Quand on veut construire un observatoire, on choisit toujours
un emplacement situé au sommet d'une haute montagne. On cherche, en
effet, à trouver un endroit offrant une vue claire et imprenable sur le
ciel. Ainsi en est-il de la foi qui, pour avoir une vision céleste,
doit évoluer sur les hauts plateaux de la sainteté et de la séparation
du péché, et a besoin du ciel pur d'une vie consacrée.
2° Le doute
La foi est également entravée par la façon faible et
antiscripturaire dont un si grand nombre de gens excusent leur
incrédulité, et aussi par leur façon de parler à la légère du péché qui
consiste à douter de Dieu. Si nous voulons avoir une foi solide, nous
devons la considérer comme une obligation impérative et sacrée. Ensuite
croyons en Dieu de façon inébranlable et ferme, et refusons de douter
de lui, ne fût-ce qu'une seconde.
Ne disons jamais que nous ne pouvons pas croire. Il est vrai
que nous ne pouvons pas croire par nous-mêmes, mais Dieu nous a donné
la puissance de croire, pourvu que nous choisissions de le faire.
Cessons donc de fermer les yeux sur notre incrédulité et d'atténuer nos
doutes comme s'ils n'étaient que des faiblesses sans conséquence ou des
incidents fâcheux. Au lieu de cela : «Prenez garde, frères, que
quelqu'un de nous n'ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se
détourner du Dieu vivant» Hé.3:12.
3° La sagesse humaine
La foi est encore entravée par notre dépendance sur la sagesse
humaine, que ce soit la nôtre ou celle des autres. Le premier appât que
Satan tendit à Ève fut une offre de sagesse, pour laquelle d'ailleurs
elle vendit sa foi. «Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et
le mal» Ge.3:5, lui promit-il, et dès l'instant où elle a commencé à
«savoir», elle cessa d'avoir confiance.
Ce sont les espions qui perdirent le pays promis au peuple
d'Israël. C'est leur proposition insensée d'aller explorer le pays et
découvrir si Dieu avait dit ou non la vérité qui les conduisit à
l'incrédulité et, par conséquent, qui ferma la porte du pays de Canaan
à toute une génération. Il est très révélateur que les noms de la
plupart de ces espions évoquent la sagesse humaine, la grandeur et la
célébrité.
Il en fut de même au temps de Christ : c'est l'asservissement
des Juifs aux traditions de leurs pères et aux opinions des hommes qui
les empêchèrent de le recevoir, lui, leur Messie. «Comment pouvez-vous
croire, vous qui tirez votre gloire les uns des autres, et qui ne
cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ?» Jn.5:44 Aujourd'hui,
ce même problème est à l'origine des limitations que connaît l'Église
sur le plan de la foi. On évalue la Bible au moyen des critiques
humaines; et les promesses de Dieu sont pesées dans la balance des
probabilités naturelles et de la raison humaine.
Notre propre sagesse est tout aussi dangereuse si elle se
substitue à la simple parole de Dieu. Par conséquent, si nous sommes
résolus à faire confiance au Seigneur de tout notre coeur, nous ne
devons pas nous appuyer sur notre propre compréhension, Pr.3:5
4° Notre suffisance
Notre suffisance et notre entêtement à vouloir dépendre de nos
propres forces constituent également des entraves à la foi. Par
conséquent, avant que nous puissions avoir une confiance absolue en
Dieu, il doit nous réduire à l'impuissance. Son intervention la plus
puissante se produit généralement à l'heure de notre plus grande
faiblesse.
Dieu vous a-t-il amené au bout de vos forces ? Réjouissez-vous
et soyez infiniment heureux, car c'est là que commence son omnipotence,
pourvu que la foi veuille seulement se jeter dans ses bras puissants et
proclamer comme les hommes de jadis: «Éternel, toi seul peux venir en
aide au faible comme au fort : viens à notre aide, Éternel, notre Dieu
! car c'est sur toi que nous nous appuyons, et nous sommes venus en ton
nom contre cette multitude» 2Ch.14:10
5° Nos sens
La foi est entravée par la vue, par ce qui touche nos sens, et
par notre dépendance stupide de tout ce qui est évidence extérieure.
L'invisible, voilà la vraie évidence dans laquelle nous devons vivre et
croître. C'est pourquoi toutes les choses visibles doivent disparaître
sous nos yeux avant que nous puissions vraiment croire. Quand nous ne
regardons pas aux choses qui peuvent se voir, mais aux choses qui ne se
voient pas, celles-ci deviennent réelles, plus réelles même que les
choses qui font appel à nos sens. Ensuite, Dieu les rend réelles par
des actions concrètes. Cependant, la foi doit d'abord faire un pas dans
l'inconnu et marcher sur les eaux à la rencontre de Jésus - non ! il
s'agit bien plus d'une marche dans ce qui est aussi vide que l'air ! Au
milieu du vide, la foi trouvera toujours du roc sous les pieds !
C'est comme l'histoire du voyageur dans les Alpes qui était
arrivé au bout d'un sentier de montagne. Ce sentier disparaît soudain
sous une énorme masse de glace et de neige, transformée plus loin en
torrent souterrain. Devant notre voyageur se dressait la montagne
austère, et derrière lui s'étendaient les kilomètres de solitude déjà
parcourus. Que devait-il faire ? Soudain, son guide s'exclama:
«Suivez-moi!» Puis, plongeant dans les eaux bouillonnantes, il disparut
aux yeux du voyageur. C'était une entreprise terrifiante; mais il
n'avait d'autre choix que de suivre son guide ou de mourir !Il y eut un
choc brusque au contact de l'eau glacée, le tourbillonnement du courant
et la noirceur terrifiante des ténèbres, puis soudain la lumière
jaillit. En reprenant son souffle, le voyageur se trouva étendu sur la
rive d'un ruisseau paisible. Il avait réussi à atteindre l'autre côté
de la montagne à travers le tunnel que le flot puissant avait creusé !
Le chemin invisible l'avait conduit à la vie et à la lumière.
De la même manière, la foi marche souvent sur des sentiers
mystérieux, mais Dieu les éclaire toujours. Notre hésitation à ajouter
foi à ce que Dieu dit avant d'oser prendre au pied de la lettre la
vérité toute nue de sa promesse, ne constitue-t-elle pas justement cet
obstacle à notre foi ? Seule votre foi est une ferme assurance des
choses que vous espérez, une démonstration de celles que vous ne voyez
pas, cf. Hé.11:1. Que Dieu nous aide à marcher par la foi et non par la
vue!
C'est parce que ces choses sont vraies que Dieu doit nous
entraîner à marcher sur le chemin de la foi par des difficultés, des
épreuves et des refus apparents, jusqu'à ce que, comme la femme
syro-phénicienne, nous croyions simplement et refusons d'essuyer des
refus. Il attend toujours de récompenser notre confiance par ces mots
heureux: «Grande est ta foi ! Qu'il te soit fait comme tu veux !»
Mt.15:28.
6° Notre propre foi
En dernier lieu, la foi est surtout entravée par ce que nous
appelons «notre foi». Par des efforts stériles, nous cherchons à mettre
en action une foi qui n'est somme toute qu'un semblant de foi, un
effort désespéré pour faire confiance à Dieu. Ce semblant de foi nous a
fait malheureusement toujours passer à côté des nombreuses et
glorieuses promesses de Dieu. La vérité est que la seule foi qui soit à
la hauteur des promesses fantastiques de Dieu et de nos besoins
innombrables, est «la foi au Fils de Dieu» Ga.2:20. La foi dont nous
avons besoin est celle que Dieu insuffle dans le coeur de celui qui, en
toute sagesse, espère ne lui. La foi de Dieu nous donnera la puissance
de vivre, d'obéir et d'accomplir tout autre exercice de la vie
nouvelle.
(...)«Ayez foi en Dieu» Mc.11:22. «Je vis dans la foi au Fils
de Dieu», tel est le témoignage glorieux de quelqu'un qui en a lui-même
fait l'expérience.
À la lumière de cette grande povision, écoutez maintenant la promesse
puissante, puis levez-vous dans sa foi pour proclamer: «Tout est
possible à celui qui croit» et dites-lui: «Seigneur, je crois ! Viens
au secours de mon incrédulité !» Mc.9:24.
Ce moteur puissant de force spirituelle est placé entre nos
mains par celui dont l'amour est tout-puissant. Allons-nous réclamer
cette foi et, avec l'aide de Dieu, atteindre ses possibilités les plus
grandes ? Dès cet instant, allons-nous la brandir comme une arme
céleste sur le champ de bataille de la vie chrétienne et des luttes ?
Utilisons-la pour tout ce à quoi Dieu nous a appelés au milieu des
grands conflits du siècle, et pour le Royaume de notre Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ.
- A. B. Simpson