La sanctification pratique consiste à guérir
de la vie fausse, de celle qui procède du "moi", de la nature charnelle
et humaine. La fausse sanctification exalte la créature et tend
à faire de son "moi" quelque chose qui étonne et émerveille
les autres, tandis que la sanctification selon l'enseignement de Christ,
conduit la créature à la croix. Là elle lui montre
que sa nature est si mauvaise que Dieu l’a rejetée comme maudite,
que son moi a été condamné et livré à
la mort. Nous cessons alors d’émonder et d’améliorer notre
nature, nous renonçons à l’habiller d’une apparence de sanctification;
de mettre une pièce de drap neuf sur un vieil habit, ou du vin nouveau
dans de vieilles outres. Alors aussi nous cessons d’être découragés
de ne trouver en nous rien de bon sur quoi Dieu puisse nous bâtir
une nouvelle créature.
Toute tentative de sanctification qui ne procède
pas de la croix est fausse et aboutit soit à l’orgueil spirituel,
soit au découragement. A la croix, nous avons été
"unis" avec Christ dans sa mort (Romains 6:5) et l’Esprit de sanctification
entraîne ceux qui ont été ainsi faits une "même
plante" avec Christ, dans les sentiers de Jésus qui sont ordonnés
de telle manière que toute vie propre y soit effectivement anéantie.
Si, d’après Romains 6:22
"Mais maintenant, étant
affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez
pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle."
La sanctification est un fruit de la libération du péché,
elle consiste forcément à être libéré
de soi-même. Puisque soi-même est là où réside
la puissance du péché :
Romains 7:16,17 "Or, si je fais ce que je ne veux pas,
je reconnais par là que la loi est bonne. Et maintenant ce n'est
plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi."
En effet, c’est à la recherche de soi que se rattachent
toutes les tentations. Sans recherche de soi il n’y aurait pas de péché.
Voilà pourquoi l’ennemi se pose toujours en défenseur du
moi, cherchant à ranimer notre égoïsme, à nourrir
notre vie propre. Notre moi n’a pas de meilleur ami et Satan veille avec
soin à ce que cette étincelle de l’enfer ne s’éteigne
jamais en nous car, lorsqu’elle vient à s’éteindre, tout
ce qui est de nature infernale en nous périt avec elle. Toute nourriture
qui alimente la vie de mon "moi" est un pain procédant de l’enfer,
et toute voix qui prend la défense de mon "moi" est une voix satanique.
Pierre voulut se constituer le défenseur de la
vie de son Maître, mais Jésus se retourna et l’appela: Satan!
En ne lui permettant pas de prendre injustement parti
pour sa vie, Jésus se montrait bien moins dur à l’égard
de Pierre qu’à l’égard de lui-même. La rédemption
du monde ne pouvait se faire que si Dieu n’épargnait point son propre
Fils
Romains 8:32 "Lui, qui n'a point épargné son propre
Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il
pas aussi toutes choses avec lui?"
et ma rédemption ne devient réelle
que si je n’épargne point ma propre vie.
Combien voudraient être libérés du
péché et luttent contre le péché, tout en ménageant
leur vie propre. La lutte est vaine et inutile.
D’autre part, la sanctification pratique implique nécessairement
une vie "vécue pour Dieu" :
Romains 6:11 "Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme
morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ."
Jésus, le saint par excellence, qui n’a pas connu
de vie propre, vivait pour Dieu. Et quel fut le point culminant de cette
vie vécue pour Dieu? Ce fut qu’il se chargea de sa croix et ouvrit
un chemin de rédemption, de retour vers Dieu, à toute la
création perdue loin de lui. Il a racheté des hommes
pour Dieu par son sang, disent les anciens qui l’acclament d'une voix forte
devant le trône :
Apocalypse. 5:12 " L'agneau qui a été immolé
est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force,
l'honneur, la gloire, et la louange."
Et quel est le point culminant de notre vie pour Dieu?
C’est certainement aussi que nous nous chargions de notre croix et
que nous laissions ainsi à nos frères et sœurs la voie libre
pour venir à Dieu.
Combien souvent les inconvertis d’une famille ou d'un
entourage professionnel sont empêchés de venir à Dieu
parce que l’enfant de Dieu qui partage leur vie ne se charge pas de sa
croix et ainsi, au lieu de projeter quelque lumière sur la croix
de Christ, il la rend obscure et sans valeur pour eux en attirant leur
regard sur la nature humaine.
Combien disent devant l'échec de leur témoignage
"pourtant j'ai tout fait pour ...". Et oui, c'est la le problème,
ce sont eux qui ont fait, c'est leur nature, leur intelligence, leur personnalité,
qui se sont exprimées, par la nature et la personnalité de
Dieu en eux.
Nous parlons beaucoup de sanctification. Jésus
n’en parla que devant la croix. II s’est sanctifié pour la croix,
pour le sacrifice. Il a dit sur le chemin qui devait l’y conduire:
Jean 17. 19. "Je me sanctifie moi-même pour eux,
afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité"
C’est lorsqu’à notre tour nous nous sanctifierons
de cette manière, pour la croix, pour le sacrifice, lorsque nous
nous abaisserons jusqu’à prendre aux côtés de notre
Maître la dernière place, que d’autres dans notre entourage
se sanctifieront aussi en vérité et non lorsque nous discuterons
sur la notion de sanctification.
L’Agneau, lui, n’a point ouvert la bouche, il s’est laissé
mener à la boucherie et nous a montré "par l'exemple", ce
que c’est que la sanctification, la vraie, celle qui honore le Père
qui l'exige, le Fils qui l'a donne et l'Esprit qui y conduit.
Comme Jésus nous devons dire "Je me sanctifie
moi-même pour eux"; pour eux. Voilà le critère de notre
sanctification. Le seul critère qui nous fait ressembler à
Christ.
Les sept paroles de Jésus à la croix sont
comme sept rayons de la gloire de l’Agneau. La première fut pour
ses ennemis : pour eux il a demandé le pardon. La seconde fut pour
les siens : il a pour eux de la sollicitude. La troisième fut pour
les perdus il meurt pour eux. On lui donne la mort’: il donne la vie. Voilà
la sanctification, la sanctification pratique.
2 Corinthiens 2:15à17 "Nous sommes, en effet, pour
Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi
ceux qui périssent :
Aux uns, une odeur de mort, donnant la mort; aux autres,
une odeur de vie, donnant la vie. Et qui est suffisant pour ces choses?
- Car nous ne falsifions point la parole de Dieu, comme font plusieurs;
mais c'est avec sincérité, mais c'est de la part de Dieu,
que nous parlons en Christ devant Dieu.
Regardons bien la chronologie des odeurs et là
où elles agissent et avec quel résultat :
- Parmi ceux qui sont sauvés - aux uns - une odeur
de mort donnant la mort.
- Parmi ceux qui périssent - aux autres - une
odeur de vie donnant la vie.
En effet la mort à soi-même ne peut être
comprise et servir d'exemple que parmi les sacrificateurs du Dieu très
haut, maître du ciel et de la terre.
Pour ceux qui ne connaissent pas la vie de Dieu, c'est
notre vie en Christ qui communique cette vie.
C'est cela la vraie sanctification pratique qui se répand
comme un parfum de bonne odeur montant de l'offrande de notre vie sur l'autel
du sacrifice et qui donne du résultat dans la vie de ceux pour qui
on se sanctifie "pour eux".
Plaise à Dieu que dans notre monde occidental,
il y ait beaucoup de vies sanctifiées et offertes à l'Esprit-Saint.
Salutations fraternelles en Christ qui a dit Père
sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité
et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés
par la vérité.
- Pierre-Antoine ELDIN