La forme de temps imparfait
indicatif actif |
luw |
agapaw |
filew |
plhrow |
didwmi |
luw moyen-passif |
1pers. singulier |
eluon |
hgapwn |
efiloun |
eplhroun |
edidoun |
eluomnm |
2pers. singulier |
eluev |
hgapav |
efileiv |
eplhrouv |
edidouv |
eluou |
3pers. singulier |
elue |
hgapa |
efilei |
eplhrou |
edidou |
elueto |
1pers. pluriel |
eluomen |
hgapwmen |
efiloumen |
eplhroumen |
edidomen |
eluomeya |
2pers. pluriel |
eluete |
hgapate |
efileite |
eplhroute |
edidote |
eluesye |
3pers. pluriel |
eluon |
hgapwn |
efiloun |
eplhroun |
edidosan |
eluonto |
Porter écrit:
Comme pour le présent, cette forme se
rencontre dans des contextes où l'utilisateur du grec souhaite décrire
une action en progrès, sans tenir compte si c'est une caractérisation
objective. L'aspect verbal imperfectif grammaticalisé par la forme
de temps présent peut être employé dans une variété
de contexte temporel.
La forme imparfaite (avec le plus-que-parfait) est ce
qui vient le plus près d'une forme apparentée au temps dans
le grec (ceci ne signifie pas que c'est un temps absolu, cependant). A
travers une combinaison de caractéristiques, incluant l'augment
et les terminaisons secondaires ajoutés à la racine du présent,
les utilisateurs du langage grec restraignent son usage et sa signification,
souvent à des contextes se référant au passé.
1. Usage passé (progressif, descriptif, itératif).
L'usage passé de l'imparfait est répandu
dans les narrations, partageant cette tâche avec l'aoriste. Le fait
que les deux apparaissent dans des contextes similaires soulève
la question de la nature de leur distinction. Sur la base de l'aspect imperfectif
de l'imparfait, c'est la forme narrative employée quand une action
est choisie pour reposer dessus. Mc.1:31-34, (à l'opposé
de Mt.8:15-16 et Lu.4:39-41) où l'imparfait eferon
est employé au v.32. Avec les verbes d'élocution on retrouve
souvent une alternance entre l'aoriste et l'imparfait Jn.11:36-37 elegon
... oi ioudaioi ... tinev de ex autwn eipan (les juifs dirent ...
mais quelques uns d'entre eux dirent) cf. Ac.2:13, 14. L'imparfait fonctionne
de façon similaire à l'usage historique du présent.
Même s'il partage le même aspect verbal, le présent
est employé pour attirer l'attention encore plus sur une action
précise. Mc.3:20-21
kai ercetai eiv oikon kai
sunercetai ... oi par' autou exhlyon ... elegon gar oti exesth (et
il entra dans la maison et une foule se rassembla ... ceux qui étaient
à ses côtés sortirent ... car ils disaient qu'il était
fou). Ici le temps présent introduit la scène et établit
la situation, l'aoriste se charge de la narration et l'imparfait enregistre
les pensées de ceux qui suivaient Jésus.
Fin de la citation.
Ainsi qu'il a déjà été mentionné
pour le temps présent, l'aspect temporel est précisé
par l'ajout d'averbe:
Ex. eporeuonto oi goneiv autou kat'etov
eiv Ierousalhm Lu.2:40
ses parents allaient chaque année à
Jérusalem (indicatif moyen déponent) - itératif
Il faut des fois traduire l'imparfait par le passé
simple ou composé.
Ex. kai ouk eginwsken authn ewv ou
eteken uion Mt.1:25
et il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle ait
enfanté un fils (ind. act.)
Dans les récits, l'imparfait est parfois préféré
à l'aoriste dépendamment du style de l'écrivain. Par
exemple Marc emploie l'imparfait bien plus souvent que Matthieu alors l'impact
de l'imparfait dans Marc sera moins lourd parfois que chez Matthieu.
Ex. elegen autoiv o Ihsouv oti ouk
estin profhthv atimov ei mh en th patridi
Jésus leur dit qu'un
prophète n'est pas estimé dans sa patrie Mc.6:4
(indicatif imparfait actif)
Ex. o de Ihsouv eipen autoiv. ouk
estin profhthv atimov ei mh en th patridi
Jésus leur dit: Un prophète
n'est pas estimé dans sa patrie Mt.13:57
(indicatif aoriste actif)
2. Usage non-passé (conatif).
Porter a écrit:
Dans une variété d'occasions l'imparfait
est employé dans des contextes où son aspect imperfectif
(sans référence au passé, cependant) est mis de l'avant.
Un des usages les plus proéminents est celui de ce qu'on appelle
communément la protase de la conditionnelle de la seconde classe
(contrairement au fait). Un autre exemple inclut ce que les grammairiens
appellent l'imparfait conatif, par lequel on référe à
une action qui a été envisagée mais non commencée
ou non achevée. Lu.23:54 sabbaton epefwsken
(le
sabbat allait commencer) Jn.11:8 nun ezhtoun se liyasai
oi Ioudaioi (maintenant les juifs cherchent à te lapider)
Phm.13 egw boulomhn (je souhaite). Les constructions
caténatives (dans lesquelles deux verbes, chacun grammaticalisant
l'aspect verbal, sont joints dans une unité syntaxique étroite)
avec des verbes à l'imparfait sont fréquemment comprises
dans ce sens. Mt.23:23 edei poihsai (il est
nécessaire de faire).
Fin de la citation.
Ex. o de diekwlen auton legwn
Mt.3:14
et il a essayé de l'en empêcher en disant
(indicatif actif) - conatif
3. Sens présent
Ex. Ai gunaikev, upotassesye toiv
andrasin, wv anhken en kuriw Col.3:18
Les femmes, soyez soumises au mari, comme il est convenable
dans le Seigneur (ind.)
Si l'imparfait devait nécessairement refléter
le temps passé alors il aurait fallu traduire par «comme il
convenait dans le Seigneur» impliquant par là que ce ne serait
plus le cas, ce qui serait un non sens, car Dieu ne change pas. Plutôt,
en accord avec l'aspect verbal décrit par Porter, Paul emploie le
présent dans la première partie de la phrase pour souligner
l'importance de la soumission de la femme à son mari pour ne pas
faire ombrage à l'évangile.
Ex. En autw zwh hn kai h zwh hn to
fwv twn anyrwpwn Jn.1:4 En lui est la vie
et la vie est la lumière des hommes
Jean a choisi l'imparfait pour ne pas briser la continuité
avec les premiers versets où le verbe être était au
passé même si son affirmation a une valeur actuelle. Jésus
a encore la vie en lui et il est la lumière du monde. Jn.9:5
4. Sens intemporel
hn imparfait de eimi
dans
le prologue de Jean
Je vais vous montrer quelque chose de très significatif
par rapport aux verbes grecs que Jean utilise dans le prologue. Malheureusement,
ce n'est pas évident dans la traduction française.
La langue grecque est très précise, très
logique, c'est la langue d'où on tire la plupart de nos termes scientifiques,
médicaux, philosophiques et religieux. Jean choisit avec grande
attention ses mots; il a eu 70 ans pour y penser!
Dans les 18 versets du prologue, Jean contraste intentionnellement
les verbes grecs eimi et ginomai.
Jean emploie le verbe eimi
traduit par le verbe être en français pour désigner
des états permanents et éternels tandis qu'il emploie le
verbe ginomai pour désigner des états
temporaires, transitoires qui n'ont pas toujours existé.
Lisons maintenant le prologue en repérant ces deux
verbes:
Jn.1:1 Au commencement était (hn
imparfait de eimi) la Parole, et la Parole était
(hn imparfait de hn
imparfait de eimi) avec Dieu, et la Parole était
(hn imparfait de eimi)
Dieu. 2 Elle était (hn imparfait de eimi)
au commencement avec Dieu.
Avant le commencement, dans l'éternité,
la Parole existait déjà auprès de Dieu, distincte
de lui tout en étant Dieu, c'est-à-dire en partageant la
même nature divine, éternelle.
3 Toutes choses ont été faites (egeneto
de
ginomai) par elle, et rien de ce qui a été
fait (egeneto de ginomai)
n'a été fait (gegonen de ginomai)
sans elle.
C'est ici le premier contraste entre le verbe eimi
à l'imparfait hn et le verbe ginomai
à
l'aoriste egeneto et au parfait
gegonen:
Au commencement, c'est-à-dire, tout ce qui a eu
un commencement, tout ce qui a été créé, a
été fait par la Parole, qui est Jésus, signe qu'en
tant que créateur de toutes choses, Jésus est Dieu, car Dieu
seul peut créer à partir de rien. Jésus est non créé
lui-même puisque le verbe eimi est employé pour parler de
lui; la Parole était avec Dieu.
4 En elle était (hn
imparfait de eimi) la vie, et la vie (hn
imparfait de eimi) était la lumière
des hommes.
La vie a toujours été en Jésus et
elle sera toujours la lumière des hommes, donc Jean revient avec
le verbe eimi,
5 La lumière luit dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l'ont point reçue. 6 Il y eut (egeneto
de
ginomai) un homme envoyé de Dieu: son
nom était Jean.
Jean-Baptiste n'a pas toujours existé, il a eu
un commencement, donc l'apôtre Jean emploie le verbe ginomai
dans son cas.
7 Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage
à la lumière, afin que tous crussent par lui. 8 Il n'était
(hn imparfait de eimi)
pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à
la lumière.
Jean-Baptiste n'a jamais été la lumière
du monde et il ne le sera jamais, donc le verbe eimi est de mise.
9 Cette lumière était (hn
imparfait de eimi) la véritable lumière,
qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. 10 Elle était
(hn imparfait de eimi)
dans le monde, et le monde a été fait (egeneto
de
ginomai) par elle, et le monde ne l'a point
connue.
Jean répète ce qu'il a affirmé aux
versets 4 et 5; Jésus a toujours été la vraie lumière
spirituelle qui éclaire tout homme depuis Adam jusqu'au dernier,
Jésus n'a jamais cessé d'éclairer les hommes, il n'y
a jamais eu d'éclipses! Jean remet en contraste l'aspect temporaire
du monde en rappelant sa création par le verbe ginomai.
11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont
point reçue. 12 Mais à tous ceux qui l'ont reçue,
à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de
devenir (genesyai infinitif de ginomai)
enfants de Dieu, 13 lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté
de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu.
À nouveau, ici, le verbe ginomai souligne que les
hommes n'ont pas toujours été des enfants de Dieu depuis
leur naissance, ils ont à le devenir et le moyen pour y parvenir
est la foi en Jésus qui se manifeste par la réception de
la Parole. Ils passent alors par une nouvelle naissance, un nouveau commencement,
une nouvelle création spirituelle, en contraste avec la première
création matérielle. À nouveau, ici, Jésus
est à l'origine de cette nouvelle création comme il était
à l'origine de la première création.
14 Et la parole a été faite (egeneto
de
ginomai) chair, et elle a habité parmi
nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé
sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.
Jésus a toujours existé, il a toujours été
avec Dieu et il a toujours été Dieu, lit-on au verset 1,
mais il n'a pas toujours été homme, c'est pourquoi Jean emploie
le verbe ginomai pour affirmer la venue de Jésus
sur terre dans un corps humain. Le verbe habiter, littéralement,
planter une tente, manifeste également l'aspect temporaire, transitoire
du passage de Jésus sur terre, donc le verbe eimi n'était
pas à propos pour décrire cet événement.
15 Jean lui a rendu témoignage, et s'est écrié:
C'est celui dont j'ai dit: Celui qui vient après moi m'a précédé
(gegonen de ginomai),
car il était (hn imparfait de eimi)
avant moi.
Encore ici, les deux verbes sont contrastés, même
si Jésus est né après Jean sur le plan de l'existence
terrestre, il est passé devant lui, d'où l'emploi du verbe
ginomai,
car sur le plan de l'existence comme telle, Jésus a toujours été
avant Jean, puisqu'il est éternel, d'où l'emploi de verbe
eimi; il était avant moi.
16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude,
et grâce pour grâce; 17 car la loi a été donnée
par Moïse, la grâce et la vérité sont venues (egeneto
de
ginomai) par Jésus-Christ.
Avec sa venue sur terre, Jésus a apporté
la grâce et la vérité, donc Jean emploie le verbe ginomai,
comme au verset 14.
18 Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est
(wn participe présent de eimi)
dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître.
Jésus a toujours été dans le sein
du Père et il le sera toujours, ce qui fait que Jean revient avec
le verbe eimi.
Ce qui ressort d'une manière percutante de tout
ce qui vient d'être énoncé, c'est la divinité
et l'éternité de Jésus en contraste avec l'aspect
temporel et temporaire de tout ce qui a été créé.
Si Jésus avait été créé,
comme l'a affirmé le prêtre Arius au IVème siècle
et les Témoins de Jéhovah au XXème siècle,
alors Jean aurait employé le verbe ginomai
au v.1; il aurait écrit, «Au commencement, il y eut la Parole»,
cf. Jn.1:6 Il y eut un homme envoyé de Dieu. La parole est devenue
dieu, cf. Jn.1:14 la parole est devenu chair.
Et bien non! Jean affirme haut et net que Jésus
était déjà là au commencement, et qu'y avait-il
avant le commencement? L'éternité! L'éternité
est ce qui distingue la créature du créateur. Tout ce qui
a été créé a une origine dans le temps. Seul
Dieu n'a pas d'origine, il est éternel, il est l'éternel.
Et Jésus est sans commencement, éternel,
Jésus a toujours été avec Dieu et il a toujours été
Dieu; Jésus est le même, hier, aujourd'hui et éternellement,
Hé.13:8, c'est ce qui ressort avec éclat dans le grec par
l'emploi des verbes eimi et ginomai.
Le verbe eimi, notre verbe
être est celui par lequel Dieu se désigne lui-même!
Ex.3:14 Je suis celui qui suis, egw eimi o wn dans
la version grecque septante. Dans Jn.8:58 le contraste entre les verbes
eimi
et ginomai ressort à nouveau; avant qu'Abraham
fut (genesyai infinitif de ginomai),
je suis (présent indicatif eimi). Cela
avait été assez clair en araméen pour les Juifs pour
qu'ils essaient de lapider Jésus, et l'emploi des nos deux verbes
distincts en grec rend l'affirmation de Jésus encore plus percutante!
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