Le ciel et l'enfer
Matthieu 8:11-12 Je vous dis que plusieurs viendront d'Orient et
d'Occident et seront assis à table au royaume des cieux, avec Abraham,
lsaac et Jacob ; et les enfants du royaume seront jetés dans les
ténèbres de dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de
dents
Ce soir, mes chers auditeurs, j'espère vous encourager à chercher le
chemin du ciel. Ce soir aussi j'aurai à exprimer devant vous de très
rudes vérités concernant le sort de ceux qui seront jetés dans l'abîme
de la perdition.
Ces deux sujets, je vais tâcher de les traiter avec
l'assistance de Dieu. Mais auparavant, laissez-moi vous supplier, pour
l'amour de vos âmes, de peser avec soin ce que vous allez entendre.
Voyez si mes paroles sont, oui ou non selon la vérité de Dieu : si
elles ne le sont pas rejetez-les entièrement ; mais si elles le sont
prenez garde de quelle manière vous les écoutez ; car aussi vrai que
vous comparaîtrez un jour devant Dieu, le grand Juge du ciel et de la
terre, aussi vrai vous ne sauriez mépriser impunément la voix de son
serviteur, la voix de son Evangile !
Les versets que je vous ai lus renferment deux idées. La première est
d'une douceur infinie, et je me plais à y arrêter mon esprit ; la
seconde est terrible au plus haut degré ; mais l'une et l'autre étant
également vraies, l'une et l'autre doivent être prêchées. La première
idée de mon texte est contenue dans ces mots : Je vous dis que
plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront assis à table, au
royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob. L'autre, sombre,
menaçante, effroyable, est ainsi formulée : Les enfants du royaume
seront jetés dans les ténèbres de dehors : il y aura là des pleurs et
des grincements de dents.
Reprenons la première de ces idées. - Voici une glorieuse
promesse: Plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront assis â
table, au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob. J'aime ces
paroles, parce qu'elles me disent ce qu'est -le ciel, parce qu'elles
m'en laissent entrevoir les charmes. Elles m'apprennent, tout d'abord,
que c'est un lieu où je serai assis, c'est-à-dire où je me reposerai.
Quel douce pensée ! Quelle est douce surtout pour le travailleur, pour
celui qui mange son pain à la sueur de son visage ! Souvent, en
essuyant son front humide, il se demande avec tristesse s'il n'aura
jamais ni trêve ni relâche. Ou bien le soir, en se jetant brisé sur sa
couche, son coeur laisse échapper ce cri d'angoisse : « N'y a-t-il donc
point un lieu où je pourrai me reposer, où mes membres fatigués ne
seront plus contraints d'agir, où je trouverai enfin la paix après
laquelle je soupire ? »
Oui, enfant du travail et de la peine, oui, il est un
heureux séjour où peine et travail sont inconnus. Au delà de la voûte
azurée, il est une cité belle et radieuse ses murs sont de jaspe, sa
lumière est plus éclatante que te soleil. Là les méchants ne
tourmentent plus personne, et ceux qui ont perdu leur force se
reposent. Là habitent des esprits immortels qui sont pour jamais à
l'abri de la fatigue. Ils ne sèment ni ne moissonnent ; ils n'ont plus
ni rude labeur, ni tâche excessive à accomplir. Que l'homme de loisir
se plaise à envisager le ciel comme un lieu où son activité trouvera un
constant aliment, je le conçois, et je suis persuadé qu'il ne sera pas
déçu dans son attente. Mais pour le travailleur, - et par ce mot
j'entends tout homme qui travaille, soit de son intelligence, soit de
ses mains, - quelle délicieuse, quelle consolante perspective que celle
d'un éternel repos ! O bonheur ! bientôt cette voix, si souvent épuisée
par de longs efforts, pourra se taire ; bientôt ces poumons fatigués ne
s'exerceront plus au delà de leur pouvoir ; bientôt ce cerveau excité
ne sera plus harcelé par des pensées sans nombre ; bientôt,
paisiblement assis au banquet de Dieu, je me reposerai de mes travaux
!...
Oh ! fils et filles d'Adam qui fléchissez sous le poids de la vie,
prenez courage! Au ciel, vous n'aurez plus à tracer de pénibles sillons
dans un sol infertile vous n'aurez plus à vous lever matin, à vous,
coucher tard et à manger le pain de douleur ; vous n'aurez plus ni
fardeau, ni souci, ni agitation ; tous vous serez paisibles, riches,
heureux. Les mots de labeur, de fatigue, de souffrance n'existent même
pas dans la langue du ciel.
Et remarquez dans quelle illustre société les élus se trouveront. Ils
seront assis, nous est-il dit, avec Abraham, Isaac et Jacob. Ces
paroles me semblent réfuter de la manière la plus positive l'opinion de
certains chrétiens qui pensent que dans l'autre vie on n'aura pas la
faculté de se connaître. En effet, puisqu'il nous est déclaré ici en
toutes lettres que nous serons assis avec Abraham, Isaac et Jacob, ne
devons-nous pas nécessairement en conclure que nous connaîtrons ces
patriarches et par conséquent aussi les autres habitants du ciel ?
- On raconte qu'une digne chrétienne, avancée en âge, demanda à son
mari, au moment de mourir : « Mon ami, penses-tu que tu me reconnaisses
quand tu viendras dans la gloire ? - Si je te reconnaîtrai ? répondit
celui-ci ; ne t'ai-je pas toujours connue ici-bas ? et crois-tu donc
qu'au ciel je serai moins clairvoyant ? » Ce raisonnement me paraît
sans réplique. De même que nous avons connu ici-bas, de même nous
connaîtrons là-haut.
Pour ma part, j'ai la douce assurance que lorsque, par la grâce de
Dieu, je poserai mon pied sur le seuil du ciel, les bienheureux amis
qui m'y ont précédé viendront me prendre par la main et me diront :
Salut, bien-aimé ! te voici enfin. » Les proches retrouveront leurs
proches ; les amis leurs amis. Tu retrouveras ta pieuse mère, toi, mon
cher auditeur, qui pleures encore sur elle, si toutefois tu marches sur
les traces de Jésus, il me semble la voir venant à ta rencontre à la
porte du paradis, et quoique sans doute les liens de la nature auront
perdu beaucoup de leur force, je ne puis me défendre de la pensée que
son visage brillera d'une joie nouvelle lorsque, s'avançant vers le
Seigneur, elle lui dira : Me voici, moi et les enfants que tu m'as
donnés.
- Mari, tu reconnaîtras ta femme. Mère, tu reconnaîtras ces chers
petits êtres dont tu suivis avec angoisse la longue agonie et sur
lesquels tu entendis tomber, avec les froides mottes de terre, ces
terribles paroles : « L'argile à l'argile, la cendre à la cendre, la
poudre â la poudre. » Oui, tu les retrouveras ; tu entendras encore
leurs voix chéries ; tu sauras que ceux que tu as tant aimés, Dieu les
a aimés mieux encore que toi.
- Ah ! qu'il me semblerait triste et glaçant le monde à
venir, si je ne devais ni connaître ni être connu ! En vérité, il
n'aurait pour moi que bien peu d'attraits ! Mais quelle douceur, au
contraire, dans la pensée que le ciel est la réalisation parfaite de la
communion des saints, et qu'entre les croyants de tous les temps et de
tous les pays, il s'établira pour l'éternité des relations étroites et
personnelles !
Souvent, je me plais à anticiper sur le bonheur que j'éprouverai à
connaître Esaïe ; il me semble qu'à peine arrivé à la cité céleste, je
demanderai à le voir, parce qu'il a parlé de Jésus plus qu'aucun autre
prophète. Il me semble aussi que je m'empresserai de chercher au milieu
de la foule Georges Whitefield, ce grand serviteur de Dieu, qui avec un
zèle digne d'un esprit angélique, dépensa toute sa vie en prêchant le
salut. Oh ! oui, nous aurons une société choisie dans le ciel. Et
cependant toute distinction humaine sera abolie : riches et pauvres,
savants et ignorants, ministres et laïques, nous fraterniserons tous
ensemble.
J'ai ouï raconter qu'une dame, visitée sur son lit de mort par un
ministre de l'Evangile, lui posa cette étrange question : « Ne
pensez-vous pas qu'il existe dans le ciel deux lieux bien distincts
pour les différentes classes de la société ? J'avoue que je ne puis
endurer l'idée de vivre éternellement en compagnie de ma servante. » A
cela, le ministre répondit : « Ne vous mettez pas en peine à ce sujet,
Madame ; car aussi longtemps que ce diabolique orgueil existera dans
votre coeur, vous n'avez point à craindre d'aller au ciel. » Il disait
vrai. Non, l'orgueil n'entrera pas dans le ciel. Il faut que nous nous
abaissions nous-mêmes, que nous voyions dans tout homme un frère, que
nous sentions qu'aux yeux de Dieu nous sommes tous égaux, avant de
pouvoir espérer d'être admis dans la gloire.
Quant à moi, je bénis mon Dieu de ce qu'au banquet céleste il n'y aura
qu'une seule table. Le Juif et le Gentil s'assoieront côte à côte ; le
grand et le petit paîtront dans le même pâturage : tous, nous serons
assis avec Abraham, Isaac et Jacob.
Mais les paroles que nous méditons ont une signification plus douce et
plus profonde encore. A en croire certains esprits étroits, le ciel
serait un lieu de dimensions fort restreintes, auquel ne trouveraient
accès que les seuls chrétiens qui fréquentent leur lieu de culte.
J'avoue qu'un ciel aussi mesquin m'est antipathique, et j'aime au
contraire à lire dans les Ecritures qu'il y a plusieurs demeures dans
la maison de mon Père. De ce qu'il est écrit dans l'Evangile : La porte
est étroite et le chemin est étroit qui mène à la vie, et il y en a peu
qui le trouvent, on a souvent conclu que le ciel sera moins peuplé que
l'enfer. Cette opinion me semble inadmissible. Comment ! la part de
Christ serait moins grande que celle du diable ? Satan l'emporterait
sur Christ ? Non, cela ne peut pas être !
(Note du trad. de la 3e édition : Nous savons que l'argument
employé ici par l'auteur a donné lieu à de fausses interprétations, et
que quelques personnes ont cru voir dans ce passage des tendances à
l'universalisme. Rien cependant ne saurait être plus contraire que ces
tendances aux vues du Rév. Spurgeon, et Il suffit de lire la seconde
partie de ce discours pour se convaincre qu'il n'est point de ceux qui
disent : paix ! paix ! quand il n'y a point de paix. Afin de ne laisser
aucun doute sur le véritable sens du passage en question, nous ne
croyons pouvoir mieux faire que de transcrire ici quelques lignes d'un
autre discours de M. Spurgeon (Heavenly worship), où il explique ses
vues sur ce point de la manière la plus nette : « Je crois qu'il y aura
plus d'âmes au ciel qu'en enfer..... Si vous me demandez pourquoi j'ai
cette croyance, voici ma réponse : Je me réjouis à la pensée que tous
les petits enfants, aussitôt qu'ils rendent le dernier soupir, prennent
leur essor vers le paradis : représentez-vous quelle immense multitude
de ces jeunes esprits il doit y avoir devant le trône de Dieu !...
Puis, de meilleurs jours approchent, quand la religion de Christ sera
universelle, quand, d'un pôle à l'autre pôle, Jésus règnera en
souverain, quand les royaumes se prosterneront devant lui, et les
nations entières naîtront en un jour à une vie nouvelle. Dans la seule
période millénaire, j'estime qu'il y aura assez d'âmes de sauvées pour
combler tous les déficits des siècles précédents. » - Nous n'ajouterons
rien à cette citation, si ce n'est que M. Spurgeon expose simplement
ses idées, personnelles : libre à chacun de les discuter et de les
juger...)
D'ailleurs, Dieu nous déclare expressément qu'une grande
multitude, QUE PERSONNE NE POURRA COMPTER, sera sauvée. Combien cette
pensée est réjouissante, mes chers amis ! Quelle bonne nouvelle pour
vous et pour moi ! Si le salut n'était le privilège que de
quelques-uns, nous pourrions craindre, et non sans raison, de ne pas y
avoir part ; mais puisque le Seigneur affirme qu'une multitude
innombrable sera sauvée, pourquoi vous et moi, pourquoi tous, tant que
nous sommes ici, ne le serions nous pas ? Courage donc, pauvre pécheur,
qui que tu sois ; courage, âme craintive et timorée ; ouvre ton coeur à
l'espérance ! Il n'y a point sur la terre d'âme vivante dont on puisse
dire qu'elle soit en dehors de !la grâce de Dieu. Il est, il est vrai,
quelques infortunés qui, ayant commis le péché irrémissible, sont
abandonnés de Dieu ; mais à part cette exception, je me plais à le
proclamer, la souveraine miséricorde embrasse l'humanité tout entière.
Plusieurs viendront et seront assis à table, au royaume, des cieux,
avec Abraham, Isaac et Jacob.
Et d'où viendront-ils, ces heureux convives qui prendront
place à la table du Père de famille ? Mon texte nous l'apprend : ils
viendront d'Orient et d'Occident. Les Juifs prétendaient que tous
viendraient de la Palestine, en d'autres termes, qu'il n'y aurait au
ciel personne que ne fût Juif. Renchérissant encore sur cette
étroitesse de vues, les Pharisiens soutenaient que, hors de leur secte,
le salut était impossible. Mais voici Jésus-Christ qui tient un tout
autre langage : il affirme que de l'Orient et de l'Occident, il viendra
des âmes au royaume de Dieu. C'est ainsi qu'il en viendra, n'en doutons
pas, de ces lointaines contrées de la Chine, où le Seigneur semble
actuellement ouvrir une si large porte à l'Evangile, il en viendra de
notre vieille Europe comme de la jeune Amérique ; des régions
tropicales de l'Australie comme des froides zones du Canada, de la
Sibérie, de la Russie. De toutes les extrémités de la terre, il en
viendra qui seront assis au banquet de Dieu.
Mais outre ce sens naturel et que j'appellerai géographique,
les paroles qui nous occupent me semblent avoir un sens figuré et
spirituel. Selon moi, cette expression, l'Orient et l'Occident, désigne
moins les points les plus reculés du globe, que cette classe d'âmes
qui, en apparence, est, pour ainsi dire, aux antipodes du royaume de
Dieu. Il y a tels pécheurs dans le monde, du salut desquels chacun
désespère. On se dit - « A quoi bon raisonner avec eux ? Quel bien
pourrait-on leur faire? Tout est inutile; ils sont trop dépravés, trop
avilis, trop endurcis pour qu'ils puissent jamais être ramenés à Dieu.
»
O vous qui passez ainsi condamnation sur quelques-uns de vos
semblables; sans vous douter qu'aux yeux de Celui qui juge justement,
vous êtes peut-être plus coupable que le plus coupable d'entre eux,
écoutez ce que dit Jésus-Christ dans les paroles de mon texte :
Plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront assis à table dans
le royaume des cieux. Oui, sachez-le : des dernières limites du royaume
de Satan, des derniers degrés de l'échelle du vice, plusieurs viendront
qui feront partie de la multitude des rachetés, acquise au prix du sang
de l'Agneau. Il y aura dans le ciel, plus d'un pécheur qui, à une
époque de sa vie s'est plongé dans la fange des passions ; il y aura
des intempérants, il y aura des femmes de mauvaise vie, qui, par la
puissance de la grâce divine renoncèrent, ceux-ci à leur honteux excès
celles-là à leurs débordements, et vécurent pendant le reste de leurs
jours dans la tempérance, dans la justice et dans la piété.
Vous souvient-il d'un remarquable incident du ministère du grand
Whitefield ? Un jour prêchant devant un nombreux auditoire, il dit que
« Jésus-Christ était prêt à sauver même les rebuts du diable,
c'est-à-dire les âmes que Satan lui-même trouvait à peine assez bonnes
pour lui. » Le service fini, son amie, lady Huntingdon, fit comprendre
à l'éminent prédicateur que cette hardiesse de langage ne lui avait
point semblé tout à fait convenable. A peine venait-elle de hasarder
cette remarque, lorsqu'on vint dire à Whitefield que quelqu'un désirait
lui parler. Il y va, et remonte un instant après. - « Madame, dit-il à
lady Huntingdon, devinez qui m'attendait en bas ? C'était une pauvre
femme, tombée au dernier degré de l'abjection. - Oh ! Monsieur
Whitefield, m'a-t-elle dit, vous nous avez assuré que Jésus recevrait
les âmes même qui sont comme les rebuts du diable, et moi je suis une
de ces âmes !... » Cette parole fut le moyen de sa conversion.
Que personne ne trouve donc mauvais si les serviteurs de
Christ s'adressent aux péagers et aux gens de mauvaise vie. J'ai été
accusé, je le sais, d'attirer autour de moi « la vile multitude ». A
cela, je réponds: Que Dieu la bénisse, cette « vile multitude ! » Que
Dieu la sauve par mon moyen, et je serai trop honoré ! D'ailleurs, si
elle est « vile », comme on le dit, qui a plus besoin de l'Evangile
qu'elle ? Qui a plus besoin que Christ lui soit annoncé ? Certes, ce
qui manque dans notre siècle dégénéré, ce ne sont pas des prédicateurs
du grand monde, ce sont des hommes qui portent la bonne nouvelle du
salut à ceux que l'on appelle la lie du peuple.
Pour ma part, je trouve dans cette déclaration de mon texte : Plusieurs
viendront d'Orient et d'Occident, un puissant encouragement à annoncer
l'Evangile aux plus grands des pécheurs. Je crois, ainsi que je l'ai
déjà dit, qu'à l'exception de ceux qui ont commis le péché contre le
Saint-Esprit (Note des éditeurs: Si le péché contre le Saint-Esprit est
un obstacle insurmontable au salut, c'est parce qu'il rend la
repentance impossible.) , il n'est pas d'homme sur la terre assez
éloigné de Dieu pour que la grâce ne puisse l'atteindre. Je crois qu'il
n'est pas jusqu'à l'un de ces malheureux, opprobre de l'espèce humaine,
flétris, dégradés, abrutis presque par le vice, qui, par un effet de la
souveraine miséricorde, ne puisse briller un jour dans la gloire, comme
la splendeur de l'étendue. Trouvez-moi donc le dernier, le plus vil des
pécheurs, je ne dédaignerai point de lui prêcher l'Evangile, car je
sais que son âme immortelle est susceptible de salut, et de plus, je me
souviens de cet ordre de mon Maître : Va dans les chemins et le long
des haies, et presse d'entrer ceux que tu trouveras, afin que ma maison
soit remplie. - Plusieurs viendront d'Orient et d'Occident, et seront
assis à table au royaume» des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob.
Il y a un mot encore dans ce beau passage sur lequel je désire attirer
votre attention, avant de passer outre. Observez qu'il n'est pas dit :
Ils pourront venir, ou : Ils viendront peut-être, mais : ILS VIENDRONT.
Oh ! que j'aime ces affirmations si pleines, si positives de mon Dieu !
De la part d'un homme, affirmer, c'est presque une dérision. Il promet,
et le plus souvent il ne peut tenir sa promesse, ; il jure, et le plus
souvent il viole son serment. Mais avec Dieu, quelle différence ! S'il
dit : « Je ferai », il fera ; s'il affirme une chose, elle a lieu. Or,
il déclare ici que plusieurs viendront dans son royaume et quand même
Satan s'écrierait avec rage « Ils n'iront pas ! » - quand même leurs
propres péchés leur diraient : « Vous ne pouvez y aller ! » - bien
plus, quand ils diraient résolument en leur cœur : « Nous ne voulons
pas y aller ! » ILS IRONT, car Dieu l'a dit.
- Oui, parmi ceux-là même qui aujourd'hui se moquent du salut et
insultent à l'Evangile, il en est, je ne crains pas de le dire, qui,
tôt ou tard, seront amenés captifs à l'obéissance de Jésus-Christ. «
Mais quoi ? s'écrient peut-être quelques-uns de mes auditeurs, Dieu
peut-il faire de nous des chrétiens ? » Oui, vous dis-je, et c'est
précisément là qu'éclate l'admirable puissance de l'Evangile. La grâce
divine ne sollicite pas le consentement de l'homme, mais elle l'obtient
; elle ne lui demande pas s'il la veut, mais elle lui donne de la
vouloir ; elle ne s'impose pas à lui, mais elle transforme tellement sa
volonté, que, reconnaissant sa valeur, il se prend à soupirer après
elle, et la poursuit jusqu'à ce qu'il l'ait atteinte.
Et comment expliquer autrement la conversion de tant d'incrédules, qui
avaient dit à une époque de leur vie : « Jamais nous n'aurons rien à
faire avec la religion » ? On raconte qu'un jour un impie déclaré entra
dans un lieu de culte pour entendre les chants sacrés, et qu'aussitôt
que le ministre prit la parole, il mit les doigts dans ses oreilles,
déterminé à ne pas écouter. Mais au bout de quelques instants, voici
qu'un petit insecte vient se poser sur son visage, ce qui l'oblige,
pour le chasser, à déplacer une de ses mains. A ce même moment, le
ministre prononçait ces paroles : Que celui qui a des oreilles pour
ouïr entende. Surpris, remué dans sa conscience, l'incrédule écoute, et
Dieu touche son coeur à salut. En sortant, il était un nouvel homme.
L'impie se retira pour prier ; le railleur alla verser des larmes de
contrition. Celui qui était entré d'ans la maison de Dieu par manière
de passe-temps retourna chez lui, pressé de rechercher la communion de
son Créateur. Le sceptique devint croyant ; le pécheur devint un saint
- Et la transformation qui s'est produite chez cet homme peut se
produire également chez tous. La grâce divine, je le répète, n'a pas
besoin de votre consentement préalable : elle saura vous donner la
volonté et l'exécution selon son bon plaisir. Du coeur le plus rebelle
qui s'écrie dédaigneusement : « Je n'ai que faire de l'Evangile », elle
peut, quand elle le veut, faire surgir cette humble supplication : «
Seigneur, sauve-moi, ou je péris ! »
Mais peut-être pensez-vous que vous pouvez vous convertir sans que
votre âme subisse l'action prévenante de la grâce de Dieu. Erreur,
erreur funeste, mes amis. Supposons qu'en cet instant même Jésus-Christ
se présentât au milieu de nous ; quel accueil pensez-vous que lui
ferait le plus grand nombre?
Nous le couronnerions roi », me répondez-vous. Hélas ! je n'en crois
rien ; je suis persuadé, au contraire, que la plupart d'entre vous le
crucifieraient de nouveau, s'ils en avaient l'occasion. Oui, se tint-il
là, devant vous, et vous dit-il : « Me voici, je vous aime », pas un de
vous, abandonné à sa propre volonté, ne répondrait à ses avances.
Fixât-il sur vous un de ces puissants regards capables de dompter les
lions mêmes ; vous parlât-il avec cette voix d'où se sont échappés des
flots d'une incomparable éloquence, pas un de vous, laissé à lui-même,
ne deviendrait son disciple.
Ce qu'il faut, pour fléchir les résistances de notre coeur c'est la
puissance de la grâce, c'est l'influence du Saint-Esprit. Nul ne peut
venir à moi, a dit Jésus-Christ, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire.
Mais une fois que de pauvres pécheurs ont éprouvé ces attraits divins,
oh ! alors, ils viennent, ils accourent de l'Orient et de l'Occident.
Que le monde s'agite, que le monde se moque, il n'empêchera pas le Fils
de Dieu de recueillir le fruit de ses souffrances et de sa mort. Si,
parmi vous, il est des âmes qui le rejettent, d'autres l'accepteront ;
s'il en est qui seront perdues, d'autres seront sauvées. Quoi qu'on
dise et quoi qu'on fasse, Jésus-Christ se verra de la postérité ; il
prolongera ses jours et le bon plaisir de l'Eternel prospérera dans sa
main. Quand le ciel, la terre et l'enfer se ligueraient ensemble, ils
ne sauraient retenir loin de Jésus une seule des âmes que le Père lui a
données !
Et maintenant, toi, mon frère, qui te reconnais le premier
des pécheurs, écoute-moi : je suis chargé d'un message pour toi de la
part de Jésus. Il y a une âme dans cette assemblée qui se juge la plus
indigne qui ait jamais existé. Il y a une âme qui se dit à elle-même :
« Je ne suis pas digne que Christ m'appelle à lui..... » Ame ! c'est
toi que j'appelle ! Toi, vile, souillée, misérable, aujourd'hui, en
vertu de l'autorité que j'ai reçue de Dieu, je te presse d'aller à mon
Sauveur ! Il t'invite par ma voix, il te cherche, il veut te sauver.
Hâte-toi donc. Jette-toi à ses pieds. Touche le sceptre de sa
miséricorde, afin que tu vives. Va, essaie de mon Sauveur, essaie de
mon Sauveur, te dis-je ! Que s'il te rejette après que tu l'as cherché,
publie en enfer qu'il a failli à ses promesses ! Mais non, cela ne sera
pas, cela ne peut pas être ! Jamais Dieu ne mettra dehors celui qui
vient à lui, car ce serait déshonorer son alliance de grâce. Il ne
repoussera pas un seul pécheur repentant, aussi longtemps qu'il sera
écrit dans sa Parole : Plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et
seront assis à table, au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et
Jacob.
II
La seconde partie de mon
texte est navrante. Autant il m'a été doux de parler sur la première,
autant mon coeur se serre devant la pénible tâche qui se présente
maintenant à moi. Mais, comme je vous l'ai dit en commençant, les
vérités de la Bible doivent être annoncées, qu'elles soient sombres ou
lumineuses. Dieu me garde d'imiter jamais ce lâche ministre de la
Parole, qui disait un jour à son auditoire : Ceux qui n'aiment pas le
Seigneur Jésus-Christ iront dans ce lieu que la politesse me défend de
nommer. » Que, penseriez-vous de moi, mes amis; si, voyant une maison
en flammes, je disais avec affectation : « J'estime que l'opération de
la combustion s'accomplit ici près ? » Ne devrais-je pas bien plutôt
crier de toutes mes forces : « Au feu ! au feu ! » de manière à être
compris par tout le monde ? De même, lorsque la Bible parle des
ténèbres du dehors, de la perdition éternelle, moi, prédicateur de
l'Evangile, dois-je jeter un voile sur cette effrayante vérité, dois-je
chercher à l'adoucir par des formes de langage ? A Dieu ne plaise !
Serviteur de Christ, je dois vous exposer clairement tout le conseil de
mon Maître.
Encore une fois, je le reconnais, la déclaration qui va nous occuper
est terrible au plus haut point : Les enfants du royaume seront jetés
dans les ténèbres du dehors ; il y aura là des pleurs et des
grincements de dents.
Et d'abord, qui sont ces enfants du royaume ? Je vais vous le dire.
Autrefois, c'étaient les Juifs ; aujourd'hui, ce sont ces gens qui
possèdent toutes les apparences de la piété, mais qui n'ont rien de ce
qui constitue sa force ; ces gens, que vous pouvez voir tous les
dimanches, leurs Bibles et leurs Psaumes à la main, se rendant à leur
lieu de culte, posément, gravement, dévotement ; ces gens enfin qui se
persuadent que leur salut est une chose hors de doute, ne considérant
pas que leur piété n'est qu'un pur formalisme, où le coeur n'entre pour
rien. Voilà quels sont les enfants du royaume. Ils ne possèdent ni
grâce ni vie ; Christ n'habite point en eux ; aussi seront-ils jetés
dans ténèbres de dehors.
En second lieu, ces mots : enfants du royaume, peuvent
s'appliquer à ceux qui ont joui de grands privilèges spirituels, et
plus particulièrement aux enfants de parents chrétiens. Vous êtes des
enfants du royaume, vous, mes chers auditeurs, à qui Dieu accorda
l'inestimable bienfait d'avoir une pieuse mère. Ne vous souvient-il pas
du temps où, vous prenant sur ses genoux, elle vous enseignait à
bégayer le saint nom de Dieu, où elle vous conjurait de marcher dans
les voies de la piété ? Et cependant, vous êtes encore, pour la
plupart, sans grâce dans le coeur, sans espérance pour l'éternité !
Vous descendez, tête baissée, vers l'enfer ! Peut-être même tel d'entre
vous a-t-il brisé le coeur de celle qui lui donna le jour. Oh ! qui
pourrait dire ce qu'elle a souffert, cette tendre mère, pendant les
nuits de débauche du fils de ses prières !...
Comprenez-vous, enfants du royaume, combien votre culpabilité
sera aggravée, si vous périssez malgré les larmes et les supplications
d'une mère chrétienne ? Pour ma part, je crois que s'il y a un damné
parmi les damnés, ce sera le fils rebelle qui descendra dans l'abîme,
poursuivi par le souvenir des prières de son père et le front encore
humide des larmes de sa mère. Jeunes gens et jeunes filles qui
m'écoutez, il en est très probablement parmi vous (ô désolante pensée
!) dont le sort sera tel ; il en est qui, des ténèbres du dehors où ils
seront précipités, apercevront leurs parents dans la gloire et
rencontreront leur regard de reproche qui semblera leur dire : « Après
tout ce que nous avons fait pour vous, comment êtes-vous tombés si bas
? »
Enfants du royaume ! vous que Dieu a véritablement traités comme des
fils privilégiés; puisqu'il vous a entourés dès votre berceau de moyens
de grâce et de salut, ne vous flattez pas d'être sauvés par cela seul
que vous avez reçu une éducation chrétienne, contracté certaines
habitudes religieuses, respiré dans votre famille une atmosphère de
piété. Ne vous flattez pas que la ferveur d'une mère, que la sainteté
d'un père vous soient imputées. Ne vous flattez pas même que les
requêtes qu'ils ont adressée à Dieu en votre faveur, vous servent de
laissez-passer à la porte du paradis. Non, le salut ne s'obtient que
par des efforts personnels. Il ne vous sera pas demandé au dernier jour
: « A-t-on prié pour toi ? » mais bien : As-tu prié pour toi-même ? Les
supplications amoncelées de vos parents, jusqu'à la troisième et
quatrième génération, atteignissent-elles les nues, qu'il ne vous
serait pas possible d'en faire usage comme d'un marchepied pour
escalader le ciel. Si vous ne possédez une piété vivante et
expérimentale, vous serez perdus, tous vos amis fussent-ils mille fois
sauvés.
- Bien solennel est le songe qu'eut une fois une pieuse mère et qu'elle
raconta à ses enfants. Elle rêva que le jour du jugement était venu.
Les grands livres sont ouverts. Toute l'humanité est devant Dieu.
Elle-même, entourée de ses enfants, se tient debout au milieu de la
grande assemblée. Tout à coup, la voix du Seigneur Jésus se fait
entendre : « Séparez la balle du froment, s'écrie-t-il. Placez les
brebis à ma droite et les boucs à ma gauche. » Aussitôt, un ange
s'avance en disant : « La mère est une brebis : elle doit aller à la
droite ; les enfants sont des boucs : leur place est à la gauche. » -
Alors il semble à cette mère que ses enfants cherchent à la retenir. «
Mère, mère, ne nous quitte pas ! » s'écrient-ils avec angoisse. Et
elle, les enlaçant de ses bras, leur répond avec larmes : « Mes
enfants, que ne puis-je vous prendre avec moi ?... » Mais à cet
instant, l'ange la touche ; et soudain ses larmes se sèchent. Une force
surnaturelle lui est donnée ; les liens du sang perdent leur empire, et
n'ayant plus d'autre volonté que celle de Dieu : « Mes enfants,
dit-elle, je vous ai élevés chrétiennement ; je vous ai pressés de
marcher dans les sentiers du Seigneur ; vous ne l'avez pas voulu :
maintenant que puis-je faire, si ce n'est de dire AMEN à votre
condamnation ?... »
- Jeune homme, jeune fille, qui vivez loin de Dieu, qu'éprouverez-vous,
je vous le demande, si ce songe devient jamais pour vous une affreuse
réalité ? Qu'éprouverez-vous si au dernier jour vous entendez des voix
bien connues, la voix de votre père, la voix de votre mère, prononcer
un solennel « Amen ! » à cette terrible sentence portée contre vous :
Allez, maudit au feu éternel, préparé au diable et à ses anges? En
vérité, en vérité, je vous le dis, enfant du royaume, les mangeurs et
les buveurs, les péagers et les gens de mauvaise vie vous devancent au
royaume de Dieu ! De grands criminel qui auront pleuré sur leurs péchés
au pied de la croix de Jésus, seront sauvés ; des impie des
blasphémateurs, des pécheurs scandaleux convertis par la grâce de Dieu,
seront sauvés tandis que plusieurs d'entre vous seront jetés dehors,
simplement parce qu'ils n'auront pas voulu donner leur coeur au
Seigneur Jésus-Christ, ni accepter franchement son Evangile.
Et ne sera-ce pas pour vous la douleur des douleurs, le
supplice des supplices, -l'enfer de l'enfer, que de voir le premier des
pécheur couché dans le sein d'Abraham, tandis que vous enfants du
royaume, fils aînés de la maison, que Dieu avait fait naître, pour
ainsi dire, au seuil même du ciel, serez au nombre des réprouvés ?...
Mais prêtez-moi quelques instants encore votre attention, car je dois
entreprendre la lamentable tâche de vous décrire le sort affreux
réservé à ceux qui vivent et meurent loin de Dieu. Jésus-Christ nous
dit qu'ils seront jetés dans les ténèbres du dehors ; là il y aura des
pleurs et des grincements de dents.
Remarquez, en premier lieu, qu'il n'est pas dit : Ils iront, mais : Ils
seront jetés. Je me représente un enfant du royaume, un hypocrite, un
formaliste, arrivant à la porte du ciel. La souveraine justice, le
reconnaissant à l'instant, ordonne à un ange de le saisir et de
l'envoyer en son lieu. Aussitôt l'ange obéit, il le lie pieds et mains,
et le tient suspendu au-dessus de l'abîme. Le malheureux frémit, son
coeur défaille, ses os se fondent comme de la cire. Il cherche à
mesurer du regard le gouffre béant, le gouffre sans fond qui va
l'engloutir. Il entend des soupirs, des gémissements, des cris de
désespoir qui s'échappent de ce gouffre... Où est maintenant ta force
tant vantée, ô pécheur ? Où est ton audace, ton orgueilleuse assurance
? Tu trembles, tu pleures, tu demandes grâce, mais il est trop tard !
L'ange ouvre sa main, et tu tombes, tu tombes, tu tomberas
éternellement, de profondeur en profondeur, d'abîme en abîme, sans
jamais trouver un lieu où tu puisses asseoir la plante de ton pied ! Tu
seras jeté dans les ténèbres du dehors...
Et que signifie cette expression : les ténèbres du dehors ? Dans le
langage scripturaire, le mot lumière doit se prendre, en général, dans
le sens d'espérance ; d'où il s'ensuit naturellement que par ténèbres
du dehors, nous devons entendre un lieu d'où l'espoir est à jamais
banni. - Y a-t-il un homme vivant qui ait cessé d'espérer ? Je ne le
pense pas. Peut-être l'un de vous a-t-il contracté des dettes ; ses
créanciers le menacent de saisir tous ses biens ; mais n'importe ! il
dit : « Je, suis dans un mauvais pas, c'est vrai ; cependant je puis en
sortir, tout n'est pas perdu ; j'espère. »
- Un autre est à la veille de voir son commerce ruiné. « J'en
suis profondément affligé, dit-il ; mais après tout, j'ai de bons bras,
je travaillerai, la fortune peut encore me sourire ; j'espère. »
- Un troisième dit à son tour : « De pénibles soucis m'assiègent en ce moment, mais j'espère que Dieu me viendra en aide. »
- « Quant à moi, reprend un quatrième, j'ai un ami gravement
malade ; à vues humaines, son état est désespéré ; toutefois, j'espère
qu'une crise favorable se déclarera enfin. »
C'est ainsi que dans ce monde, chacun espère. Mais en enfer,
on n'espère plus. Les damnés n'ont pas même l'espérance de mourir,
l'espérance d'être anéantis. Ils sont irrévocablement, éternellement
perdus. Sur chaque chaîne de l'enfer sont gravés ces mots : POUR
TOUJOURS ! Le feu de l'enfer inscrit de toutes parts en caractères
flamboyants, ces mêmes mots : POUR TOUJOURS ! Les yeux des damnés sont
comme brûlés par la vue de ce fatal arrêt qui renouvelle incessamment
leur désespoir : POUR TOUJOURS !
Oh ! si je pouvais vous annoncer aujourd'hui que l'enfer
serait un jour détruit, que ceux qui y sont détenus seraient finalement
sauvés, il me semble que les régions infernales tout entières
tressailleraient d'allégresse ! Mais non ! je ne le puis pas.. Je: dois
vous dire, au contraire, que les enfants du royaume seront jetés pour
toujours dans les ténèbres du dehors.
Mais j'ai hâte d'en finir, car quel est l'homme qui aurait le
courage d'entretenir longtemps ses semblables sur de tels sujets ?...
Cependant, il faut que je poursuive ma tâche jusqu'au bout. - Que
fait-on en enfer ? Mon texte nous l'apprend : Il y a des pleurs et des
grincements de dents. On ne grince les dents, vous le savez, que
lorsqu'on est en proie à une vive souffrance, ou sous l'impression
d'une grande colère. Eh bien ! en enfer, il y a des grincements de
dents perpétuels. Savez-vous pourquoi ? Un damné grince des dents
contre un autre damné, et murmure: « C'est toi, misérable, qui m'as
conduit ici ! C'est toi qui m'entraînas dans la voie du vice ! » Et
l'autre lui répond, en grinçant des dents à son tour : « Qu'as-tu à me
reprocher ? N'est-ce pas ton exemple qui par la suite m'incita à
m'enfoncer toujours plus dans l'iniquité ? » Une fille grince des dents
contre sa mère, en lui disant : « Tu m'as perdue corps et âme ! » et la
mère, grinçant des dents contre sa fille; répond : « Je n'ai point de
pitié pour toi, car tu m'as surpassée en débauche. » Des pères grincent
des dents contre leurs fils, et des fils contre leurs pères. Et s'il y
a des damnés qui grincent des dents avec plus d'amertume que tous les
autres, il me semble que ce doit être les lâches séducteurs qui
entendent la voix de celles qu'ils détournèrent jadis du sentier de la
vertu, leur criant sans cesse avec une horrible ironie : « Ah combien
nous sommes heureuses de vous voir souffrir autant que nous !...
Mais en voilà assez. Détournons nos yeux de cet épouvantable spectacle.
Qui voudrait le contempler plus longtemps ?... Je vous ai avertis
solennellement, mes chers auditeurs. Je vous ai parlé de la colère à
venir. Les ombres du soir s'avancent, - la nuit approche, - le matin de
l'éternité va paraître.
- Il va paraître pour vous, vieillards, que j'aperçois au milieu de
cette assemblée : dans quel état vous trouvera-t-il ? Vos cheveux
blancs sont-ils pour vous une couronne d'honneur, ou bien avez-vous
attiré sur eux le mépris et la risée de tous ? Etes-vous au seuil du
ciel, ou bien votre pied chancelant tremble-t-il déjà au bord de
l'abîme ? Pauvres vieillards, au front ridé, à la démarche vacillante,
voulez-vous donc franchir le dernier pas qui vous sépare de la
perdition ? Celui qui vous parle n'est, il est vrai, pour les années
que comme un enfant auprès de vous ; toutefois, souffrez qu'en cet
instant il vous arrête et vous supplie de réfléchir. Déjà le bâton qui
vous soutient ne rencontre plus de point d'appui ; la terre cède sous
vos pieds..... Oh ! avant qu'il soit trop tard, rentrez en vous-mêmes
et considérez vos voies ! Que soixante-dix années passées dans le péché
se dressent devant vous. Que les fantômes de vos transgressions sans
nombre se rangent en bataille sous vos yeux. Que comptez-vous faire, je
vous le demande, lorsque ces soixante-dix années perdues sans retour,
ces soixante-dix années de rébellion contre Dieu, comparaîtront avec
vous devant le tribunal suprême ? Oh ! vieillards, vieillards, que Dieu
vous donne de vous repentir aujourd'hui même et de placer votre
confiance en Jésus !
Et vous, hommes de l'âge mûr, vous n'êtes pas en sûreté non
plus. Pour vous aussi, les ombres du soir approchent à grands pas. D'un
instant à l'autre, la mort peut vous frapper. Il y a quelques jours à
peine, je fus mandé de grand matin auprès du lit d'un mourant : c'était
un homme dans la force de l'âge, naguère encore plein de vigueur et de
santé. Je me rendis en toute hâte à sa demeure ; mais lorsque j'entrai,
je ne trouvai plus qu'un cadavre. Ce qui est arrivé à cet homme peut
arriver à chacun de vous, mes amis. Vous n'avez aucune garantie, aucune
donnée certaine touchant la durée de votre existence. Demain, vous
pouvez mourir. Permettez-moi donc de vous parler au nom des compassions
de Dieu. Permettez-moi de m'adresser à vous, comme un frère
s'adresserait à ses frères. Je vous aime, vous le savez ; c'est
pourquoi je voudrais que mes paroles pénétrassent dans votre coeur. Oh
! quelle bénédiction, quelle joie ineffable que d'être du nombre de ces
plusieurs qui, pour l'amour de Christ, seront admis au royaume des
cieux ! Eh bien ! cette joie, cette bénédiction, vous pouvez les
obtenir ; car Dieu a déclaré que quiconque l'invoquera sera sauvé. Il
ne mettra dehors aucune âme qui s'approchera de lui par Christ.
Un mot à vous aussi, jeunes gens et jeunes filles. Vous pensez,
peut-être, que la piété ne vous concerne point. « Jouissons de la vie,
dites-vous ; soyons gais, soyons joyeux. » Et jusques à quand, jeune.
homme, jusques à quand comptes-tu marcher comme ton cœur te mène ? «
Jusqu'à vingt et un an », dira l'un -, « jusqu'à trente. », dira
l'autre. Mais que sais-tu, mon frère, si tu atteindras jamais cet âge ?
D'ailleurs, en admettant que tu y arrives, souviens-toi que si
aujourd'hui tu ne veux pas ouvrir ton cœur à la grâce de Dieu, tu le
voudras bien moins alors.
Le cœur humain, laissé à lui-même, ne se bonifie pas ; tout au
contraire. Il est semblable à un jardin ; si vous souffrez qu'il reste
inculte et que vous permettiez aux mauvaises herbes de s'y multiplier,
son état ira tous les jours en empirant. A entendre les hommes, on
dirait, en vérité, qu'ils peuvent se repentir quand il leur plait. Ah !
la véritable repentance n'est pas une oeuvre si facile ; c'est Dieu qui
doit la produire en nous, et malheur à celui qui laisse passer le jour
de sa visitation ! Au lieu donc de répéter avec une présomptueuse
confiance : « Je me convertirai à telle oui elle époque », que le
langage de votre coeur soit celui-ci : « Je veux aller à Dieu
aujourd'hui même et lui demander de faire son oeuvre en moi, de peur
que je ne meure dans mon impénitence. »
Que vous dirai-je encore, mes chers auditeurs ? Je vous ai
parlé du ciel et de l'enfer désirez-vous sérieusement échapper à l'un
et parvenir à l'autre ? Dans ce cas, écoulez cette simple parole, qui
vous indique ce que vous avez à faire pour atteindre ce double but :
Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Mais il me semble
entendre quelques-uns de vous m'interpeller en ces termes : «
Prédicateur de l'Evangile, tu en reviens toujours aux mêmes doctrines.
N'as tu donc rien de nouveau à nous annoncer ? La foi, toujours la foi,
c'est le refrain de tous tes discours. » - Non, mes amis, non, je n'ai
absolument rien à vous annoncer que le vieil Evangile, l'Evangile
toujours le même, parce qu'il est toujours vrai, l'Evangile qui se
résume tout entier dans cette seule déclaration : Celui qui croira sera
sauvé. Or, qu'est-ce que croire ? C'est se confier entièrement en
Jésus. Pierre croyait, Pierre se confiait en son divin Maître lorsqu'il
lui fut donné d'aller à sa rencontre en marchant sur les flots ; et si
un moment il commença à enfoncer, c'est parce qu'à ce même moment sa
foi commença à défaillir. Et de même que Jésus avait dit à Pierre : «
Viens, marche sur la mer, n'aie point de peur » ; de même, il te dit,
pauvre pécheur : « Viens à moi, marche sur tes péchés, ne crains rien.
» Aie donc foi à la parole de Christ, et tu seras rendu capable de
fouler tes péchés aux pieds, tu les subjugueras, tu triompheras sur
eux.
- Il me souvient du temps où, moi qui vous parle, je me
rencontrai, pour la première fois, face à face avec mes iniquités. Je
me crus le plus grand des pécheurs, le plus maudit des hommes. Je
n'avais pas commis, il est vrai, ce que le monde appelle des fautes
criantes ; mais je me souvenais qu'ayant plus reçu que les autres, il
me serait aussi plus redemandé. Mon salut me semblait presque une
impossibilité ; toutefois, je priais, je demandais grâce ; mais mois
après mois s'écoulait sans que je reçusse de réponse à mes prières.
Parfois, j'étais si las de ce monde que je souhaitais la mort ; mais
ensuite, je songeais au monde à venir et je frémissais d'effroi. Tantôt
mon méchant coeur me suggérait la pensée que Dieu devait être un tyran
sans entrailles, puisqu'il ne répondait pas à mes cris ; et tantôt,
humilié dans le sentiment de mes démérites, je reconnaissais que s'il
m'envoyait en enfer, il ne serait que juste.
J'étais dans cet état, lorsqu'un jour j'entrai dans un lieu de culte.
Le prédicateur - (que je n'ai jamais revu depuis lors et que je ne
reverrai probablement que dans le ciel) - ouvrit la Bible et lut ces
paroles d'Esaïe Vous tous les bouts de la terre, regardez vers moi et
soyez sauvés. Puis, se tournant de mon côté, comme s'il m'eût distingué
au milieu de la foule, il répéta par trois fois, d'une voix impressive,
ce mot : Regardez, regardez, regardez ! Et moi, qui jusqu'alors m'étais
persuadé que pour me sauver j'avais tant à faire, je découvris enfin
qu'il ne s'agissait que de regarder ! Moi, qui avais cru que je devais
me tisser laborieusement un vêtement pour cacher les souillures de mon
âme, je compris que Christ, en échange d'un seul regard, me couvrirait
d'un manteau royal !
- Oui, regarder à Jésus, voilà, pécheur, ce qu'est le salut. Tu n'as,
pour être sauvé, qu'à regarder à la croix, tout comme les Israélites
dans le désert n'avaient qu'à élever leurs yeux vers le serpent
d'airain pour être guéris de leurs blessures.
Regarde donc à Jésus, mon frère. Jésus seul peut faire du bien aux
pécheurs. Regarde à lui avec la simplicité d'un petit enfant. Ne crains
point ; il ne trompera pas ton attente. Tu ne saurais jamais te confier
avec trop d'abandon en mon charitable Maître.
Et maintenant, mes chers auditeurs, laissez-moi vous supplier en
finissant, comme je l'ai déjà fait en commençant, de peser
attentivement mes paroles. Demandez-vous quel est votre état spirituel,
et puisse le Saint-Esprit vous révéler que vous êtes par nature morts,
perdus, condamnés ! Puisse-t-il vous faire sentir combien c'est une
chose terrible que de tomber en enfer, et vous donner la sainte
ambition de parvenir à la gloire du ciel ! Et comme autrefois l'ange
qui pressait Lot de s'enfuir de Sodome, puisse ce même Esprit vous
presser, vous prendre par la main et vous dire de sa voix puissante :
Hâte-toi ! sauve ta vie ! ne regarde pas en arrière, de peur que tu ne
périsses !
Oui, hâtez-vous, hâtons-nous. Et Dieu veuille qu'au grand jour de
l'éternité nous nous retrouvions tous dans la félicité des cieux !
Charles Spurgeon
La récompense céleste
Romains 8:17 Et cohéritiers de Christ
Les royaumes de l'univers de son Père appartiennent de droit à Christ. "Comme héritier de toutes choses" il est l'unique propriétaire de la vaste création de Dieu, et il nous admet à en revendiquer la totalité comme nous appartenant, par la vertu de cette oeuvre de co-héritage que le Seigneur a ratifiée avec son peuple élu. Les rues d'or du paradis, les portes de perles, le fleuve de la vie, le bienheureux transcendant, et l'ineffable gloire sont, par notre Seigneur béni, transférés pour notre éternelle possession.
Tout ce qu'il a, il le partage avec son peuple. La couronne royale qu'il a placée sur la tête de son église, la désignant comme un royaume, et appelant ses fils comme un sacerdoce royal, une génération de sacrificateurs et de rois. Il s'est dépouillé lui même de sa couronne afin que nous puissions avoir un couronnement de gloire; il ne voulait pas s'asseoir sur son propre trône jusqu'à ce qu'il y ait préparé une place pour tous ceux qui sont vainqueurs par son sang. Couronnés, la tête et le corps entier partagent l'honneur.
Contemplez ici la récompense de chaque chrétien vainqueur! Le trône de Christ, la couronne, le sceptre, le palais, le trésor, les vêtements, l'héritage sont à vous. De loin supérieur à la jalousie, l'égoïsme, et l'avidité qui ne permettent pas de participer à leurs avantages, Christ estime son bonheur complété dans le partage avec son peuple. "Je leur ai donné la jalousie que tu m'as donnée. Ces choses dont je vous ai parlé afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit parfaite". Les sourires de son Père ne sont pas tous pour lui parce que son peuple en a sa part. Les hommes de son royaume sont heureux parce que son peuple apparaît avec lui dans la gloire. Ses victoires ont pour lui plus de valeur, puisqu'elles ont enseigné son peuple à vaincre. Il se réjouit sur son trône, parce que sur celui-ci il y a une place pour eux. Il se réjouit dans ses vêtements royaux, puisque sur eux il en étend ses pans. Il se réjouit le plus dans sa joie, parce qu'il les appelle à y entrer. - Charles Spurgeon
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- Une sœur de 90 ans a reçu du Seigneur une vraie vision des événements, avant le retour du Seigneur (Emmanuel Minos)
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