Le mouvement de pentecôte contemporain au Québec provient des
réveils spirituels qui ont éclaté dans beaucoup d’endroits du monde au
début du 20ème siècle.
Tout commença avec Robert McAlister qui reçut le baptême dans le Saint
Esprit lors d’une réunion à la mission de la rue Azusa à Los Angeles,
en décembre 1906. Ce fut sa première expérience avec la pentecôte.
Deux ans après, il a établi une petite église à Ottawa. Son
ministère fut à l’origine du pentecôtisme au Canada ainsi qu’au Québec,
avec la rencontre marquante qu’il eut avec Charles E. Baker, un
prédicateur laïc méthodiste. Baker avait conduit son épouse aux
réunions organisées par McAlister en 1911. Lors d’une réunion où
A.H.Argue était l’un des prédicateurs, elle fut complètement guérie du
cancer et remplie d’Esprit Saint, parlant en d’autres langues.
Suite à cette guérison, Baker vendit son magasin d’habillement à
Ottawa et entra dans le ministère, établissant la première église
pentecôtiste anglaise à Montréal en 1916. ‘Evangel Pentecostal Church’
qui fut connu comme ‘la base évangélique de Montréal’ aidant à établir
de nombreuses autres congrégations anglophones et francophones.

Le pentecôtisme parmi les Canadiens francophones commença avec
Philippe Charles LeBrocq, dont la famille originaire de l’île de Jersey
(située entre la France et l’Angleterre) avait immigré au Canada en
1912. Après avoir été baptisé du Saint Esprit en 1913, il commença des
réunions de maison à Montréal, puis loua un local vers 1914 ou 1915. En
1919, avec le statut de diacre de l’église du pasteur Baker, il
commença à exercer son ministère auprès de quelques croyants
francophones sur une base hebdomadaire. Vers 1922 le groupe de 25
croyants francophones , toujours sous la conduite du frère Lebrocq, a
commencé à se réunir dans l’église de la ‘Upper Room Mission’ du
Pasteur Swan.
Une période historique de ces réunions eut lieu en novembre-décembre
1920, lorsque le pasteur Baker invita l’évangéliste américain d’origine
canadienne Aimee Semple McPherson. Baker écrivit concernant cette
croisade d’évangélisation de trois semaines à l’église de
presbytérienne de Saint Andrew sur Beaver Hall Hill. : "la première
réunion fut marquée par un autel rempli de pécheurs cherchant le salut,
avec une chambre haute de prière remplie d’enfants de Dieu cherchant
avec soif le baptême de l’Esprit... rapidement le bâtiment pouvant
accueillir de 2000 personnes fut trop petit..." Beaucoup de
francophones, incapables de comprendre la prédication en anglais, ont
été néanmoins sauvés, guéris et remplis de l’Esprit lors de cette
croisade.
Après le départ de Philippe LeBrocq pour le pastorat en Ontario en
janvier 1923, Louis Dutaud lui succède comme pasteur du groupe
francophone. Il avait été précédemment pasteur pendant 30 années dans
le cadre d’une mission baptiste au Québec. Son épouse, quand à elle,
avait été guérie de la tuberculose et du cancer au cours des réunions
de madame McPherson. Tous les deux expérimentèrent un puissant baptême
dans l’Esprit. Quand le Pasteur Dutaud mourut en 1931, Philippe LeBrocq
pris de nouveau en charge l’église qu’il avait fondée et qui est
maintenant connue comme La Première Église de Pentecôte Française. Il
est resté son pasteur pendant 41 années jusqu’à sa retraite en 1972, à
l’âge de 83 ans. Pendant plusieurs années LeBrocq a également été
secrétaire-trésorier de la Conférence française des APDC.
En 1941, une nouvelle église francophone, l’Église de Pentecôte
Centrale, débuta sous la conduite du révérend Walter L. Bouchard.
Canadien d’origine canadienne-française, il vécu la majeure partie de
sa vie à Providence, Rhode Island. Cette église, connue sous
l’appellation ‘La mission rue St. Laurent’ changea de nom pour ‘Le
Centre Évangélique’ en 1948 avec la construction de leur bâtiment
actuel.
Le pasteur Bouchard contribua aussi à l’établissement d’un centre de
formation pastorale francophone en 1941. Les diplômés du tout nouveau
Institut Biblique de Bérée à Montréal (IBB) ont alors œuvré à
l’établissement de beaucoup de nouvelles églises dans la province du
Québec. En 1942, plusieurs nouveaux professeurs sont venu élargir le
corps enseignant de IBB : E. L. Lassègues (de Californie), Mlle. Ethel
Logan, Mme Dorothy Tubbs, and Mme Salome Cressman.
E.L. Lassègues était non seulement directeur et professeur à IBB
mais également pasteur de Église de Pentecôte Centrale (remplaçant le
pasteur Bouchard en 1945). C’est en 1953 qu’il devint directeur de
l’IIB. La caractéristique mémorable de sa vie fut la prière.

En ce temps là, les églises francophones du Québec étaient
rattachées au District de l’est de l’Ontario et du Québec des
Assemblées de la Pentecôte du Canada (APDC). Leur tutelle revenaient à
la responsabilité du surintendant de District (équivalent au diocèse
catholique) qui, commençant par Charles Baker, a toujours été assumé
par un anglophone. Mais, en raison des différences de langue, beaucoup
de groupes ethniques ont développé leurs propres conférences en tant
qu’élément distinct dans la structure générale des APDC.
En avril 1949, le comité exécutif des APDC approuva l’établissement
de la Conférence française sous la tutelle du département des missions
avec l’élection de ses propres dirigeants. Les trois premiers
responsables de la Conférence française furent W. L. Bouchard
(1949-1952), René Robert (1953-1954), et E. L. Lassègues (1955-1961).
En 1962, les titulaires de lettres de créances élirent à la tête de la
Conférence française le pasteur Roland Bergeron, qui fut le premier
surintendant né au Québec.
Après les années de démarrage, le travail d’évangélisation fut
aride. Les vents du changement social et politique commencèrent à
souffler après la deuxième guerre mondiale provoquant des
transformations profondes dans la province du Québec. De plus en plus
conscients de ce qui se passe ailleurs dans le monde, les Canadiens
français intensifient leur critique d’un environnement culturel
suffoquant et d’un gouvernement provincial autoritaire dans les années
50. Cette critique de la société québécoise a conduit à une
transformation sociale et culturelle fondamentale dans les années 60,
généralement connue sous le nom de la Révolution tranquille.
La Révolution tranquille n’a pas épargné le paysage religieux mais
laissa dans son sillage une pléthore de nouveaux groupes et
d’idéologies religieuses, remplaçant l’ancienne église catholique
omniprésente et socialement puissante qui avait été de facto la
religion d’état du Québec pendant tant d’années. Le pentecôtisme fut
l’un des bénéficiaires de la révolution culturelle québécoise. Lorsque
nous constatons le nombre d’âmes ajoutées au mouvement ainsi que le
nombre de nouvelles églises établies, les années 70 et 80 figurent
parmi les plus glorieuses pour le pentecôtisme québécois. Du 1000
qu’ils étaient dans les années 60, les pentecôtistes comptèrent 15 000
adhérents en 1991. De 18 églises au Québec en 1960, les APDC avaient en
leurs rangs, vers la fin du siècle, 82 églises francophones au Québec
et 14 ailleurs au Canada.
Plusieurs ministères ont contribué à cet essor au sein du Canada
francophone, citons entre autres la Conférence française, divers
ministères évangéliques comme ‘Gaspé Outreach’ (Mission Gaspésie), la
Croisade de littérature du Québec (maintenant Ministères Multilingues),
diverses émissions télévisées et radiophoniques, l’institut Biblique de
Bérée et le collège biblique Formation Timothée. L’élection du révérend
Robert Argue en 1966, Directeur national des missions intérieures et
des collèges bibliques, a non seulement contribué d’une manière
importante au réveil au Québec dans les années 70, mais a également
amorcé une réaction en chaîne qui a conduit à l’établissement du
nouveau District du Québec..

Sous la présidence du révérend Argue, le programme FLITE (acronym
anglais pour French Language Intensive Training for Evangelism qui
traduit Formation Intensive de Langue Française pour l’Evangélisation)
a été établi. FLITE était un ambitieux programme d’évangélisation et
d’implantation d’église qui a recruté principalement des diplômés de
collège biblique anglophones pour déménager au Québec, apprendre le
français et pour ensuite exercer un ministère parmi les francophones.
Vers la fin du programme en 1988, 62 familles avaient reçu un diplôme
de FLITE et s’étaient impliquées dans divers ministères francophones.
Les églises anglaises ont également participés à l’expansion en
implantant plusieurs groupes francophones qui sont devenus par la suite
des églises autonomes. Vingt églises fondées par les diplômés de FLITE
sont toujours existante aujourd’hui.
Malgé toute notre gratitude pour les succès du passé, beaucoup de
travail reste encore à effectuer. Les évangéliques représentent environ
un pour cent de la population du Québec et seulement la moitié de ce
nombre comprend des pentecôtistes. Les 99 pour cent qui restent
représentent le plus grand défi pour le nouveau District du Québec, une
mission pas impossible !