Bien des amis se sont demandés comment je parvenais à communiquer avec les personnes "d'avant-garde" et à me faire comprendre d'elles, même si leur avis diffère du mien. L'une des raisons est que je m'efforce de montrer la
cohérence de la révélation biblique et la vérité qu'elle expose, sans faire
appel à une adhésion aveugle – par pure soumission à une tradition familiale –
où la réflexion et l'intelligence n'entrent pas en ligne de compte.
C'est ainsi que je suis devenu chrétien moi-même. Après avoir fréquenté une Eglise "libérale" pendant de nombreuses années, je suis arrivé à la conclusion que l'athéisme ou l'agnosticisme était préférable à ce que j'y avais entendu. Je devins donc agnostique et, selon les critères de la théologie libérale, je n'ai jamais pris dans ma vie de décision plus logique ! Je me mis à lire la Bible – bien qu'ayant abandonné ce que je croyais être le christianisme – parce que je ne l'avais jamais lue en entier et qu'il me semblait honnête de l'avoir fait avant d'en comparer l'enseignement avec la philosophie grecque que j'étudiais alors. Je devins chrétien après six mois, persuadé que la Bible considérée dans son ensemble apportait, d'une façon tout à fait passionnante, la solution à tous mes problèmes du moment.
Ayant toujours eu tendance à penser par images, je comparais ces problèmes à des ballons flottant dans le ciel. Certes, à l'époque, j'ignorais encore un bon nombre des questions fondamentales que bien des personnes se posent, mais la Bible me passionnait – le mot n'est pas trop fort ! – parce qu'elle n'évacuait pas les problèmes comme on crève, d'un coup de fusil, les ballons dans le ciel. Bien au contraire, tout se passait comme si j'avais tenu à la main un câble auquel tous les problèmes liés les uns aux autres étaient accrochés et recevaient leur solution respective à l'intérieur d'un système que la Bible affirme être la vérité. Bien des fois, j'ai expérimenté cela. Le système biblique supporte fort bien la confrontation avec n'importe
quelle idéologie du jour et ... se défend lui-même.
Ce système biblique est incomparable et se
distingue de tout autre car il encourage – ce que chacun devrait faire – à réfléchir à partir de soi-même,
et il explique pourquoi.
La Bible affirme, tout d'abord, qu'au commencement
toutes choses ont été créées par un Dieu à la fois infini et personnel, un Dieu
qui a toujours existé. Tout, dans l'univers, porte l'empreinte de sa personne.
La Bible dit, ensuite, que la création n'est pas une extension de l'essence de
Dieu, comme l'envisage le panthéisme, mais qu'elle lui est extérieure, sans que
ce terme ait un sens spatial. Telle est la meilleure manière de présenter la
création à l'homme du XXe siècle. La création est née de la volonté d'un Dieu
qui est une personne éternelle (sans commencement); aussi l'amour et la
communication, attributs de la personne de Dieu, en constituent-ils des
caractéristiques intrinsèques. Dans l'univers, étant donné son origine, le
personnel prime sur l'impersonnel et les aspirations profondes des êtres humains
s'accordent avec cet ordre des choses. Par ailleurs le monde est une réalité
concrète, objective, extérieure à Dieu son Créateur, soumise à un développement
historique de cause à effet. L'histoire, tout comme ma propre personne, sont
bien réelles.
Dans ce contexte d'une histoire vraie, la Bible
enseigne que l'homme a été l'objet d'une attention particulière : Dieu l'a créé
à son image. Si l'être humain méconnaît son besoin de se rattacher à ce qui est
au-dessus de lui, il cherche dans la direction opposée : au-dessous de lui. En
l'occurrence, aujourd'hui, il s'identifie à la machine, et non plus à l'animal,
comme on le faisait à une époque maintenant révolue. Or, la Bible dit que
l'homme doit chercher sa raison d'être en haut, puisqu'il a été créé à l'image
de Dieu : il n'est pas une machine !
Si l'on refuse de prendre en considération une telle
origine de l'univers, quelle autre solution existe-t-il ? II n'y en a pas, à
moins d'admettre que l'homme est le produit d'une triple combinaison faite
d'impersonnel, de temps et de hasard. Malgré les efforts de plusieurs, dont
Teilhard de Chardin (1881 – 1955), la personnalité de l'homme n'a jamais pu être
expliquée de la sorte. Personne n'a jamais pu montrer comment le temps et le
hasard transforment l'impersonnel en personnel.
Si c'était la bonne solution, nous n'aurions plus
qu'à sombrer dans le désespoir. Mais la Bible, en affirmant que l'homme a été
créé à l'image de Dieu, nous donne un point d'ancrage, une référence, que ne
propose aucune idéologie humaniste. Sa réponse est unique en son genre. La Bible
précise pourquoi l'homme doit commencer sa démarche à partir de ce qu'il est
lui-même, et en même temps elle lui indique quelle est sa position par rapport à
Dieu, au Dieu à la fois infini et personnel, seul point de référence adéquat.
Cette démarche est en complet contraste avec tous les autres systèmes
philosophiques et religieux, qui sont dans l'incapacité d'expliquer, pourquoi
ils prennent l'homme pour point de départ, et encore moins de justifier,
ensuite, leurs développements.
- Francis Schaeffer, tiré de son livre «Démission de la raison», chapitre 7.