L'apôtre Paul emploie cette expression dans Ro.12:6 en rapport avec le don de prophétie qui devait être exercé selon l'analogie de la foi, en d'autres mots selon ce qu'on sait de la foi chrétienne. Ailleurs, Paul emploie une expression similaire dans Ro.12:3 «selon la mesure de la foi».
Ce principe a été appliqué aussi en herméneutique pour l'interprétation des passages difficiles en accord avec des passages limpides dans les Écritures. Puisque Dieu est celui qui a inspiré la Bible, celle-ci ne peut se contredire.
Le principe de l'analogie de la foi fonctionne sur l'affirmation modeste que l'Écriture interprète l'Écriture, dans le but d'éviter autant que possible des interpétations biaisées du texte biblique, telle était l'argumentation de Martin Luther.
Luther affirma une telle chose parce la compréhension de l'analogie de la foi a évolué au fil des siècles avant lui. Augustin insistait que l'analogie de la foi ne devait pas contredire la règle de la foi comprise dans le Credo des Apôtres. Origène, Tertullien, Irénée et Jérôme sont allés plus loin en affirmant que les passages difficiles des Écritures sont illuminés par la règle de la foi enseignée par l'église. Ce qui fait que les enseignements qu'on en retire peuvent ne pas avoir été dans la pensée de l'auteur biblique mais puisqu'ils ont été approuvés par l'église, ils sont acceptés comme valides.
C'est ainsi qu'une nouvelle doctrine pondue par un ou des Pères de l'Église et acceptée par une partie des chrétiens de son époque devient un dogme pour certains et une hérésie pour d'autres. L'histoire de l'église fourmille d'exemples ; le monophysisme, le docétisme, l'arianisme, l'universalisme furent toutes reconnus comme des hérésies par la majorité des chrétiens de leur époque. Quand on ne pouvait rallier les dissidents, finalement cela créait des divisions, comme ce fut le cas en Égypte avec l'église copte à cause du monophysisme et plus tard avec l'église orthodoxe à cause du filioque, quoique dans ce dernier cas, ce ne fut plutôt probablement qu'un prétexte.
En combattant ce qui est considéré comme des hérésies (à juste titre par la majorité des chrétiens) mentionnées ci-dessus, il arrivait qu'on aille trop loin, comme par exemple, en donnant à Marie le titre de mère de Dieu pour souligner la divinité de Jésus. Cela eut l'effet que le culte de Marie s'est grandement développé par la suite.
Contemplant les excès où cela avait mené l'église à son époque, Martin Luther a décidé de rejeter ce principe qu'on était lié par les interprétations des Pères de l'Église. Fut-ce meilleur ? Oui et non quand on examine la suite de l'histoire du Protestantisme. Oui, parce que cela permit de se débarrasser de certaines doctrines considérées par le monde protestant comme faisant ombrage à la grâce de Dieu. Non, parce que tout un chacun était maintenant son propre critère pour juger de ce qui est une interprétation selon l'analogie de la foi et cela a conduit à la multiplication des dénominations car souvent quand deux têtes fortes ne s'entendaient pas sur une interprétation importante, cela conduisait à une autre division. Chaque dénomination est convaincue, bien entendu, que son interprétation des Écritures est selon l'analogie de la foi.
Je dis cela sans fatalisme ni sarcasme. Je l'observe, c'est tout. Cela ne doit pas nous décourager d'étudier la Parole de Dieu, au contraire, cela doit nous motiver à adopter l'attitude noble des juifs de Bérée:
Ac.17:10 Aussitôt les frères firent partir de nuit Paul et Silas pour Bérée. Dès leur arrivée, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs. 11 Ceux-ci avaient de meilleurs sentiments que ceux de Thessalonique; ils reçurent la parole avec beaucoup d'empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu'on leur disait était exact. 12 Beaucoup d'entre eux crurent, ainsi que des femmes grecques distinguées et des hommes en assez grand nombre.
En s'instruisant sur les différences doctrinales entre les dénominations et en suivant leur développement, on est plus à même de les comprendre pour se prévenir de l'esprit de clocher charnel exposé par l'apôtre Paul dans sa lettre aux Corinthiens :
1Co.1:11 Car, mes frères, j'ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu'il y a des discordes parmi vous.
12 J'entends par là que chacun de vous dit: Moi, je suis de Paul! --et moi, d'Apollos! --et moi, de Céphas! --et moi, de Christ!
13 Christ est-il divisé?
1Co.3:1 Pour moi, frères, ce n'est pas comme à des hommes spirituels que j'ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ.
2 Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas (la supporter); et vous ne le pouvez pas, même à présent, parce que vous êtes encore charnels.
3 En effet, puisqu'il y a parmi vous de la jalousie et de la discorde, n'êtes-vous pas charnels et ne marchez-vous pas d'une manière tout humaine?
4 Quand l'un dit: Moi, je suis de Paul! et un autre: Moi, d'Apollos!
5 N'êtes-vous pas des hommes? Qu'est-ce donc qu'Apollos, et qu'est-ce que Paul? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l'a donné à chacun.
Je vous invite à lire le texte sur les sectes pour poursuivre cette réflexion.
Gardons humblement les yeux fixés sur Jésus en matière de foi, il en est l'auteur et celui qui la mènera à bon port, cf. Hé.12:2, voilà ce qui est accessible à toutes les dénominations chrétiennes. Cela nous évitera de trop s'emballer avec des doctrines périphériques à la mode du jour ou aux appuis ancestraux mais questionnables sur le plan biblique.