Très tôt, les Pères apostoliques ont établi un rapport entre l'arbre de la connaissance du bien et du mal et l'arbre de la croix. Il se trouve déjà chez Justin et même chez Ignace d'Antioche. Les quatre dimensions de la croix sur le monde sont interprétées comme un signe cosmique qui refait l'unité, chez Justin. L'anonyme auteur d'une homélie pascale du 2e siècle décrit la croix comme un arbre dont la floraison couvre l'univers. Voici ce qu'en pense Irénée de Lyon, vers 170 ap. J.C.:
Et ce péché auquel le bois avait donné naissance a été effacé par le bois de l'obéissance, sur lequel a été cloué le Fils de l'homme, obéissant à Dieu ; ainsi, en abolissant la science du mal, il a introduit et distribué la science du bien. Voilà pourquoi le Verbe parle par la bouche du prophète Ésaïe, en révélant d'avance ce qui doit s'accomplir - puisque être prophète, c'est annoncer l'avenir. Or, le Verbe, par ce moyen, parle en ces termes :
Ésaïe 50:6 «Je ne refuserai pas et contredirai pas. J'ai présenté mon dos aux coups et mes joues aux soufflets, et je n'ai pas soustrait mon visage à d'ignominieux crachats»
Or, par l'obéissance qu'il a pratiquée jusqu'à la mort en étant attaché sur le bois, il a expié l'antique désobéissance provoquée par le bois. Verbe tout-puissant de Dieu, sa présence invisible s'étend à la création entière et en soutient la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur : tout est gouverné par le Verbe de Dieu. Il a été crucifié, lui le Fils de Dieu, en ces quatre dimensions, lui dont l'univers portait déjà l'empreinte cruciforme. S'étant rendu visible, il devait nécessairement manifester de manière sensible, sur la croix, son action invisible. Car c'est lui qui illumine les hauteurs, c'est-à-dire les cieux, qui scrute les profondeurs de la terre ; il parcourt l'étendue de l'Orient à l'Occident, il atteint l'immense espace du Nord au Midi, et appelle à la connaissance de son Père les hommes partout dispersés.
- Irénée de Lyon dans son livre "La prédication des apôtres, no.34"