Je me suis appliqué à toujours me servir
d'exemples tirés du N.T. pour appuyer les différentes règles
de grammaires ou formes de syntaxes. Les commentaires sont réduits
au minimum pour laisser parler le texte biblique. La plupart du temps j'ai
employé le texte grec édité par Nestlé, en
consultant aussi l'édition de Metzger, Aland et autres à
l'occasion.
Il arrive que la grammaire laisse de la place à
plus d'une interprétation allant avec le contexte, il a donc fallu
que je fasse des choix. Je demande donc votre indulgence si vous arrivez
parfois à des conclusions différentes des miennes ayant quelques
portées importantes au niveau théologique je vous serais
gré de m'en faire part.
Vous trouverez à la fin de chaque chapitre un résumé
de la matière étudiée, afin d'avoir, d'un coup d'oeil
rapide, accès aux informations principales sur le sujet du chapître.
Comme disait Salomon: "beaucoup d'études sont une
fatigue pour le corps" mais cependant, une joie pour l'esprit aussi. La
première tâche que Dieu donna à l'homme après
l'avoir créé fut de nommer les animaux. L'homme a donc pris
plaisir depuis le tout début à nommer, à classifier,
à répertorier...
Le domaine linguistique n'y fait pas exception. Le chrétien
a une motivation supplémentaire car, à mesure qu'il approfondit
les écritures et les langues originales dans lesquelles elles ont
été écrites, il apprend à connaître plus
intimement son Dieu et à communier dans son amour. Ceci doit rester
notre but ultime car l'écriture nous met en garde que la connaissance
sans l'amour ne fait qu'enfler la tête et n'édifie pas 1Co.8:1,
13:2.
Ils le savent bien, les savants qui possèdent plusieurs langues, qu'il n'est pas possible de faire passer dans une traduction en langue étrangère toute la clarté inhérente au texte primitif.
- Jean Chrysostome
Il y aura toujours des limitations dans un texte traduit, c'est pourquoi l'acquisition du grec néo-testamentaire constitue un avantage même s'il existe de très bonnes traductions françaises. Voilà donc pour la motivation de vous offrir cette matière.
PRINCIPES DE TRADUCTION
La valeur d'un mot n'est pas fixée lorsqu'on a
défini sa signification lexicale (il peut y en avoir plus d'une);
il est encore nécessaire de comparer ce mot avec ceux qui peuvent
lui être opposés pour déterminer son sens contextuel.
Ex. outwv gar hgaphsen o yeov ton
kosmon Jn.3:16
car Dieu a tant aimé le monde
Ex. ean tiv agapa ton kosmon, ouk
estin h agaph tou patrov en autw 1Jn.2:15
si quelqu'un aime le monde, l'amour
du Père n'est pas en lui
Ici c'est évident que Jean donne un sens différent
à kosmov sinon
Dieu se contredirait. Le contexte nous montre que dans JN.3:16 le "monde"
désigne les personnes qui composent l'humanité tandis que
dans 1Jn.2:15 il désigne les mauvais sentiments qui se trouvent
dans le monde, la convoitise et l'orgueil.
Autre exemple, logov, dont
le sens habituel correspond au terme "parole" (258 fois sur 331 dans la
"Colombe") en français. Mais le champ sémantique de logov
déborde largement celui de "parole"; selon son sens contextuel il
devra être traduit par un autre terme en français.
Ex. oi apodwsousin logon tw
etoimwv econti krinai zwntav kai nekrouv 1Pi.4:5 lesquels
rendront compte à celui qui est prêt à juger
les vivants et les morts
Ex. ouk estin soi meriv oude klhrov
en tw logw toutw Ac.8:21
il n'y a pas de part pour toi dans
cette affaire
Ex. estw de o logov umwn nai
nai, ou ou Mt.5:37
mais que votre parole soit
oui oui, non non
Jean donne un sens nouveau à logov,
dans le contexte il désigne la parole créatrice de Dieu personnifiée
en Jésus-Christ, non pas une émanation impersonnelle de la
personne de Dieu comme elle était comprise par les philosophes juifs
et grecs.
Ex. o logov hn prov ton yeon
Jn.1:1
la Parole était auprès
de Dieu.
Un mot peut être aussi employé dans un sens
imagé.
Ex. exw oi kunev kai oi farmakoi
Ap.22:15
dehors les chiens et les sorciers
Le genre canin n'est évidemment pas concerné
ici!, kunev était employé péjorativement
en ce qui concerne les hommes impurs.
Plusieurs mots en français sont des adaptations
de mots grecs, il faut cependant regarder attentivement le contexte avant
d'employer le terme français correspondant. Ainsi, dans Ap.22:15,
il serait erroné de traduire farmakoi
dans le verset précédent par "pharmaciens"!
En d'autres occasions il n'existe pas en français
de terme correspondant, on doit alors traduire par une périphrase.
Ceci se présente souvent avec des mots grecs composés.
Ex. diamarturoumenov enwpion tou yeou
mh logomacein 2Ti.2:14
en conjurant devant Dieu de pas se
disputer sur des mots
Il faut tenir compte aussi que le champ sémantique
des mots changent parfois avec le temps. Dans les cas de orneon,
orniv le champ sémantique s'est rétréci.
A la période classique ils pouvaient désigner
n'importe quel sorte d'oiseau (cf. ornithologie: étude des oiseaux)
tandis que dans le N.T. orniv désigne
seulement la poule Mt.23:37, Lu.13:34 et orneon
un oiseau de proie Ap.18:2, 19:17, 19:21. Dans le grec moderne kotopoulo
désigne la poule tandis que pouli désigne
un oiseau et ornio ou orneo
désigne un oiseau de proie.
Il est tentant aussi de décomposer les mots pour
les traduire. Même si c'est souvent une bonne façon il arrive
parfois que le résultat obtenu soit complètement à
côté du sens intenté par l'auteur.
Par exemple l'étymologie de paradeisov
"paradis" n'est pas la combinaison de para +
deiv "à coté de quelqu'un"; paradeisov
est plutôt la transcription du mot persan "paridaiza" qui signifie
"enclos du Seigneur".
Chaque auteur dans la Bible a aussi son style particulier,
son genre littéraire, occasionnellement cela pourra entrer en ligne
de compte dans la traduction.
En français la position des mots a une grande importance.
Ex. j'ai rencontré du monde bien: qualitatif
(... du monde correct)
j'ai rencontré
bien du monde: quantitatif (j'ai rencontré beaucoup
de ...)
j'ai bien rencontré
du monde: confirmatif (en effet, j'ai vraiment ...)
Bien j'ai rencontré
du monde: confessif (je l'avoue, c'est parce que
j'ai)
En grec l'ordre des mots est moins significatif, son rôle
dans la phrase est plus déterminé par sa terminaison, voir
les chapîtres sur les cas et les verbes. Pour des raisons emphatiques,
parfois un mot sera placé au début ou à la fin de
la phrase.
Ex. wfyh de autw aggelov kuriou estwv
ek dexiwn tou yusiasthriou Lu.1:11
or un ange du Seigneur se rendit visible
à lui, se tenant debout à la droite de l'autel
Ici, l'emphase est mise sur l'événement,
l'apparition, donc le verbe est placé en premier puisque c'est lui
qui décrit l'action. Cependant il est bon de noter que la tendance
de mettre le verbe le plus près possible du début de la phrase,
vient des langues sémitiques. Le grec séculier place en général
le verbe au milieu de la phrase à l'instar du français.

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