elles me répondent : " Tu nous
as été confié
; tu ne peux t'éloigner de nous. 8. - Où dont faut-il que
je reste ? répliquai-je. - Tu dormiras avec nous, disent-elles,
comme un frère, et
non comme un mari. Car tu es notre frère et désormais nous
devons habiter avec toi, car nous t'aimons
beaucoup. " Moi, je rougissais
de rester avec elles, 4. et celle qui me semblait être la première
d'entre elles se mit à me donner
des baisers et à
m'embrasser ; et les autres, la voyant m'embrasser, se mirent aussi à
me donner des baisers, à m'entraîner tout
autour de l'édifice
et à jouer avec moi. 5. Et moi, comme si j'étais tout rajeuni,
je me mis aussi à jouer avec elles ; et les unes
faisaient des choeurs, d'autres
dansaient, d'autres chantaient. Moi, en silence, je me promenais avec elles
autour de l'édifice et
avec elles, j'étais
joyeux. 6. Le soir venu, je voulus me retirer chez moi ; elles ne le permirent
pas, mais me retinrent; je restai avec
elles la nuit et je dormis
près de la tour. 7. Car les vierges avaient étendu à
terre leurs tuniques de lin et m'avaient fait me coucher
au milieu d'elles. Et elles
ne firent rien du tout, que prier. Et moi avec elles et non moins qu'elles,
je priais sans cesse et les vierges
se réjouissaient
de me voir ainsi prier. Je restai là jusqu'au lendemain à
la deuxième heure avec les vierges. 8. Ensuite arriva le
Pasteur et il leur dit :
" Vous ne lui avez fait aucune violence ? - Demandez-lui, disent-elles.
Je lui réponds : " Seigneur, j'ai eu
grande joie à rester
avec elles. - De quoi as-tu dîné? dit-il. - J'ai dîné,
Seigneur, dis-je, des paroles du Seigneur, toute la nuit. Elles
t'ont bien accueilli ? -
Oui, Seigneur, dis-je. 9. - Et maintenant, dit-il, que veux-tu que je t'explique
d'abord ? - Comme vous
m'avez montré depuis
le début, Seigneur, dis-je : je vous demande, Seigneur, de m'expliquer
au fur et à mesure de mes questions.
- Je t'expliquerai, dit-il,
comme tu le veux et je ne te cacherai rien du tout. "
89. (12)
1. " Avant tout, Seigneur,
dis-je, expliquez-moi ceci : que représentent le rocher et la porte
? - Ce rocher, dit-il, et la porte, c'est
le Fils de Dieu. - Comment
se fait-il, Seigneur, dis-je, que le rocher est ancien et la porte récente
? - écoute et comprends, dit-il,
homme borné. 2. Le
Fils de Dieu est né avant la création tout entière,
si bien qu'il a été le conseiller de son Père pour
la création
(Pr 8, 27-30) ; voilà
pourquoi le rocher est ancien. - Et la porte, pourquoi est-elle neuve,
Seigneur, dis-je ? 3. - Parce que, dit-il,
c'est aux derniers jours
de l'accomplissement qu'il s'est manifesté ; et la porte a été
faite récemment pour que ceux qui doivent être
sauvés entrent par
elle dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5 ; cf. Mc 9, 47 ; etc.). 4. As-tu
vu, dit-il, que les pierres qui avaient passé
par la porte étaient
utilisées dans la construction de la tour, et que celles qui n'y
passaient pas étaient rejetées à leur ancienne place
? - Je l'ai vu, Seigneur,
dis-je. - De même, dit-il, personne ne rentrera dans le royaume de
Dieu (Jn 3, 5), s'il n'a pas pris son saint
nom. 5. Car si tu veux entrer
dans une ville et que cette ville soit tout entourée de remparts
et n'ait qu'une porte, peux-tu entrer
dans cette ville autrement
que par la seule porte qu'elle ait ? - Comment donc, Seigneur, dis-je,
cela pourrait-il se faire autrement
? - Si tu ne peux y entrer
que par la seule porte qu'elle ait, dit-il, de même un homme ne peut
entrer dans le royaume de Dieu (Jn
3, 5) que par le nom de
son fils bien-aimé. 6. Tu as vu, dit-il, la foule qui bâtissait
la tour ? - Je l'ai vue, Seigneur, dis-je. - Tous
ceux-là, dit-il sont
des anges glorieux. C'est par eux que le Fils de Dieu a été
entouré d'un rempart et la porte, c'est le Fils de
Dieu. C'est la seule entrée
qui conduise au Seigneur. Personne donc ne s'introduira auprès de
lui si ce n'est par son Fils (Jn 14, 6).
7. As-tu vu, dit-il, les
six hommes et au milieu d'eux un autre homme glorieux, de grande taille,
qui faisait le tour de l'édifice ? et
qui a rejeté de la
construction comme indignes les pierres (que tu sais) ? - Je les ai vus,
Seigneur, dis-je. 8. - L'homme glorieux,
dit-il, c'est le Fils de
Dieu et les six autres sont les anges glorieux qui l'escortent à
sa droite et à sa gauche. Aucun de ces anges
glorieux, dit-il, ne s'introduira
sans lui auprès de Dieu. Quiconque n'aura pas reçu son nom
n'entrera pas dans le royaume de Dieu
" (Jn 3, 5).
90. (13)
1. " Et la tour, dis-je,
que symbolise-t-elle ? - Cette tour, dit-il, c'est l'église. 2.
- Et ces vierges, qui sont-elles ? - Ce sont des
esprits saints, dit-il.
Et il n'est possible à un homme d'entrer dans le royaume de Dieu
que si ces vierges l'ont revêtu de leur propre
vêtement. Car si tu
ne prends que le nom sans prendre le vêtement, cela ne te servira
de rien, car ces vierges sont les puissances
du Fils de Dieu. Si tu portes
le nom sans revêtir sa puissance, c'est en vain que tu seras porteur
du nom. 3. Les pierres que tu as
vues rejetées, ce
sont les gens qui portaient le nom sans être revêtus du vêtement
des vierges. - Quel est, Seigneur, dis-je, leur
vêtement ? - Leur
nom même, dit-il, est leur vêtement Celui qui porte le nom
du Fils de Dieu doit porter aussi leurs noms, car le
Fils lui-même porte
le nom de ces vierges. 4. Toutes les pierres que tu as vues entrer dans
la construction de la tour, apportées
par leurs mains, et y rester,
ce sont les gens revêtus de la puissance de ces vierges. 5. C'est
pourquoi tu vois la tour ne faire
qu'une pierre avec le rocher
: de même, ceux qui ont cru au Seigneur par son Fils (cf. Jn 1, 7)
et sont revêtus de ces esprits,
formeront un seul esprit,
un seul corps (Ep 4, 4) et leurs vêtements n'auront qu'une couleur.
De telles gens qui portent le nom des
vierges ont leur demeure
dans la tour. 6. - Et les pierres qui ont été rejetées,
Seigneur, dis-je, pourquoi l'ont-elles été ? Elles
avaient pourtant passé
par la porte et avaient été placées dans la construction
de la tour par les mains des vierges. - Puisque tu
t'occupes de tout et recherches
la minutie, écoute, voici ce qui concerne les pierres rejetées.
7. Tous ces gens, dit-il, ont pris le
nom du Fils de Dieu et aussi
la puissance des vierges. Accueillant ces esprits, ils en furent affermis
et se trouvaient parmi les
serviteurs de Dieu; ils
n'avaient qu'un seul esprit, un seul corps (Ep 4, 4) et un seul vêtement;
ils pensaient de même et pratiquaient
la justice (2 Co 13, 11;
Ph 2, 2 ; Ps. 14, 2 ; Ac 10, 35 ; He 11, 33). 8. Mais après un certain
temps, ils furent séduits par les
femmes que tu as vues revêtues
de noir, les épaules dégagées, les cheveux déroulés...
et belles ! Les voyant, ils les désirèrent et se
revêtirent de leur
puissance, et rejetèrent le vêtement et la puissance des vierges.
9. Ceux-là ont été rejetés de la maison de
Dieu
et leur furent confiés.
Ceux qui ne se sont pas laissés tromper par la beauté de
ces femmes, sont restés dans la maison de Dieu.
Voilà, dit-il, l'explication
des pierres rejetées. "
91. (14)
1. " Eh quoi ! Seigneur,
dis-je, si ces hommes, même tels, font pénitence et rejettent
le désir de ces femmes et reviennent aux
vierges et marchent selon
leur puissance et selon leurs oeuvres, n'entreront-ils pas dans la maison
de Dieu ? 2. - Ils entreront,
répondit-il, s'ils
renoncent aux oeuvres de ces femmes, recouvrent la vertu des vierges et
marchent dans leurs oeuvres. Et
précisément
une pause est intervenue dans la construction pour qu'ils puissent, en
cas de repentir, rentrer dans la construction de
la tour. Mais s'ils ne font
pas pénitence, d'autres entreront et eux seront définitivement
rejetés. " 3. Là-dessus, je rendis grâces au
Seigneur d'avoir eu pitié
de tous ceux qui s'appellent selon son nom (Is 43, 7) et de nous avoir
envoyé l'ange de la pénitence, à
nous qui avions péché
à son égard, d'avoir renouvelé notre esprit et renouvelé
notre vie alors que nous étions déjà corrompus et
sans espoir de vivre. 4.
" À présent, Seigneur, dis-je, montrez-moi pourquoi la tour
n'a pas été construite à terre, mais sur le
rocher et sur la porte.
- Tu es de nouveau, dit-il, stupide et insensé ? - C'est une nécessité,
Seigneur, dis-je, de tout vous
demander, car je n'y puis
absolument rien comprendre : ce sont pour les hommes des choses imposantes,
glorieuses, et difficiles à
saisir. 5. - écoute,
dit-il. Le nom du Fils de Dieu est grand, immense, et il soutient le monde
entier. Si donc toute la création est
soutenue par le Fils de
Dieu, que penses-tu de ceux qu'il appelle, qui portent le nom du Fils de
Dieu et marchent selon ses
préceptes ? 6. Vois-tu
maintenant ceux qu'il soutient ? Ce sont ceux qui du fond du coeur portent
son nom. Il s'est fait lui-même
leur assise et c'est une
joie pour lui de les soutenir, puisqu'ils n'ont pas honte de porter son
nom. "
92. (15)
1. " Dites-moi, Seigneur,
dis-je, le nom des vierges et des femmes vêtues de noir. - écoute,
dit-il, le nom des vierges les plus
fortes, celles qui se tenaient
aux angles. 2. La première, c'est la Foi, la seconde, la Tempérance,
la troisième, la Force, la
quatrième, la Patience
; les autres, placées entre les premières, ont comme nom
: Simplicité, Innocence, Sainteté, Gaieté, Vérité,
Intelligence, Concorde,
Charité. Celui qui porte ces noms et celui du Fils de Dieu pourra
entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3,
5). 3. écoute aussi,
dit-il, le nom des femmes vêtues de noir ; quatre d'entre elles sont
les plus fortes : la première, Incrédulité, la
seconde, Intempérance,
la troisième, Désobéissance, la quatrième,
Tromperie. Leurs suivantes s'appellent : Tristesse,
Méchanceté,
Débauche, Colère, Fausseté, Démence, Médisance,
Haine. Le serviteur de Dieu qui porte ces noms verra le
royaume de Dieu, mais n'y
entrera pas. 4. - Et les pierres, Seigneur, dis-je, sorties de l'abîme
et ajustées à la construction, qui
sont-elles ? - Les dix premières
dit-il, posées dans les fondations, c'est la première génération
; les vingt-cinq (suivantes) sont la
seconde génération
d'hommes justes ; les trente-cinq (suivantes) sont les prophètes
de Dieu et ses serviteurs et les quarante sont
les Apôtres, les docteurs
qui ont proclamé la doctrine du Fils de Dieu. 5. - Et pourquoi,
Seigneur, dis-je, les vierges ont-elles fait
passer ces pierres par la
porte pour les livrer aux constructeurs de la tour ? 6. - Parce que ce
furent les premiers à porter ces
esprits et ils ne s'écartèrent
pas du tout les uns des autres, ni les esprits, des hommes, ni les hommes,
des esprits : ceux-ci
restèrent avec eux
jusqu'à leur mort et si ces hommes n'avaient pas eu ces esprits
avec eux, ils n'auraient pas été utilisables pour la
construction de la tour.
"
93. (16)
1. " Expliquez-moi encore,
Seigneur, dis-je. - Que cherches-tu encore ? dit-il. - Pourquoi, Seigneur,
dis-je, les pierres ont-elles
dû monter du fond
de l'eau pour être placées dans la construction de la tour,
tout en portant ces esprits ? 2. - Il leur fallait sortir
de l'eau, dit-il pour recevoir
la vie : elles ne pouvaient entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5) autrement
qu'en rejetant la mort
qu'était leur vie
antérieure. 3. Ces morts reçurent donc eux aussi le sceau
du Fils de Dieu et entrèrent dans le royaume de Dieu (Jn
3, 5). Avant de porter le
nom du Fils de Dieu, dit-il, l'homme est mort ; et lorsqu'il reçoit
le sceau, il rejette la mort et reçoit la vie.
4. Et le sceau, c'est l'eau
: ils descendent donc dans l'eau en étant morts et ils en sortent
vivants. A eux aussi donc fut annoncé ce
sceau et ils en usèrent
pour entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5). 5. - Pourquoi, Seigneur,
dis-je, les quarante pierres
sont-elles montées
aussi avec elles de l'abîme, tout en ayant déjà reçu
le sceau ? - Parce que, dit-il, ces Apôtres et ces docteurs
qui ont prêché
le nom du Fils de Dieu, après être morts dans la vertu et
la foi du Fils de Dieu, l'ont prêché aussi à ceux qui
étaient
morts avant eux et leur
ont donné le sceau qu'ils annonçaient. 6. Avec eux donc,
ils sont descendus dans l'eau et ensuite en sont
sortis. Mais c'est vivants
qu'ils sont descendus pour ensuite remonter vivants, alors que ceux qui
étaient morts avant eux sont
descendus morts et sont
remontés vivants. 7. C'est grâce à eux que ces derniers
ont reçu la vie et connu le nom du Fils de Dieu.
C'est pourquoi ils sont
remontés avec eux et ont été ajustés à
la construction de la tour, y prenant place sans être taillés
; car ils
étaient morts dans
la justice et dans une grande pureté : il ne leur manquait que ce
sceau. Tu as maintenant l'explication de ces
faits. - Oui, Seigneur,
dis-je.
94. (17)
" 1. Maintenant, Seigneur,
expliquez-moi ce qui concerne les montagnes. Pourquoi leur aspect est-il
si différent et bigarré ? -
écoute, dit-il. Ces
douze montagnes sont les douze tribus qui se partagent le monde entier
; le Fils de Dieu leur fut annoncé par les
Apôtres. 2. - Mais
pourquoi cet aspect si différent et bigarré ? Expliquez-moi,
Seigneur. - écoute, dit-il. Ces douze tribus qui se
partagent le monde entier
forment douze nations. Elles sont diverses par les sentiments et l'esprit.
Telles ces montagnes bigarrées
que tu as vues, telle aussi
la bigarrure de sentiment et d'esprit de ces nations. Mais je vais te montrer
la conduite de chacune en
particulier. 3. - Tout d'abord,
Seigneur, dis-je, expliquez-moi comment il se fait que les pierres de ces
montagnes pourtant
bigarrées, une fois
placées dans la construction, devinrent brillantes et de la même
couleur blanche, comme les pierres qui sont
montées du fond de
l'eau. 4. - C'est parce que toutes les nations, dit-il, qui habitent sous
le ciel, après avoir entendu (l'annonce) et
avoir cru, ont pris le nom
du Fils de Dieu. Et après avoir reçu le sceau, ces gens n'eurent
plus qu'un même sentiment et un même
esprit (Ep 4, 4), une même
foi et une même charité, et avec le nom, ils ont porté
les esprits des vierges. Voilà pourquoi la tour a
pris une même couleur
éclatante, comme le soleil. 5. Mais après être entrés
dans le même lieu et avoir formé un seul corps,
certains d'entre eux se
sont souillés et ils ont été rejetés du peuple
des justes et ils sont redevenus tels qu'ils étaient auparavant
et
même plutôt
pires. "
95. (18)
1. " Comment, Seigneur, dis-je,
ont-ils pu devenir pires après avoir connu Dieu ? - Celui, dit-il,
qui ne connaît pas Dieu et fait le
mal, mérite (déjà)
une certaine punition pour sa méchanceté ; mais celui qui
connaît Dieu ne doit plus faire le mal, mais le bien. 2.
Si donc celui qui doit faire
le bien fait le mal, ne semble-t-il pas avoir plus de méchanceté
que celui qui ne connaît pas Dieu ? C'est
pourquoi ceux qui ne connaissent
pas Dieu et font le mal sont condamnés à mort, alors que
ceux qui connaissent Dieu, qui ont vu
sa grandeur et (malgré
cela) font encore le mal seront doublement châtiés et mourront
pour l'éternité. Et c'est ainsi que sera
purifiée l'église
de Dieu. 3. Tu as vu ces pierres enlevées de la tour, livrées
aux esprits mauvais et écartées de là : ceux qui auront
été purifiés
formeront un seul corps. La tour, après purification, semblait être
d'une seule pierre, ainsi sera aussi l'église de Dieu,
une fois purifiée
et débarrassée des méchants, des hypocrites, des blasphémateurs,
des indécis, des pécheurs de toutes sortes. 4.
Après leur exclusion,
l'église de Dieu sera un seul corps, un sentiment, un seul esprit,
une seule foi, une seule charité. Alors le Fils
de Dieu sera content et
il se réjouira au milieu d'eux d'avoir retrouvé son peuple
pur. - Tout cela, Seigneur, dis-je, est grand et
admirable. 5. Mais montrez-moi
encore, Seigneur, dis-je, la qualité et la conduite de chaque montagne,
pour que chaque âme
fidèle au Seigneur
célèbre son nom grand, admirable (Ps 9, 2 ; 86, 9 ; 99, 3)
et glorieux. - Voici, dit-il, la diversité des montagnes
et des douze nations.
96. (19)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la première montagne, la noire : des apostats,
des gens qui ont blasphémé contre le
Seigneur et ont trahi les
serviteurs de Dieu. Pour ceux-là, point de pénitence, mais
la mort : c'est pourquoi ils sont noirs, car c'est
une engeance sans loi. 2.
Voici ce que sont les croyants venus de la deuxième montagne, celle
qui est rase : ce sont des hypocrites
et des docteurs du vice.
Ils sont semblables aux précédents : ils n'ont aucun fruit
de justice (Ph 1, 11 ; He 12, 11 ; Jc 3, 8). Leur
montagne est sans fruits
: de même, les gens de cette espèce ont le nom, mais ils sont
vides de foi et il n'y a en eux aucun fruit de
vérité. Pour
eux la pénitence est possible, s'ils se repentent vite ; mais s'ils
tardent, pour eux comme pour les précédents, ce sera
la mort. 3. - Pourquoi donc,
Seigneur, dis-je, la pénitence est-elle possible pour eux, alors
qu'elle ne l'est pas pour les premiers ?
Leur conduite est pourtant
à peu près la même ! - La pénitence leur reste
possible, dit-il, parce qu'ils n'ont pas blasphémé contre
leur Seigneur et qu'ils
n'ont pas trahi les serviteurs de Dieu. C'est le désir du gain qui
les a faits hypocrites et chacun a enseigné de
façon à flatter
les désirs des pécheurs. Ils en seront punis, mais la pénitence
leur reste possible parce qu'ils n'ont été ni
blasphémateurs, ni
traîtres.
97. (20)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la troisième montagne, celle qui a des chardons
et des épines. Parmi eux, les uns sont
riches, les autres, enfoncés
dans d'innombrables affaires. Les épines symbolisent les riches,
les chardons, ceux qui sont enfoncés
dans des affaires multiples
(cf. Mt 13, 22 ; Mc 4, 18-19). 2. Ces derniers, enfoncés dans leurs
multiples affaires de tout genre, ne
s'attachent pas aux serviteurs
de Dieu : ils errent à l'aventure, étouffés par leurs
affaires. Les riches, eux, s'attachent difficilement
aux serviteurs de Dieu,
par peur d'être sollicités. De telles gens entreront difficilement
dans le royaume de Dieu (Mc 10, 23). 3. Il
est difficile de marcher
pieds nus dans les chardons : de même il est difficile à de
telles gens d'entrer dans le royaume de Dieu (Mc
10, 23.). 4. Il leur reste
à tous la possibilité de faire pénitence, à
condition de faire vite, pour revenir de ces jours-ci sur ce qu'ils
n'ont pas accompli précédemment
et faire quelque bien. Si donc ils se repentent et font quelque bien, ils
vivront pour Dieu ; mais
s'ils s'obstinent dans leurs
oeuvres, ils seront livrés à ces femmes qui les feront mourir.
98. (21)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la quatrième montagne, toute couverte d'herbes,
vertes au sommet, séchées près de
la racine et certaines desséchées
par le soleil : ce sont des indécis ; ils ont le Seigneur sur les
lèvres sans l'avoir dans le coeur. 2.
C'est pourquoi leur base
est desséchée et sans force ; seules les paroles sont vivantes,
mais leurs oeuvres sont mortes. De telles
gens ne vivent ni ne sont
morts ; ils sont semblables aux indécis, qui ne sont non plus ni
verts ni secs ; car ils ne vivent ni ne sont
morts. 3. Ces herbes, de
voir le soleil se dessèchent ; de même, les indécis,
dès qu'ils entendent parler de persécution, sacrifient
par lâcheté
aux idoles et rougissent du nom de leur Seigneur. 4. De telles gens ne
vivent ni ne sont morts. Mais eux aussi, s'ils font
vite pénitence, pourront
vivre ; et s'ils ne font pas pénitence, ils sont déjà
livrés aux femmes qui leur enlèvent la vie.
99. (22)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la cinquième montagne, verdoyante et raboteuse
: ils sont fidèles, mais indociles,
arrogants, infatués
d'eux-mêmes : voulant tout savoir, ils ne savent rien du tout ; 2.
à cause de cette arrogance, l'intelligence s'est
éloignée d'eux
et la démence, la folie est entrée en eux. Ils se vantent
d'avoir l'intelligence et ils ont la prétention d'être docteurs,
pauvres fous ! 3. De par
cet orgueil, beaucoup de gens qui voulaient s'élever sont tombés.
Car c'est un grand démon que la
suffisance et la vanité.
Beaucoup d'entre eux ont donc été rejetés ; certains
ont fait pénitence, ont cru (de nouveau) et,
reconnaissant leur propre
folie, se sont soumis à ceux qui ont l'intelligence. 4. Mais les
autres aussi peuvent encore faire pénitence,
car ils n'étaient
pas mauvais, plutôt sots et insensés. Si donc ils font pénitence,
ils vivront pour Dieu ; et s'ils ne se repentent pas, ils
habiteront avec les femmes
qui leur ont fait (tant) de mal.
100. (23)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la sixième montagne, celle qui a des crevasses
grandes et petites et des herbes flétries
dans ces crevasses : 2.
ceux qui ont de petites crevasses, ce sont ceux qui se gardent rancune
mutuellement et, de par leurs
médisances réciproques,
ils sont flétris dans la foi. Mais beaucoup d'entre eux ont fait
pénitence. Et les autres se repentiront quand
ils entendront mes préceptes
; car leurs médisances ne sont pas graves et ils se repentiront
vite. 3. Ceux qui ont de grandes
crevasses s'obstinent dans
la médisance, deviennent rancuniers et ne décolèrent
plus les uns contre les autres. Ceux-là donc ont
été rejetés
loin de la tour et jugés indignes de la construction. De telles
gens vivront difficilement. 4. Si Dieu notre Seigneur qui
domine tout et tient sous
son pouvoir toute la création ne garde pas de ressentiment à
l'égard de ceux qui avouent leurs péchés, s'il
leur devient propice, un
homme mortel et plein de péchés pourra-t-il garder rancune
à un homme, comme s'il avait le pouvoir de
le perdre ou de le sauver
(Jc 4, 12) ? 5. je vous le dis, moi, l'ange de la pénitence : vous
tous qui avez ce penchant, supprimez-le
et faites pénitence,
et le Seigneur guérira vos péchés précédents,
si vous vous purifiez de ce démon ; sinon, vous lui serez livrés
pour la mort.
101. (24)
" 1. La septième montagne
où les herbes étaient vertes et riantes était tout
entière florissante et toutes sortes de troupeaux et
d'oiseaux se nourrissaient
des herbes de cette montagne et ces herbes, à peine coupées,
repoussaient plus abondamment ; voici
ce que sont les croyants
venus de là : 2. ils ont toujours été simples, innocents,
bienheureux, sans ressentiment les uns contre les
autres, toujours satisfaits
des serviteurs de Dieu, revêtus de l'esprit saint de ces vierges,
toujours pleins de compassion pour tout
homme et à force
de peines, ils ont pu secourir tout le monde, sans hauteur et sans hésitation.
3. Et le Seigneur, voyant leur
simplicité et leur
candeur, les a comblés dans le travail de leurs mains et les a remplis
de grâces pour toutes leurs entreprises. 4. Je
vous dis, à vous
qui êtes tels, moi, l'ange de la pénitence : restez tels et
votre postérité ne sera pas effacée à jamais.
Car le
Seigneur vous a éprouvés
et vous a inscrits au nombre des nôtres, et toute votre postérité
habitera avec le Fils de Dieu ; car vous
avez eu part à son
Esprit.
102. (25)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la huitième montagne, remplie de sources où
venaient s'abreuver toute la création du
Seigneur : 2. ce sont les
Apôtres et les docteurs qui ont prêché dans le monde
entier et qui ont enseigné en toute pureté et sainteté
la parole du Seigneur :
ils ne se sont jamais égarés par passion mauvaise, mais ont
toujours marché dans la justice et la vérité,
selon l'Esprit-Saint qu'ils
avaient reçu. La place de tels hommes est à côté
des anges.
103. (26)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la neuvième montagne, pleine de reptiles et de
fauves qui causent mort d'homme. 2.
Ceux qui ont des taches
sont des diacres qui ont mal agi dans leur ministère, qui ont dérobé
la subsistance des veuves et des
orphelins et qui se sont
enrichis des ressources qu'ils avaient reçues pour secourir ; s'ils
s'obstinent dans cette passion, ils sont déjà
morts et n'ont plus aucun
espoir de vivre. Mais cils se convertissent et achèvent saintement
leur ministère, ils pourront vivre. 3.
Ceux qui ont la gale, ce
sont ceux qui ont renié le Seigneur et ne sont pas revenus à
lui, mais pareils à des terres en friche et
désertes, ils ne
s'attachent plus aux serviteurs de Dieu : ils vivent isolés et perdent
leur âme (Mt 10, 39 ; Lc 9, 24 ; 17, 33 ; Jn 12,
25). 4. Une vigne abandonnée
dans une haie se flétrit faute de soins ; les mauvaises herbes l'étouffent
; elle redevient sauvage avec
le temps et n'a plus de
valeur pour son maître : de même, de telles gens, s'abandonnant
eux-mêmes, deviennent sauvages et
perdent toute utilité
aux yeux du Seigneur. 5. Ceux-là peuvent encore faire pénitence,
si ce n'est pas du fond du coeur qu'ils ont
renié le Seigneur
; mais si quelqu'un l'a renié du fond du coeur, je ne sais s'il
peut vivre. 6. Et ce que je dis ne vaut pas pour les
jours qui viennent : il
n'est pas question qu'après avoir renié on fasse désormais
encore pénitence. Car il est impossible que soit
sauvé celui qui devrait
encore renier son Seigneur. C'est pour ceux qui l'ont renié dans
le passé qu'il semble y avoir possibilité de
faire pénitence.
Si donc quelqu'un veut faire pénitence, qu'il fasse vite, avant
que la tour ne soit achevée. Sinon, il sera mis à mort
par les femmes. 7. Et les
mutilés, ce sont les fourbes et les médisants ; et les serpents
que tu as vus sur la montagne les
représentent. Ces
bêtes, par leur venin propre, empoisonnent l'homme et le font mourir
; de même, les paroles de ces gens
empoisonnent l'homme et
le font mourir. 8. Ceux-là n'ont plus qu'une foi mutilée,
à cause de la conduite qu'ils ont. Certains ont fait
pénitence et ont
été sauvés ; les autres, tels qu'ils sont, peuvent
être sauvés, s'ils se repentent. Et s'ils ne se repentent
pas, ils
mourront de par ces femmes
dont ils ont l'esprit.
104. (27)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la dixième montagne, dont les arbres abritaient
des brebis : 2. des évêques et des
gens hospitaliers qui ont
toujours reçu avec plaisir les serviteurs de Dieu, en dehors de
toute hypocrisie. Et ces évêques, dans leur
ministère, ont continuellement
protégé les indigents et les veuves, et ont toujours mené
une vie sainte. 3. Ceux-là donc seront à
leur tour protégés
par le Seigneur pour l'éternité. Ceux qui ont agi ainsi sont
glorieux auprès de Dieu et déjà maintenant leur place
est avec les anges, s'ils
continuent jusqu'à la fin à servir le Seigneur.
105. (28)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la onzième montagne, dont les arbres étaient
ornés d'une foule de fruits très variés : 2.
des hommes qui ont souffert
pour le nom du Fils de Dieu, qui souffrirent même avec empressement,
du fond de leur coeur et qui
ont livré leur vie
(Ac. 15, 26). 3. - Et pourquoi donc, Seigneur, dis-je, tous ces arbres
ont-ils des fruits et certains, des fruits plus
beaux ? - écoute
dit-il. Tous ceux qui ont souffert à cause du nom sont glorieux
auprès de Dieu et leurs péchés à eux tous ont
été
effacés, parce qu'ils
ont souffert pour le nom du Fils de Dieu. Mais voici pourquoi leurs fruits
sont variés et certains meilleurs. 4.
Tous ceux, dit-il, qui,
traînés devant les autorités, ont été
soumis à la question et n'ont pas nié, mais au contraire
ont souffert avec
empressement, ceux-là
sont beaucoup plus glorieux auprès du Seigneur et leurs fruits sont
les meilleurs. Tous ceux, en revanche,
qui furent tremblants et
indécis, qui se demandèrent en leur coeur s'ils renieraient
ou confesseraient (le Seigneur), mais qui pour
finir ont souffert, ceux-là
ont des fruits plus médiocres, par la faute de cette intention qui
montait à leur coeur. Car c'est une
mauvaise intention pour
un serviteur que celle de renier son propre maître. 5. Veillez donc,
vous qui avez cette intention, à ce
qu'elle ne demeure pas dans
votre coeur et que vous ne mouriez pour Dieu. Et vous qui souffrez pour
Dieu, vous devez le glorifier
(1 P 4, 13, 15, 16) de ce
qu'il vous a jugés dignes de porter son nom et d'être guéris
de tous vos péchés. 6. Félicitez-vous donc
et croyez avoir accompli
une grande oeuvre lorsque quelqu'un d'entre vous souffre pour Dieu. Le
Seigneur vous fait don de la vie
et vous ne comprenez pas
! Car vos péchés vous alourdissaient et si vous n'aviez pas
souffert pour le nom du Seigneur, à cause
de vos péchés,
vous seriez morts pour Dieu. 7. je dis cela pour vous qui hésitez
à renier ou à confesser. Confessez que vous avez
un Seigneur, de peur d'être,
en le reniant, jetés en prison. 8. Si les gentils punissent leurs
esclaves, s'ils renient leur maître, que fera
de vous, à votre
avis, le Seigneur maître de toutes choses ? Rejetez ces desseins
de vos coeurs, afin de vivre éternellement pour
Dieu.
106. (29)
" 1. Voici ce que sont les
croyants venus de la douzième montagne : comme de petits enfants
au coeur de qui ne monte pas la
moindre idée du mal,
ils ne savent même pas ce qu'est le mal et sont toujours restés
dans l'innocence. 2. Ces hommes, très
certainement, habiteront
le royaume de Dieu, car en aucune circonstance ils n'ont souillé
les commandements de Dieu, mais ont
persévéré
tous les jours de leur vie dans l'innocence et le même état
d'esprit. 3. Vous tous qui persévérerez ainsi et serez comme
les petits enfants (Mt 18,
3) sans malice, vous serez plus glorieux que tous les précédents.
Tous les petits enfants sont glorieux
auprès de Dieu et
premiers pour lui. Bienheureux donc, vous qui écarterez de vous
le mal et vous revêtirez de l'innocence : les
premiers de tous, vous vivrez
pour Dieu. " 4. Après qu'il eut achevé les paraboles des
montagnes, je lui dis : " Seigneur,
expliquez-moi maintenant
les pierres extraites de la plaine et mises à la place des pierres
enlevées de la tour et aussi des pierres
rondes mises dans la construction
et celles qui encore maintenant sont rondes. "
107. (30)
1. " écoute, dit-il,
cela aussi. Les pierres extraites de la plaine et entrées dans la
construction de la tour à la place des pierres
enlevées, ce sont
les racines de cette montagne blanche. 2. Comme les croyants venus de cette
montagne blanche se sont trouvés
innocents, le maître
de la tour a fait employer pour la construction de la tour des pierres
venant des racines de cette montagne. Il
savait, en effet, que si
ces pierres entraient dans la construction de la tour, elles resteraient
brillantes sans qu'aucune ne noircît. 3.
S'il avait (encore) ajouté
des pierres provenant des montagnes, il lui aurait fallu de nouveau examiner
et purifier la tour. En
revanche, tous ceux-ci se
sont trouvés d'une blancheur éclatante, ceux qui croient
et aussi ceux qui sont appelés à croire, car ils
sont de la même race.
Bienheureuse race, car elle est innocente. 4. Voici maintenant ce qui concerne
les pierres rondes et
brillantes. Elles viennent
toutes de cette montagne blanche, mais voici pourquoi on les a trouvées
rondes. Ce sont leurs richesses
qui leur ont un peu voilé
la vérité et les ont obscurcis ; mais ils ne se sont jamais
éloignés de Dieu et aucune parole mauvaise n'est
jamais sortie de leur bouche
(cf. Ep 4, 29), mais toujours l'équité et la vérité.
5. Voyant d'après leur mentalité qu'ils pouvaient
servir la vérité
et rester bons, le Seigneur fit rogner leurs richesses, sans les leur enlever
totalement, pour qu'ils pussent faire
quelque bien de ce qui leur
restait ; et ces gens vivront pour Dieu, car ils sont de bonne race. C'est
pourquoi (ces pierres) ont été
rognées légèrement
et puis employées à la construction de la tour.
108. (31)
Quant aux autres qui jusqu'à
présent sont restées rondes et n'ont pas été
ajustées à la bâtisse, parce qu'elles n'avaient pas
encore
reçu le sceau, elles
ont été remises à leur place : elles ont été
trouvées trop rondes. 2. Il faut les couper de ce siècle
et de la vanité
de leurs oeuvres ; alors,
ils seront dignes du royaume de Dieu. Car il faut qu'ils entrent dans le
royaume de Dieu (Jn 3, 5) ; c'est,
en effet, une race innocente
que le Seigneur a bénie. De cette race, personne ne mourra. Il se
peur que l'un d'entre eux, séduit par
le diable infâme,
commette quelque faute - il reviendra très vite vers son Seigneur.
3. Je vous estime heureux, moi, l'ange de la
pénitence, vous tous
qui êtes innocents comme des petits enfants, car votre fortune est
bonne et glorieuse devant Dieu. 4. Je vous
le dis à vous tous
qui avez reçu le sceau : soyez simples, oubliez les offenses, ne
vous obstinez pas dans votre malice ou dans le
souvenir amer des offenses,
n'ayez qu'un seul esprit, remédiez à ces discordes funestes,
écartez-les de vous : le maître du
troupeau sera content de
tout cela. 5. Il se réjouira s'il trouve toutes ses brebis en bonne
santé sans qu'aucune ne soit égarée.
Mais s'il découvre
que certaines d'entre elles sont égarées, malheur aux bergers
: 6. et si ce sont les bergers eux-mêmes qu'on
trouve égarés,
que répondront-ils au maître de leurs troupeaux ? Car enfin,
pourront-ils se dire égarés par une brebis ? On ne les
croira pas, car c'est une
chose incroyable qu'un berger puisse souffrir du fait d'une brebis ; il
sera plus lourdement puni à cause de
son mensonge. Et moi aussi
je suis berger et il faut de toute nécessité que je rende
compte de vous.
109. (32)
" 1. Guérissez-vous
donc, pendant que la tour est encore en construction. 2. Le Seigneur habite
dans les hommes qui aiment la
paix ; car en vérité
la paix lui est chère et il s'écarte très loin des
querelleurs qu'a perdus leur malice. Rendez-lui donc votre esprit
intact comme vous l'avez
reçu. 3. Si tu donnes au foulon un vêtement neuf et intact,
tu comptes bien le ravoir intact ; et s'il te le
rend déchiré,
le reprendras-tu ? Ne te fâcheras-tu pas tout de suite ? Ne le poursuivras-tu
pas de reproches, disant : " Je t'ai
donné ce vêtement
intact. Pourquoi l'as-tu déchiré et mis hors d'usage ? Car
à cause de la déchirure que tu y as faite, il est
inutilisable. " Ne diras-tu
pas tout cela au foulon pour la déchirure qu'il a faite à
ton vêtement ? 4. Si donc toi, tu te fais du chagrin
pour ce vêtement et
te plains de ne pas le ravoir intact, que penses-tu que le Seigneur te
fera, lui qui t'a donné un esprit intact que
tu as rendu tout entier
inutile au point qu'il ne puisse plus servir du tout à ton Maître
? Car il est devenu inutile depuis le jour où tu
l'as corrompu. Le Maître
de cet esprit ne te fera-t-il pas mourir pour ce crime ? 5. - Certes, dis-je,
c'est ainsi qu'il traitera tous
ceux qui s'obstinent dans
le souvenir des offenses. Ne foulez pas aux pieds, dit-il, sa miséricorde,
mais plutôt glorifiez-le d'être si
patient pour vos fautes
et de ne pas vous ressembler. Faites pénitence : cela vous sera
utile.
110. (33)
" 1. Tout ce qui est écrit
ci-dessus, c'est moi, le Pasteur, l'Ange de la Pénitence, qui l'ai
montré et exposé pour les serviteurs de
Dieu. Si donc vous croyez,
si vous écoutez mes paroles, si vous marchez dans cette voie, si
vous corrigez votre route, vous
pourrez vivre. Mais si vous
vous obstinez dans la malice et le souvenir des offenses, personne de ce
genre ne vivra pour Dieu.
Tout ce que j'avais à
dire vous a été dit. " 2. Le Pasteur me dit alors : " Tu
m'as tout demandé ? - Oui, Seigneur, dis-je. -
Pourquoi ne m'as-tu rien
demandé à propos de la forme des pierres placées dans
la construction et que nous avons égalisées ? -
Je l'ai oublié, Seigneur,
dis-je. 3. - Voici, dit-il, ce qui les concerne : ce sont ceux qui ont
écouté mes préceptes et ont fait
pénitence du fond
de leur coeur. Le Seigneur a vu que leur pénitence était
bonne et pure et qu'ils pouvaient y persévérer ; c'est
pourquoi il a fait effacer
leurs péchés antérieurs. Les creux représentaient
ces péchés et ils ont été comblés pour
qu'ils
n'apparussent plus. "
Similitude X
111. (1)
1. Quand j'eus achevé
d'écrire ce livre, l'ange qui m'avait confié au Pasteur vint
dans la maison où j'étais et s'assit sur le lit ; et le
Pasteur apparut debout à
sa droite. Alors l'ange m'appela et me dit : " Je t'ai confié, dit-il
toi et ta maison, à ce Pasteur, pour qu'il
te protège. - Oui,
Seigneur, dis-je. - Si donc tu veux être protégé, dit-il,
contre tout sévice ou violence, avoir du succès dans
toutes tes bonnes oeuvres
et tes bonnes paroles, et garder toute la vertu de justice, marche selon
ses préceptes, que je t'ai
donnés, et tu pourras
triompher de tout mal. 3. Si tu gardes en effet ses préceptes, tu
pourras fouler au pied toutes les cupidités et
toutes les délices
de ce siècle et le succès te suivra dans toutes tes bonnes
oeuvres. Adopte pour toi sa perfection et sa modestie
et dis à tout le
monde qu'il jouit d'un grand honneur et d'une grande dignité auprès
du Seigneur et qu'il a dans ses fonctions un
grand pouvoir et une grande
puissance. C'est à lui seul qu'a été attribué
pour le monde entier le pouvoir d'organiser la pénitence.
Ne te semble-t-il pas puissant
? Mais vous faites fi de sa perfection et du tact avec lequel il vous traite.
"
112. (2)
1. Je lui dis : " Demandez
au Pasteur lui-même si, depuis qu'il est chez moi, j'ai commis quelque
faute qui l'aurait offensé. 2. - Et
moi, reprit l'ange, je sais
bien que tu n'as pas commis de faute et que tu n'en commettras pas. Mais
je ce dis cela pour que tu
persévères.
Le Pasteur a bonne impression de toi, il me l'a dit. Toi, tu feras connaître
mes paroles aux autres, pour qu'eux aussi,
qui ont fait ou feront pénitence,
aient les mêmes sentiments que toi ; ainsi le Pasteur me parlera
d'eux en bons termes et moi, au
Seigneur. 3. - Pour ma part,
Seigneur, dis-je, je proclame à tout homme les merveilles du Seigneur
et j'espère que tous ceux qui
ont péché
auparavant, en entendant mes paroles, feront spontanément pénitence
pour recouvrer la vie. 4. - Persévère, dit-il, dans
cette mission, conduis-la
à bon terme. Tous ceux qui appliquent les préceptes du Pasteur
obtiendront la vie et lui-même, une
grande gloire auprès
du Seigneur. Tous ceux, en revanche, qui n'observent pas ces préceptes,
tournent le dos à leur propre vie et
méprisent le Pasteur
; lui, n'en a pas moins d'honneur auprès de Dieu. Tous ceux donc
qui le méprisent et n'observent pas ses
commandements se livrent
eux-mêmes à la mort et chacun d'eux est comptable de son propre
sang. Je te le dis (encore) : mets-toi
au service de ses préceptes
et tu posséderas le remède pour tes péchés.
113. (3)
" 1. Je t'ai envoyé
ces vierges pour qu'elles habitent avec toi ; j'ai en effet constaté
qu'elles sont affables à ton égard. Tu as en elles
des aides, de façon
à pouvoir mieux observer les préceptes du Pasteur. Il ne
se peut pas en effet que sans ces vierges on puisse
observer les préceptes.
je vois qu'elles sont volontiers avec toi ; mais je leur donnerai l'ordre
de ne pas du tout s'écarter de ta
maison. 2. Seulement, toi,
nettoie-la bien ; car elles habiteront avec plaisir une maison propre ;
elles sont elles-mêmes pures,
chastes, actives et toutes
ont un grand crédit auprès du Seigneur. Si donc elles trouvent
la maison propre, elles y resteront ; mais
s'il s'y produit la moindre
souillure, elles la quitteront sur-le-champ, car ces vierges n'aiment pas
du tout la souillure. " 3. Je lui
réponds : " J'espère,
Seigneur, que je leur plairai de façon qu'elles habitent toujours
ma maison. Le Pasteur, à qui tu m'as confié,
ne se plaint en rien de
moi ; de même, elles ne se plaindront pas de moi. " 4. L'ange dit
au Pasteur : " Je vois, dit-il, que ce
serviteur de Dieu veut vivre
et qu'il gardera les préceptes et logera ces vierges dans une maison
propre. " 5. Sur ces mots, il me
confia de nouveau au Pasteur,
appela ces vierges et leur dit : " Puisque je vois que vous habitez volontiers
la maison de cet
homme, je vous le recommande,
et aussi sa maison : ne la quittez jamais. " Elles, de leur côté,
eurent plaisir à entendre ces mots.
114. (4)
1. Il me dit ensuite : "
Aie dans tes fonctions une énergie virile, révèle
à tout le monde les merveilles du Seigneur et tu auras de
grands mérites par
ce ministère. Quiconque marchera selon ces préceptes, vivra
et sera heureux dans sa vie ; quiconque les aura
négligés ne
vivra pas et son existence (ici-bas) sera malheureuse. 2. A tous ceux qui
peuvent faire le bien, dis de ne pas cesser de
le faire ; accomplir de
bonnes oeuvres leur est utile. Je dis qu'il convient d'arracher tout homme
à la misère. Celui qui, par
l'indigence, est dans sa
vie quotidienne en butte aux difficultés, endure un grand tourment
et une grande épreuve. 3. Celui donc qui
arrache à la nécessité
l'âme d'un tel homme se crée une grande joie : car quelqu'un
qui est tenaillé par des misères de ce genre
souffre le même supplice
et les mêmes tortures que celui qui est dans les fers. Et beaucoup,
quand ils ne peuvent plus supporter
ces souffrances, se donnent
la mort. Celui donc qui, connaissant la misère d'un tel homme, ne
l'en retire pas, commet un grand
péché et devient
comptable de son sang. 4. Faites donc de bonnes oeuvres, vous tous qui
avez reçu (ces préceptes) du Seigneur,
de peur que la construction
de la tour ne s'achève pendant que vous tardez à les faire.
C'est pour vous, en effet, qu'ont été
interrompus les travaux.
Si donc vous ne vous hâtez pas, la tour sera achevée et vous
en serez exclus. " 5. Quand il eut fini de me
parler, l'ange se leva du
lit et, prenant avec lui le Pasteur et les vierges, il se retira, mais
il me dit qu'il renverrait chez moi ce
Pasteur et ces vierges.
Hermas
et le "Pasteur"
L’un des Pères apostoliques. Hermas n’est connu que par les détails autobiographiques que contient son œuvre : Le Pasteur ; esclave de naissance, affranchi par la matrone qui l’avait acheté, il se serait adonné au commerce. Ayant perdu ses biens à la suite d’une dénonciation portée contre lui par ses propres fils, il aurait alors fait pénitence. Il se déclare contemporain de Clément de Rome (peut-être le pape Clément Ier, mort en 97 env.). Toutefois, le Canon de Muratori (VIIIe s.) qui donne la liste des écrits du Nouveau Testament reconnus comme canoniques par l’Église de Rome vers 180, affirme qu’Hermas était un frère du pape Pie Ier (mort en 155), ce que le contexte du Pasteur semble confirmer. La première partie de l’ouvrage est consacrée au récit de cinq "visions" qu’eut l’auteur (genre apocalyptique). Elles manifestent allégoriquement la gravité du péché et la miséricorde de Dieu, qui permet au pécheur repentant d’être pardonné une seconde fois — qui sera la dernière — des fautes commises après le baptême. À partir de la cinquième vision, un ange vêtu en berger — origine du titre de l’œuvre — explique les allégories. Le texte revêt alors un caractère plus éthique ; il énonce douze préceptes moraux (objet de la IIe partie) et illustre au moyen de dix "similitudes" (paraboles) la béatitude promise aux vertueux (IIIe partie).
Irénée, Clément d’Alexandrie, Origène — qui a assimilé l’auteur du Pasteur avec l’Hermas dont parle saint Paul (Rom., XVI, 14) — et Tertullien ont considéré le livre comme inspiré ; mais le Décret de Gélase (fin du Ve s.) le classait parmi les apocryphes, et le Canon de Muratori ne le tenait pas pour canonique. Fort peu connue dans l’Église d’Occident, selon saint Jérôme, bien plus connue dans l’Église d’Orient, l’œuvre est contenue dans le Codex Sinaïticus. Divers manuscrits en grec, en latin et en éthiopien, et des fragments en copte et en persan en ont été découverts.
- Albocicade "la cigale bibliothécaire"