Voici ce que raconte William DeArteaga à propos du cheminement doctrinal qui a mené au
pentecôtisme en Amérique:
Le Dr. Cullis et le mouvement Foi-Guérison
Le père de ce mouvement était Charles Cullis, un médecin homéopathique de Boston. Le premier
ayant un ministère de guérison et d'évangéliste en Amérique était un ministre itinérant et non-éduqué,
Ethan O. Allen, qui a assisté souvent le Dr. Cullis dans ses rencontres de guérison.
Charles Cullis était né, élevé et confirmé comme épiscopalien. Quand il s'est marié, il anticipait une vie normale comme médecin prospère. Cependant sa jeune femme est décédée, et ceci a provoqué une crise spirituelle dans laquelle il a décidé de dédier sa vie entière et ses revenus au Seigneur.
Son ministère spécifique s'est révélé plusieurs années plus tard quand un quêteux malade est venu à sa porte pour de l'aide. Puisqu'il était un turburculeux incurable, le quêteux a du être dirigé vers un hôpital local, comme c'était alors la pratique. Le Dr. Cullis a senti que le Seigneur l'appelait à faire quelque chose au sujet de ce problème. Il avait lu sur le ministère de George Muller qui avait fondé les orphelinats de Bristol sur la prière de la foi. Muller a obtenu toute l'argent nécessaire
pour l'achat et le soutien de ses orphelinats sans sollicitation publique et dépendant totalement sur la prière.
Déterminé à suivre le patron de Muller, le Dr. Cullis a ouvert un refuge en 1864 pour tuberculeux avec deux infirmières à plein temps bénévoles. Les patients étaient tous pauvres et incurables. L'emphase au refuge n'était pas sur la guérison. Plutôt les patients étaient médicalement traités, et pourvus d'un environnement chrétien pour mourir et ils étaient gentiment évangélisés. Plusieurs ont accepté le Seigneur, mais dès le début il y eut un flot continu de récupération de la santé inexplicable. Ceci est arrivé même si les prières de guérison ne faisaient pas partie du programme.
Le ministère de guérison du Dr. Cullis
En 1870 le Dr. Cullis débattait les passages de guérison dans Jacques 5:14-16 et la question spécifique de la prière de guérison. Providentiellement, il a eu l'opportunité de lire la biographie de la guérisseuse européenne Dorothea Trudel. Cette femme sainte sans éducation avait établi un
institut de guérison à Mannedorf en Suisse où les patients de toute l'Europe venaient pour la prière de guérison. Après avoir lu l'oeuvre de Trudel il a osé offrir ses premières prières spécifiques de guérison, faites en conjonction avec l'onction d'huile. Durant un court laps de temps il a été
témoin de guérisons majeures à travers les prières, incluant le cancer, la tuberculose et d'autres maladies.
Fait à noter, son aventure dans un ministère public de guérison lui a couté beaucoup
de support parmi ses supporteurs. Plusieurs étaient si influencés par le cessationnisme qu'ils considéraient cette nouveauté comme un culte. Quoique la presse locale louait son oeuvre, il a commencé à recevoir de l'opposition sérieuse venant de source cléricale.
Le Dr. Cullis a affirmé clairement qu'il n'y avait pas de conflit entre la foi-guérison et la pratique de la médecine et qu'il utilisait constamment les deux dans son ministère.
Ce point de vue théologique mature était inusité pour son temps. Ecclésiastique 38:1-15.
L'Ecclésiastique 38:1 Fréquente le médecin selon tes besoins, car le Très-Haut l'a créé, 38:2 (tout remède vient de Dieu), du roi il reçoit des présents; 38:3 la science du médecin lui fait porter haut la tête, il est admiré en présence des grands. 38:4 Le Seigneur a fait produire à la terre les médicaments;l'homme raisonnable ne les dédaigne pas. 38:5 Une sorte de bois n'a-t-elle pas adouci l'amertume de l'eau pour faire connaître aux hommes sa vertu? 38:6 Le Très-Haut leur en a donné la science pour qu'ils lui rendent gloire dans ses merveilles; 38:7 il s'en sert pour apaiser leurs douleurs et les guérir; le pharmacien en fait des remèdes parfumés, =il en fait des onguents utiles à la santé=; et son travail ne s'achèvera pas 38:8 que la paix divine ne s'étende sur la face de la terre.
38:9 Mon fils, si tu es malade, ne te néglige pas toi-même, mais prie le Seigneur, qui te
guérira. 38:10 Détourne-toi du péché, redresse les mains, et purifie ton coeur de tout péché; 38:11 offre un encens suave, et un souvenir de fleur de farine, fais l'oblation d'une grasse victime; 38:12 puis, fais place au médecin, car c'est le Seigneur qui l'a créé; qu'il ne te quitte point, car son
art t'est nécessaire. 38:13 Un jour viendra où tu tomberas en leurs mains, 38:14 et ils invoqueront eux aussi le Seigneur afin qu'il leur accorde de découvrir ce qu'ils cherchent et le traitement
approprié, en vue de la guérison. 38:15 Qui pèche en présence de celuiqui l'a fait tombera entre les mains du médecin.
Les disciples américains du Dr. Cullis incluaient Miss Carrie Judd, A.B. Simpson et A.J. Gordon,
tous des personnes qui ont eu de grands ministères de guérison.
Les écrits du Dr. Cullis sur la guérison n'ont pas été prolifiques mais ils étaient solides bibliquement et matures théologiquement. Il savait que le ministère de guérison était rempli d'ambiguïtés, comme la persistance de la non-guérison parmi les personnes ayant la foi la plus profonde. Ses disciples ont développé plus tard une théologie plus complète de la guérison.
A. B. Simpson : la joie du Seigneur est notre force pour le corps
«Un coeur joyeux est un bon remède» Pr.17:22. Telle est la prescription divine pour un corps affaibli. Et, par opposition, un esprit abattu et dépressif cause de la nervosité, des maux de tête, du chagrin, et une faible vitalité physique. Souvent des paroles d'encouragement et un élan d'espoir vont briser la puissance de la maladie.
Je me souviens d'un homme mourant à qui je rendis visite au cours des premières années de mon ministère. Ses médecins avaient jugé son cas désespéré et prononcé sa mort prochaine. Cependant, en le visitant pour ce que je croyais être la dernière fois, je l'amenai doucement au Sauver. ayant accepté la Bonne Nouvelle, il fut rempli de la paix de Dieu et de la joie du salut, et il fut baptisé d'une telle gloire et d'une telle inspiration de l'enlèvement au ciel, qu'il nous garda pendant des heures autour de son lit, pendant qu'il s,extasisiat et qu'il chantait ce que nous crûmes être le premier des hymnes célestes. Nous lui fîmes nos adieux bien après minuit, persuadés que notre ami aurait quitté cer monde avant le matin. Cependant, l'élévation avait été si puisante dans cette âme que le corps du mourant avait rejeté la puissance de la maladie ; et le lendemain matin, à la grande stupéfaction des médecins, l'état du malade s'était amélioré. En peu de jours, il fut entièrement remis sur pied.
À cette époque, j'ignorais tout de la gyuérison divine. Cependant, j'avais été le témoin émerveillé et ébahi de la puissance et de la joie divines à l'oeuvre dans la guérison physique, Depuis, j'ai vu à maintes reprises descendre sur une âme et sur un corps la guérison et la joie de Jésus, et une nuit de pleurs se transformer en aube d'allégresse !
Il est vrai qu'il y a une cause plus profonde et une puissance plus divine que le simple effet naturel de la joie. Une maladie incurable ne peut céder que devant une action réelle de la toute-puissance divine. Cependant, la joie est le canal par lequel coulent les eaux de la guérison. Ensuite la vie abondante de Christ jaillit à la fois dans l'âme et dans le corps.
Si vous aspirez à vivre au-dessus de votre condition physique, «prendre votre envol comme les aigles, et courir sans vous lasser, et marcher sans vous fatiguer» Es.40:31, si vous voulez voir courir dans vos veines l'ivresse et la saveur d'une jeunesse et d'une fraîcheur inépuisables, alors réjouissez-vous toujours dans le Seigneur.
A.J. Gordon: le théologien de la guérison
Peut-être le plus capable des théologiens du mouvement foi-guérison a été un pasteur baptiste, Adoniram Judson Gordon (1836-1895). Il est rappelé aujourd'hui pour son oeuvre dans les missions et comme fondateur de Boston Missionary Training Institute, connu aujourd'hui comme le Gordon College.
Il était à la fois intellectuel et évangélique, trouvant un plaisir particulier dans la lecture des pères de l'Église. Ses écrits sur l'activité du Saint-Esprit dans l'Église sont considérés comme des classiques et sont encore en impression.
Gordon a été appelé à la prestigieuse église Baptiste de Clarendon Street et est arrivé à transformer cette église haute-classe, sophistiquée en une des églises les plus dynamiques, évangéliques et actives socialement dans le pays. En même temps il a efficacement combattu contre l'Unitarisme qui était si prévalent en Nouvelle-Angleterre. Il a aussi contribué à un réveil majeur à Boston en collaboration avec le fameux évangéliste Moody.
En 1878 un converti chinois dans sa congrégation a introduit Gordon au ministère de guérison.
Les lectures étendues de la littérature de l'église primitive l'avait déjà préparé à la possibilité d'un ministère de guérison contemporain. Il a étudié aux côtés du Dr. Cullis et il a continué en développant un puissant ministère de guérison.
Gordon a developpé son propre système de dispensation en 5 époques. Ce système lui permettait heureusement un ministère de guérison dans le temps présent, à l'opposé du plan dispensationnaliste de Darby.
A l'époque où Gordon entra dans le ministère de guérison en 1880, Mary Baker Eddy et son mouvement de science chrétienne étaient bien établis dans la région de Boston et s'étendait mondialement.
L'expérience passée de Gordon comme défenseur du christianisme biblique contre l'Unitarisme avait été une excellente préparation pour son apologie de la guérison chrétienne. L'Unitarisme ressemblait au christianisme biblique dans ses apparences mais avait une sérieuse hérésie à la base. De même, la science chrétienne avait des similarités avec la guérison chrétienne authentique mais avait une sérieuse hérésie gnostique qui l'avait fait tomber en dehors du christianisme biblique.
Par conséquent Gordon combattait sur deux fronts dans son raisonnement apologétique quand il a écrit son chef-d'oeuvre sur la guérison chrétienne, The Ministry of Healing: Miracles of cure in all ages. D'un côté, il devait confronter l'orthodoxie issue d'un consensus du cessationnisme radical, de l'autre il devait prouver à ses lecteurs que la guérison chrétienne n'était pas la science chrétienne.
Malheureusement, comme Gordon s'efforçait de faire une accomodation du dispensationnalisme de Darby, il a essayé de séparer le don de guérison des autres dons mentionnés dans 1Co.12. Il n'était pas sûr que les autres dons appartenaient à cette période de l'église. De plus, il était sûr que les miracles de la nature, tels de changer l'eau en vin ou d'arrêter les tempêtes, appartenaient seulement au Seigneur.
Gordon nourrissait aussi des sentiements profonds anti-catholiques communs à tous les évangéliques
de son temps. A cause de ceci il était dans un dilemme à savoir quoi faire du témoignage des miracles de l'Église catholique. Sa solution a été de diviser la dispensation de l'Église en plusieurs stages. Jusqu'au point où l'Église a été officellement sanctionné par l'empereur Constantin (313), l'église était raisonnablement pure et pouvait accomplir les miracles. Passé ce point l'église est tombé dans
les superstitions de l'ère catholique, et les miracles légitimes ont cessé. Gordon attribuait les miracles de guérison par les saints catholiques à des sources sataniques, similaires à la guérison spirite de son époque.
Pour des évidences positives Gordon saute de 1000 ans jusqu'à la Réforme et relate des miralces durant d'intenses réveils parmi certaines dénominations protestantes tels les frères Moraves et les Huguenots.
Son livre se termine avec des vues prophétiques. Gordon estime que si le réveil de guérison est ignoré, les théologiens libéraux continueraient à gagner de l'ascendant et le christianisme évangélique serait mis en péril. Gordon a compris que la séparation durable entre la Bible et l'expérience qu'a apporté le cessationisme radical était sur le point de renverser les dénominations
principales comme cela s'était produit dans la vieille église congrégationaliste qui avait produit l'Unitarisme.
La dérive vers l'extrémisme
En comparaison avec Gordon et Cullis, plusieurs autres leaders du mouvement foi-guérison étaient
inférieurs au point de vue de la compréhension théologique et au point de vue de la maturité. Ceci s'est souvent exprimé par une position radicale qui excluait les docteurs et la méditation d'un rôle à jouer dans la guérison chrétienne.
Plusieurs de ces leaders radicaux avaient des liens profonds avec la théologie perfectionniste qui
comprenait le baptême du Saint-Esprit comme se produisant en un instant, distinct de l'expérience de la conversion. Ils ont aussi raisonné que la prière de guérison était instantannée et complète, et que toute acceptation de médication ou d'attention médicale était un manque de foi.
Ethan O. Allen, le pionnier des évangélistes guérisseurs chrétiens, avait cette position. Sa biographie influente et son témoignage personnel dans les camps de guérison ont largement répandu cette opinion d'avoir à faire le choix entre la provision de Dieu pour la guérison ou la médication. Cette opinion continue à surgir parmi des protestants indépendants dans le ministère de guérison.
Un débat précoce sur le ministère de guérison.
Dans les années 1883-1884 le révérend Robert L. Stanton défendait le ministère de guérison, alors que le rev. Marvin R. Vincent a pris la position négative. C'était en vérité un débat entre gentlemen,
digne des meilleures traditions victoriennes. La réponse et la critique de Vincent du mouvement Foi-guérison n'était pas une condamnation absolue. Plutôt il a amené et débattu cette nouvelle théologie avec des questions qui pourraient être encore posées aujourd'hui sur tout ministère de guérison. Vincent s'opposait fortement à l'appropriation de l'expiation de Christ pour la guérison
physique et niait que Mt.8:16-17 donnait une telle garantie. Il était sur ses gardes concernant l'assertion de Gordon disant que c'était la volonté de Dieu pour la guérison physique universelle ou que le passage de Ja.5 était vraiment un commandement pour un ministère de guérison générale.
Mt.8:16 Le soir, on amena auprès de Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole, et il guérit tous les malades, 17 afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète: Il a pris nos infirmités, et il s'est chargé de nos maladies.
Ja.5: 14 Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les anciens de l'Église, et que les
anciens prient pour lui, en l'oignant d'huile au nom du Seigneur; 15 la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera; et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné. 16 Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière fervente du juste aune grande efficace.
Vincent a fait remarqué que la plupart des guérisons sont dues au pouvoir de la suggestion et qu'elles n'avaient rien à voir avec la grâce de Dieu. Cependant il a concédé que des vrais miracles se sont produits, impliquant par là que la doctrine du cessationnisme pouvait être ébranlée.
Jonathan Edwards aurait chéri ce mouvement. Le ministère de guérison avait été débattu avec discernement et accepté avec précaution par plusieurs. Ce qui était nécessaire aurait été une personne avec la stature et le génie théologique de Jonathan Edwards lui-même pour mener la discussion à une fin plus positive. Mais cela n'est pas arrivé. Après 1884 l'argumentation est devenue de plus en plus négative contre toute forme de guérison par la prière. Au lieu d'un autre Jonathan Edwards, il est apparu sur scène un personnage qui avait toute la satyre, toute l'intelligence et tout le prestige de Charles Chauncy.